18.8.06
LES BONS GÉNITEURS
Il y a quelques semaines, un sujet a parcouru le petit monde des amateurs d’iris : celui des bons géniteurs. Tout est parti d’un constat, certains obtenteurs, dans leurs catalogues, vantent les mérites d’une variété nouvelle en disant qu’elle est fertile, le plus souvent « both way », c’est à dire dans les deux sens. Qu’une variété soit fertile, cela n’a rien d’original, car la plupart le sont. Ce qui, à mon avis, mériterait d’être signalé, chaque fois que le cas se présente, c’est que telle variété est stérile, ou qu’elle n’est fertile que dans un sens, pollen ou ovaire. Pour le reste, dire qu’une fleur est fertile ne veut pas dire qu’il s’agisse d’un bon géniteur. Mais c’est quoi, un bon géniteur ?
J’ai voulu savoir ce qu’en disait la bible des iridophiles, « The World of Irises ». Mais ce sujet n’y est pas abordé. J’ai donc consulté l’autre bible des amateurs, le livre de Richard Cayeux « L’Iris, une Fleur Royale ». Un paragraphe répond en partie à ma question, page 174, en précisant que le bon géniteur est celui qui convient le mieux au but que l’hybrideur entend atteindre, et que, pour un croisement déterminé il faut « essayer de trouver des parents ayant le plus possible les caractères recherchés, non seulement en eux mais aussi dans leurs antécédents. » Ce qui conduit à effectuer des recherches généalogiques qui « sont très intéressantes en elles-mêmes et riches d’enseignements car elles permettent souvent de découvrir que certaines plantes sont meilleurs parents que d’autres. » En d’autres termes, il n’y a pas de bons géniteurs systématiques, mais des iris qui, en fonction de leurs origines et de ce que l’on souhaite en obtenir, sont meilleurs, ou mieux placés que d’autres. Le rêve du bon géniteur tous azimuts s’éteint, mais s’ouvre le champ de la recherche et du travail généalogique.
Cela dit, il existe cependant des variétés qui, au fil des ans, se sont révélées de remarquables géniteurs, reconnus comme tels par toute la communauté iridophile. Sur ce sujet, la consultation de « The World of Irises » est édifiante. Qui veut hybrider autrement qu’à l’aveuglette doit impérativement avoir lu les chapitres consacrés à l’histoire de l’hybridation. Mais « The World of Irises » est un ouvrage maintenant ancien (1978) et il ne peut pas parler des grandes variétés récentes, celles qui sont à l’origine des iris qui peuplent aujourd’hui les catalogues et les jardins des amateurs.
Pour bien faire il faudrait ajouter une suite à chacun des chapitres de « The World of Irises ». Cette chronique n’a pas ce but ni cette prétention. A ceux que le sujet intéresse, je donnerai seulement quelques pistes issues de mes propres recherches et études statistiques. A commencer par un extrait d’une chronique parue en 2004 et qui s’intitule « Familles Nombreuses ». J’y relève les trente variétés les plus utilisées en hybridation :
1. SKY HOOKS (Osborne 80) – voir photo - (plus de 140 variétés enregistrées en descendent directement)
2. RIPPLING WATERS (Fay 61 – DM 66) (Cité près de 100 fois)
3. PONDEROSA (Ghio 70)
4. PINK SLEIGH (Rudolph 70)
5. NEW MOON (Sexton 68 – DM 73)
6. VANITY (Hager 75 – DM 82)
7. STEPPING OUT (Schreiner 64 – DM 68)
8. QUEEN IN CALICO (Gibson 80)
9. EDITH WOLFORD (Hager 86 – DM 93)
10. TITAN’S GLORY (Schreiner 81 – DM 88)
11. SILVERADO (Schreiner 87 – DM 94)
12. HONKY TONK BLUES (Schreiner 88 – DM 95)
13. NAVY STRUT (Schreiner 74)
14. RINGO (Shoop 79)
15. PINK TAFFETA (Rudolph 38 – DM 75)
16. CONDOTTIERE (Cayeux 78)
17. GIGOLO (Keppel 84)
18. AFTERNOON DELIGHT (Ernst 85)
19. SONG OF NORWAY (Luihn 79 – DM 86)
20. MYSTIQUE (Ghio 75 – DM 80)
21. ALLEGIANCE (Cook 57 – DM 64)
22. WHOLE CLOTH (Cook 57 – DM 62)
23. CLAUDIA RENE (Gaulter 63)
24. CHRISTMAS TIME (Schreiner 65)
25. ENTOURAGE (Ghio 77 – FO 80)
26. MELODRAMA (Cook 56)
27. WINTERSCAPE (McWhirter 84)
28. EDNA’S WISH (Gibson 83)
29. VICTORIA FALLS (Schreiner 77 – DM 84)
30. LACED COTTON (Schreiner 80)…
C’est bien intéressant, mais les jeunes tentés par l’hybridation me rétorqueront qu’il s’agit de variétés plutôt anciennes, qu’ils auraient souvent du mal à trouver dans le commerce. Soit. Cherchons alors parmi les variétés plus récentes, sachant que le choix est chaque année plus vaste, ce qui ne facilite pas le travail. Il apparaît cependant que trois ou quatre variétés ont actuellement le vent en poupe :
ROMANTIC MOOD (Ghio 88)
FOGBOUND (Keppel 98)
CHAMPAGNE ELEGANCE (Niswonger 87)
ROMANTIC EVENING (Ghio 96)
Cependant les variétés actuellement enregistrées correspondent à des semis d’il y a au moins cinq ans, voire plus. Il n’est donc pas étonnant qu’on rencontre beaucoup d’enfants de DUSKY CHALLENGER (Schreiner 86 – DM 92), SOAP OPERA (Ghio 82), MESMERIZER (Byers 91 – DM 2002), et de l’inusable EDITH WOLFORD qui, malgré les années, continue d’avoir la faveur des obtenteurs.
Ces iris intéressent un grand nombre de personnes, mais ils n’ont pas tous les pouvoirs et je répète que celui qui veut hybrider, après s’être fixé sur le ou les domaines qu’il entend explorer, devra beaucoup travailler sur la génétique des iris, en général, et les renseignements généalogiques que l’on trouve dans les « Registrations and Introductions » et les « Iris Check-lists ».
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