27.12.13

L’EUROPE DES IRIS EN 2013

En septembre 2001 j’avais fait le point sur la situation des iris en Europe. Il n’est pas superflu de suivre aujourd’hui la même route. Une route qui bien changé !

 On a coutume de comparer l’Europe et les Etats Unis, du moins au plan économique et démographique. Mais qu’en est-il au fait ? La réponse est simple : rien de comparable !

L’Europe, (de l’Atlantique à la frontière de la Russie), sur le plan de l’iridophilie comme sur beaucoup d’autre, est handicapée par le cloisonnement des Etats et les barrières linguistiques. Chaque pays, dans le domaine qui nous intéresse, a ses goûts et ses habitudes, auxquels s’ajoutent dans une certaine mesure, des problèmes climatiques. De sorte qu’à chaque pays correspond une situation particulière.

 L’Europe du Nord est absente de l’iridophilie. Norvège, Suède, Finlande, Danemark, ont un climat peu favorable à la culture des iris et de ce fait les amateurs y sont rares, voire inexistants. Les Pays-Bas, pourtant réputés pour leurs cultures florales, sont plus particulièrement branchés bulbeuses et culture intensive, les iris, hormis les iris de hollande, bien entendu, y étaient peu rencontrés jusqu’à ce que Loïc Tasquier, un Français d’origine, installé près de Nimègue y développe une intense activité d’hybrideur orientée en priorité vers les iris nains et médians. La Belgique a connu une certaine activité iridistique, mais celle-ci s’est à peu près éteinte actuellement, en dehors des iris du Japon qui sont le lot de Willy Hublau. Dans un monde qui évolue très vite, les Etats baltes, longtemps en dehors de l’iridophilie, y ont fait leur entrée il y a peu et, en dépit de l’ingratitude du climat, la culture des grands iris s’y développe bien, avec, notamment les hybridations du Laimonis Zakis, en Lithuanie.

Même si cela peut paraître surprenant à beaucoup, l’Allemagne est un pays important en matière d’iridophilie. Chaque année de nombreuses variétés nouvelles y apparaissent et plusieurs obtenteurs ont une véritable notoriété : Harald Moos, Dietmar Görbitz, Eberhard Fischer, Manfred Beer, Wolfgang Landgraf, Bernhard Lesche ou Pia Altenhofer enregistrent chaque année des variétés nouvelles de grands iris. Thomas Tamberg de son côté, est un spécialiste des iris de Sibérie et des hybrides interspécifiques (sib-color, cal-sib, sib-tosa…). Il n’y a que peu de temps, que les obtenteurs allemands cherchent à faire connaître leur production au-delà de leurs frontières, mais de toute façon la commercialisation des variétés allemande est encore assez mal assurée. Particularité allemande : pas d’association spécifique pour les amateurs d’iris, mais un groupe au sein de la GDS (Société des amateurs de plantes vivaces).

La Grande Bretagne est depuis toujours un grand pays en matière d’iris. Elle reste l’un de ceux qui attribuent chaque année une médaille de Dykes (elle fournit d’ailleurs les autres médailles portant cet illustre nom). Les amateurs y sont nombreux, mais les hybrideurs s’y font plus rares. Barry Dodsworth, Robert Nichol et Nora Scopes ont été jusqu’à leur mort les plus connus d’entre eux ; la relève est longue à venir, mais il y a Gary Middleton dont l’activité prend de l’ampleur. La B.I.S. est une des plus importantes sociétés iridophiles du monde. Nombreux aussi sont les producteurs, car il y a véritablement une clientèle pour les iris. A noter que les jardiniers anglais ont un grand attachement pour les variétés anciennes et que les catalogues en proposent un grand nombre.

On ne parle pas d’iris en Espagne ou au Portugal, pas davantage en Grèce ou dans les Balkans. Problème de climat ? Sans doute pas seulement, il faut compter surtout sur un problème de culture (aux deux sens du terme).

En Europe du Sud, il n’y a que l’Italie qui compte un grand nombre d’amateurs d’iris. Ce pays se distingue même par le fameux concours de Florence qui a récompensé chaque printemps une variété remarquable jusqu’à ce que les difficultés actuelles d’importation n’en imposent la suspension. Au plan de l’hybridation, l’Italie connaît quelques obtenteurs intéressants, Augusto Bianco, qui élève peu à peu son entreprise au rang des plus importantes d’Europe, et de valeureux amateurs comme Luigi Mostosi, Roberto Marucchi, Lorena Montanari ou Tiziano Dotto. La Società Italiana del’Iris, qui attribue les médailles de Florence, regroupe les amateurs du pays. Tout à côté, la petite Slovénie abrite un bon obtenteur, Isidor Golob.

En Autriche il n’y a pas actuellement d’hybrideur professionnel ou amateur enregistrant des variétés, mais la maison Gerhild Mattuschka continue de proposer un grand choix d’iris.

