La semaine dernière s'est déroulé le concours FRANCIRIS 2017, au Parc Floral de la Ville de Paris, en présence d'un public nombreux et intéressé. L'organisation était impeccable, tout comme la tenue de l'espace consacré à la manifestation. Le temps s'est montré clément, ce qui n'est pas toujours le cas en cette saison.
Un visiteur un peu averti constatait dès son arrivée « sur zone » que les iris présents présentaient d'importantes différences de végétation. Quelques touffes opulentes voisinaient avec des plantes chétives et, en général, assez peu développées. L'impression était bien différentes de celle ressentie en 2015 au même endroit et dans les mêmes circonstances. Plusieurs raison ont été avancées pour xpliquer cette situation. La plus vraisemblable est, à mon avis, le fait que les variétés en compétition, ont été mises en terre à l'automne 2015, aussitôt après le retrait des iris concourant pour FRANCIRIS 2015, sans que soit modifié profondément le sol de leur implantation. Les iris n'aiment pas s'installer dans les aîtres d'autres iris.
Ce bémol n'a pas empêché le jury international de faire son travail, et même celui-ci a été un peu compliqué par le fait qu'aucune variété en état d'être jugée ne s'élevait vraiment au-dessus du lot. Le résultat, dans ces conditions, ne pouvait qu'être serré et, sans doute, discutable. De plus le jury a choisi non pas de travailler individuellement comme c'est le cas en général dans les concours de ce genre, avec une compilation finale des notes attribuées par chaque juge, mais d'examiner collégialement les variétés en compétition et d'attribuer une note unique à chacune. Ce système a ses avantages, notamment au moment de la compilation des avis et l'attribution des récompenses, mais il ne laisse guère de place pour la réflexion ...et le repentir.
On ne sait pas si c'est ce qui s'est passé, toujours est-il que les résultats affichés ont été, pour le moins, controversés. L'attribution du premier prix à la variété 'Chachar' (Seidl, 2013) a notamment surpris pas mal de monde. En témoignent quelques commentaires recueillis ici ou là sur Facebook :
« Je n'ai pas vu arriver cet iris et je dirai que personne (des personnes que j'ai côtoyées) n'a vu cet iris comme un potentiel bien classé.
Cet iris présente des qualités mais aussi des défauts majeurs :
il n'est pas florifère : 4 hampes pour 30 rhizomes ;
Le branchement est plutôt vers le haut ;
les pétales ont tendance à s'ouvrir.
Ses atouts :
un très bon développement ;
un feuillage bien vert qui n’empêche pas des traces d'hétérosporiose ;
des sépales aériens. »
D'une façon plus générale, voici d'autres commentaires :
« Beaucoup des iris du concours donnaient une impression de déjà vu. Je me disais que si un bon iris des années 80 s'était glissé subrepticement parmi les variétés mises au concours il aurait pu remporter le 1er prix. »
« Il faudrait au niveau de l'AIS réfléchir au barème pour accorder plus de place aux qualités de la fleur et à la nouveauté. »
Le Président de la SFIB a, en outre, précisé :
« Nous avons demandé que la terre soit changée avant l'installation du concours 2019. Nous demanderons aussi un apport d'engrais organique qui semble être utilisé sur les autres concours européens. »
Toutes ces observations ont l'avantage de démontrer l'intérêt suscité par ce concours et par ses résultats. Voici le palmarès :
1er : 'Chachar' (Zdenek Seidl, 2013)
2e : 'High Desert' (Keith Keppel, 2014)
3e : 'Midnight Velvet' (Tom Johnson, 2013)
3e ea : semis Mego 06-2155-2
5e : 'Blackbird Tears (Steve Poole, 2014)
6e : 'Cigarillo' (Richard Cayeux, 2014)
7e : 'Me Pizzica' (Augusto Bianco, 2017 )
8e : 'Outcaste' (Marky Smith, 2010/2015)
9e : 'Swedish Lullaby' (Keith Keppel, 2015)
10e : semis J.L. Rémy n° 157 G
En dehors du premier prix dont les mérites ont été discutés ci-dessus, les 2e et 5e ont également suscité la controverse. Le n° 2, 'High Desert', présentait une anomalie qui lui a coûté la victoire : sur chaque sépale, en bas à gauche, il y avait une sorte de faux pli, quelque fois enkysté. Cette anomalie se remarque également sur la photo ci-dessous, prise aux Etats-Unis ! La variété classée cinquième a été considérée par beaucoup comme entachée de plusieurs défauts majeurs, le moindre n'étant pas le fait que ses fleurs présentent une disproportion entre la taille de sépales, larges et étalés, et celle des pétales, courts et ouverts ; en quelque sorte une amorce de « flatty »...
Beaucoup de discussions, donc, autour de ce concours. Mais qu'on se rassure, d'âpres échanges ont également eu lieu cette année à Florence à l'énoncé du palmarès ! Dans les courses cyclistes, les arrivées « dans un mouchoir » sont toujours les plus dangereuses. Il en est apparemment de même dans les compétitions d'iris.
Iconographie :
'Chachar'
'High Desert'
'Midnight Velvet'
'Me Pizzica'
'Outcaste'
semis Rémy n° 157 G
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