1.12.06


LES ANCIENS FONT DE LA RÉSISTANCE

Le dernier bulletin de l’AIS a publié les résultats complets des compétitions américaines de 2006. Une brève analyse de ces résultats laisse apparaître une étonnante solidité des hybrideurs chevronnés face à des nouveaux venus qui ont encore du mal à s’imposer.

Les Honorable Mentions

En ce qui concerne les grands iris, 87 HM ont été distribuées. Les variétés récompensées proviennent seulement de 38 hybrideurs, ce qui démontre qu’un certain nombre seulement de leaders se partagent les honneurs. En premier lieu se trouve la fameuse maison Schreiner, de Salem, Oregon, qui engrange douze récompenses (voir photo de CAN’T TOUCH THIS). Visiblement, si cette entreprise marque le pas au moment des grandes distinctions, elle conserve la qualité qui a fait sa renommée. Deux hybrideurs arrivent ex æquo à la seconde place : Paul Black, et Keith Keppel. L’un et l’autre ont depuis longtemps pignon sur rue. Paul Black a déjà à son actif près de 200 variétés enregistrées et plus de 50 récompenses internationales dont deux Premio Firenze : SIGH AND WHISPERS (89) en 92 et DUDE RANCH (2000) en 2002, et son TOM JOHNSON (96) a frôlé la Médaille de Dykes en 2004. Quant à Keith Keppel, il est aujourd’hui au faîte de sa gloire, avec tous ses nouveaux iris unanimement appréciés et récompensés à un titre ou un autre. Au nombre d’enregistrements, il se situe à peu près au même niveau que Black, mais pour ce qui est des honneurs, il est de loin l’hybrideur le plus riche. A Florence, il a triomphé trois fois : en 71 par FOGGY DEW (69), en 83 avec WOODCRAFT (79) puis en 90, grâce à SKYBLAZE (87). Mais surtout, après le succès de BABBLING BROOK (69) en 1972, puis une longue et inexplicable éclipse, ceux de CROWNED HEADS en 2004 et de SEA POWER en 2006, il est devenu un habitué de la DM.

Black et Keppel ont obtenu chacun 8 HM en 2006. Ils devancent un peu un autre grand ancien, le Californien Joë Ghio, qui a récolté 6 distinctions. C’est ensuite qu’apparaît un nouveau nom. En fait, ce n’est pas une apparition ex nihilo, mais une confirmation méritée, car George Sutton, s’il est de la génération suivante, à depuis un certain temps la reconnaissance de ses pairs et des juges. Cette année il obtient 5 HM, ce qui n’est pas rien. Que Tom Johnson arrive en 6eme position dans ce palmarès, avec 4 variétés primées, n’étonne personne. Tom travaille avec Paul Black, et leur entreprise commune, Mid-America Iris Gardens, jouit d’une réputation d’excellence. A eux deux ils égalent le résultat de la maison Schreiner. Richard Ernst n’a reçu que trois HM. C’est peu, mais – pour moi c’est incompréhensible – il n’a jamais pu s’imposer devant les juges. Son associé au sein de Cooley’s Garden, Larry Johnson, obtient quant à lui un HM. Au même rang que Rick Ernst se situe Jim Hedgecock. C’est une belle situation pour un hybrideur moins productif que les grands.

Au-delà, dans ce classement, figurent des obtenteurs confirmés comme Rick Tasco, Brad Kasperek, Terry Aitken, Walter Moores, William Maryott, Dave Niswonger, Frederik Kerr, Larry Lauer, Tom Burseen ou Vernon Wood, qui sont des habitués des podiums, et quelques noms nouveaux de personnes qui sont en train de se faire un nom dans le microcosme irisarien : Vincent Christopherson, Joyce Ragle, Rob Stetson, bien connu en France, Barbara Nicodemus ou John Painter. De ceux- là on entendra sûrement parler dans les années à venir.

Les Awards of Merit

A ce niveau de la compétition, les places sont plus rares et plus convoitées. Il n’y a que 22 variétés distinguées et seulement 12 hybrideurs. Tous font évidemment partie du gratin de la profession, mais Keith Keppel obtient un incroyable succès avec 9 variétés primées : KITTY KAY (le jumeau rose en frisottis de SEA POWER), WINTRY SKY, CHARLESTON, OPPOSING FORCES, SECRET SERVICE, BEL ESPRIT, BALDERDASH, CRYSTAL GAZER et JERSEY BOUNCE ! Il écrase tous ses confrères, puisque Joë Ghio n’est cité que deux fois (REVERE et AMIABLE), de même que Paul Black (AWESOME BLOSSOM et ANNOUNCEMENT). Pour le reste, on retrouve à peu près les mêmes noms que dans le classement précédent, mais deux choses sont remarquables : la citation à titre posthume de Ben Hager, pour le jaune AMARILLO FRILLS, et l’absence surprenante de Schreiner. Ce résultat médiocre pour une maison aussi réputée confirmerait-il l’impression que je ressens depuis quelques années, selon laquelle les iris Schreiner sont toujours parfaits, mais ne se renouvellent plus guère ?

Les variétés récipiendaires des AM 2006 ne sont pas encore toutes en vente en France, il nous reste donc à attendre leur apparition chez nous pour nous régaler de ces belles fleurs.

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