NOUVEAU BLOG
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25.11.06
KITTY KAY, COCKTAIL DE ROSES
Avec KITTY KAY (Keppel 2002) on a un exemple d’anthologie d’utilisation astucieuse de l’ « in breeding ».
Tous ceux qui hybrident savent que pour améliorer une fleur, il faut aller chercher des parents ayant les qualités désirées : l’un dans une direction l’autre dans une autre. On peut bien entendu passer par des étapes intermédiaires d’amélioration progressive. C’est l’ « in-breeding », en français savant, l’endogamie.
Pour sa récente série d’iris roses, Keith Keppel a abondamment utilisé ce procédé. Il est parti d’un croisement intéressant, alliant le rose pâle et la forme parfaite de FEMME FATALE ( Gatty 88) et le rose corail tendre avec barbes oranges de SOCIAL EVENT (Keppel 91). Celui-ci résulte déjà d’une manœuvre d’endogamie dans laquelle on trouve réunis deux descendants d’un fameux rose, PINK SLEIGH (Rudolph 70), en la personne d’un frère de semis de MARASCHINO (Keppel 79), et de THELMA RUDOLPH (Rudolph 72), issu de PINK SLEIGH, déjà cité, et de PINK ANGEL (Rudolph 73) : on est dans le rose depuis plusieurs générations puisque dans l’autre branche, SATIN SIREN est lui-même un rose issu de roses (PRETTY LADY (Gatty 82), PLAYGIRL (Gatty 77)). Et FEMME FATALE ? Pur rose, lui aussi puisque de PRETTY LADY et de PARADISE (Gatty 80). Le couple SOCIAL EVENT X FEMME FATALE a été utilisé plusieurs fois par Keppel. D’abord, seul, pour obtenir PERFECT GIFT (96), un rose très pâle, un peu globuleux ; puis associé à BUBBLE UP (Ghio 88 – rose saumoné) pour l’étrange BROKEN DREAMS (98) et son frère LOTUS LAND (99), ensuite dans un cocktail où sont ajoutés NEFERTITI (Gatty 81) , PLAYGIRL et PRESENCE (Gatty 87), tous roses, pour trois « siblings » superbes, le rose parfait HAPPENSTANCE (2000), le rose orchidée SOCIAL GRACES (2000) et le mauve à barbes oranges VIENNA WALTZ (2000). Avec, en complément le grand rose vif de COMING UP ROSES (Gatty 92), Keppel a obtenu la variété qui nous intéresse aujourd’hui, KITTY KAY (voir photo).
Cet iris a tout pour remporter tous les suffrages : en associant le rose pâle et la barbe assortie de FEMME FATALE, le rose corail a barbe orangée de SOCIAL EVENT et le rose vif à barbe cerise de COMING UP ROSES (qui apporte aussi une fleur adorablement bouillonnée), Keppel a obtenu une variété quasi parfaite.
Il faut toute la science de Keith Keppel pour savoir réunir tous les ingrédients capables de donner une fleur où l’on retrouve tout ce qu’on a voulu y mettre, il faut aussi disposer d’un panel de plantes où puiser à son aise, et de l’espace pour cultiver un grand nombre de semis. Mais sans espérer atteindre le nec plus ultra, l’exemple de la construction de KITTY KAY doit servir à tous les amateurs à la recherche de l’iris rose de leurs rêves.
Avec KITTY KAY (Keppel 2002) on a un exemple d’anthologie d’utilisation astucieuse de l’ « in breeding ».
Tous ceux qui hybrident savent que pour améliorer une fleur, il faut aller chercher des parents ayant les qualités désirées : l’un dans une direction l’autre dans une autre. On peut bien entendu passer par des étapes intermédiaires d’amélioration progressive. C’est l’ « in-breeding », en français savant, l’endogamie.
