20.12.19

AU FÉMININ (2)

Voici la suite d'une chronique débutée il y a quelques semaines ...et que j'avais oublié de publier !


France :

La situation en France n'est pas des plus brillantes, et on est loin de la parité à propos de laquelle nos politiques se montrent si pointilleux ! Mais s'il existe une société française des iris, c'est bien à une femme qu'on le doit, mais à une dame d'origine britannique installée de France.

 Tous les hybrideurs de la Belle Époque, qui ont tenu une place aussi brillante, sont des hommes. On ne voit apparaître des femmes dans cette activité que dans les années 1970, et ces pionnières font partie de la famille Anfosso. Monique Anfosso, la mère, n'a que sept variétés à son actif, mais 'Champagne Braise' (1979/82) et 'Fondation Van Gogh' (1989) font partie des plus beaux succès de « Iris en Provence ». Ces deux variétés ont eu une histoire curieuse : elles ont été enregistrées deux fois ! Avant de s'appeler 'Champagne Braise' la première se nomma 'Chiloé' et la seconde s'appelait 'Enfin' avant d'être dédiée à la Fondation Van Gogh à l'occasion du centenaire du célèbre peintre.

La fille, Laure Anfosso, qui dirige actuellement la pépinière familiale, est l'auteure en nom propre d'une dizaine de variétés, BB, LA, SDB et TB, mais elle s'est aussi fait la porte-parole de sa famille pour l'enregistrement de ses dernières obtentions. Parmi celle qu'elle a signées, ma préférence va au sombre 'Draco' (1988).

 Violette Sazio, la belle-fille, n'a pas un « book » très épais, mais ses trois frères de semis issus du croisement ('Vanity' X 'Venetian Dancer') sont des fleurs très agréables à voir. Cependant son 'Rive Gauche' (enregistré sous le vocable 'Rive Gauche Paris') est très bien décrit comme « Une avancée vers l'Iris rouge, en rouge prune clair à reflets bourgogne aux pétales très ondulés et ouverts, sur des sépales plus rouges, veloutés, larges et frisés » et a obtenu un incroyable succès partout dans le monde.

En dehors de cette famille exceptionnelle, il n'y a à l'heure actuelle que trois autres obtentrices : Michelle Bersillon, franc-tireur aux succès remarquables, notamment aux concours allemand de Munich, agit en marge du monde français des iris, mais obtient des fleurs parmi les plus estimables ; Rose-Linda Vasquez-Poupin, elle aussi un peu isolée, travaille dans un espace façon mouchoir de poche, mais surprend avec des iris très réussis comme son 'Rose-Linda Vasquez' (2007) qui est à la fois un « broken-color » et un « space-age », ce qui est peu courant ; Joelle Frangeulle n'a encore enregistré que deux TB, on attend ses prochaines « couvées ».

Notre pays ne se distingue donc pas par sa féminisation, du moins dans le domaine qui nous intéresse, mais à défaut de la quantité on peut dire qu'il y a la qualité !

Ailleurs :

Après les pays que l'on vient de visiter, on a presque fait le tour de l'Europe des iris. Ailleurs en effet soit le gôut pour les iris n'a pas pénétré, soit les conditions climatiques ne sont pas favorables à leur culture, soit les femmes ne s'y sont pas encore exprimé. C'est pourquoi je ne vois que deux personnes qui peuvent entrer dans cadre du présent article.

En Suisse ce sera Gaby Martignier. Il en va un peu de cette dame comme de Suzanne Weber en Allemagne. Remarquable sur le plan théorique, sur le plan de la création c'est au château de Vullierens, au pied du Jura, au-dessus de Lausanne, qu'elle exerça son art sur la propriété du docteur Bernard Bovet. Seulement deux variétés d'origine locale ont été officiellement enregistrées dans les années 1980, mais une bonne douzaine, ont figuré au catalogue du château-pépinière, Parmi ces variétés, j'en avais acquis, par curiosité, quelques-unes pour ma collection personnelle. Ce sont des iris de bonne facture, d'apparence un peu vieillotte, dont mon préféré a été le jaune pur 'Etoile', mais un autre jaune, plus ondulé, 'Vega', n'est pas mal non plus..

Aux Pays-Bas, tout récemment, Marianne Joosten, qui dirige une pépinière qui sort de l'ordinaire, s'est risquée à enregistrer quelques variétés de son crû, avec la bénédiction de son ami Loïc Tasquier. Le blanc crémeux 'Boterkrul' (2010) semble bien réussi.

Dans les autres pays d'Europe (si l'on admet que la Russie ou l'Ukraine, ce n'est plus l'Europe), l'iris ne se décline qu'au masculin. On a attendu jusqu'en 2018 pour voir un iris signé d'une polonaise (Jolanta Piatek, épouse de Robert Piatek) et on est toujours dans l'attente d'une obtentrice slovaque ou tchèque. Cela devrait venir un jour prochain car la place des femmes, dans le domaine des iris comme ailleurs, s'étale d'année en année. Cela ne pourra qu'enrichir notre petit monde.

 Illustrations :


 - 'Fondation Van Gogh'

- 'Rive Gauche Paris'

- 'Comédie Française'

- 'Etoile'

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,
On peut peut-être ajouter :
Virginie Fur qui a enregistré 8 Tb (semis de Laporte) dont 'Mamy Framboise', primé à Franciris 2007 ;
Mélie Portal qui a enregistré 4 TB en 2011 ;
Christine Cosi qui a enregistré 4 TB en 2015 et 21 en 2017 ;
Bénédicte Habert qui a enregistré 5 TB en 2017, 7 en 2018 et 2 cette année ;
Elisabeth Baudoin qui enregistre cette année 3 BB et 2 TB ;
Cordialement.

Sylvain Ruaud a dit…

C'est tout à fait vrai ! Merci de ce complément d'information tout à fait indispensable.