29.8.14

RETARD À VENIR

La semaine prochaine "Irisenligne" ne sera en place que le samedi 6 au soir. Pour cause de voyage à l'étranger.

IRIS ET BABY BOOM

Les fifties 

 Les années 1950 furent une période primordiale de l’iridophilie. Beaucoup de ce que nous connaissons aujourd’hui est apparu pendant ces dix années. Elles sont un peu loin, maintenant pour les jeunes collectionneurs. Raison de plus pour leur montrer quelques échantillons de ce qui se faisait de mieux à cette époque. 

 3 - L'année 1952.

- ‘Storm Warning’ (Schreiner, 1952) 

-‘Limelight’ (David Hall, 1952) 


-‘Inca Chief’ (Grant Mitsch, 1952) 


-‘Eleanor’s Pride’ (Edward Watkins, 1952)

COMMENT DIRE ?

Nos chers iris comportent au moins deux niveaux de description : le niveau officiel, celui de la description donnée au moment de l’enregistrement de la variété près de l'AIS et repris dans les check-lists, et le niveau commercial, celui qui se trouve dans la présentation des catalogues. Chacun a sa raison d'être et son utilité. Le niveau officiel tend à donner de la plante une description sincère et rigoureuse, avec un certain nombre de renseignements obligatoires, dont le fameux pedigree. Le niveau commercial est totalement libre. L'obtenteur peut se contenter d'une présentation sobre, proche de la description officielle, mais expurgée des informations trop techniques dont le client lambda n'a rien à faire. Il peut aussi laisser s'exprimer son enthousiasme pour l'iris qu'il met en vente, insistant sur tel ou tel caractère remarquable et susceptible de retenir l'intérêt d'un éventuel acheteur. Il lui arrive parfois de se montrer particulièrement lyrique, voire excessif comme pourrait l'être un vendeur de foire (c'est un peu le cas de certains producteurs américains qui, lors de la mise sur le marché d'une nouvelle variété, se laissent aller à des débordements dithyrambiques proches du ridicule à nos yeux d'européens). Quelques rares fois il peut enfin exprimer des sentiments personnels pas toujours d'une parfaite courtoisie envers quelque confrère !

Ayant fait le constat ci-dessus à maintes occasions, j'ai trouvé savoureux de rapporter les descriptions de quatre variétés. Ce sont celles dont le nom met au premier plan celui de notre pays tout en étant parfaitement représentatives de ce qui vient d'être dit.

Pour faire bonne mesure, et pour montrer que l'on peut situer ce travail de description à d'autres niveaux, j'ai imaginé pour chaque variété un petit quatrain en alexandrins parfaitement classiques, qui pourrait être la présentation qu'on aurait pu lire si les catalogues d'iris avaient existé au XVIe siècle !

ECHO DE FRANCE
(P. Anfosso, R. 1984) (85 cm), HM
Pétales blancs ; sépales jaunes, reflets verts sous les barbes or sombre. Snowlight X Champagne Braise.
En écho avec les travaux de l'hybrideur B. Blyth en Australie, un amoena jaune, moderne,sélectionné pour le rapport du blanc pur des pétales au jaune primevère des sépales. La barbe jaune-orange réveille cette harmonie. Forme moderne semi-horizontale, texture soyeuse. Bonne vigueur et multiplication. 
L'art des iris atteint aussi les antipodes, 
D'où nous revient l'idée d'associer sans efforts 
D'un côté le blanc pur et de l'autre les ors 
Et un peu d'orangé pour sacrifier aux modes. 

DOUCE FRANCE
 (P. Anfosso, R. 1988) (90 cm), HA
Bleu marine profond, veiné plus clair autour des barbes rouge vermillon, pointées de jaune ; ondulé. ((Flamingo Blues x Caro Nome) x Actress) X ((Caro Nome x Flamingo Blues) x Firewater).
 L'accord bleu rouge, celui qui se trouve le plus dans la peinture française. Une fleur d'un bleu outremer intense s'éclaircissant autour d'une barbe vermillon. La forme est large, arquée, ondulée, bien actuelle. 
Voici l'accord parfait, celui que l'on adore, 
Où l'outremer pâlit lorsqu'il atteint le cœur, 
Donnant au vermillon l'acmé de sa valeur, 
Comme chaque matin se réveille l'aurore.

VIVE LA FRANCE 
 (Jean Cayeux, R. 1993) (90 cm), MT
Pétales blancs ; sépales avec large bordure bleu moyen brillant, centre blanc ; barbes rouges. (Condottiere x Delphi) X (Alizes x (Condottiere x Lunar Rainbow)).
Plutôt que de sacrifier au Bicentenaire, nous avons préféré attendre deux ans de plus pour mieux tester cet excellent semis issu de nos études tricolores. Avec des pétales réellement blancs, des sépales bleu aniline vif à cœur blanc sur lequel se détache une fière barbe rouge orange, nous sommes très, très proches de nos trois couleurs d'où le nom. Ajoutez à cela que les fleurs sont grandes, élégantes, solides, impeccablement présentées sur de belles hampes ramifiées, et vous comprendrez notre joie. 
Ami, que voyez-vous dans ce brillant arroi ? 
Paris, en rouge et bleu, qui, fièrement, s'avance 
En marchant au combat pour que vive la France, 
Avec l'étendard blanc de notre noble roi.