Pour sa récente série d’iris roses, Keith Keppel a abondamment utilisé ce procédé. Il est parti d’un croisement intéressant, alliant le rose pâle et la forme parfaite de FEMME FATALE ( Gatty 88) et le rose corail tendre avec barbes oranges de SOCIAL EVENT (Keppel 91). Celui-ci résulte déjà d’une manœuvre d’endogamie dans laquelle on trouve réunis deux descendants d’un fameux rose, PINK SLEIGH (Rudolph 70), en la personne d’un frère de semis de MARASCHINO (Keppel 79), et de THELMA RUDOLPH (Rudolph 72), issu de PINK SLEIGH, déjà cité, et de PINK ANGEL (Rudolph 73) : on est dans le rose depuis plusieurs générations puisque dans l’autre branche, SATIN SIREN est lui-même un rose issu de roses (PRETTY LADY (Gatty 82), PLAYGIRL (Gatty 77)). Et FEMME FATALE ? Pur rose, lui aussi puisque de PRETTY LADY et de PARADISE (Gatty 80). Le couple SOCIAL EVENT X FEMME FATALE a été utilisé plusieurs fois par Keppel. D’abord, seul, pour obtenir PERFECT GIFT (96), un rose très pâle, un peu globuleux ; puis associé à BUBBLE UP (Ghio 88 – rose saumoné) pour l’étrange BROKEN DREAMS (98) et son frère LOTUS LAND (99), ensuite dans un cocktail où sont ajoutés NEFERTITI (Gatty 81) , PLAYGIRL et PRESENCE (Gatty 87), tous roses, pour trois « siblings » superbes, le rose parfait HAPPENSTANCE (2000), le rose orchidée SOCIAL GRACES (2000) et le mauve à barbes oranges VIENNA WALTZ (2000). Avec, en complément le grand rose vif de COMING UP ROSES (Gatty 92), Keppel a obtenu la variété qui nous intéresse aujourd’hui, KITTY KAY (voir photo).
Cet iris a tout pour remporter tous les suffrages : en associant le rose pâle et la barbe assortie de FEMME FATALE, le rose corail a barbe orangée de SOCIAL EVENT et le rose vif à barbe cerise de COMING UP ROSES (qui apporte aussi une fleur adorablement bouillonnée), Keppel a obtenu une variété quasi parfaite.
Il faut toute la science de Keith Keppel pour savoir réunir tous les ingrédients capables de donner une fleur où l’on retrouve tout ce qu’on a voulu y mettre, il faut aussi disposer d’un panel de plantes où puiser à son aise, et de l’espace pour cultiver un grand nombre de semis. Mais sans espérer atteindre le nec plus ultra, l’exemple de la construction de KITTY KAY doit servir à tous les amateurs à la recherche de l’iris rose de leurs rêves.
17.11.06
ALLER CRESCENDO
Pas facile de croire que Joë Ghio savait où il allait quand il a entrepris de réaliser la magistrale salade génétique qui a abouti à son iris baptisé PUCCINI (98) !
Coucher sur le papier le pedigree de cette variété n’est pas quelque chose de simple et facile. Pas moins de 34 variétés différentes interviennent, souvent à plusieurs reprises, de sorte que les parenthèses s’ajoutent aux parenthèses dans un imbroglio qui doit bien amuser le spécialiste du genre qu’est Joë Ghio, lui qui jongle avec tout cela avec une incroyable dextérité. En tout cas le résultat est là : croisées et recroisées ces trente quatre variétés ont donné naissance à un iris particulièrement original et nouveau, ce PUCCINI qui se présente avec des pétales bien blancs (mais avec un filet d’or à la crête des styles), des barbes mandarine et des sépales dont le fond blanc est orné d’or aux épaules et parcouru de fines veinures violacées. C’est là toute la nouveauté de cette fleur. Une nouveauté qui a amené Keith Keppel, autre utilisateur de la même série de croisements, à donner au modèle ainsi créé le nom de « distalata », de « distal », néologisme américain qui me paraît signifier « éparpillé » ou quelque chose comme ça.
