20.10.06


IMAGES D’IRIS

Première partie : la représentation des iris en peinture

Dans l’histoire

Sur un célèbre tableau de Jan Brueghel, le vase bleu, peint aux alentours de 1608, il y a plusieurs iris : un du modèle variegata (petite fleur jaune aux sépales striés de brun), un modèle plus clair, avec des pétales presque blancs et des sépales veinés de violet, et une très importante fleur à l’air exotique. Cette grosse fleur, au milieu du bouquet, qui semble être un oncocyclus – peut-être un I. susiana – étale ses grands pétales en dôme sombre, et ses petits sépales recourbés. Elle jure un peu dans une composition faite de fleurs bien plus petites et rustiques. Parmi les autres fleurs d’iris, le variegata et l’une des fleurs du neglecta tournent vers l’observateur leurs pétales tandis qu’une autre des fleurs blanches met en avant un sépale malingre porté par un pédoncule étroit. Comme tous les bouquets de cette époque, il ne s’agit pas d’un ensemble peint sur le vif, mais d’une composition d’après des esquisses, qui explique la présence de fleurs s’ouvrant à des périodes différentes. Cette technique n’est d’ailleurs pas propre à Brueghel, elle se retrouve, par exemple, dans les bouquets de Jan van Huysum, plus d’un siècle plus tard. Dans tous ces bouquets, les iris sont le plus souvent peints de la même façon. La fleur est figurée sur tige, le revers d’un pétale est au premier plan, deux des trois sépales apparaissent de profil. Cela correspond à la représentation de l’iris héraldique, qu’on appelle « fleur de lys ». Il s’agit sans doute d’une sorte de mode ou de tradition, parce qu’il ne semble pas y avoir de raison technique à ce choix. Peut-être aussi que, vue sous cet angle, la fleur d’iris semblait plus intéressante, les sépales, à ces époques, n’étaient pas la partie la plus esthétique de la fleur. On dirait même que cette manière de représenter les iris soit fort répandue puisque déjà dans les céramiques des mosquées d’Asie Centrale (du XVIIeme également) (voir photo) on constate la même disposition. En revanche, dans les peintures florentines du XVeme siècle, celles que ceux d’entre nous qui y sont allés ont pu voir dans les églises et les musées de Florence, présentent souvent les fleurs de face ou de trois-quarts.

Il faut attendre les artistes du XIXeme siècle pour voir des iris peints, de préférence, sépale en avant. La fameuse toile de Van Gogh, avec ses iris bleus un peu fous, en est la preuve. Mais dans les gravures de Redouté, tout comme dans « Le Printemps », d’Eugène Grasset, vitrail de 1884, on trouve les deux présentations.

Aujourd’hui

De nos jours, les peintres hésitent entre les deux présentations. Je n’en veux pour preuve que les illustrations choisies pour les couvertures d’Iris & Bulbeuses pendant les dix dernières années.

Jacqueline Farvacques, pour le numéro 121 (été 96), présente deux fleurs : l’une de face, l’autre, plus petite, de profil. Parmi les illustrations qu’elle a fournies à Richard Cayeux pour son livre, on trouve pareillement les deux modèles, de même que dans le gentil petit livre « Iris » de la collection « Les Carnets de Courson ».

Barbara Smocszenska, pour le numéro 124 (printemps 97), a offert une aquarelle où l’iris se présente de face. C’est la même chose pour les autres aquarelles d’elle que je connais.

Le pastel de Marie Madeleine Boineau-Chevalier choisi pour le numéro 126 (automne 97) est tout à fait neutre sur cette question : trois fleurs de face, deux de profil.

La toile très méticuleuse de Janine Pathé-Lancry (N° 128 – printemps 98) adopte le même principe : deux profils, une face.

La couverture du numéro 136 (printemps 2000), signée Christine Matthieu, est dans les mêmes dispositions puisque deux iris y sont peints sépale en avant et un adopte la présentation « fleur de lys ».

Quant à l’aquarelle de Jeannine Néri, pour le n° 145 (2002), elle préfère la disposition traditionnelle.

J’ai eu aussi l’occasion d’apprécier les aquarelles d’une artiste belge, Diane Bruyninckx, qui peint dans le style de Jacqueline Farvacques. Elle non plus n’a pas d’a priori et saisit les deux dispositions.
Enfin, à l’inverse, le vitrail de P. Confetti pour le concours Franciris 2005 privilégie la présentation dite « moderne » (voir photo).

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