Retour sur le sujet
La chronique de la semaine dernière sur la question du rôle du juge aujourd’hui a suscité plusieurs commentaires. J’y reviens maintenant pour fournir quelques explications supplémentaires. Deux points ont été particulièrement discutés :
1. La nécessité de l’existence de juges sur notre vieux continent ;
2. L’affirmation selon laquelle il n’y aurait plus de juges en Europe.
Je dois préciser tout d’abord que la situation n’est pas la même dans les pays où il y a une compétition nécessitant la visite de jardins où sont présentées les plantes en course (Dykes Medal et autres), et ceux où les juges n’ont à intervenir que ponctuellement dans un concours (Florence ou FRANCIRIS®). Le premier groupe est constitué des Etats-Unis d’Amérique, de la Grande Bretagne et de l’ensemble Australie + Nouvelle Zélande. Le reste du monde est rassemblé dans le second groupe.
Dans le premier groupe un panel de juges aussi important que possible est une nécessité. En effet il faut qu’ un grand nombre de personnes visite les jardins et apprécie les iris qui y sont présentés. S’il n’y a pas pluralité des avis il n’y a pas de jugement possible. Mais dans les autres pays à quoi les juges peuvent-ils servir ? Il n’y a pas de mise officielle sur le marché, pas de compétition au long cours. Leur présence n’est recherchée que pour juger dans un seul type de concours, celui en vigueur à Florence et, depuis le début du XXIeme siècle, épisodiquement, en France. Les autres compétitions ne font pas appel à des juges patentés mais seulement au public qui visite les expositions. Jusqu’à l’année dernière il y avait donc en Europe continentale seulement deux compétitions « à juges », chacune faisant appel à un jury composé de cinq personnes. Il est d’usage de retenir pour constituer ces jurys trois juges étrangers au pays, dont en principe un Américain, et deux juges autochtones. Le jury du dernier FRANCIRIS® était ainsi composé d’une Américaine, d’une Italienne, d’un Russe et de deux Français. Certains étaient des juges enregistrés comme tels par l’AIS, les autres n’avaient pas cette étiquette mais étaient unanimement reconnus comme ayant les compétences pour juger. Je me suis donc posé la question de savoir pourquoi fallait-il des juges adoubés, et j’en suis venu à penser que cet adoubement n’était d’aucune utilité sur notre continent. C’est d’autant plus vrai que, pour maintenir la validité de leur adoubement, les juges, selon le règlement de l’AIS, doivent avoir fait acte de juge au moins une fois en cinq ans. Sauf à recourir continuellement aux mêmes personnes, il n’est pratiquement pas possible qu’un juge européen agréé conserve son agrément d’une compétition où il a opéré à la suivante. A l’heure actuelle, la situation est encore devenue plus impossible puisque le concours de Florence est suspendu sine die et que FRANCIRIS® ne se déroule que tous les deux ans. Ajoutez à cela les conditions d’agrément : avoir été « élève-juge » au cours de trois compétitions successives, et vous comprendrez que dire qu’il n’y a plus de juges en Europe continentale n’est pas une affirmation si erronée que cela.
Dans ce blog, les opinions que j’exprime me sont évidemment personnelles : elles n’engagent que moi. Que d’autres aient des avis différents est absolument normal et j’apprécie que ceux-là interviennent pour dire ce qu’ils pensent. C’est par la discussion que les réflexions progressent.
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