PUCCINI a pour partie maternelle une variété nommée PROTOTYPE, enregistrée en 2000 seulement, de sorte qu’elle n’apparaît pas sous son nom dans le pedigree de PUCCINI, mais dans le détail de ses composants. Pour faire simple on peut donc résumer PUCCINI à : (Prototype x 88-180 P) X 92-75 D4, sachant que la partie mâle de ce 92-75 D4 est aussi… 88-180 P !!
Mais qu’est-ce qui se cache derrière ces numéros de semis plutôt ésotériques ?
Les éléments majeurs se trouvent dans 88-180 P (et par conséquent dans 92-75 D4) et s’appellent FANCY TALES et STRAWBERRY SUNDAE. Penchons-nous un peu sur ces deux variétés dont la seconde, au moins, n’est guère connue chez nous.
FANCY TALES (Shoop 80) se présente avec des pétales blancs et des sépales en dégradé de mauve violacé avec des épaules pêche. C’est une variété sur les origines de qui Shoop est resté peu disert, se contentant de dire qu’il s’agit d’un semis dans lequel on remonte à WHOLE CLOTH, WINE AND ROSES et à des semis amoenas roses. STRAWBERRY SUNDAE (Schmelzer 77) est un amoena orange clair dans le pedigree duquel on retrouve ce WINE AND ROSES cité ci-dessus. Il ne peut pas faire de doute que le coloris de PUCCINI (et de sa « mère » PROTOTYPE) tienne dans ces deux variétés-là. Le blanc des pétales vient de WHOLE CLOTH, les griffures pourpres en bas des sépales, de même que les épaules marquées de jaune, proviennent de WINE AND ROSES et des semis amoenas rose ou orange, même si ce n’est pas évident quand on regarde WINE AND ROSES, mauve vif et grenat.
Voilà pour le point de départ. Mais Ghio ne s’est pas arrêté à ces deux variétés, il a poursuivi son travail et tenté, d’année en année, d’améliorer le résultat obtenu. Ce crescendo en est à son quatrième perfectionnement.
Au départ il y a donc eu PROTOTYPE, le bien nommé. Puis est venu PUCCINI. Ensuite est apparu EXPOSE (2003). Pour celui-là, Ghio a pris l’élément maternel de PUCCINI, il y a ajouté ROMANTIC EVENING, une des variétés les plus recherchées du moment pour ce qu’elle apporte en brillant des couleurs, en grâce de la fleur et en vigueur de la plante, et un élément nouveau, IMPULSIVE (Ghio 2001). Et cela c’est une idée de génie car cet IMPULSIVE descend de CINNAMON SUN, une des premières variétés à présenter les fameuses griffures violacées, tenues elle-même de PEACH SUNDAE par qui l’on remonte à WINE AND ROSES. Voilà donc cette particularité présente deux fois, dans PUCCINI et dans IMPULSIVE. Comme il fallait s’y attendre, EXPOSE enrichit la panoplie, notamment grâce à une fleur plus ondulée et à la teinte abricot des épaules qui a gagné du terrain sur les sépales.
En 2005, Ghio a proposé une étape supplémentaire sous le nom de MAGIC HAPPENS (voir photo) où les griffures violettes sont accentuées, les couleurs plus vives et la fleur encore mieux formée et ondulée. Joë Ghio ne s’avance pas sur le pedigree de cette variété, sans doute a-t-il perdu les éléments d’identification, mais je parie volontiers qu’il a repris les éléments précédents auxquels il a ajouté quelque chose : une sorte d’épice qui rend le plat encore plus appétissant !
