C’est en 1922 qu’a été créée la British Iris Society. Son but initial était de promouvoir des échanges de vues et d’informations ayant trait au genre IRIS. A l’époque les iris suscitaient un grand enthousiasme de la part des amateurs de fleurs. En France et en Grande-Bretagne, les obtenteurs étaient nombreux et les recherches pour l’amélioration des hybrides généraient une vive émulation. En particulier l’apparition des grands hybrides tétraploïdes, qui avait ouvert considérablement le champ des améliorations avait également largement accru l’intérêt pour une fleur qui avait auparavant perdu beaucoup de son intérêt puisque les possibilités de nouveautés, chez les iris diploïdes avait atteint son maximum.
1922 est aussi l ‘année où se réunit la Conférence Internationale des Iris, qui s’est tenue à Paris, sur l’initiative de Séraphin Mottet. Ce fut un événement qui rencontra une franche adhésion de la part des plus grands iridophiles du monde, c’est à dire des Anglais et des Américains. Parmi les étrangers qui ont répondu « oui » à la proposition française on trouve les noms de Arthur Bliss, William Dykes, Alice Harding, Amos Perry, Grace Sturtevant, John Wister et George Yeld. Du côté français les participants les plus en vue étaient MM. D. Bois, F. Cayeux, F. Denis, L. Millet, S. Mottet, A. Nomblot, A. Nonin, J. Pinelle, M. Turbat et la famille de Vilmorin. Parmi les participants il y avait, bien sûr, William Rikatson Dykes (1877/1925), le spécialiste mondialement considéré des iris. Cette immense renommée lui avait été value par la publication de ce qui est toujours le texte de référence sur le sujet, « The Genus Iris ». Il fut le Secrétaire de la Royal Horticultural Society, et participa à la fondation de la British Iris Society. Il ne lui manquait plus que d’être immortalisé. Ce fut fait après sa mort accidentelle en 1925, quand, dès 1926, la B.I.S. décida de décerner chaque année trois médailles portant son nom : une pour la Grande-Bretagne, une pour la France et une pour les Etats-Unis.
Les nouvelles récompenses furent attribuées pour la première fois en 1927 en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, en 1928 en France. Un panel d’éminents spécialistes devait, dans chaque pays, désigner le plus bel iris de l’année. Au fil du temps les choses ont évolué et les « Dykes Memorial Medal », puisque tel est leur dénomination exacte, ont connu, chacune, un destin différent.
La médaille française n’a pas survécu à la guerre 39/45. Elle a été attribuée pour la dernière fois en 1938 ; sa courte existence n’a jamais eu une véritable justification car il n’y a jamais eu de réelle compétition : toutes les médailles attribuées l’ont été à des variétés créées par Ferdinand Cayeux !
La médaille anglaise continue une existence un peu chaotique. Elle a seulement été attribuée 52 fois en 83 ans, elle n’hésite pas d’autre part à admettre la grande valeur d’une plante quelle que soit sa catégorie, alors que la DM française et la DM américaine subissent la suprématie des grands iris. Jusqu’à la fin des années 90, son attribution a été à peu près régulière, mais depuis le début du XXIeme siècle il semble qu’il soit de plus en plus difficile de trouver, en Grande-Bretagne, une variété de classe exceptionnelle. Est-ce parce que les juges sont de plus en plus rigoureux ou est-ce parce que la production britannique est en déclin ?
Le développement important de l’iridophilie dans l’hémisphère sud est à l’origine de la création d’un quatrième Médaille de Dykes, en 1985. D’abord destinée aux iris d’Australie, elle a par la suite été étendue aux variétés venues de Nouvelle-Zélande et devait être attribuée alternativement à une variété de chaque pays. Mais le fait pour les Néo-Zélandais d’être obligés d’envoyer leurs iris en Australie pour être jugés s’est vite révélé intenable, et depuis 1992 une récompense spécifiquement néo-zélandaise a été instituée. L’Australasian Dykes Medal ne concerne plus maintenant que les iris d’Australie.
