10.11.06
DES IRIS A RAYURES
On ne peut pas dire que ce soit une nouveauté, car des iris à rayures, il y en a depuis fort longtemps. Prenez, par exemple le « vieux » MARQUITA (Cayeux 31), dont les sépales sont richement veinés de bleu violacé avant que cette couleur ne prenne le dessus vers le bord. Voyez aussi cette variété célèbre et encore souvent présente dans nos jardins, COLOR CARNIVAL (deForest 48), avec ses sépales rose corail rayés de pourpre. Rapportez-vous surtout à cet élément de base de nos iris hybrides qui est I. variegata, dont les rayures sur les sépales constituent le fond de commerce.
Veines, stries et rayures font donc partie du panel génétique de tous nos iris. Elles ont parfois été mises en avant comme élément décoratif, voire même comme seule valeur de certaines variétés comme CIRCUS STRIPES (Plough 75), par ailleurs bien médiocre. Mais le plus souvent elles ont été chassées, considérées longtemps comme un défaut là où on recherchait la pureté des couleurs. C’est encore bien marqué dans les esprits : un hybrideur amateur, il y a peu de temps, s’étonnait devant moi de voir qu’on admirait des variétés qu’il aurait lui-même rejetées s’il les avaient découvertes dans ses semis. Et Richard Cayeux, qui n’a pas hésité à enregistrer des iris ayant de fortes marques aux épaules, comme CREME GLACÉE (94) ou MARBRE BLEU (93), écrit en 96 dans son livre, L’Iris, une Fleur Royale, à propos justement de ce dernier cultivar : « bien que généralement la sélection fasse rejeter les fleurs à sépales striés… » Maintenant cette exclusion n’est plus systématique et nombreux sont ceux qui considèrent les iris rayés comme des plantes qui apportent quelque chose de nouveau dans un domaine où les innovations deviennent plus rares qu’il y a cinquante ans.
Des rayures, les iris plicatas en ont toujours présenté, cela peut même être une de leurs caractéristiques. Cependant ce n’est pas d’eux dont il faut parler, mais de variétés dont les veines, au demeurant toujours un peu plus foncées que le voile des tépales, tracent dans les fleurs de véritables rayures, bien nettes et vives. L’un des tout premiers représentants de ce modèle a été BUTTERFLY WINGS (White C.G. 45). Il a été suivi de son « fils » STRIPED BUTTERFLY (Noyd 56), bleu de lin – de son parent CAHOKIA – aux sépales veinés d’indigo. Puis on peut citer un descendant du précédent, WEBSPUN (Craig 68), gris a veines glycine. Par la suite, cette voie a été abandonnée au profit d’iris toujours plus nets et sans veinures. Mais la mode en revient aujourd’hui. Elle a été lancée par la multiplication récente des iris luminatas, dont le cœur blanc pur irradie plus ou moins la partie haute des sépales et crée cet effet de rayures caractéristique. De là à forcer sur ces rayures pour donner du caractère aux fleurs, il n’y a qu’un pas qu’ont franchi plusieurs hybrideurs américains. L’un des plus célèbres et des plus imaginatifs, celui dont chaque nouveauté est maintenant un événement, je veux parler de Keith Keppel, en a fait son prochain cheval de bataille. Les deux nouveaux semis dont je joins une photo sont les déclinaisons, en rose et en bleu, de ces nouveaux iris à rayures qui ne tarderont plus de venir apporter dans nos jardins une touche agréable de fantaisie. Pour l’instant je ne dispose que des images, pas des pedigrees. Il sera intéressant, quand ces renseignements seront connus, d’analyser le cheminement qui aboutit à ce modèle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire