Depuis quelques années j'avais en tête de trouver quelque part en France une commune qui souhaite faire de l'iris son ornement principal, de façon a donner à notre cher fleur un cadre digne de son intérêt botanique et horticole. J'ai pensé notamment au village de Malétable, dans l'Orne, pour la bonne raison que c'est là où Marie-Guillaume de Bure, le fondateur de l'horticulture des iris, avait sa maison des champs où il cultivait les iris hybrides qui l'ont rendu célèbre, et où il est mort. L'ancien maire, contacté, n'a montré aucun intérêt pour ce projet. J'étais donc à la recherche de ce qui pourrait être la cité des iris quand j'ai eu connaissance des intentions du maire de Champigny. Nos deux projets ne pouvaient que concorder et le fait que Champigny ne se trouve qu'à quinze kilomètres de chez moi constituait une opportunité formidable. En peu de temps les bases d'un projet commun ont été jetées et les premiers iris ont pu être plantés à plusieurs emplacements judicieusement choisis dans la petite ville dès l'automne de 2014. Dans son état actuel le projet prévoit, outre la création de bordures de grands iris aux différentes entrées du village, l'établissement de plusieurs massifs partout dans les rues, là où la configuration des lieux s'y prête, l'aménagement d'un espace réservé aux iris de Sibérie dans le parc municipal situé au confluent des deux rivières, un cadre frais particulièrement adapté aux plantes qui vont l'agrémenter. Autre opportunité : il se trouve que l'âge venu, je ne me sens plus en capacité de continuer de m'occuper correctement de ma collection personnelle de grands iris ; j'ai donc trouvé à Champigny l'endroit idéal où la transférer et l'enrichir de variétés récentes. Ce sera le jardin du presbytère, non loin de la Chapelle Saint-Louis dont les vitraux sont considérés comme l'un des plus beaux témoignages de l'art du vitrail au XVIème siècle.
Il faut expliquer, comme il est dit sur le site Internet, que les Bourbons-Montpensier, descendants de St Louis, ont été « les bâtisseurs de la Chapelle Saint-Louis et du Château de Champigny. C'est sans doute la proximité des résidences royales de la vallée de la Loire qui est à l'origine de la décision de Louis Ier de Bourbon, comte de Vendôme, puis de son fils Louis II, premier Duc de Montpensier, d'édifier de 1507 à 1543 un château avec ses communs et une prestigieuse collégiale gothique et Renaissance qui devait être la chapelle funéraire des membres d'une famille appartenant à la très haute noblesse française. » Malheureusement le superbe édifice que constituait le château a eu le tort de faire de l'ombre à celui, encore plus somptueux, que le cardinal de Richelieu se faisait bâtir à une lieue de là. Il a donc été rasé à partir de 1635 sur ordre du cardinal qui, par manœuvre politique, en était devenu propriétaire. « Aujourd'hui ne subsistent que les communs, dont le magnifique pavillon Jupiter », et la fameuse chapelle.
Pour décorer tout un village, l'immense quantité de variétés d'iris, tant miniatures que médians ou de grande taille, n'a d'embarrassant que le choix qui doit être effectué. Pour se fixer une ligne de conduite, la mairie de Champigny et l'association locale qui va être gestionnaire de la décoration ont adopté les couleurs du blason de la famille des Bourbons-Montpensier (et en particulier celles de la Grande Mademoiselle qui fut Dame de Champigny dès sa naissance, c'est à dire le bleu et le jaune, avec une pointe de blanc. En dehors de l'espace « collection », ce sont donc essentiellement ces trois couleurs qui se retrouveront dans tous les massifs dispersés dans la commune. Les premières plantations répondent à ces critères. Les plantes ont été fournies par deux producteurs semi-professionnels qui disposaient de suffisamment de rhizomes pour constituer les premiers massifs. Il devrait être fait appel à d'autres fournisseurs artisans pour continuer les plantations dans les années à venir. Quant à la collection de variétés rares, elle sera progressivement accrue en donnant la priorité aux variétés françaises ou européennes. L'emplacement choisi pour l'exposer, dans un espace élégant, dans le cœur du village, la maintiendra à l'abri des vandales, avec un terrain suffisamment étendu pour que les iris soient à l'aise, tout en permettant aux amateurs d'approcher plus précisément de chaque touffe pour en apprécier les détails et en faire des photographies.
Mon rêve d'une cité des iris, qui s'accorde si bien avec le projet de la Mairie de Champigny sur Veude, est maintenant en voie de réalisation. Dans un an ou deux tous les amateurs d'iris pourront venir en Touraine pendant la deuxième quinzaine de mai, pour admirer à la fois un ensemble architectural et artistique exceptionnel et un immense et remarquable jardin d'iris.
Illustrations :
Armoiries de la Grande Mademoiselle ;
'Dany Coste' (Laporte, 2013) - variété présente à Champigny ;
'Louis d'Or' (Cayeux, 1995) – variété présente à Champigny.
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