TOUR DE FRANCE
(Keith Keppel, R. 2003) (89 cm), MO
Pétales blancs , centre infus de jaune de chrome; bras de styles blanc et jaune de chrome ; sépales jaune d'or profond, épaules marquées de jaune de chrome profond, texture veloutée ; barbes allant d'un jaune de chrome profond à un jaune cadmium, devenant orangé dans la gorge ; léger parfum doux. (Magharee x Overjoyed) X (Electrique x Romantic Evening).
Une version sombre du maillot jaune de Lance Armstrong. Un amoena surprenant avec des pétales blancs infus de jaune de chrome au centre, des sépales veloutés d'un jaune d'or sombre s'étendant jusqu'à la bordure. Barbes jaune orangé profond. Un champion. 
On peut imaginer un petit tour de France : 
Les falaises de Caux, le ciel blanc de l'Artois, 
Les blés mûrs de la Brie, le vin jaune d'Arbois, 
A moins que ce ne soit le soleil de Provence. 

On pourrait trouver bien d'autres manière de décrire un iris. Cela dépend de la sensibilité ou de l'humeur de celui qui décrit. Mais la description n'est qu'une présentation de la plante. Le mieux c'est encore de l'avoir elle-même sous les yeux et de faire son propre jugement.

22.8.14

IRIS ET BABY BOOM

Les fifties 

 Les années 1950 furent une période primordiale de l’iridophilie. Beaucoup de ce que nous connaissons aujourd’hui est apparu pendant ces dix années. Elles sont un peu loin, maintenant pour les jeunes collectionneurs. Raison de plus pour leur montrer quelques échantillons de ce qui se faisait de mieux à cette époque. 

2 - L'année 1951. 

‘Al Borak’ (Fred DeForest, 1951) 


‘Copper Medallion’ (Schreiner, 1951) 


‘First Violet’ (Fred DeForest, 1951) 


‘Raspberry Ribbon’ (Schreiner, 1951)

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Promesse de fleurs 

 La collection Automne-Hiver 2014 de “Promesse de fleurs” est une nouvelle fois remarquable. Jolie présentation et choix intéressant. Pour ce qui est des iris, ceux-ci sont certes peu nombreux, mais il s'agit de variétés sérieusement choisies, même s'il ne s'agit pas toujours de variétés nouvelles :

'Cascade Springs' (Schreiner, 1994)
'Raspberry Wine' (Schreiner, 2001)
'Saturn' (Johnson T., 2001)
'Lady Friend' (Ghio, 1981)
'Brindisi' (Schreiner, 1979)
'Rising Moon' (Schreiner, 1983)
'Innocent Star' (Sutton G., 1998)
'English Charm' (Blyth, 1989)
'Gypsy Romance' (Schreiner, 1994)
'Blue Crusader' (Schreiner, 1998)
'Beguine' (Keppel, 1989)
'New Leaf' (Ghio, 1998)

Dans un catalogue “généraliste”, on ne trouve habituellement pas un choix aussi correct. .

FRAICHEUR SIBÉRIENNE

Une mare ou un bassin entouré de pétasites, de bambous et d'iris de Sibérie, et vous avez sous les yeux une scène d'une douceur et d'une fraîcheur délicieuses. Les photos qui illustrent les premières pages du livre de Lech Komarnicki « Irisy Bezbrodkowe », dont l'auteur m'a dédicacé un exemplaire, donnent une parfaite image de ces scènes apaisantes. Leur charme doit beaucoup à la grâce des iris de Sibérie, des plantes dont on ne parle pas assez, même si elles commencent à se répandre chez lez amateurs de jardins d'eau. Cela m'a donné l'envie de parler ici, une fois n'est pas coutume, d'autre chose que les grands iris !

Nos iris de Sibérie actuels se répartissent en deux familles, d'aspect très voisin, mais issues d'espèces botaniques génétiquement différentes : les « véritables » iris de Sibérie, hybrides de I. sibirica et de I. sanguinea, comportant 28 paires de chromosomes, et les variétés à 40 chromosomes provenant des espèces de la sous-série I. chrysographes. Les variétés ayant pour base l'espèce I. sibirica, celles de la première famille, sont de loin les plus nombreuses. Leur hauteur varie de 60 à 90 cm. Elles ont un feuillage important et très graphique, et leurs tiges portent en général deux branches plus la sommité terminale et comptent souvent une dizaine de boutons floraux. L’espèce d'origine se rencontre en Sibérie, bien sûr, mais aussi en Allemagne, en Bohême, dans les Balkans et jusqu'en Turquie. C’est une espèce résistante, qui survit sous les plus rudes climats parce que ses longues feuilles sèchent à l’automne et constituent un manteau bien douillet qui protège le cœur de la plante. Au printemps, de nouvelles feuilles renaissent et entourent les hautes tiges florales. Les fleurs sont gracieuses, avec de petits pétales qui se dressent comme des ailes, et des sépales plus larges, plutôt horizontaux. Leur couleur est majoritairement bleue, mais on trouve des variétés blanches, jaunes, rose ou lavande, et certaines qui s'approchent d'un véritable rouge. De nouveaux coloris sont fréquemment proposés, notamment pour ce qui est des fleurs bicolores. C'est qu'en traitant les graines à la colchicine, les spécialistes, et en particulier l'américain Currier McEwen, ont réussi à doubler le nombre des chromosomes, et par conséquent à obtenir des plantes plus volumineuses, des fleurs plus grandes et des possibilités immenses de nouvelles colorations.