10.11.06
DES IRIS A RAYURES
On ne peut pas dire que ce soit une nouveauté, car des iris à rayures, il y en a depuis fort longtemps. Prenez, par exemple le « vieux » MARQUITA (Cayeux 31), dont les sépales sont richement veinés de bleu violacé avant que cette couleur ne prenne le dessus vers le bord. Voyez aussi cette variété célèbre et encore souvent présente dans nos jardins, COLOR CARNIVAL (deForest 48), avec ses sépales rose corail rayés de pourpre. Rapportez-vous surtout à cet élément de base de nos iris hybrides qui est I. variegata, dont les rayures sur les sépales constituent le fond de commerce.
Veines, stries et rayures font donc partie du panel génétique de tous nos iris. Elles ont parfois été mises en avant comme élément décoratif, voire même comme seule valeur de certaines variétés comme CIRCUS STRIPES (Plough 75), par ailleurs bien médiocre. Mais le plus souvent elles ont été chassées, considérées longtemps comme un défaut là où on recherchait la pureté des couleurs. C’est encore bien marqué dans les esprits : un hybrideur amateur, il y a peu de temps, s’étonnait devant moi de voir qu’on admirait des variétés qu’il aurait lui-même rejetées s’il les avaient découvertes dans ses semis. Et Richard Cayeux, qui n’a pas hésité à enregistrer des iris ayant de fortes marques aux épaules, comme CREME GLACÉE (94) ou MARBRE BLEU (93), écrit en 96 dans son livre, L’Iris, une Fleur Royale, à propos justement de ce dernier cultivar : « bien que généralement la sélection fasse rejeter les fleurs à sépales striés… » Maintenant cette exclusion n’est plus systématique et nombreux sont ceux qui considèrent les iris rayés comme des plantes qui apportent quelque chose de nouveau dans un domaine où les innovations deviennent plus rares qu’il y a cinquante ans.
Des rayures, les iris plicatas en ont toujours présenté, cela peut même être une de leurs caractéristiques. Cependant ce n’est pas d’eux dont il faut parler, mais de variétés dont les veines, au demeurant toujours un peu plus foncées que le voile des tépales, tracent dans les fleurs de véritables rayures, bien nettes et vives. L’un des tout premiers représentants de ce modèle a été BUTTERFLY WINGS (White C.G. 45). Il a été suivi de son « fils » STRIPED BUTTERFLY (Noyd 56), bleu de lin – de son parent CAHOKIA – aux sépales veinés d’indigo. Puis on peut citer un descendant du précédent, WEBSPUN (Craig 68), gris a veines glycine. Par la suite, cette voie a été abandonnée au profit d’iris toujours plus nets et sans veinures. Mais la mode en revient aujourd’hui. Elle a été lancée par la multiplication récente des iris luminatas, dont le cœur blanc pur irradie plus ou moins la partie haute des sépales et crée cet effet de rayures caractéristique. De là à forcer sur ces rayures pour donner du caractère aux fleurs, il n’y a qu’un pas qu’ont franchi plusieurs hybrideurs américains. L’un des plus célèbres et des plus imaginatifs, celui dont chaque nouveauté est maintenant un événement, je veux parler de Keith Keppel, en a fait son prochain cheval de bataille. Les deux nouveaux semis dont je joins une photo sont les déclinaisons, en rose et en bleu, de ces nouveaux iris à rayures qui ne tarderont plus de venir apporter dans nos jardins une touche agréable de fantaisie. Pour l’instant je ne dispose que des images, pas des pedigrees. Il sera intéressant, quand ces renseignements seront connus, d’analyser le cheminement qui aboutit à ce modèle.
ECHOS DU MONDE DES IRIS
UNE RÉCOMPENSE ORIGINALE
L’American Iris Society organisait cette année un concours de photos d’iris. Les résultats viennent d’être publiés et on y découvre avec plaisir qu’une Française a remporté une « Honorable Mention » dans la catégorie « gros plans d’iris ». Il s’agit de Florence Darthenay, de Courbevoie, pour son cliché « Noble Thoughts » (voir photo). Mes félicitations à la lauréate qui est, à l’occasion, la seule non américaine à remporter un prix dans cette compétition.
