II. Les temps modernes
Jetons un œil sur les premiers obtenteurs de ces temps modernes, c'est à dire du début des années 1980 :
Lothar Denkewitz : Ne s'est pas intéressé uniquement aux iris, dont il est surtout connu pour ses médians, mais aussi a toutes sortes de plantes (fougères, bruyères...) sur lesquelles il a écrit plusieurs ouvrages mondialement connus.
Eberhard Fischer : en tant que généticien, il a rapidement mis à profit ses connaissances pour effectuer des croisements d'iris. C'était en RDA. Dès la réunification de l'Allemagne, ses travaux ont été internationalement reconnus. Il n'a enregistré qu'un faible nombre de variétés, mais elles lui ont valu de recevoir la Médaille de Karl Foerster.
Harald Mathes : ingénieur des mines dans la Ruhr, il s'est essentiellement intéressé aux iris arils avec lesquels il n'a pas obtenu les résultats espérés en raison d'un climat inadapté à cette production. Chez les iris à barbes, il s'est fait une spécialité des iris nains.
Erhard Wörfel : Un excellent amateur, longtemps président de la GDS (société équivalente à notre SNHF), qui a hybridé plus pour son plaisir que pour un quelconque profit commercial.
La belle époque : les années 1980/1990 :
C'est véritablement le moment où la production allemande s'est fait remarquer dans le monde des iris. L'irisarien le plus internationalement connu est Tomas Tamberg. Ce chimiste de profession, originaire de Thuringe, a naturellement été intéressé par les travaux de Currier McEwen sur le traitement des graines par la colchicine. Il s'est fait une spécialité des iris de Sibérie et des hybrides interspécifiques (sib-color, cal-sib, sib-tosa...), même si, dans un premier temps, il a obtenu des résultats remarquables avec les grands iris de jardin. Avec l'une de ses variétés ('Berlin Ruffles'), il a remporté la médaille Dykes britannique.
Siegmar Görbitz est plus un amateur éclairé qu'un véritable professionnel. Son cheval de bataille, ce sont les iris bleus. Il en a créé un grand nombre, tous recèlent d'indéniables qualités.
Harald Moos n'est pas loin de devoir être rangé dans la même catégorie.Cet agent d'assurance pratique l'hybridation essentiellement pour son plaisir et il réussit plutôt bien puisque plusieurs de ses variétés ont obtenu des distinctions dans les compétitions internationales.
Manfred Beer est de loin le plus connu des hybrideurs allemands. Après une carrière d'ingénieur dans les ligne électriques à haute tension, il a commencé une nouvelle vie dans le domaine de l'hybridation. Il y a obtenu ( et obtient toujours) de remarquables succès un peu partout dans le monde.
Depuis la réunification de l'Allemagne, de nombreux hybrideurs sont apparus, essentiellement dans les länder qui constituaient l'ancienne Allemagne Orientale. Il font généralement preuve de beaucoup de talent et leur travail commence à être reconnu au delà des frontières germaniques du fait de leur succès dans les compétitions auxquelles ils prennent part. Leur renommée a atteint les États-Unis où plusieurs sont maintenant distribués.
Citons les noms de Günter Diedrich, Wolfgang Landgraf ou Frank Kathe.
Günter Diedrich, après l'apprentissage du jardinage a obtenu un diplôme en horticulture. C'est lors d'une exposition horticole internationale à Olomouc en République Tchèque, qu'il a commencé à s'occuper des grands iris. A partir de là, il s'est fait un nom dans l'hybridation et l'on constate chaque année des progrès dans la qualité et l'originalité de ses obtentions.
Wolfgang Landgraf est spécialisé dans le domaine des transports, il travaille comme répartiteur à la Deutsche Bahn. Son intérêt pour les Iris est vieux déjà d'environ 30 ans, mais il est encore très vivace. Les terrains où il effectue son travail d'obtenteur sont situés à 350 m de hauteur en Thuringe. Là, il cultive des variétés modernes, plaisantes et robustes maintes fois primées dans les compétitions allemandes.
Frank Kathe: Ce spécialiste des iris nains, particulièrement créatif, fait penser d'une certaine façon à la française Rose-Linda Vasquez car l'un et l'autre ne disposent que d'un espace du genre « mouchoir de poche » pour effectuer croisements et sélections. Il pratique avec succès des « rétrocroisements » avec des variétés anciennes dans le but de redonner de la vigueur à des plantes affaiblies par de multiples croisements souvent consanguins.
De nombreux nouveaux hybrideurs sont apparus au cours des dernières années et plusieurs se sont fait connaître en remportant des récompenses dans les compétitions auxquelles ils ont pris part : C'est ainsi que l'on peut parler de Bernhard Lesche, Pia Altenhofer, Gertrud Boffo, Margitta Herrn, Volker Klehm, Helmut Wickenhaüser ou Siegfried Ziepke.
Bernhard Lesche: Originaire de Jena, en Thuringe (encore!), il a longtemps travaillé dans la fabrication de microscope, l'optique est une spécialité de cette partie de l'Allemagne. Quand il s'est lancé dans l'hybridation, les premiers succès n'ont pas tardé à venir. Depuis le début des années 2000 il enregistre régulièrement des variétés intéressantes qui ont une « touche » caractéristique, signature d'une personnalité remarquable. C'est sûrement l'un des meilleurs espoirs parmi les hybrideurs allemands.
Pia Altenhofer, de Halle, se signale par une démarche originale pour ce qui est de l'attribution d'un nom à ses obtentions : elle choisit un vocable qui n'a pas de signification particulière mais se contente de bien sonner à l'oreille ! C'est un moyen infaillible de ne pas risquer une homonymie nécessairement rejetée par le registrar ! Elle a déjà à son compteur plus de cinquante variétés nouvelles dans toutes les catégories d'iris.
Gertrud Boffo, de Bad Vilbel, près de Frankfurt, a enregistré son premier iris en 2006. Il s'agit de 'Echinor' qui a immédiatement été primé à Munich.
Volker Klehm, de Berlin, lui, a commencé un an plus tôt ; pour l'instant son catalogue se limite à cinq variétés issues de quatre croisements.
Helmut Wickenhaüser, de Östringen, près de Karlsruhe, s'est fait connaître en 2013 quand son 'Heaven Hill', amoena blanc/bleu lavande a obtenu une récompense au concours de Munich.
Margitta Herrn, de Leipzig, a appris le métier d'hybrideur avec Manfred Beer. Elle a enregistré son premier iris en 2010 et s'est aussitôt fait remarquer par l'originalité de ses choix dans ses croisements. Son 'Miltitzer Tanzparty' (2011) a été primé à Munich en 2012.
Siegfried Ziepke, de Bensheim, entre Darmstadt et Manheim, en est à ses débuts. Il travaille dans le domaine des iris nains.
L'attrait de l'hybridation sur les jeunes allemands ne se dément pas. C'est une situation analogue à celle que nous connaissons en France pour l'instant, et c'est également vrai en Europe de l'Est et en Russie. L'hégémonie des Etats-Unis et de l'Australie sur le monde des iris est de plus en plus remise en cause.C'est une bonne chose puisque l'équilibre qui s'établit ne peut que susciter l'émulation et favoriser l'apparition de nouveautés dont on n'a pas encore idée.
Illustrations :
'Mondshimmer' (Lesche, 2002)
'Plauen' (Landgraf, 2007)
'Weisse Düne' (Moos, 2009)
'Heaven Hill' (Wickenhaüser, NR-circa 2013)
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