La DM américaine n’a fait que gagner en notoriété au cours des ans. Il faut dire qu’elle a trouvé une situation particulièrement favorable, dans un pays où les iris sont une des plantes les plus appréciées et où les obtenteurs sont nombreux et de grand talent. La place de leader de l’iridophilie américaine a très vite conféré à la USDM une place prépondérante, et on peut dire que maintenant la plante qui l’obtient peut être considérée comme le champion de monde de son espèce. Les Américains ont peu à peu perfectionné et strictement réglementé le système d’attribution des récompenses, plaçant la DM au sommet d’une pyramide implacable, au terme d’une compétition qui dure une dizaine d’année avant de désigner son vainqueur. La renommée énorme de cette récompense fait aujourd’hui que tous les obtenteurs du monde voudraient pouvoir y concourir. Mais les règles d’attribution restent strictes : uniquement pour un iris introduit sur le marché en premier lieu aux USA et donc, de ce fait, ayant acquis en quelque sorte la nationalité américaine. Alors on se débrouille : les obtenteurs non américains trouvent un distributeur qui veut bien mettre leurs obtentions sur le marché, et en route pour la grande course ! On verra ce qui se produira si, un jour, une variété non « made in USA » parvient à l’emporter. Le protectionnisme américain trouvera-t-il une parade pour réserver à ses ressortissants l’exclusivité de la médaille ? Ou au contraire la médaille US deviendra-t-elle la récompense mondiale, au prix d’une extension de la compétition aux juges du monde entier ? Le phénomène de mondialisation prêche dans le sens de cette extension, mais les réticences d’ordre commercial bataillent en sens inverse.
Ce sera l’un des grands sujets de controverse dans les années à venir.
Malheureusement, la médaille de Dykes américaine ne peut pas être gagnée par un iris d’origine étrangère ; cette récompense est réservée aux iris d’origine nord-américaine, c’est-à-dire qui ont été créés par un hybrideur et introduit par un producteur tous deux résidant aux États Unis ou au Canada. La médaille de Dykes est toujours une récompense britannique, offerte par la Société Britannique des Iris (BIS). Le texte existant dans le guide pour juges publié par la Société Américaine des Iris (AIS) est en effet incorrect (p28 et 29 de la dernière édition - ce texte a toujours été incorrect, d’ailleurs) et l’éligibilité des plantes pour cette médaille a été réaffirmée lors de la réunion d’automne de l’AIS de 2009, commz zn témoignent les minutes de cette réunion, disponibles sur le site de l’AIS (http://www.irises.org/pdf/Board_Motions_Fall2009.pdf) :
RépondreSupprimerMotion 4: That the eligibility of irises for the American Dykes Medal be reaffirmed as: “The American Dykes Medal is awarded annually by the British Iris Society through The American Iris Society and is restricted to irises first originated and introduced in the United States or Canada. Irises originated elsewhere, although not eligible for the American Dykes Medal, are eligible for other AIS awards provided that the iris was first introduced in the United States or Canada.” Reaffirmed
C’est pourquoi, même si les iris d’origine étrangère ont la possibilité de gagner des récompenses jusqu'à la médaille de Wister (la plus haute récompense américaine pour les Grands Barbus), ils ne peuvent pas espérer atteindre la médaille de Dykes. Exemple : Slovak Prince, l’excellent iris d’Anton Mego, introduit aux Etats-Unis par Terry Aitken, est allé jusqu'à la médaille de Wister, mais n’était pas éligible pour la médaille de Dykes 2010 car il est d’origine étrangère. Et c’est bien dommage !!
La seule possibilité pour les iris d’origine autre que nord-américaine ou australienne de gagner un jour la médaille de Dykes est d’aller concourir pour celle d’Angleterre. Pour cela, il faut être membre de la Société Britannique des Iris, ce qui donne le droit d’envoyer deux rhizomes d’un cultivar dans un minimum de trois jardins officiels et d’essayer de décrocher d’abord un AGC—Award of Garden Commendation. Après avoir gagné cela, on a le droit d’envoyer deux autres cultivars. Je ne suis pas encore sûre de la marche à suivre ensuite, mais je me renseigne ; Je tiens ces précisions de Clive Russell, ancien président de la BIS.
MB