La seconde famille, celle à base de I. chrysographes, que l'on appelle aussi Iris sino-sibériens, est un cocktail de huit espèces botaniques, sans qu'il soit désormais possible de dire la part de chacune dans le potentiel génétique des hybrides d'aujourd'hui. Extérieurement elle ne se distingue guère de la précédente, sinon que les touffes peuvent être un peu plus fortes et, surtout que les couleurs obtenues sont plus variées. Malgré cette spécificité, elle n'est pas aussi répandue que la précédente, peut-être parce que sa culture s'avère plus délicate. Comme la première elle a été convertie à la tétraploïdie par traitement à la colchicine. Ce sont des hybrideurs allemands qui ont entrepris cette conversion et leur ouvrage a conquis le monde des amateurs d'iris de Sibérie car les plantes obtenues sont plus résistantes et plus élégantes.

Ces deux familles mènent concurremment leur chemin, même si les variétés à 2 X 28 chromosomes (ou leurs grandes sœurs à 2 X 56) continuent d'être les plus nombreuses et les plus répandues.

Ce sont des plantes qui aiment les zones humides, mais pas forcément l'eau. C'est pourquoi elles se plaisent à proximité des étangs ou des ruisseaux. Elle se développent vite et forment rapidement des touffes volumineuses couronnées, courant juin, de hampes florales ravissantes, comme on peut voir sur le cliché ci-dessous pris en Pologne. Leur résistance au froid en fait d'ailleurs des plantes parfaites pour les contrées où les hivers sont particulièrement rigoureux (et la Pologne, et particulièrement les zones marécageuses du sud de la Poméranie, est à ranger dans cette catégorie). C'est ce qu'ont bien compris des hybrideurs comme Tomas Tamberg, en Allemagne du nord, ou Lech Komarnicki, dans la région de Bydgoszcz.

L'un et l'autre ont entrepris, d'autre part, un programme passionnant de développement d'hybrides interspécifiques nouveaux, souvent remarquables au plan esthétique et horticole, mais le plus souvent stériles, ce qui limite leur diffusion. Des nominations ésotériques ont été attribuées à ces hybrides : « Sibtosa » pour (I. sibiricae x I. setosa), « Sibcolor » pour (I. sibiricae x I. versicolor), « Sibcorus » pour (I. sibiricae x I. pseudacorus), « Sibigraphes » ou « Chrysobirica » pour (I. sibiricae x I. chrysographes) ou inversement... Mais ce sont là des subtilités de spécialistes.

Pour rester concret, on peut considérer que les iris de Sibérie et leurs cousins Sino-sibériens constituent une catégorie d'iris particulièrement intéressants et qui gagneraient à être plus répandus dans nos jardins.

Illustrations : 



'Fancy me This' Marty Schafer/Jan Sacks, R. 2012) SIB 


'Begin the Biguine' (Tamberg, 2000) SIB (sino-sib tet.) 


 'Peter Hewitt' (Jennifer Hewitt, 2003) SIB (tet.) 


'Viel Creme' ( Tamberg, 2001). SIB (tet.)

16.8.14

Oops !

Le dernier feuilleton "Un jour je partirai..." est resté dans la machine ! Je le publie aujourd'hui. Avec mes excuses...

UN JOUR JE PARTIRAI SANS EN AVOIR FINI

Cette parodie du titre du dernier ouvrage de Jean d'Ormesson – dont, coïncidence, un pastiche est publié simultanément - s'applique à merveille au sujet de notre feuilleton qui se termine aujourd'hui : les hybrideurs qui ont entrepris un travail sur un modèle d'iris ou un coloris, et qui ont disparu avant d'avoir pu atteindre le but ultime qu'ils s'étaient fixés. Keith Keppel lui-même pourrait être l'auteur de cette phrase, lui qui, dans les commentaires de son travail qu'il fournit chaque année dans son catalogue, se désolait, il y a quelques temps, et on peut transcrire sa pensée sous la forme d'un autre alexandrin : il reste tant à faire, et j'ai si peu de temps... 

8. R. E. Nichol 

En perdant coup sur coup Brian Dodsworth, Nora Scopes et Robert E. Nichol, le monde britannique des iris a quitté le premier plan qui fut le sien avant la dernière guerre mondiale et qui s'est assez bien maintenu jusqu'aux années 1990. Avec une variété comme 'Elizabeth Poldark', RobertNichol s'est fait connaître de tous les amateurs d'iris. A l'heure, brutale, de sa mort, son stock de variétés prêtes à être enregistrées était important, et c'est sa veuve qui c'est chargée de la besogne. 


