Aux Etats-Unis son nom vernaculaire est « blue flag », soit « drapeau bleu ». C'est une espèce très courante, surtout dans le moitié la plus nordique et principalement dans les Etats de la rive gauche du Mississipi (Illinois, Ohio, Kentucky...) où il est très apprécié. Il est également présent au Canada, et le Québec en a même fait son emblème floral national. Il s'agit de Iris versicolor, le cousin américain de notre I. pseudacorus, celui qui est à l'origine de notre royale fleur de lys. I. versicolor lui ressemble beaucoup, il a comme lui de longues feuilles étroites et plutôt raides, mais s’inclinant vers le sol à leur extrémité, il est cependant bien plus petit car il ne dépasse pas les 60cm. Ses fleurs, assez grandes mais étroites, ont des sépales qui s’évasent à la pointe, ce qui fait tout leur charme. De couleur bleue ou violacée, elles s’ornent d’un signal blanc et se teintent de jaune d’or au cœur.. Tout comme I. pseudacorus, I. versicolor vit de préférence en milieu humide, voire inondé, mais il peut également pousser en terrain plus sec à la condition de l’arroser copieusement et de lui réserver un sol acide, riche en nutriments. Au plan de la botanique, il fait partie des iris sans barbes, dans la série Laevigatae, où il voisine avec son cousin européen I. pseudacorus, son autre cousin, chinois, I. laevigata, son parent japonais I. ensata (alias kaempferi), et un autre iris américain, I. virginica. Un botaniste a considéré, en 1936, que I. versicolor était un hybride stabilisé depuis des millénaires, de I. virginica et de I. setosa, espèce voisine, de la série tripetalae. Il est bien possible qu'il ait raison Cela donne une explication au fait, exception dans le genre IRIS, que I. versicolor, dispose du plus grand nombre de chromosomes (2n = 108), résultat très probable de l’addition des chromosomes de I. virginica (2n = 70) et de ceux de I. setosa (2n = 38). C’est sûrement d'ailleurs à son lointain ancêtre I. setosa qu’I. versicolor doit sa grande résistance au froid (c‘est une des raisons pour lesquelles il pousse si abondamment au Québec), car setosa est une espèce qu’on trouve même au-delà du cercle polaire. C’est cette aptitude qui lui a permis d’émigrer d’Asie extrême orientale, jusqu’en Amérique du nord, par le Kamtchatka, le détroit de Bering et l'Alaska.
Depuis la fin des années 1970 des hybrideurs américains ont obtenu par sélection des variétés un peu différentes de l'espèce d'origine qui peuvent constituer un agréable spectacle dans un jardin en milieu humide. Richard Cayeux dans son livre « L'iris, une fleur royale » en inventorie quatre : 'Between the Lines' (Schafer/Sacks, 1991), 'Rougette' (Warburton, 1979), 'Mint Fresh' (Warburton, 1983) et 'Party Line' (Warburton, 1988). On peut ajouter à cette courte liste 'Candystriper' (Warburton, 1991), aux sépales très larges, caractéristique que l'on retrouve chez 'China West Lake' (Waddick, 1996), alors que 'John Wood' (Lineberger, 1997) se distingue par son coloris : pétales mauve rosé, sépales violet rosé vif. 'Raspberry Slurp' (Butler, 2002) allie les caractères des précédents : sépales élargis et teintes vives. D'autres chercheurs, curieux de mélanges interspécifiques ont croisé I. versicolor avec tous ses cousins de la série Laevigatae. Ces croisements se réalisent sans difficultés, mais les hybrides qui en résultent ne sont pas toujours très intéressants car en plus de rester proches dans leur aspect de l’espèce d’origine, ils se révèlent stériles. Il faut faire quelques exceptions : pour le croisement I. versicolor x I. virginica et notamment la variété ‘Gerald Derby’, plus grande et plus bleue que I. versicolor de base, et I. versicolor X I. laevigata qui donne naissance à des hybrides baptisés Versi-Laev. Notamment ‘Berlin Versilaev’ (Tamberg 1988) aux fleurs rouge pourpré, ‘Fourfold Blue’ (Tamberg 1997), bleu drapeau ou 'Versilaev Princess' (Tamberg, 2001), bleu violacé avec un joli signal blanc.
Tous ces descendants ou dérivés de I. versicolor ont tout de même un petit défaut : ils ne s'éloignent guère du coloris bleu basique. Ce n'est pas de côté de la couleur qu'il faut chercher les différences, de sorte qu'au jardin on est en face d'une certaine uniformité plutôt froide. Cependant ceux qui sont à la recherche d'autre chose que les sempiternels TB, pourront se tourner vers les I. versicolor car ils forment vite des touffes abondantes au bord des mares et pièces d'eau et qu'ils ne demandent guère de soins.
Illustrations :
I. versicolor (touffe fleurie)
I. versicolor (spec.)
'Raspberry Slurp'
'Versilaev Princess'
On peut rajoure 2 autres iris intéressants issus de I. versicolor:
RépondreSupprimer- 'Dark Aura' (Hewitt 1986), croisement entre probablement I. virginica et I. versicolor: fleurs bleues bien dégagées au dessus du feullage, tiges et base du feuillage violet pourpre.
- 'Enfant Prodige' (Huber 1993): croisement entre un hybride I. versicolor x I. ensata, probablement croisé à nouveau avec I. ensata: fleurs ressemblant aux pseudatas, un peu plus petites, nombreuses, à sépales bleu moyen à spot jaune or, petits pétales bleu clair et styles bien visibles blanc bleuté; floraison d'une touffe jusqu'à 5 semaines.
J.C. Jacob