Il y a une semaine le dernier article se terminait ainsi : « Dans une prochaine chronique nous irons voir si les MTB, l'autre catégorie d'iris médians, se trouve mieux lotie. » Eh bien mettons-nous au travail.
I : Quelques mots à propos des iris de table (MTB).
Bien qu’ils soient apparus très tôt dans l’histoire des iris, il fallut attendre les années 50 pour que soient définis les traits spécifiques des MTB. On parlait déjà d’iris de table dans les années 30, mais la désignation MTB proprement dite n’est apparue qu’avec la définition du groupe. Ce sont Mary Williamson, au début, puis Alice White, dans les années 50, qui ont misé sur les iris de table, en faisant valoir leur intérêt décoratif tant pour le jardin que pour la fleur coupée. C’est d’ailleurs pourquoi la médaille catégorielle qui est dédiée aux MTB se nomme la Williamson-White Medal.
Ils se présentent avec des tiges fines et flexueuses dont la hauteur idéale se situe aux alentours de 55cm, portant des fleurs gracieuses voisinant 8cm de large, et fleurissant en même temps que les grands iris. Beaucoup moins spectaculaires que ces derniers, ils ont longtemps été un peu dédaignés par les hybrideurs. Le fait que ce soit des iris diploïdes limitait la forme des fleurs (qui restaient étroites et un peu raides) et le choix des coloris. Mais depuis quelques années ils connaissent un regain d’intérêt sensible depuis qu’ils ne sont plus simplement diploïdes. En effet on trouve de plus en plus de tétraploïdes, plus riches en coloris et plus ondulés ou frisés, obtenus par l’apport de gènes d’iris de bordure (BB). Dans la catégorie des MTB on trouve désormais toutes les couleurs et associations qui existent chez les grands barbus (TB) sur de mignonnes petites fleurs, qui s’épanouissent en grand nombre sur des touffes qui prennent vite de l’importance. Voilà des qualités qui font tout l'intérêt des iris de table. Par dessus le marché leur vigueur, leurs faibles besoins en surface de jardin, qui autorise leur culture sur un balcon, une terrasse ou une rocaille devraient leur valoir d’apparaître dans les catalogues. C'est désormais le cas aux Etats-Unis, et on constate que les juges s'y intéressent de plus en plus.
II : Les iris de table et les récompenses officielles.
Qu'ils reçoivent la Williamson-White Medal est tout à fait normal puisqu'elle a été créée pour eux, mais on s'aperçoit qu'ils apparaissent de plus en plus fréquemment dans les autres classements et récompenses. Leur première apparition au sommet s'est produite en 1991 avec l'attribution de la Walther Cup à 'Frosted Velvet' (K. Fisher, 1988), un très sympathique petit amoena d'aspect très moderne. Un nouveau succès est intervenu en 1995 lorsque 'Bangles' (L. Miller, 1993) a remporté la Franklin's Cup ; avant de triompher deux ans plus tard à la President's Cup. Il faudra cependant attendre encore dix ans pour qu'un autre MTB entre en scène. Ce sera 'Dividing Line' (Bunnell, 2005) et la Hager Cup, qui remettra ça deux ans plus tard, avant de poursuivre sa marche jusqu'à la Dykes Medal en 2014. Curieusement on remarque que ce 'Dividing Line' a une certaine ressemblance avec son prédécesseur 'Frosted Velvet'... L'année 2014 fut une année faste pour les MTB puisque 'Holiday in Mexico' (R. Probst, 2011) a reçu la Walther Cup, beau succès pour une sorte de retour aux sources avec un faux air de l'Iris variegata des origines. La Hager Cup sourit particulièrement aux MTB puisque deux de ses représentants l'emportent exæquo en 2010. Il s'agit de 'Dallas Mahan' (C. Mahan, ) et de 'Survivor' (L. Miller, ). Ensuite c'est en 2015 qu'apparait un rude concurrent pour les récompenses ultérieures, quand 'Moose Tracks' (L. Miller, ) s'attribue la Hager Cup. Exploit qu'il renouvellera l'année suivante à la Convention de Newark, avant de remporter en 2017 la Walther Cup, ce qui semble démontrer que les MTB sont doués pour devenir les meilleurs espoirs du monde des iris ! Et c'est encore un MTB, 'Chocolate Fountain' (K. Fisher, 2011), que l'on trouve au premier rang pour la Hager Cup en 2017. Cela commence à faire beaucoup pour une catégorie encore assez peu répandue.
III : Les iris de table en France
En France il n'y a que Lawrence Ransom qui se soit sérieusement intéressé aux MTB. Il en a eu jusqu'à vingt-deux à son catalogue. Mais sa disparition a signé celle de la catégorie dans notre pays. De toute façon on n'a jamais compté chez nous que trois variétés étiquetées « France » : 'Mumu' (J. Peyrard, 2001), 'Petite Celia' (J. Peyrard, 2005) et 'Psy' (L. Ransom, 1994). Certes Loïc Tasquier a bien enregistré près de quarante variétés de cette catégorie, mais elle ne peuvent pas être qualifiées de françaises puisqu'obtenues aux Pays-Bas...
On pourrait se dire que si les obtenteurs français ne se bousculent pas pour cultiver les MTB, du moins l'offre de nos pépiniéristes en contient-elle un certain nombre. Hé bien non ! Rien à l'horizon si ce n'est 'Dividing Line', aux Iris de la Baie, et encore cette plante est-elle rangée dans un chapitre où il se trouve au milieu de BB et IB.
Si chez nous, les MTB font un flop magistral, peut-être en trouve-t-on ailleurs en Europe ? Je n'ai pas fait le tour de tous les sites qui proposent des iris, mais ceux que je connais sont bien muets sur le sujet et seuls l'anglaise Olga Wells et le franco-hollandais Loïc Tasquier, cité ci-dessus, s'intéressent à la question. On peut même dire que ce n'est qu'aux Pays-Bas que les MTB sont représentés.
Pour l'instant les MTB sont chez nous dans une grande misère, mais on peut espérer que l'enthousiasme qui caractérise Loïc Tasquier sera contagieux et que bientôt ses collègues lui emboîteront le pas !
Illustrations :
'Moose Tracks'
'Survivor'
'Mumu'
'Boute-en-Train' (Tasquier, 2018)
Merci Sylvain, pour les MTB surtout, et aussi pour moi, ça fait du bien un peu de soutien!
RépondreSupprimerJ'espère que l'AIS va bientôt publier sa nouvelle nomenclature concernant les intermédiaires. Je ne sais pas si les MTB seront concernés.
J'ai ajouté quelques nouveautés cette année, j'espère que l'intérêt pour les MTB va s'affirmer, leur élégance, leur délicatesse ont déjà attiré quelques curieux l'an dernier.
Bon courage pour la suite de ton blog.
Loïc