 'Morwenna' (1984) 

 'Aunt Agatha' (1989)


 'Trenwith' (1985) 

 'Amadora' (1991)

15.8.14

LES RÉCOMPENSES AMÉRICAINES 2014

Les iris de table à l'honneur 

 La liste des récompenses américaines a été publiée le 13 août 2014. En voici un résumé :

DYKES MEDAL : 

'Dividing Line' – MTB - (Bunnell, 2005)
runner up : 'Gypsy Lord' – TB – (Keppel, 2005) et 'Chief John Jolly' – TB – (Parkhill, 2002)

WISTER MEDAL -TB - : 

'Montmartre' – TB – (Keppel, 2007)

'Magical' - (Ghio - 2007)

 'Black Magic Woman' – (Tasco, 2008)

KNOWLTON MEDAL – BB - : 

'Lady of the Night' (Black, 2007)

SASS MEDAL – IB - : 

'Dazzling' (Black, 2008)

WILLIAMSON-WHITE MEDAL – MTB - :

'Rayos Adentro' (C. Morgan, 2004)

COOK-DOUGLAS MEDAL – SDB - :

'Eye of the Tiger' (Black, 2008)

CARPANE-WELCH MEDAL – MDB - : 

'Icon' (Keppel, 2007)

WALTHER CUP – Meilleur espoir - : 

'Holiday in Mexico' (Probst, 2011)

Triomphe pour les MTB, avec la DM et la Walther Cup ! Du jamais vu. 
Confirmation pour Paul Black qui engrange 3 grandes médailles (Knowlton, Sass et Cook-Douglas). Belle performance de Keith Keppel qui place 'Gypsy Lord' en 2eme position pour la DM, mais enlève tout de même la Wister Medal et la Carpane-Welch.

ECHOS DU MONDE DES IRIS

de Russie 

 Les deux compétitions russes (à Moscou pour le concours international, et à Kouban pour la compétition interne) ont donné les résultats suivants :

MOSCOU

 1) 'CHTO YEST KRASOTA' (Loktev ’10)

2) 'ANDREY SAKHAROV' (Loktev ’10)

 3) identification perdue

KOUBAN

1) 'ZOLOTYYE DIUNY' (Riabykh ’10) -pétales jaunes, sépales brun-rouge liserés de jaune

2) 'MORSKOY DIYAVOL' (Krutchenko ’11) -bitone bleu/violet

 3) 'MELODIYA LIUBVI' (Osipenko ’12) -unicolore rose, spot blanc sous barbes

IRIS ET BABY BOOM

Les fifties 

 Les années 1950 furent une période primordiale de l’iridophilie. Beaucoup de ce que nous connaissons aujourd’hui est apparu pendant ces dix années. Elles son un peu loin, maintenant pour les jeunes collectionneurs. Raison de plus pour leur montrer quelques échantillons de ce qui se faisait de mieux à cette époque. 

 Commençons par l’année 1950.

 ‘Vanity Fair’ (David Hall, 1950) 


‘Sable Night’ (Paul Cook, 1950) 


‘Lady Ilse’ (Kenneth Smith, 1950) 


‘Belle Meade’ (Jesse Wills, 1950)

Gordon PLOUGH

A L'OUEST, DU NOUVEAU 

 On a aujourd'hui un peu oublié Gordon Plough. Pourtant cet hybrideur fut un des plus importants de la seconde moitié du Xxeme siècle. Rappeler ce qu'il fut et ce qu'il fit n'est donc pas inopportun.

 Gordon Plough est né en 1909 à Wilbur, un peu à l'est de cette curiosité géographique qu'est la Grand Coulee, bras maintenant asséché de la rivière Columbia. Il a fait des études d’architecture mais il n’a trouvé de travail (on est dans les années de la grande crise) que chez son père, pépiniériste à Wenatchee, toujours au bord de la rivière Columbia, à 150 Km à l’Est de Seattle. Il y est resté. Il se prit d'intérêt pour les iris, et vers la quarantaine, s'est lancé dans l’hybridation.

 Il s'est d'abord fait la main sur les arilbreds et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'avait pas choisi le chemin le plus facile. Par la suite il s'est intéressé aux grands iris de jardin. Dans cette catégorie sa première introduction se nommera 'Safari' (1955), apparu au moment de l'ouverture de sa pépinière baptisée Eden Road. Ce sera le début d’une très importante production qui durera jusqu’en 1989.

