13.10.06
LE FLEUVE BLEU
Il n’y a pas de coloris ou de modèle de fleurs d’iris que la famille Schreiner n’ait exploré. Une telle universalité ne peut se concevoir que de la part d’une véritable entreprise, elle n’est évidemment pas à la portée des amateurs, ni même des professionnels « artisans ».
Depuis sa création la Maison Schreiner s’est intéressée aux iris bleus. Elle possédait sa propre lignée déjà bien développée (voir BLUE SAPPHIRE 53 – DM 58), quand elle y a ajouté, dans les années 50 ce qui était reconnu comme le nec plus ultra, c’est à dire les deux frères de semis PIERRE MENARD et CAHOKIA, ainsi que le petit-fils de ce dernier, GALILEE. Quand une famille riche s’allie avec une famille pleine de promesse, la perfection est en route.
Dès lors, la production d’iris bleus de marque « Schreiner » peut être comparée à un fleuve. Petite rivière au début, elle a reçu d’année en année des apports multiples qui en font, après plus de soixante ans, un grand fleuve bleu paisible et majestueux.
L’un des tout premiers éléments de ce flot a été HARBOR BLUE (54), un joli bleu avec très peu de violet, qui remonte à un couple de bleus majeur, HELEN MCGREGOR et GREAT LAKES (par l’intermédiaire de l’indigo pâle JANE PHILIPS).
On peut ensuite sauter à un autre beau bleu, SALEM (57), descendant du précédent, associé à un autre bleu célèbre, BLUE RHYTHM (Whiting 45 – DM 50). SPARKLING WATERS est apparu en 59, c’est la première – ou l’une des premières – variété issue de l’association de la lignée primitive des Schreiner avec le fameux CAHOKIA (Faught 46). C’est un bleu très pâle à barbes blanches. La même année survient BLUE BARON, un bleu de lin, issu de HARBOR BLUE et de JANE PHILIPS.
En 61, c’est au tour de SYLVAN STREAM d’être proposé aux amateurs. Cette variété est un véritable cocktail de tout ce qui se fait de mieux à l’époque en matière d’iris bleu : (Pierre Menard x (Blue Rhythm x Chivalry)) X Harbor Blue. TYROLEAN BLUE (63) rappelle qu’il existe d’autres voies pour obtenir du bleu. Avec CRYSTAL BLUE (64), d’une origine très voisine, on est devant une première fleur bleue d’aspect moderne, avec d’amples ondulations et des pétales en dôme. Pour PARISIAN BLUE, apparu la même année, se trouvent réunis SYLVAN STREAM et le bleu marine de Georgia Hinckle MELISSA (54), issu de CAHOKIA ; autrement dit, toutes les munitions disponibles ont été utilisées !
BLUE CHIFFON (66) est un peu marginalisé : il provient de SALEM et d’ELEANOR’S PRIDE (Watkins 52 – DM 61). 67 est l’année de deux variétés d’origines foncièrement différentes : WILD RIVER, bleu roi, de CHIVALRY et HARBOR BLUE, et ROYAL TOUCH, bleu nuit, de PIERRE MENARD. BIG LEAGUE (69) qui a une forme très moderne et un coloris bleu moyen un peu violacé est de la lignée de SALEM ; REGALAIRE (69), plus foncé, plus bleu, mais moins ondulé, est quant à lui de la lignée d’HARBOR BLUE.
Un nouvel échelon dans l’amélioration des bleus est franchi avec l’arrivée de SAPPHIRE HILLS (71). Il descend de GALILEE, SALEM et PARISIAN BLUE. ADMIRAL BLUE date de 1972. Cet iris bleu drapeau est de la famille Pierre Menard. Il a aussi du sang de plicata, grâce à sa « mère », ROCOCO. SEA BRIGHT, de 72 également, est une émanation de BRAVE VIKING ; c’est un très joli bleu tendre veiné de plus foncé. Le cru de 73 est celui de SAILOR’S DANCE ; Ce beau bleu moyen à barbes blanches ne révèle pas son origine, la maison Schreiner reste discrète quand elle n’est pas sûre du pedigree. L’année 74 sera beaucoup plus riche, grâce à BLUE REFLECTION et NAVY STRUT. Le premier, clair, tient beaucoup de son ancêtre BABBLING BROOK, le second, bleu marine pourpré, d’origine plus anecdotique, est une pierre angulaire de l’hybridation et un géniteur très recherché. 1977 sera une nouvelle grande année pour les bleus de Schreiner. Prenez ROYAL REGENCY, en bleu sombre teinté d’indigo, de la famille d’Eleanor’s Pride, et VICTORIA FALLS, en bleu pur et barbes blanches, et vous aurez ce qui s’est fait de mieux dans le genre vers la fin des années 70. COLUMBIA BLUE (78), puis ST LOUIS BLUES (79), l’un clair et l’autre plus soutenu, achèveront l’inventaire de la décennie.
