23.10.10

TOUT ÇA AVEC ÇA ?





Seconde partie

Plicatas à base de variegatas.

Une nouvelle fois, ce sont les Sass qui sont à l’origine de ce mélange. Dans « The World of Irises », K. Keppel et M. Hamblen disent : « Confrontés au rudes hivers du Nebraska, les Sass ont fait un abondant usage du rustique I. variegata et de ses dérivés. ‘Midwest’, introduit en 1923, était un plicata pourpré, rose/blanc d’aspect conventionnel, mais des plicatas différents commençaient à apparaître, aussi. Les dessins devenaient plus importants ou remplacés par des taches, et le fond blanc laissait la place à des arrière-plans crème ou jaune pâle (…) » Tel est le cas de ‘Siegfried’ (H. Sass, 1936) qui fut une pierre angulaire dans la lignée. ‘Orloff’ (Sass H., 1937), encore plus riche en couleur et en dessins, marque le début d’une lignée qui donnera ‘Kilt Lilt’ (Gibson, 1970), et bien d’autres.

Ceux qu’on appelle les variegatas.

Il est évident que ce qu’on appelle aujourd’hui les variegatas sont issus de l’espèce I. variegata. Dans ce cas la transformation a été de répandre uniformément la couleur brune ou violacée sur toute la surface du sépale. L’affaire devait paraître tellement évidente à Melba Hamblen et Keith Keppel quand ils ont rédigé le chapitre sur la couleur des iris dans « The World of Irises » qu’ils n’abordent les variegatas que dans la partie consacrée aux bicolores, et sans approfondir vraiment la question la question. Au départ, pourtant, l’affaire n’a pas été simple, et les premiers variegatas ne s’éloignaient guère du modèle naturel. Témoin le travail de Goos et Koenemann qui, compte tenu de la petite taille de l’espèce-mère, a été classé parmi les iris intermédiaires : ‘Iris König’ (1910) ou ‘Flamenschwert’ (1920) en sont des exemples. Peu a peu cependant la couleur brune ou rousse a gagné la totalité des sépales et c’est une nouvelle fois dans la pépinière de Hans Sass qu’ont été sélectionnés les premiers iris jaune/bordeaux dont on peut dire qu’ils ont été les premiers variegatas au sens où on entend cette appellation aujourd’hui. Au tout premier rang on peut mettre ‘King Tut’ (H. Sass, 1926), suivi quelques années plus tard de ‘City of Lincoln’ (H. Sass, 1937), lequel a fait une carrière commerciale brillante et a frôlé la DM en 1942. En France, Ferdinand Cayeux n’était pas en reste. Avec son ‘Vision’, de 1932, il égale ses rivaux américains, tandis que ‘Constellation’ (1936) fait le pendant de ‘City of Lincoln’.

Le modèle variegata est devenu au fil des ans une tribu immense et il en apparaît chaque année de nouveaux. Mais dans ce que nous appelons variegata, peu à peu se sont différencié deux familles, les variegatas à sépales brun-rouge et les variegatas à sépales violets. Ils découlent tous d’une même base, mais pour obtenir la combinaison jaune/mauve ou violet les hybrideurs des années 60 ont associé le modèle amoena (type ‘Whole Cloth’) au modèle variegata (ou jaune issu de variegata) ; de ces croisements sont issus les iris clairs comme ‘Swedish Modern’ (Babson, 1976) ou foncés comme ‘Milestone’ (Plough, 1965) qui se trouve derrière le fameux ‘Edith Wolford’ (Hager, 1986).

Les variegatas modernes marient un jaune éclatant et un rouge bordeaux ou acajou impeccablement étalé sur toute la surface des sépales. On pourrait en citer des dizaines, contentons-nous du français ‘Andalou’ (Cayeux, 1995). Certains obtenteurs jouent la différence en ajoutant des veinures blanches sous les barbes ou un liseré jaune autour des sépales, ce qui est le cas de ‘Tiger Butter’ (Ernst, 1986), par exemple.

Ainsi, à partir d’une petite espèce discrète, est-on parvenu à développer une foule de modèles différents, mais qui ont apporté de grandes améliorations aux iris horticoles. Il n’en faut pas plus pour faire de I. variegata, l’une des espèces majeures dans le domaine de l’hybridation.

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