 Les iris obtenus par Gordon W. Plough, pour œ qui est de leur aspect, sont des plantes caractéristiques, pas très grosses, pas trop frisées (sauf 'Beaux Arts'), simples comme leur créateur, sans vraiment de fantaisie, mais aussi sans excès. Sans doute de ce fait n’ont-ils pas rencontré un succès considérable auprès des juges dans les concours de l’AIS, malgré cela ils ont connu un formidable succès commercial à travers le monde. L’espèce d’ostracisme de juges n’a pas découragé Gordon Plough qui a continué, dans son ravissant jardin d’Eden Road, son petit bonhomme de chemin, un peu à l’écart des autres, créant chaque année quelques-uns uns des iris qui vont être parmi les plus vendus, et qui, parallèlement, retiendront l’attention de ses collègues qui les utiliseront abondamment dans leurs travaux d’hybridation. On peut être ignoré des uns et apprécié des autres…

Dès ses débuts, il s’est beaucoup intéressé aux iris « noirs ». En 58 il a introduit 'Edenite', un « must » dans ce coloris, qui est le géniteur de 'Swahili' (1965) et de 'Study In Black' (1968). 'Swahili' a donné 'Charcoal' (Plough 1969), et de ces trois variétés découle un tas de beaux iris sombres parmi lesquels on peut citer, dans la seule production de Plough, 'Black Market' (Plough 1973), 'Dark Allure' (Plough 1973), ou 'Interpol' (Plough 1973), ainsi que les descendants, innombrables, de ces variétés.

 Il s’est également essayé à bien d’autres sortes d’iris, en coloris comme en catégories. Son très original 'Punchline' (1967) est la « mère » de 'Brown Lasso' (Buckles,1972 _ DM 1981 et premier BB ainsi récompensé). Ses plicatas, comme les frères de semis 'Pleasure Cruise' (1974) et 'Western Shores' (1973) ont fait une belle carrière, son jaune d’or 'Rainbow Gold' (1959) est à l’origine de 'Bride’s Halo' (Mohr 1973 – DM 1978) ; son orange 'Son of Star' (1969), toujours l’un des oranges les plus purs, a donné naissance à plein d'excellents oranges et bicolores; son variegata 'Bon Vivant' (1963) a donné 'Sostenique' (Blyth 1975) et par conséquent les très nombreux et superbes descendants de ce dernier, tandis qu’un autre variégata, 'Freedom Road' (1977) précède 'Edith Wolford' (Hager 1986 – DM 1993).

 Ces succès démontrent bien que le relatif dédain subit par Plough de la part des juges américains était tout à fait injustifié. En tout cas cela veut sûrement dire que l'on n'est pas toujours prophète en son pays car, même s'il n'a jamais été un révolutionnaire dans son domaine, Gordon Plough a tout de même apporté du nouveau chez les grands iris.

 Illustrations : 


'Edenite' 


'Punchline' 


'Son of Star' 


'Freedom Road'

8.8.14

LA FLEUR DU MOIS

‘FLORENTINE SILK’ 

 En soixante ans, combien de générations se sont déroulées jusqu’à ce qu’on parvienne à ‘Florentine Silk’ (Keppel, 2005) ? Onze ! C’est ce que montre le tableau ci-dessous :

New Horizon  > Mary Randall > Fashion Show > ¬ 
                                                                         x > x > Touché > Pot-pourri > Sugarplum Fairy >
                         Progenitor > x > Melodrama > ┘ 
Frances Gaulter > Adventuress > Poem of Ecstasy > Florentine Silk 

 Cela commence avec deux éléments fondateurs de l’hybridation moderne : ‘New Horizon’ (Faye, 1946) d’un côté et ‘Progenitor’ (Cook, 1951) de l’autre.

Nous avons déjà évoqué ‘New Horizon’ (Fay, 1946), iris rose « flamant », qui est à l’origine d’un grand nombre d’iris remarquables, dont ‘Mary Randall’ (Fay, 1950) qui est d’un joli rose de Bengale à barbes minium, et qui a été admiré à son époque, au point de recueillir la Médaille de Dykes, en 1954.

Parmi les très nombreux descendants de ‘Mary Randall’, il y a ‘Fashion Show’ (Hamblen, 1958), iris violet à épaules dorées et barbes orange. En croisant cette variété avec ‘Melodrama’, le premier des iris bicolores, Melba Hamblen a commencé un long chemin qu’elle suivra jusqu’à sa disparition et qui a été repris par d’autres, ensuite. Ce chemin c’est celui qui mène à des variétés aux pétales roses et aux sépales bleus ou violets.

Sa première obtention majeure dans ce type de bicolore a été ‘Touché’ (1969), un iris qui a fait sensation à l’époque. Pour arriver à cet enregistrement, il y a eu deux générations intermédiaires, depuis ‘Melodrama’ et ‘Fashion Show’. ‘Touché’ est décrit comme « pétales roses, infus de bleu-violet, sépales bleu-violet, barbes mandarine ». Il y a trente ans les descriptions étaient beaucoup plus concises qu’aujourd’hui, et on ne s’attardait ni sur la forme de la fleur, ni sur le parfum, ni même sur les petits détails dans la disposition des couleurs. « The World of Irises » complète la description en ajoutant que les pétales ont un reflet fumé et qu’un film bleu drape le centre des sépales. Ses capacités génétiques, notamment en matière d’iris bicolores ont été largement et longtemps utilisées par les hybrideurs. Il y a de nombreux iris rose/violet qui ont ‘Touché’ dans leurs gènes. Par exemple ‘Pot Pourri’ (Hamblen 75) et ‘Sugarplum Fairy’ (Hamblen 79), qui se succèdent dans l’arbre généalogique que nous parcourons actuellement.

