Première partie
C’est tout de même merveilleux ce que les hybrideurs ont fait à partir du petit I. variegata ! Voilà une petite plante médiocre, pas même jolie, mais qui se trouve à l’origine d’au moins trois coloris d’iris modernes et se rencontre à la fois dans les gènes des grands iris et des iris nains. En fait les hybrideurs en ont tiré tout ce qu’ils pouvaient. En ce qui concerne les couleurs, I. variegata est jaune aux pétales, blanc lavé et veiné de brun violacé aux sépales. Avec ce potentiel on a obtenu :
- des iris entièrement jaunes ;
- des iris entièrement bruns ainsi que des iris brun-rouge ;
- des plicatas avec du jaune (ou une couleur dérivée) pour base et du brun pour complément ;
- des iris aux pétales jaunes et aux sépales bruns (ou violets).
- I. variegata, qui ne mesure pas plus de 40 ou 50 cm., est également à l’origine des MDB, les plus petits des hybrides, et, par mélanges successifs, de tous les iris nains.
On ne peut pas éviter de rendre hommage à cette petite espèce si importante pour nos iris modernes.
Dans la classification qu’il a établie dans les années 1890, l’Anglais Barr considère que les hybrides de son époque étaient constitués de six espèces : I. pallida, variegata, amoena, neglecta, plicata et squalens (on peut évidemment ajouter I. germanica à cette liste). I. variegata fait bien partie du panel de base. Pour les botanistes il a été décrit officiellement par Linné en 1753, mais il était connu depuis bien longtemps et il apparaît sur des peintures de la Renaissance. Il est originaire de la Hongrie actuelle et des Balkans, comme bon nombre d’iris.
Dès l’origine des hybridations et de la sélection les croisements avec I. variegata furent nombreux. Ils sont restés cependant dans les couleurs de base et la présentation de celles-ci est restée assez proche de l’espèce de base, comme c’est le cas pour le fameux ‘Honorabile’ (Lémon, circa 1884) ou pour ‘Maori King’ (Reuthe, 1890). Peu à peu, pendant toute la période des iris diploïdes, les variétés issues de I. variegata prirent de l’extension et s’éloignèrent du type dans les diverses directions signalées ci-dessus.
Nous allons faire en deux chroniques le panorama de ce qu’a été la contribution de I. variegata au développement des iris de jardin.
Vers le jaune pur.
Dans les iris antérieurs au XXème siècle, le jaune était pratiquement absent. I. flavescens, avec son jaune soufre caractéristique, et ‘Aurea’ (Jacques, 1830), jaune clair, font figure d’exception. Seuls les dérivés de I. variegata ont présenté la couleur jaune aux pétales, mais se débarrasser des veines violacées n’a pas été une petite affaire, il y a des traits, comme celui-là, qui sont particulièrement tenaces, et même l’apparition de la tétraploïdie, avec la multiplication des solutions qu’elle apportait, n’a pas fourni de remède miraculeux. Il n’y a qu’à regarder ‘W.R. Dykes’ pour s’en convaincre ! Pourtant c’est cette variété qui a servi de base à la poursuite du jaune pur, y compris les barbes. Croisée avec un semis un peu jaune de Sydney B. Mitchell issu d’une autre lignée, elle a donné naissance au fameux ‘Happy Days’ (Mitchell, 1937) qui a, dès son apparition, été considéré comme le jaune de référence. Dès lors le travail n’a plus consisté qu’à faire disparaître les dernières traces de brun violacé dans les sépales. Rapidement les jaunes purs ont été croisés avec d’autres jaunes, à barbe mandarine, pour accentuer la saturation de couleur, et aujourd’hui le jaune est devenu un grand classique, avec des variétés d’une coloration parfaite allant du jaune primevère au jaune bronzé.
Brun et mordoré.
En dehors des chrysanthèmes et des iris, quelles fleurs se présentent en brun ? Aucune. Mais obtenir cette couleur n’a pas été spontané. Il a fallu un travail et une ténacité exceptionnels pour parvenir à un beau brun uniforme et velouté. Longtemps les croisements à base de I. pallida et I. variegata n’ont donné que des mélanges brunâtres tristes et sans intérêt. Le premier brun intéressant, même s’il est plus miel que brun, a été ‘Jean Cayeux’ (Cayeux, 1931) et il est à l’origine des bruns modernes. Cependant c’est à Rudolph Kleinsorge que l’on doit le développement de cette couleur. Il a du de devenir célèbre dans le petit monde des iris, à ‘Tobacco Road’ (1941), le premier iris réellement brun, qui a marqué son époque et constitue le point de départ de toutes les recherches contemporaines sur cette couleur. Mais ce ‘Tobacco Road’ est issu de ‘Jean Cayeux’ et donc de I. variegata.
(à suivre).
1 commentaire:
Tu exagères de dire que c'est une petite plante médiocre, pas même jolie, moi je la trouve très à mon goût!
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