CRITERIUM DE L’IRIS 2006
Le Parc Floral de La Source vient de me communiquer les résultats du Critérium de l’Iris 2006 :
1er MYSTERIEUX (Cayeux R. 2003)
1er EA POESIE (Cayeux R. 2002)
3eme RARE QUALITY (Schreiner 99)
Les autres variétés sont totalement distances par ce trio là.
3.11.06
DYKES MEDAL
Cela peut intéresser certains de trouver la liste des variétés ayant obtenu la Dykes Medal, depuis la création de cette distinction. Les TB (Grands Barbus) l’ont toujours emporté, à l’exception de deux fois : en 1945, avec l’AB (Arilbred) ELMOHR, et en 1981, où c’est le BB (Iris de Bordure) BROWN LASSO qui a triomphé.
Depuis 1990 la Médaille est attribuée chaque année, car le règlement a été modifié. Auparavant, il y a des « manques », qui correspondent aux années où aucune variété n’a pris le meilleur.
Voici une deuxième série, les années 50/60. La suite aux prochains numéros !
B : 50/60
1950 BLUE RHYTHM (Whiting 45) unicolor bleu clair
1951 CHERIE (Hall 48) unicolor rose, b. minium
1952 ARGUS PHEASANT (DeForest 47) unicolor cuivre
1953 TRULY YOURS (Fay 49) blanc, épaules et barbes abricot
1954 MARY RANDALL (Fay 50) orchidée vif, barbes mandarine
1955 SABLE NIGHT (Cook 50) unicolor violet-noir
1956 FIRST VIOLET (DeForest 51) unicolor violet
1957 VIOLET HARMONY (Lowry 48) unicolor indigo, barbes blanches
1958 BLUE SAPPHIRE (Schreiner 53) unicolor bleu pâle
1959 SWAN BALLET (Muhlestein 53) entièrement blanc pur
1961 ELEANOR’S PRIDE (Watkins 52) unicolor bleu pâle
1962 WHOLE CLOTH (Cook 57) amoena blanc / bleu tendre
1963 AMETHYST FLAME (Schreiner 57) unicolor violet améthyste
1964 ALLEGIANCE (Cook 57) unicolor bleu profond
1965 PACIFIC PANORAMA (Sexton 60) entièrement bleu moyen
1966 RIPPLING WATERS (Fay 61) mauve, barbes mandarine
1967 WINTER OLYMPICS (O. Brown 63) blanc pur
1968 STEPPING OUT (Schreiner 64) plicata indigo foncé
AU MAURITSHUIS
Le musée baptisé Mauritshuis se trouve aux Pays-Bas, dans le centre de la ville de La Haye, la capitale politique du pays. C’est un petit musée, établi dans l’ancienne demeure du prince Maurice de Nassau, construite en 1640 à proximité immédiate de l’enceinte médiévale où siège le gouvernement néerlandais : les fenêtres du Mauritshuis donnent directement sur celles du bureau du Premier Ministre, situé dans une petite tour octogonale à l’angle sud-ouest de l’enceinte. Mais pourquoi parler de cela dans un endroit consacré par définition aux iris ? Parce que ce musée, l’un des plus prestigieux d’Europe, qui abrite un grand nombre de chefs d’œuvres de Vermeer et de Rembrandt, est un lieu où l’on peut aussi admirer de nombreuses toiles intimistes des maîtres hollandais du 17eme siècle, et en particulier des bouquets de fleurs exceptionnels, dans lesquels l’amateur d’iris découvrira souvent sa plante préférée.
Le sol gorgé d’eau des Pays-Bas n’est pas a priori le terrain de prédilection des iris. Mais ce sol est parfaitement drainé et à la fois sableux et humifère. Les iris y poussent donc convenablement, et ceci n’est pas un effet des techniques modernes de culture puisque ces fleurs sont souvent présentes dans les tableaux des années 1650/1700 qui s’accrochent aux cimaises du Mauritshuis.