Nous accédons à ‘Frances Gaulter’ ( Hamblen, 1982) qui est déjà un aboutissement. C’est le produit de ‘Sugarplum Fairy’ par ‘Heavenly Harmony’, autre descendant de ‘Touché’. C’est un iris pêche et mauve, plus sombre au bord des sépales, avec des barbes minium. Mais c’est en fait un de ses frères de semis qui a été utilisé à l’étape suivante. On ne sait donc pas exactement à quoi ressemble ce cultivar, mais on peut parier qu’il a beaucoup de traits communs avec son frère dénommé.

 Nous sommes en plein dans le procédé de l’ « inbreeding » pour continuer l’amélioration du modèle, et nous parvenons à ‘Adventuress’. ‘Adventuress’ (Hamblen, 1985) c’est un iris aux pétales roses, finement liserés de violet, et aux sépales violet pourpré plus clair aux bords, avec des barbes orange brûlé.

Ben Hager est aussi un très habile hybrideur. Il a continué la travail de Melba Hamblen et, après une longue interruption dans la lignée, a enregistré ‘Poem of Ecstasy’ (1997) qui a pour pedigree (Merry Madrigal x Mother Earth) X Adventuress. C’est un iris pêche sur lavande, de grande valeur, qui a frôlé la Médaille de Dykes en 2005. C’est dire ses qualités !

Nous arrivons au bout de la piste. ‘Florentine Silk’ (Keppel, 2005) est là. Le rose des pétales y est enrichi par l’apport de ‘Lotus Land’ (Keppel, 1999) qui se trouve derrière le frère de semis de ‘Crystal Gazer’ (Keppel, 2002), sa « mère ». C’est un iris unanimement apprécié pour sa fraîcheur et sa grâce, dernier récipiendaire de la Médaille de Dykes. Avec cette médaille, la lignée de Melba Hamblen reçoit enfin la consécration qu’elle mérite. Le travail de trois obtenteurs sur près de trois quarts de siècle a fini par payer.

Illustrations : 

 'Florentine Silk' 

 'Fashion Show' 

'Touché'


 'Adventuress'

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Nouvelles de l'AIS

 Les dernier bulletin de l'AIS vient d'arriver en France. Seulement deux articles m'ont paru intéressants : un sujet sur les barbes des iris, signé Keppel et John I. Jones, et une controverse à propos d'une série de chroniques sur les herbicides dans la culture des iris : un membre de l'association, farouchement opposé à l'utilisation des produits chimiques, désapprouve l'initiative de l'AIS qui a soutenu financièrement la recherche de l'auteur des articles. Intéressant et amusant. Ajoutons la chronique obituaire de Mike Lowe, qui fut le « registrar » - parfois controversé – de l'AIS.

Le compte-rendu de la Convention annuelle, qui a eu lieu à Dallas, au Texas complète le numéro. Au moment de cette Convention les grands iris commençaient à peine leur floraison, de sorte que ce sont les IB qui ont profité de l'absence de leurs grands concurrents.

Pour preuve, le résultat des compétitions liées à la Convention :


President's Cup = 'Bottled Sunshine' (H. Nichols, 1995)

Franklin Cook Memorial Cup = 'Bahama Blues' (M. Sutton, 2010)

Hager Median Cup = 'Bahama Blues' (M. Sutton, 2010) doublement récompensé.

A LA MANIÈRE DE … JEAN D'ORMESSON

(Un jour je partirai sans en avoir tout dit)


Les iris du Plessis-Vaudreuil 

Mon grand père aimait les iris. Il considérait qu'une demeure quelle qu'elle soit ne pouvait pas se passer d'iris. Mais ce qu'il appelait des iris n'avait rien à voir avec ces plantes somptueuses qu'on trouve de plus en plus souvent dans les jardins. Au Plessis-Vaudreuil il y avait plusieurs massifs d'iris. Des iris bleus. Si on lui parlait d'autres couleurs mon grand père haussait les épaules et déclarait, péremptoire : «  Il n'y a pas de vrais iris d'une autre couleur que le bleu ! » Si on insistait en disant qu'il y avait des iris blancs, il répliquait qu'il ne s'agissait que d'une plante de marchands. « Pourquoi pas des rouges, faisait-il remarquer, comme sur les armes de la ville de Florence ? » Les iris, avec leur raideur toute militaire devaient évoquer pour lui les service des armes du par toute famille noble, et par conséquent le ramener vers de chères splendeurs passées.

Des iris bleus, délicieusement parfumés, envahissaient donc les massifs du Plesis-Vaudreuil. Ils avaient colonisé les espaces à proximité des grands arbres. Ils étaient eux-même infestés d'adventices menaçantes. Des graminées essentiellement. Car le parc, en dehors des alentours du château lui-même, ne voyaient guère passer le jardinier. Mon grand père justifiait ce demi abandon par la nécessité de laisser la nature se comporter comme Dieu voulait. Pour confirmer ces intentions écologiques, il avait de même interdit de cueillir les fleurs. Celles des iris comme celles des autres fleurs herbacées qui poussaient ici et là en toute liberté. Marie, cependant, avait obtenu la permission de faire des bouquets pour orner l'autel de la chapelle du château. Elle usait et abusait de cette permission, de sorte qu'à la saison, en mai, des fragrances sucrées le parfum des iris emplissaient la chapelle au point que cela devenait pratiquement insupportable.

