Le chapitre sur les iris MDB (Miniature Dwarf Beardeds) de « The World of Irises » commence comme ceci : « Lorsque la vue du premier crocus va signifier pour la plupart des gens le retour du printemps, c'est la vue du premier iris nain miniature qui va vouloir dire « printemps » pour les amis des iris. Les premiers des iris barbus à fleurir, les MDB, annoncent la saison si impatiemment attendue pendant le long hiver (...) » C'est, ma foi, fort bien dit ! En effet ces tout petits iris sont effectivement les premiers à fleurir, et ceux qui en possèdent vont se sentir tout ragaillardis quand ils vont les apercevoir. Petits ils sont, c'est certain, puisque leur hauteur, officiellement, ne doit pas excéder 21cm., avec des tiges qui peuvent être plusieurs mais sans pousses latérales, et des fleurs qui, pour respecter de bonnes proportions, n'auront pas plus de 7,5cm de large. Leur précocité n'incite pas à les placer en bordure d'iris de haute tailles puisqu'ils ne seront pas fleuris simultanément, mais ils seront tout à fait à leur place en compagnie d'autres fleurs hâtives près desquelles leur relative raideur donnera de la structure à l'ensemble du massif. Dit ainsi, cela n'incitera pas l'amateur à constituer des bordures complètes de MDB ou à rassembler une collection abondante de ces petites fleurs. On peut être néanmoins tenté d'en réunir un certain nombre,ne serait-ce que pour se faire une idée de la variété des couleurs et des modèles.
Les tout premiers MDB étaient en général violets, gris-bleu, jaunes ou blancs. C'était surtout les hybrideurs européens qui s'intéressaient à eux. Ce fut le cas des allemands Goes & Koenemann, de l'anglais Carpane, du hollandais van Tubergen et surtout des français Millet et André. De ce dernier on connaît encore les petits 'Lieutenant de Chavagnac' et 'Jean Siret', qui datent de 1926 et ont fait le tour du monde. Ces deux-là ainsi que les autres MDB de leur époque était issus de l'espèce I. chamaeiris croisée avec I. olbiensis ou I. italica. L'analyse chromosomique effectuée plus tard a confirmé cette origine. I. pumila, un peu plus grand, mais très voisin, et tétraploïde, fait aussi partie du panel génétique des MDB et d'ailleurs c'est de cette espèce qu'est parti le travail de Paul Cook, aux USA, au milieu des années 1940, dont on peut dire qu'il a été fondateur des MDB que nous connaissons aujourd'hui.
Quelles que soient leurs qualités horticoles, les iris nains miniatures n'ont pas rencontré un grand succès au début de leur existence, ni de la part des obtenteurs, ni, surtout, des amateurs ; de sorte que leur développement a été très lent et qu'ils restent la moins recherchée de toutes les classes. Ainsi en l'année 2000 y a-t-il eu l'enregistrement de 525 grands iris (TB) mais seulement de 9 iris nains miniature (MDB).
Malgré le peu d'engouement pour ces iris, les hybrideurs ont réussi à obtenir des variétés de très nombreux coloris : unicolores bleu, violet, pourpre, brun, rose, orange, jaune, blanc ; bicolores, amoenas (et même amoenas inversés), neglectas, plicatas, variegatas... Le choix mondial est, finalement, plutôt vaste, mais en France il est en revanche exceptionnellement limité ! Seule la Maison Cayeux offre un choix remarquable, avec 33 variétés présentées, toutes américaines ; chez Iris en Provence, en cherchant bien, on trouvera 'Pokemon' (G. Sutton, 2000), classé parmi les « iris de rocaille ». Enfin à la Ferme des Iris il y a deux variétés obtenues par le franco-hollandais Loïc Tasquier.
Il fut un temps, au début de son activité commerciale, où Lawrence Ransom offrait une belle collection de MDB, mais elle a très vite disparu. C'est pourtant lui, et son compère Jean Peyrard, qui ont hybridé chez nous cette classe d'iris avec le plus de constance et le goût de l'exceptionnel qui les caractérise. A eux deux, à partir de 1991, ils ont enregistré une douzaine de variétés, souvent très originales et propres à exciter la curiosité des collectionneurs. Chez Ransom cela à commencé par 'A Gogo' (1992), un tout petit jaune pâle à barbes blanches, suivi de 'Dekho' (1993), fils de Hocus Pokus x Eyebright, d'un étrange coloris jaune verdâtre et acajou. Jean Peyrard s'est essayé avec 'Soueich' (1991), dans les tons de jaune, obtenu à partir de graines échangées avec la BIS. Sa plus belle réussite sera 'Passion Bleue' (1994), violet aux sépales presque noirs. Lawrence Ransom a poursuivi son travail jusqu'à une date récente puisque l'on découvre 'Quota' en 2008 puis 'Tilleul' en 2010. Pour être complet sur ce qui se fait en France en la matière, il faut parler des deux variétés enregistrées par Loïc Tasquier, 'Bijtje' (2009) et 'Wheety' (2010) et, pour finir, le MDB de Michèle Bersillon 'Fauviste', de 2011.
Au vu de ce qui précède on peut dire que notre pays est bien placé en matière de MDB, ce qui démontre que ce n'est pas l'espérance de ventes faramineuses qui pousse nos hybrideurs à travailler sur ces iris, mais l'envie et la curiosité. Pour cela ils méritent nos encouragements. Espérons qu'ils continuent car, rien que pour le plaisir, le jeu en vaut la chandelle.
Illustrations :
'Enfant Terrible' (Ransom, 2007) ;
'Punk' (Ransom, 1998) ;
'Quota' (Ransom, 2008) ;
'Bijtje' (Tasquier, 2009).
Je vous rappel que, puisque un iris prend l'origine du pays où il a été créé, les plantes de Tasquier ne sont pas français mais néerlandais.
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