1.4.11

LA FLEUR DU MOIS




‘Bouschet’

Cette plante-là m’a immédiatement séduit quand j’ai découvert ses fleurs, il y a quelques années maintenant. Elle fait partie d’un lot fourni par Bernard Laporte pour expérimentation dans mon jardin, fondamentalement différent du sien. A noter que jusqu’à présent tous les iris qu’il m’a envoyé ont repris et prospéré sans aucun problème dans ma terre argilo-calcaire, idéale pour la culture de la vigne, mais ingrate pour toute autre culture. Mais en fait y-a-t-il tant de différence entre les pentes rocailleuses d’un vallon ardéchois et l’éboulis caillouteux de ma terre de Touraine ? Au plan de la nature du sol, un peu : l’un et l’autre sont essentiellement calcaires, mais le sien n’est que pierres et le mien mêlé d’argile de décomposition… Au plan climatique, oui, même si les été tourangeaux sont secs, souvent torrides, comme les étés en vallée du Rhône. Mais les hivers chez moi sont en principe doux et humides, fort peu ensoleillés, alors que près de Viviers les pluies sont fortes mais plus rares et l’ensoleillement nettement plus prolongé.

Mais là n’est pas la question, je m’égare. Je veux vous parler de ‘Bouschet’ (Laporte, 2006), un iris couleur bourgogne, foncé, avec des barbes brunes, issu du croisement (Forge Fire X Rive Gauche).

Ce n’est pas une variété de haute taille. Environ 75 cm. Cependant les tiges s’élèvent nettement au dessus du feuillage ; elle sont bien branchées et comportent de nombreuses fleurs. Celles-ci, de taille moyenne, sont modérément ondulées, comme beaucoup de variétés rouges, mais pas raides. Techniquement c’est donc une variété de qualité. Son meilleur atout reste néanmoins son coloris : un rouge bourgogne profond, à la fois velouté et brillant, orné de cette barbe brune, bien visible, qui s’accorde parfaitement avec la teinte sombre de la fleur. Dans ‘Bouschet’, on reconnaît bien le « père » ‘Rive Gauche (Sazio, 1993), mais, à mon avis, le descendant est plus robuste et pousse mieux. Cette vigueur accrue, il la tient de ‘Forge Fire’ (Ernst, 1991), un grenat de haute taille, solidement charpenté. Associer une variété vigoureuse, mais aussi d’une belle couleur, et une autre, plus capricieuse mais d’un coloris plus séduisant, pour essayer d’obtenir une addition des deux, c’est le travail d’endogamie classique. Comme c’est généralement le cas il est allé cette fois exactement dans le sens de ce que l’obtenteur avait entrepris de rechercher. Mais il ne faut pas oublier que bien souvent, ce sont les mauvaises caractéristiques qui réapparaissent plutôt que les bonnes !

Je ne pense pas que ‘Bouschet’ aura une longue descendance, car il constitue à l’évidence un aboutissement dans cette lignée. En tout cas je ne lui en connais pas pour l’instant.

Tel qu’il est, ‘Bouschet’ est un joli cultivar, que je soigne avec attention puisqu’il fait partie de mes favoris. Il arrive qu’on puisse regretter qu’il n’y ait pas en Europe l’équivalent de la course aux honneurs telle qu’elle existe aux USA. Si c’était le cas, je parie que ‘Bouschet’ aurait au moins obtenu un AM.

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