Mais la saison des iris est brève. Dans la Haute Sarthe elle ne dure que de la mi-mai à la mi-juin. Quand elle se terminait, restaient seules les hautes hampes abandonnées, où persistaient des moignons bruns, recroquevillés qui finissaient par sécher et laissaient place à de grosses capsules vertes. J'aimais, vers la fin d'août, surveiller l'ouverture de ces capsules. Leur extrémité supérieure finissait par se craqueler, comme la chrysalide de quelque libellule, mais ce n'était pas un insecte parfait qui allait en jaillir, mais de grosses graines orangées qui me faisaient penser à du maïs. Un matin, quand nous nous promenions dans les allées, Marie et moi, nous ne trouvions que les lambeaux grisâtres des capsules desséchées au bout de tiges exsangues. Qu'étaient devenues les graines ? Les geais et les pies les avaient-ils emportées ?

 La multiplication des iris est unes chose passionnante. Cette plante peut se reproduire à l'identique indéfiniment. Sans passer obligatoirement par une phase sexuée. Une fois la plante créée, elle est là pour toujours. Ainsi Dieu a-t-il confié la tâche de créateur à l'homme, voire même à l'insecte. Un simple bourdon peut être un créateur. Il féconde une fleur, Une graine survient. Une nouvelle plante apparaît. Elle va se multiplier à l'infini, tant que la terre durera, si aucune catastrophe ne vient interrompre cette part d'éternité. Dieu a-t-il fait exprès de déléguer cette responsabilité divine ou s'agit-il d'une erreur ? Mais Dieu peut-il commettre une erreur ?

1.8.14

TOUJOURS RIEN

À l'heure où nous mettons sous presse (comme on dit dans les journaux) les résultats de la course aux honneurs américaine pour 2014 ne sont toujours pas connus. Il est vrai que le travail des juges est énorme : rien que pour les grands iris (TB) et pour l'attribution des seuls HM, ils ont plus de 800 variétés à apprécier !

UN JOUR JE PARTIRAI SANS EN AVOIR FINI

Cette parodie du titre du dernier ouvrage de Jean d'Ormesson s'applique à merveille au sujet de notre nouveau feuilleton : les hybrideurs qui ont entrepris un travail sur un modèle d'iris ou un coloris, et qui ont disparu avant d'avoir pu atteindre le but ultime qu'ils s'étaient fixés. Keith Keppel lui-même pourrait être l'auteur de cette phrase, lui qui, dans les commentaires de son travail qu'il fournit chaque année dans son catalogue, se désolait, il y a quelques temps, et on peut transcrire sa pensée sous la forme d'un autre alexandrin : il reste tant à faire, et j'ai si peu de temps... 

 7. Richard Ernst 

 Curieux destin que celui de Richard Ernst. Heureux en affaires, gérant d'une entreprise florissante, mais malheureux en horticulture puisque malgré près de 300 variétés enregistrées, il n'a jamais obtenu le DM et n'a récolté qu'un nombre dérisoire de récompenses officielles ! En disparaissant dans la fleur de l'âge, il laisse une œuvre forcément inachevée. 

 ° 'Ring Around Rosie' (2000) 


 ° 'Whispering Spirits' (2001) 


 ° 'Around my World' (2006) 


 ° 'Calamity Carol' (2009)

REFLEURIR

Ce qui est dommage, avec les iris, c'est la brièveté de leur floraison. C'est un fait qui a toujours fait enrager ceux qui se passionnent pour ces plantes et qui a poussé les plus entreprenants à faire des recherches – et des travaux – en vue de prolonger, ou de renouveler cette floraison. Régulièrement les différentes publications iridophiles américaines publient des textes relatant les expériences de quelques-uns de ceux qui ont fait le plus d'efforts pour obtenir des iris remontants. Mike Lockatell, irisarien habitant en Virginie, dans les numéros de printemps 2014 de « Roots », le bulletin de la HIPS et de « Irises » le magazine de l'AIS revient sur cette question, ce qui m'a donné l'idée de faire le tour de la question à l'intention des lecteurs de «Irisenligne ».

La recherche de la remontance ne date pas d'aujourd'hui. On peut même dire qu'elle a occupé de nombreux hybrideurs tout au long du XXe siècle. Comme dans bien des domaines elle a été menée, au début, de façon assez empirique et cela n'est que depuis les années 1980 qu'elle a pris un caractère nettement plus scientifique. Pour confirmer ce propos, il suffit de lire ce que disait en 1959 Raymond G. Smith, un distingué spécialiste de la question : « La tendance à remonter est déclenchée par un mélange complexe de phénomènes ayant à faire avec le taux de maturation du rhizome, la vigueur de la plante, son état de santé et sa résistance aux maladies, son aptitude à utiliser l'eau et les nutriments, l'absence de dormance estivale et de caducité des feuilles, et probablement à un certain nombre d'autres facteurs. » Cette énumération résume bien le problème, mais elle ne l'explique pas et se contente d'être un relevé de constatations. Dans cette affaire les irisariens se comportent comme ils l'ont toujours fait, dans les autres domaines de recherche : ils travaillent de manière empirique, tâtonnent, tirent les conclusions de ce qu'ils constatent et progressent par petits pas, c'est leur méthode expérimentale. Ce qui leur manque c'est un appui scientifique, biologique en particulier. C'est toute la difficulté de leur travail.