Toute différente est la situation en Slovaquie voisine. Ladislaw Muska y a acquis une réputation mondiale avant que l’âge et la maladie ne l’éloignent. Il a trouvé un successeur éminent en la personne de Anton Mego, en passe de devenir un des meilleurs hybrideurs au monde.

Un foisonnement encore plus étonnant existe en République Tchèque. Mais il s’agit d’un pays qui a une longue tradition iridophilique, avec notamment Milan Blazek et Zdenek Smid (qui remporta le Florin d’Or en 1985 avec ‘Libon’). Aujourd’hui de nombreux amateurs enthousiastes obtiennent des variétés intéressantes. Il faut maintenant compter avec Zdenek Seidl, Pavel Nejedlo ou Jiri Dudek. A côté, la Pologne suit le même chemin. Même si les conditions climatiques rigoureuses gênent le travail des hybrideurs. Néanmoins des amateurs de plus en plus nombreux comme Jerzy Wosniak, Lech Komarnicki, Zbigniew Kilimnik, Henryk Polaszek et surtout Robert Piatek obtiennent des iris de qualité. La MEIS, association des amateurs d’iris de l’Europe Centrale, rassemble tous ces irisariens, mais se heurte aussi à de sérieuses difficultés.

Reste la France. Il est inutile de la présenter. Mais il faut savoir que si elle est le pays d’obtenteurs aussi célèbres que les Cayeux ou les Anfosso, elle est faible en nombre de véritables amateurs d’iris même si ceux-ci se multiplient avantageusement depuis une dizaine d’années. Les effectifs de la SFIB sont insuffisants pour faire de notre pays une grande nation iridophile.

Entre ces nations, presque aucun contact. On s’échange parfois les bulletins entre associations, mais ceci n’est pas vrai pour tous les pays, et il n’existe aucune structure fédérant les associations. Il y a pourtant maintenant matière à ce qu’on organise un concours d’iris européens, ce qui serait l’occasion de faire se rencontrer et sympathiser une partie, la plus vaste possible, de tous ces obtenteurs isolés et de donner à l’Europe des iris une véritable identité.

L’Europe des iris reste donc à faire, mais je crains qu’elle ne soit plus jamais en mesure de concurrencer l’hégémonie des Etats Unis.

Illustrations : 


· ‘Robin Baur’ (Tasquier, 2013) 


· ‘Astrologs’ (Zakis, NR) 


· ‘Tajemnica’ (Komarnicki, 2005) 


· ‘Oro Antico’ (Mostosi, 2006)

6 commentaires:

  1. BRIAN Dodsworth

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  2. Bonjour,
    Pas d’accord avec la vue un peu réductrice sur l’état de l’hybridation outre-manche. Pour les hybrideurs bien reconnus depuis des années, vous oubliez Cy Bartlett et aussi Jennifer Hewitt pour ses iris de Sibérie. Quant à la ‘relève’, elle est au contraire bien présente et active. Notons entre autres le couple Carter avec de nombreux iris d’eau ou de terrain humide; Olga Wells avec ses iris barbus de toutes tailles plus quelques Sibériens; et Barry Emmerson avec une quarantaine de TB. A ces trois on peut ajouter une poignée d’autres plus débutants. La Grande-Bretagne, contrairement aux autres pays de notre continent, a quelque chose en commun avec les Etats-Unis, c’est le fait que dans les deux pays il existe une grande diversité dans la création avec des hybrideurs qui s’intéressent à beaucoup de genres d’iris différents.
    Oui, c’est bien Bryan.
    L.R

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  3. Vous avez raison. J'ai été trop restrictif. Merci de vos précisions.

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  4. Hi
    Sorry my french are somewhat very bad,but as far as I can read from the article ,There should be no irisgrowers in Spain?? well for nurseries regarded there is Lomer in Alicante,and we (El Vilosell Iris)have a small place in El Vilosell where we grow many kind of iris,arils-PCI -bearded,siberica-spurias etc.We also produce lots of hybrids each year,but mone of these ar so far not introduced,it will happend later.
    Also another comment is that in Denmark there is a Iris& Lily Society which have been around for several decades,of course the amount of people is limited ,but there are a widely intererest in growing iris in Scandinavia,there are even hobby hybridizers!
    Last to mention is that the climate here in Spain is near to perfect for growing most kind of iris,leaving only sibirica and other wet loving iris some difficulties.
    Have a nice day:)

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  5. Très heureux de faire la connaissance de ce jardin d'iris catalan.
    Je connaissais la pépinière Lomer, mais pas encore la vôtre.
    Mon propos n'était pas de faire la liste des pépinières européennes, mais de parler des créateurs d'iris. Et sans s'être fait connaître par le fait d'un enregistrement, vos créations ne peuvent pas être connues par d'autres que ceux qui visitent votre jardin.
    A bientôt, j'espère, dans le petit monde des iris !

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  6. Voilà une nouvelle qui est bonne: la mo dé ra tion! Merci Sylvain.

    AK

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