Les iris représentés sont le plus souvent des pallidas traditionnels, d’un bleu tendre avec des barbes orangées (Roelandt Savery : nature morte –1603-). Mais on y voit aussi quelques variegatas primitifs aux pétales jaunes verdâtres et aux sépales veinés de brun (Ambrosius Bosschaert : bouquet dans une niche –1617-), et d’autres modèles plus surprenants. Un iris entièrement bleu vif, devenant blanc sous les barbes également blanches apparaît au milieu d’une composition très réaliste, ce qui laisse à penser que le peintre n’a pas rêvé la couleur qu’il a choisie pour cet iris à la fleur plutôt grosse et bien dressée pour l’époque. Mais la surprise la plus évidente provient d’un iris blanc, aux sépales cernés de bleu indigo : un modèle « Emma Cook » du 17eme siècle ! A l’époque on ne se souciait pas d’hybridation, mais les insectes se sont toujours chargés de cette tâche et, dans le cas présent, ils ont réussi un joli coup !
De nos jours on représente le plus souvent les fleurs d’iris avec l’un des sépales au premier plan et le dôme des pétales bien apparent. Les peintres du 17eme ont généralement choisi la présentation contraire, c’est à dire le revers d’un des pétales bien évident, et les trois sépales dessinés de profil (par exemple Jan van Huysum). C’est la présentation traditionnelle de la « fleur de lys » héraldique. En revanche Daniel Seghers, dans ses guirlandes de fleurs, peint les iris sépale en avant. Ce qui frappe l’observateur de ces toiles, c’est l’extraordinaire fraîcheur des couleurs et la finesse des détails. Il faut voir comment les poils des barbes d’iris sont délicatement représentés, avec leur base orangée et les pointes bleuissantes. Les photos numériques d’aujourd’hui ne sont pas plus nettes. De même les veines légèrement plus sombres que le voile des pièces florales apparaissent avec précision ainsi que les marbrures brunes qui se trouvent toujours aux épaules des sépales. Le travail des peintres atteint une précision scientifique qui démontre qu’à cette époque les iris avaient étaient à un stade d’évolution qui n’a plus guère progressé. Les iris du Mauritshuis sont les mêmes que ceux qu’on rencontre encore un peu partout. Il faut attendre que M. Lémon, dans les années 1850, découvre les variétés pollinisées par les insectes et commence à les sélectionner, pour que débute une longue aventure, qui dure encore.
Il n’empêche que s’attarder devant les bouquets hollandais du Mauritshuis est un plaisir esthétique que l’amateur d’iris savoure avec délices.
Le musée baptisé Mauritshuis se trouve aux Pays-Bas, dans le centre de la ville de La Haye, la capitale politique du pays. C’est un petit musée, établi dans l’ancienne demeure du prince Maurice de Nassau, construite en 1640 à proximité immédiate de l’enceinte médiévale où siège le gouvernement néerlandais : les fenêtres du Mauritshuis donnent directement sur celles du bureau du Premier Ministre, situé dans une petite tour octogonale à l’angle sud-ouest de l’enceinte. Mais pourquoi parler de cela dans un endroit consacré par définition aux iris ? Parce que ce musée, l’un des plus prestigieux d’Europe, qui abrite un grand nombre de chefs d’œuvres de Vermeer et de Rembrandt, est un lieu où l’on peut aussi admirer de nombreuses toiles intimistes des maîtres hollandais du 17eme siècle, et en particulier des bouquets de fleurs exceptionnels, dans lesquels l’amateur d’iris découvrira souvent sa plante préférée.
Le sol gorgé d’eau des Pays-Bas n’est pas a priori le terrain de prédilection des iris. Mais ce sol est parfaitement drainé et à la fois sableux et humifère. Les iris y poussent donc convenablement, et ceci n’est pas un effet des techniques modernes de culture puisque ces fleurs sont souvent présentes dans les tableaux des années 1650/1700 qui s’accrochent aux cimaises du Mauritshuis.