Pendant les années 80, le rythme de deux variétés bleues par an sera maintenu. Il y a COSMIC DANCE – indigo – et LAND O’ LAKES – bleu drapeau – en 82, MIDNIGHT HOUR et TIDE’S IN en 83, avec le très tardif LAST HURRAH, puis le bleu nuit STORMY NIGHT et l’admirable bleu vif PLEDGE ALLEGIANCE en 84. Une série de grandes réussites marquera les quatre années suivantes avec, en bleu clair, ALTRUIST (87) ; en bleu moyen SEA OF JOY (85), BREAKERS (86), MEMPHIS BLUES (87) et PEACEFUL WATERS (88) ; en bleu sombre, ou bleu nuit, le fameux DUSKY CHALLENGER (86), sans compter l’inclassable HONKY TONK BLUES (88).
Le flot du fleuve bleu s’élargit. On passe au rythme de trois ou quatre par an à partir de 89. Malgré cela cette dernière année est moins intéressante, malgré l’apparition de belles fleurs comme le bleu ciel SCANDIA DELIGHT et le très frisé bleu tendre VICTORIAN LACE. 90 est l’une des plus riches années avec pas moins de 6 bleus. Il y en a pour tous les goûts : du bleu ciel avec CARIBBEAN DREAM et RAPTURE IN BLUE (voir photo), du bleu pur avec BLENHEIM ROYAL, de l’indigo avec EVENING MAGIC et du bleu nuit avec NIGHT RULER. C’est à peu près le même choix en 91 : OREGON SKIES pour la teinte claire, RIVERBOAT BLUE pour le bleu moyen un peu violacé, ROYAL INTRIGUE pour le bleu sombre et MIDNIGHT DANCER pour le bleu nuit. 92 marque une pose avec seulement le bleu pur YAQUINA BLUE. Mais il y a aussi dans des tons voisins le violet INDIGO PRINCESS et le noir HELLO DARKNESS. On n’est pas dans la série B car HELLO DARKNESS sera Médaille de Dykes en 99 et YAQUINA BLUE en 2001 !
A partir de 93, sans pour autant perdre de leurs qualités, les iris bleus de Schreiner semblent un peu marquer le pas dans l’originalité. Si le choix est toujours aussi large, aucun nom ne se hisse au firmament, sauf peut-être dans les bleus clairs comme METOLIUS BLUE (2000) ou ABOVE THE CLOUDS (2001). On constate que les bons bleus sont nombreux mais qu’il n’y a plus de ce que les Américains appellent des « winners », de ces plantes que les juges remarquent et que le public s’arrache. D’ailleurs les Schreiner n’apparaissent plus dans les palmarès de prestige en dehors de l’amoena WORLD PREMIER (98) qui garde ses chances pour une récompense. Pour attirer l’attention d’un public un peu blasé, il faut de l’innovation, et c’est une qualité que la maison Schreiner semble avoir perdue de vue. Le fleuve bleu est devenu une sorte d’Amazone du monde des iris, si vaste et si uniforme qu’on ne distingue plus rien de remarquable.
RÉCRÉATION (réponses)
LES STARS
Le nom qui n’a pas été attribué est :
RITA HAYWORTH
RÉCRÉATION
EN SCÈNE
Les six noms qui suivent ont trait au monde du spectacle. Mais l’un d’entre eux n’a pas (encore) été attribué à une variété d’iris. Lequel ?
PINK STARLET
ROLE MODEL
SCENARIO
STARLETTE ROSE
STARRING ROLE
WESTERN
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