‘MORSKOY PRIBOY’
Pétales blanc bleuté ; Sépales blanc bleuté rehaussé de crème, épaules jaune pâle, barbes lavande pointées jaune pâle, jaune pâle dans la gorge. 'Pink Sleigh' X 'Laced Cotton'
En russe, cela s'écrit « Морской прибой » et cela signifie quelque chose comme « le ressac de la mer » ou « surfer sur la mer ». Cela fait évidemment allusion à la couleur de la fleur qui peut être comparée à celle de la crête d'une vague qui s'apprête à se briser. Je ne sais pas si l'obtenteur de cet iris, Adolf Volfovitch-Moler, a jamais vu la mer qui se situe tout de même à quelques milliers de kilomètres de Tashkent où il habitait, mais il peut aussi avoir choisi ce nom pour ce qu'il évoque plus que pour ce qu'il représente de réel pour lui.
'Morskoy Priboy' fait partie du lot d'iris qui m'est parvenu d'Ouzbékistan en 1997 lors de mon premier échange avec son obtenteur. J'avais eu la curiosité de voir ce qu'un hybrideur du bout du monde pouvait bien obtenir avec un stock de géniteurs des plus pauvres. Le succès à Florence en 1995 de 'Ikar' et de 'Sinfonyia' m'avait intrigué. Comment pouvait-on obtenir ce que les Américains appellent un « winner » quand on ne dispose que de quelques anciennes variétés mystérieusement parvenues au fin fond de l'Asie Centrale ? L'échange a pu se faire assez simplement en 1997 : j'ai reçu un gros paquet de variétés inconnues et j'ai fait expédier par Lawrence Ransom un nombre à peu près équivalent de variétés françaises parmi les plus récentes et les plus belles.
Volfovitch-Moler ne m'a jamais expliqué comment il s'était procurer 'Pink Sleigh' et 'Laced Cotton', les parents de 'Morskoy Priboy'. Cette année, rencontrant Zdenek Seidl lors du concours FRANCIRIS, je lui ai demandé comment on faisait, du temps de rideau de fer, pour acheter des iris américains. Sa réponse a été sincère et conforme à ce que j'imaginais : « par fraude ». Les chanceux qui pouvaient aller à l'ouest rapportaient dans leur valise quelques précieux rhizomes, cultivés comme des plantes précieuses, et échangés en grand secret entre amateurs.
Arrivés en France, les rhizomes ouzbeks ont tranquillement poussé. 'Morskoy Priboy' a fleuri dès 1998, puis assez fidèlement, environ une année sur deux jusqu'en 2008. Puis il a connu une longue et inexplicable éclipse jusqu'en 2013, avant de reprendre son rythme habituel. Son développement est plutôt faible. La touffe grossit lentement, mais la plante est parfaitement saine, et les floraisons sont belles. Dans ma terre ingrate et avec le peu de soins que j'apporte à mes iris, disons qu'elle se comporte à peu près comme la plupart de celles des autres variétés cultivées.
La photo jointe montre que ce 'Morskoy Priboy' est un iris très classique, d'une forme conforme à ce qu'on peut attendre d'un croisement entre deux excellents géniteurs de l'époque classique ('Pink Sleigh' date de 1970 et 'Laced Cotton' de 1978). Il n'a eu aucun frère de semis et aucun descendant enregistré. Ce n'est pas le cas de 'Pink Sleigh' (Rudolph, 1970) qui est gratifié de plus de 150 rejetons, ni de 'Laced Cotton' (Schreiner, 1978) à qui l'on en attribue plus de 130. Chez Volfovitch-Moler, si 'Pink Sleigh' a été utilisé à plusieurs reprises, 'Laced Cotton' ne figure qu'une fois dans le pedigree de ses variétés. Parmi celles qu'il a obtenues avec 'Pink Sleigh', il m'en a envoyé trois que je continue d'apprécier chaque printemps :
'Babyie Leto' (1995), bitone vieux-rose ;
'Happy Childhood' (1997), jaune pâle infus de blanc ;
'Vecherniaya Skazda' (1997), mélange de mauve et de brun noisette.
Aucun de ces iris ne peut être considéré comme un chef d’œuvre, mais ce sont de bonnes variétés classiques qui sont tout à fait représentatives de ce qui se faisait dans l'ancienne Union Soviétique, avec peu de moyens, mais beaucoup d'envie.
Illustrations :
'Morskoy Priboy'
'Pink Sleigh'
'Laced Cotton'
'Babiye Leto'
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