Après plus de 70 ans de labeur, la connaissance du phénomène a tout de même progressé. On a compris que la remontance était d'origine génique, que le ou les gènes en cause étaient récessifs, c'est à dire que les deux parents doivent porter le gène pour que celui-ci intervienne, que des circonstances multiples devaient se manifester pour favoriser ou empêcher en partie ou en totalité son action. On sait, notamment grâce aux travaux de Tom Silvers, obtenteur du Maryland, sur les iris nains diploïdes, que l'espèce I. cengialtii est porteuse du gène de la remontance. Dès les années 1940 un précurseur, George Percy Brown, avait pressenti cette présence et utilisé le petit 'Gracchus' (Ware, 1884) qui s'est révélé être un hybride de I. cengialtii. Son catalogue n'est pas énorme, mais il ne contient que des remontants dont le plus connus, chez nous, doit être le jaune 'Fall Primrose' (1953). Par ailleurs un hybrideur de l'Oregon, Jim Craig, faisait état dès 2001 de sa conviction que I. aphylla, entre autres aptitudes, possédait celle d'accroître la capacité à remonter, et R.G. Smith, cité plus haut, avait acquis la présomption que ce gène était aussi présent dans plusieurs autres espèces comme I. mellita ou I. variegata.

 Ce Raymond G. Smith fut un obtenteur bien connu dont plusieurs variétés ont traversé l'Atlantique et se trouvent encore dans nos jardins : 'Brown Duet' (1970), 'Purple Duet' (1965), 'Replicata' (1964), 'Returning Glory' (1971), 'Summer Olympics' (1976)...

L'un de ceux qui a le plus contribué à la connaissance du phénomène de remontance est Lloyd Zurbrigg. Celui-ci a commencé dès 1963 à s'intéresser aux iris remontants et il y a consacré l'intégralité de sa vie d'hybrideur, c'est à dire plus de cinquante ans. Il a essayé toutes les combinaisons possibles, croisant les variétés en fonction de ce qu'il savait de leurs origines et de leur capacité à remonter. Depuis son premier enregistrement 'Grand Baroque' (1963), jusqu'à 'Gate of Heaven' (2004) en passant par 'I do' (1974), 'Violet Miracle' (1979) et 'Clarence' (1991), il n' a obtenu que des iris remontants. Son titre de gloire les plus évident est, à mon avis, d'être parvenu à obtenir des iris remontants qui, passant des fleurs molles et fragiles du début, ont atteint les qualités horticoles (vigueur, résistance aux intempéries) des variétés non-remontantes, même si l'acquisition de ces critères s'est faite au détriment de la remontance elle-même.

Mais il ne faut pas oublier les excellents remontants obtenu par Monty Byers aux cours de sa trop brève carrière, dans les années 1980/1990. Je considère pour ma part que 'Lichen' (Byers, 1989) est pratiquement un remontant perpétuel, « semper florens » comme on dit en jargon botanique. D'autres obtentions se situent dans la même sphère : 'Blatant' (1990), 'Cantina' (1990) et surtout 'St Petersburg' (1990). C'est sans doute l'hybrideur qui a obtenu les résultats les plus probants de ce côté-là.

C'est cette permanence de la floraison, du printemps aux gelées, qui est particulièrement recherchée par les obtenteurs qui travaillent sur la remontance, car il ne faut pas oublier que les remontants de la première génération (et encore beaucoup de remontants modernes) ne font une nouvelle floraison qu'une fois, en automne. Mais il faut bien dire qu'ils n'ont pas encore réalisé leur rêve : un iris totalement fiable et apte à remonter sous toutes les latitudes et dans tous les climats. Aucun n'est parvenu à maîtriser la multiplicité des éléments entrant en ligne de compte. Le déclenchement de la remontée est donc capricieux, voire aléatoire, même pour les variétés les plus significatives.

 C'est sans doute pourquoi, depuis quelques années , comme l'écrit Mike Lokatell, « Après beaucoup d'optimisme au cours de la dernière partie du XXe siècle, les avancées dans développement des iris remontants semblent toujours aussi rares ». Quelque peu lassés, les plus ardents chercheurs sont devenus bien discrets et à l'heure actuelle on constate un net désintérêt pour la question. Mike Lokatell lui-même, fidèle disciple de Lloyd Zurbrigg, avoue son désarroi : « Qui sera le successeur des Percy Brown, Raymond Smith ou Lloyd Zurbrigg ? » Interroge-t-il dans sa conclusion de son article dans le dernier « Irises ». Il y a encore des chapitres à écrire à cette histoire.

Illustrations : 

'Returning Glory' 

'I Do'


'Gate of Heaven'


'Lichen'