4.3.11

LA FLEUR DU MOIS :




‘Xochipili’

Les relations amicales qu’au fil du temps j’ai tissées avec Ladislav Muska font que ma collection d’iris comporte beaucoup de variétés obtenues par cet hybrideur, qui fait partie de la première génération de ceux qui se sont lancés dans le métier dès la disparition du rideau de fer. Nous avons commencé à nous écrire dès 1995. Ce premier échange concernait un article que je préparais pour la revue « Iris & Bulbeuses » de la SFIB. Séduit par l’érudition et l’éclectisme du personnage, j’ai voulu en savoir plus sur lui et son cheminement vers l’iridophilie active. J’ai aussi voulu voir sa production, et je lui ai commandé quelques iris. C’était en 1997. A l’époque Ladislav n’a pas voulu d’argent, mais des variétés françaises qu’il lui était difficile de se procurer car elles étaient pour lui d’un prix excédant ses capacités financières. Nous avons donc, au début, procédé par échange. Il m’a envoyé pendant quatre ans un paquet de variétés de son cru, et je passais pour lui commande chez Cayeux et Ransom. Tout le monde y trouvait son compte. Par la suite l’élévation du niveau de vie des Slovaques, et les revenus des ventes effectuées à l’étranger ont permis à Ladislav Muska de se passer de mes envois. J’ai continué néanmoins à lui passer quelques commandes. ‘Xochipili’ a fait parti de celle de 2005. Par un concours de circonstance des plus malheureux, il est le seul des iris commandés en Slovaquie cette année-là à être encore présent dans ma collection ! Les six autres ont disparu ! Il s’agit de ‘Bedecked Nets’ (1998), ‘Flashed Tips’ (1999), ‘Illulisat’ (1995), ‘Suzuki Chic’ (1996) et une variété anglaise introuvable ailleurs, ‘Jud Paynter’ (Nichol, 1991). Celle-ci a bloom-outé dès sa première floraison, les autres ont été victimes de plusieurs incidents matériels : une vrai série de malheurs !

Il en va ainsi, je suppose, de toute collection. ‘Xochipili’ (1997) a survécu et fidèlement refleuri chaque année depuis 2006. C’est heureux car il s’agit d’une des plus jolies obtentions de son créateur. On peut le qualifier d’iris rose. Les pétales, clairs, sont parfaitement de cette couleur, les sépales ont une teinte un peu noisette, très agréable ; la barbe est mandarine. Son pedigree est (Belase Striebo x Sky Hooks) X Geniality. De nombreux descendants de ‘Sky Hooks’, comme lui, ne présentent pas d’éperons. Cela n’est pas plus mal car la fleur est élégante et bien équilibrée : des éperons n’apporteraient aucune amélioration et, au contraire, risqueraient de créer une tension dans les sépales néfaste à leur tenue horizontale. Je considère que ce ‘Xochipili’ est une des plus jolies fleurs « made in Muska » : elle est bien tournée, les pétales ne s’affaissent pas, les crépelures des bords ne gênent pas l’ouverture des sépales. Je n’ai aucune idée de ce que peut être ‘Belase Striebo’. C’est une variété non enregistrée, datant de la première période de production de Ladislav Muska, du temps de la république socialiste de Tchécoslovaquie. ‘Geniality’ (O. Brown, 1981), en revanche est une variété bien connue, issue de deux iris roses de qualité, ‘Pink Sleigh’ et ‘Instant Charm’. C’est une des variétés fétiches de L. Muska.

Le nom de ‘Xochipili’ évoque, Xochipilli, Prince des fleurs dans la mythologie aztèque, qui est aussi « dieu de l'amour, de la joie, de la beauté, de la musique, de la poésie et de la danse », comme on peut le lire sur le site « mythologica.fr ». C’est un nom bien dans le style de Muska, qui les choisissait dans tous les sujets un peu étranges ou ésotériques, de la mythologie ou de la fantasy. Tout un programme qui va comme un gant à une fleur rose tendre, fraîche et gracieuse : une fleur divine…

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