22.11.13

Y A-T-IL DES IRIS VERTS ?

Le vert s’obtient, normalement en mélangeant le jaune et le bleu. Mais en matière de pigments floraux, les choses ne se passent pas comme cela. Car si l’on superpose le jaune, qui constitue le fond d’une coloration, et se loge à l’intérieur des cellules, et le bleu (ou violet) qui va se trouver par-dessus le jaune, dans le liquide intercellulaire, on n’obtient pas de vert, mais, optiquement, du brun. Le vert de certains iris n’est donc pas le fruit de cette superposition mais celui de la présence dans la fleur d’une dose plus ou moins forte de chlorophylle. Cette couleur, a priori incongrue chez un grand iris, ne doit pas manquer d’intérêt. Mais est-ce vraiment le cas ? La dose de chlorophylle peut-elle être suffisante pour donner une coloration franche et nette ? Le travail des hybrideurs en ce domaine ne date pas d’aujourd’hui et, au vu de ses résultats démontre que l’opération n’est pas des plus faciles.

 C’est depuis le début de l’hybridation que des obtenteurs, essentiellement américains, veulent mettre du vert dans leurs iris. Ne nous attardons pas sur l’époque héroïque, mais contentons-nous de faire démarrer cette étude à la deuxième moitié du XXeme siècle. Ainsi, dès 1959, après un certain nombre d’autres, Rex Brown a enregistré ‘Green Quest’, un iris jaune mimosa, quelque peu teinté de vert. De même en 1966 Luella Noyd a mis sur le marché son Fluted Lime’, longtemps vendu en France, qui est un peu plus vif, avec une barbe moutarde, et qui se trouve être le fils d’un cousin de ‘Green Quest’, 'Green Glint' (R. Brown, 1960).

Les années 70 ont été riches en iris « verts ». Nous prendrons d’abord le cas de ‘Pride of Ireland’ (L. Noyd, 1971), puis celui des variétés vertes de Gordon Plough, qui s’est longuement intéressé à cette couleur : ‘Green Eyed Lady’ (1972) en fait partie, de même que ‘Secret Society’ (1973) et ‘Irish Tune’ (1977). Les résultats plutôt mitigés n’ont pas découragé la communauté des hybrideurs. Il en est d’autres, et des plus valeureux, qui ont tenté leur chance dans ce domaine, sans beaucoup le faire progresser, malgré tout : Joë Ghio, pour commencer, avec ‘Pistachio’ (1974), qui est jaune mimosa plus que vert, puis ‘Al Fresco’ (1981), plus nettement vert et assombri d’une barbe brune. Monty Byers a pris la relève et a sélectionné (Double Mint’ (1986), puis ‘Lichen’ (1989), jaune verdâtre tendre qui est aussi un remarquable remontant, et ‘Sylvan’ (1990), d’un gris verdâtre. Même le brillant Australien Barry Blyth s’y est essayé avec ‘Hello Hobo’ (1986).

Dans les mêmes moments, Paul Black avec ‘Green and Gifted’ (1989) et Hyram Ames avec ‘Evergreen Hideaway’ (1991) se sont aventuré sur ce chemin malaisé. De même que Joseph Hoage, avec ‘More Refreshing’ (1982), qui est peut-être le plus vert de son époque. Il faut cependant attendre le début des années 2000 pour voir enfin des variétés dont on peut dire qu’elles sont de couleur verte. J’en vois deux particulièrement représentatives : ‘Trade Secret’ (K. Keppel, 2003), avec des infusions de mauves dans les pétales et, surtout, ‘Maid of Orleans’ (Griffin Clump, 2006). Dans l’ordre chronologique, il faut quand même citer d’autres tentatives pas mal réussies :
- ‘O’Brien Choice’ (Joyce Meek, 1996) ;
- ‘Sundrenched’ (Larry Lauer, 2001) ;
- ‘County Cork’ (Schreiner 2006) ;
- ‘Elegant Dancer’ (Margie Valenzuela, 2006) ;
- ‘Green and Gold’ (Graeme Grosvenor, 2007) ;
- -Land Art’ (Augusto Bianco, 2008) ;
- ‘Going Green’ (Anton Mego, 2008) ;
- et pour terminer l’intéressante variété du Français Daniel Tauzin, présentée au concours de Jouy en Josas en 2007, sous le nom de ‘Tartine’.

Tout ce beau monde tend effectivement vers un coloris vert. Mais on ne peut pas encore dire que la perfection soit au rendez-vous. En vérité, le vert se contente d’influencer d’autres couleurs, surtout le jaune, ce qui donne une teinte légèrement verdie. Il se concentre plus densément sur l’extérieur des sépales, c’est pourquoi on le remarque davantage avant que les fleurs ne s’ouvrent. Mais de là à dire qu’il y des iris verts, il y a une vaste marge, beaucoup de travail et une part de chance !

Illustrations : 


- ‘Pistachio’ 


- ‘Elegant Dancer’ 


- ‘Land Art’ 


- ‘Tartine’

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire