10.4.15

DÉFILÉ DE MODE

C'est un peu comme dans la haute couture : en janvier et février, les obtenteurs et les producteurs d'iris présentent leurs créations (ou nouveautés) de l'année, et les fans guettent sur Internet l'apparition des catalogues. Le coup d'envoi est donné par les Américains, les Européens suivent immédiatement. Et comme dans la mode, les exégètes définissent de nouvelles tendances, parlent des nouvelles couleurs et de l'évolution des formes de fleurs. On ne voit pas encore des mannequins défiler en portant les nouvelles variétés, mais les photographies présentées sont de plus en plus raffinées – et fréquemment retouchées – pour donner de la fleur la présentation la plus alléchante.

 Aux États-Unis, où le top de départ a été donné, les nouveautés sont si nombreuses qu'on ne sait pas par quel bout commencer. Prenons l'ordre de prolixité. Les plus nombreuses se trouvent chez Black et Johnson. Pas moins de 55 nouveaux iris dont seulement (si l'on peut dire) 24 grands TB. C'est ahurissant ; d'autant qu'à voir les photographies, il n'y a pas l'air d'y avoir de « nanards » : rien que de superbes fleurs, majestueuses, des variétés bouillonnées, d'autres plutôt « tailored »(1), bref il y en a pour tous les goûts. Rien que parmi les TB, il y a forcément des doublons (même si l'on ne trouve pas de véritables jumeaux homozygotes). J'ai noté la présence de quatre iris roses, trois plicatas jaune/violet et un jaune/ brun mordoré, trois amoenas, trois blancs, trois mauves ou violets... A noter la présence d'un iris plat, c'est à dire se présentant à la façon des iris du Japon. Il paraît que le goût pour ce type de fleur va croissant...

Après ces champions vient la vieille maison Schreiner qui, pour la seconde fois, s'éloigne de son nombre annuel fétiche de nouveautés qui était de 15 ou 16 depuis de nombreuses années, pour atteindre cette fois 22 variétés dont 5 naines, ce qui est révolutionnaire pour cette entreprise. Là aussi, rien que des fleurs magnifiques, avec cette ampleur et cette perfection de forme qui est une marque de fabrique. C'est Bruce Filardi qui occupe la troisième marche du podium en présentant 18 nouveaux iris dont 16 TB. Avec cet obtenteur les amateurs français se montrent réticents en souvenir d'un achat groupé, il y a quelques années, servi avec beaucoup de légèreté. Pourtant les plantes de cette années semblent sur le papier belles et bien venues. La pépinière Commanche Acres, de la famille Hedgecock, propose 13 iris du nouveau millésime. A noter la présence de quatre amoenas bleus... Superstition Iris Garden (Duncan et Tasco) aligne 9 iris dont seulement 4 TB. Ex-aequo il y a Keith Keppel qui se contente aussi de neuf variétés et qui poursuit cette année une sorte de retraite, du moins pour ce qui est de la commercialisation de ses obtentions. Hugh Stout a inscrit 8 nouveautés à son catalogue, dont, il faut le signaler, quatre sont des variétés françaises signées de Michèle Bersillon : de belles fleurs mais qu'on n'a pas le droit de montrer... Au nord de San Francisco, dans la Napa Valley, les Painter offrent 7 TB nouveaux ce qui montre que tout le monde n'est pas atteint par l'obsession du nombre. Ce premier tour d'horizon se terminera par les 2 nouvelles fleurs de la famille Jedlicka. Au moment où cet article est rédigé, les autres obtenteurs ou producteurs n'ont pas terminé la préparation de leurs catalogues. Il faudra y revenir.

Peut-on, comme les exégètes de la mode, tirer des tendances de cet étalage de nouveautés ? C'est bien difficile car on peut trouver de tout, avec pas mal de distallatas et de luminatas, modèles qui sont aux premiers rangs depuis plusieurs années maintenant. Les amoenas inversés n'ont pas encore dit leur dernier mot, et les variegata, longtemps en perte de vitesse, reviennent au goût du jour. La tendance à l'inflation, du moins pour ce qui est de quelques catalogues cités, n'affecte plus guère que les deux premier, Mid-America et Schreiner. Il est encore trop tôt pour dire s'il s'agit d'une situation durable, mais il serait tout de même souhaitable qu'il en soit ainsi car la multiplication à l'infini des nouveaux iris est une attitude que je déplore.

Nous en resterons là pour cette semaine ; la prochaine fois nous ferons le tour des obtenteurs européens, lesquels, on peut déjà l'affirmer, ne s'en laissent pas compter !

Illustrations : 


'Born This Way' (Black P. , 2015) 

'Waves of Joy' (Tasco, 2015) 


'Minnesota Nice' (Worel, 2015)


'Painted Shadows' (Keppel, 2015)

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Sylvain,

Dommage que vous n'offrez pasla possibilité "d'aller voir" en donnant dans votre blog les liens vers les pages que vous avez consultées. Cela permettrait de s'affranchir de "l'interdiction" (?) de voir les iris frappés de la dite interdiction...Votre propos est quelque peu "aigre". Est-ce vis-à-vis de M Stout ou de Mme Bersillon?

Bonne journée,

AK

Sylvain Ruaud a dit…

En effet j'aurais pu donner les coordonnées du site de H. Stout.

Il n'y a pas d'aigreur. Simplement du regret de ne pas pouvoir reproduire de bonnes photos intéressantes au motif que leur auteur s'y oppose. Une photo d'iris n'est jamais qu'une photo d'identité...

Anonyme a dit…

Ma remarque ne concerne pas que le site de M Stout (http://www.stoutgardens.com/collections/2015-iris-introductions) mais aussi celui des autres producteurs que vous citez, mais si je comprends bien, c'est le fait que vous ne puissiez pas utiliser ces photos qui vous chagrine. Qu'à cela ne tienne, un lien, c'est mieux que rien!!

Bonne fin de journée,

AK

gerard a dit…

J'ai du mal à comprendre les ukases de certains à l'égard de la publication de leurs photos, sur ce blog ou d'autres supports. Il ne s'agit pas de vol de propriété intellectuelle. Pour cela il faudrait que lesdites photos soient des œuvres d'art et cela reste à prouver. En fait c'est de la publicité (gratuite) pour leur travail, une sorte de reconnaissance. Tant pis s'ils s'y refusent.
Pour ce qui concerne Filardi, c'est peut-être un hybrideur talentueux, mais, ayant été destinataire d'un de ses micro rhizomes, je peux dire que ce n'est pas un commerçant fiable.

Anonyme a dit…

No time to write in french. Sorry.

M Gerard, what prevents whoever who wants/needs to use part of a document, whatever the document, to ask permission to the author? Many documents are not works of art: technical notes, course notes, sketches of this or that, etc. In many circles, academic, technical, commercial, it is considered to be a major offense to use documents or part thereof from the "grey" literature without permission from the owner of the document and the end user is rapidly condemned.

In the academic world, students who are using paragraphs or even sentences from wikipedia are graded Fn which forces them to take the exam again! God knows that Wikipedia articles are far from being works of art!!

Bonne journee,

AK