6.11.15

LA FLEUR DU MOIS

‘SORRISO DI ALICE’

Pétales et crêtes blanc ; Sépales bleu pourpré clair ; barbes orange, léger parfum. 
(Alizes X Romantic Evening) 

 Les variétés italiennes sont plutôt nombreuses dans mon jardin. Augusto Bianco m'en a fourni un certain nombre, mon amie Valeria Romoli m'a envoyé certaines de ses obtentions personnelles, et quelques autres variétés sont venue compléter cette collection. 'Sorriso di Alice' (Marucchi, 2008) fait partie de ce complément.

Le talent de Roberto Marucchi ne fait plus de doute. Le triomphe de sa variété 'Cheyenne My Dog' (2013) au concours de Florence de 2012 en apporte une preuve éclatante. Mais dès 2007 il s'était distingué en plaçant à la deuxième place de ce prestigieux concours son iris 'Sorriso di Alice'.

Si j'ai demandé que l'on m'envoie cet iris, ce n'est pas uniquement pour la récompense obtenue, mais avant tout pour des raisons étroitement personnelles qui n'ont pas à être détaillées ici. Toujours est-il que 'Sorriso di Alice' est venu enrichir ma collection et lui apporter ses vives couleurs. Je l'avais vu en fleur à Florence en 2008 et j'avais apprécié cette plante robuste et cette approche réussie du bleu-blanc-rouge.

Il s'agit d'une association de couleurs que les familles Anfosso et Cayeux ont mis à la mode dès 1989, avec 'Révolution' (P. Anfosso, 1988) pour commencer, puis, en mieux, avec 'Vive la France' (R. Cayeux, 1991). Par la suite Jean et Richard Cayeux ont perfectionné leur programme et de nombreux iris bleu-blanc-rouge sont venus rejoindre le duo de tête. Le meilleur de cette série est peut-être 'Parisien' (Cayeux 1994) = Rebecca Perret X ((Palomino x Emma Cook) x Tahiti Sunrise). Il descend directement de ‘Rebecca Perret’, avec en plus la touche bicolore spéciale de ‘Emma Cook’ (Cook 1957). Il tient de sa « mère » un teint pastel qui lui donne beaucoup de charme, et de son ancêtre 'Tahiti Sunrise' (L. Ernst, 1965) tout l'éclat de ses barbes.

Les hybrideurs américains se sont emparé du thème et en ont fait une de leurs chevaux de bataille. La consécration est venue avec 'Gypsy Lord' (Keppel, 2005) qui a reçu ma Médaille de Dykes cette année, après avoir été distingué précédemment à plusieurs reprises. Au pedigree de cette fleur magnifique, figure 'Romantic Evening' (Ghio, 1994) une sombre beauté à barbe brique, qui est aussi le « père » de notre 'Sorriso di Alice'. Le côté féminin des origines de cet iris a les traits de 'Alizés' (Cayeux J., 1991) lequel comporte dans son pedigree l'élément ((Palomino x Emma Cook) x Tahiti Sunrise) cité plus haut à propos de 'Parisien'.

 Comme on peut voir, toutes ces variétés ont ensemble des liens nombreux, entortillés au gré des croisements, mais dont les effets se font sentir à tous les niveaux. Pour donner au final des variétés qui ont d'indéniables traits communs : c'est ce qu'on appelle un air de famille !

Faire une analyse génétique comme celle de 'Sorriso di Alice' a l'intérêt de démontrer pourquoi la plante à laquelle on s'intéresse possède les apparences qui sont les siennes. Elle explique au passage combien les iris d'aujourd'hui, quelles que soient leurs origines géographiques, sont intimement apparentés. Parce que les échanges entre hybrideurs effacent les distances et parce que leurs réflexions au moment d'effectuer le choix des variétés qu'ils vont utiliser pour leurs croisements les amènent à faire appel aux mêmes géniteurs ou, tout au moins, à des parents qui disposent des mêmes éléments de base.

'Sorriso di Alice', charmante variété italienne dont le nom porte pour moi une forte charge émotionnelle, est un résultat de cette mondialisation qui efface les spécificités nationales et nous offre, d'où qu'ils viennent des iris que l'on aime.

 Illustrations : 


'Sorriso di Alice' 


'Révolution' 


'Vive la France' 

'Gypsy Lord'

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