On est donc certain que I. variegata est une des origines des iris jaune d'aujourd'hui, mais ce n'est pas la seule. Les indéniables qualités de la variété anglaise 'W. R. Dykes', bien qu'il faille avoir une certaine imagination pour la qualifier de jaune, ont fait qu’elle a été largement utilisée au début des années 1930 par tous ceux pour qui cette couleur était un défi à relever. En particulier par la famille Schreiner. Le croisement du jaune diploïde français ‘Pluie d’Or’ (F. Cayeux, 1928) et de ‘W.R. Dykes’ est à l’origine ‘Golden Treasure’ (Schreiner, 1936), une variété qui eut un énorme succès populaire.
Toujours dans les années 1930, Sydney Mitchell a tenté d’améliorer la pureté du jaune en alliant une variété d’un ton de bronze et une variété blanche ou vice-versa. Après une grande quantité de semis plus ou moins intéressants il a fini par obtenir ce qu’il cherchait : du jaune vraiment jaune. C’est le cas de ‘Alta California’ (1932) puis de ‘California Gold’ (1933) et surtout de ‘Happy Days’ (1938), qui est considéré comme l’aboutissement d’un long voyage.
Tandis que se déroulaient ces recherches aux Etats-Unis, en Europe F. Cayeux proposait ‘Eclador’ (1932) puis ‘Alice Harding’ (1932), tous deux issus de la souche « variegata ».
Les années 1940 ont été marquées aux Etats-Unis a atteint une sorte de perfection en utilisant les deux voies déjà explorées, en y ajoutant les mérites d’autres apparitions de la couleur dans des lignées qui ne lui étaient pas spécialement dédiées. Ce fut le cas, en particulier, de ‘Ola Kala’ (J. Sass, 1941), dont la renommée est vite devenue mondiale, ou de ‘Golden Eagle’ (Hall, 1942), lointain rejeton de ‘W.R. Dykes’.
Les années 1950 allaient être marquées par deux événements essentiels pour l’amélioration des iris jaunes. En premier lieu, pour accroître encore l’éclat du jaune, les hybrideurs ont eu l’idée d’ajouter au cocktail une pointe d’orange qui a eu pour résultat de colorer plus vivement les barbes et donc de mettre mieux en valeur le jaune de la fleur. Ce fut le cas, par exemple, de ‘Solid Gold’ (Kleinsorge 51), également descendant de ‘Ola Kala’ : le jaune est éclatant, grâce en particulier aux grosses barbes safran. Comme le dit « The World of Irises » : « La recherche sur les barbes mandarine a donné naissance à des sous-produits inespérés. Des jaunes sont apparus parmi les descendants de croisements destinés à obtenir des iris roses, et les hybrideurs ont été étonnés et ravis de leur qualité. Ces jaunes avaient un éclat, un brillant et une abondance de dentelle rarement rencontrés chez les jaunes conventionnels. » Ce fut le second événement survenu dans les années 1950. Les variétés les plus marquantes furent certainement le jaune canari ‘Limelight’ (Hall, 1952) et le jaune paille ‘Techny Chimes’ (Reckamp, 1955), mais également ‘Rainbow Gold’ (Plough, 1959).
Il ne restait plus qu’à marier ces différentes origines pour obtenir les jaunes modernes qui peuplent maintenant nos jardins. Parmi ceux-ci se sont fait remarquer 'Denver Mint' (Maynard Knopf, 1962), 'New Moon' (Neva Sexton, 1968) petit fils de 'Limelight' et père d'un grand nombre de variétés de toutes couleurs, 'Warm Gold' (Schreiner, 1972), 'Gold Galore' (Schreiner 1978) puis les fameux jaunes de John Weiler comme 'Flaming Victory' (1982), descendant de 'New Moon', et ses propres descendants 'Pulsar' (1986) et 'Throb' (1990). Ils sont devenus infiniment nombreux. Trente ans après on en découvre chaque année de nouveaux, toujours plus vifs et brillants. Dans les noms qu'on leur donne il est toujours fait allusion à l'or – 'Financier' (Ghio, 1979) - , au soleil – 'Sun Shine In' (Keppel 2009) – et même à la lune (puisqu'en Amérique la lune est jaune!). De ce côté-là il n'y a guère d'évolution. Le monde change, les iris jaune font de même et embellissent, mais beaucoup moins le cœur des hommes !
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