Les iris représentés sont le plus souvent des pallidas traditionnels, d’un bleu tendre avec des barbes orangées (Roelandt Savery : nature morte –1603-). Mais on y voit aussi quelques variegatas primitifs aux pétales jaunes verdâtres et aux sépales veinés de brun (Ambrosius Bosschaert : bouquet dans une niche –1617-), et d’autres modèles plus surprenants. Un iris entièrement bleu vif, devenant blanc sous les barbes également blanches apparaît au milieu d’une composition très réaliste, ce qui laisse à penser que le peintre n’a pas rêvé la couleur qu’il a choisie pour cet iris à la fleur plutôt grosse et bien dressée pour l’époque. Mais la surprise la plus évidente provient d’un iris blanc, aux sépales cernés de bleu indigo : un modèle « Emma Cook » du 17eme siècle ! A l’époque on ne se souciait pas d’hybridation, mais les insectes se sont toujours chargés de cette tâche et, dans le cas présent, ils ont réussi un joli coup !
De nos jours on représente le plus souvent les fleurs d’iris avec l’un des sépales au premier plan et le dôme des pétales bien apparent. Les peintres du 17eme ont généralement choisi la présentation contraire, c’est à dire le revers d’un des pétales bien évident, et les trois sépales dessinés de profil (par exemple Jan van Huysum). C’est la présentation traditionnelle de la « fleur de lys » héraldique. En revanche Daniel Seghers, dans ses guirlandes de fleurs, peint les iris sépale en avant. Ce qui frappe l’observateur de ces toiles, c’est l’extraordinaire fraîcheur des couleurs et la finesse des détails. Il faut voir comment les poils des barbes d’iris sont délicatement représentés, avec leur base orangée et les pointes bleuissantes. Les photos numériques d’aujourd’hui ne sont pas plus nettes. De même les veines légèrement plus sombres que le voile des pièces florales apparaissent avec précision ainsi que les marbrures brunes qui se trouvent toujours aux épaules des sépales. Le travail des peintres atteint une précision scientifique qui démontre qu’à cette époque les iris avaient étaient à un stade d’évolution qui n’a plus guère progressé. Les iris du Mauritshuis sont les mêmes que ceux qu’on rencontre encore un peu partout. Il faut attendre que M. Lémon, dans les années 1850, découvre les variétés pollinisées par les insectes et commence à les sélectionner, pour que débute une longue aventure, qui dure encore.
Il n’empêche que s’attarder devant les bouquets hollandais du Mauritshuis est un plaisir esthétique que l’amateur d’iris savoure avec délices.
IMAGES D’IRIS
Deuxième partie : la représentation des iris en photographie
Les photos descriptives
Peut-être l’idée de représenter les iris en mettant au premier plan, de façon presque systématique, l’un des sépales, est-elle née d’un impératif commercial. En effet cette manière de faire donne une image plus avantageuse de la fleur. Un sépale, large, plutôt horizontal, avec une barbe bien en évidence, montre la variété mieux qu’une longue description ; les deux pétales présentés en dôme complètent l’agréable vision que le photographe a été chargé de mettre en valeur. Voilà sans doute pourquoi, actuellement, les photos d’iris sont en grande majorité tournées sépale en avant.
Cela fait un peu uniforme, et peut devenir lassant. La fantaisie serait-elle bannie de la représentation des iris ? Il y a maintenant une tendance à trouver autre chose qu’illustrent certains clichés du photographe américain Brock Heilman, l’un des meilleurs du moment et tout à fait dans la ligne actuelle. Tout d’abord, les photographes comme Heilman ont un peu tourné leur objectif pour montrer une fleur de trois-quarts, mais dans ce cas l’image est un peu déséquilibrée (voir photo de Ozark Rebounder(1)). Ils ont aussi essayé de prendre un peu de hauteur : au lieu de s’accroupir pour que le sépale occupe la plus grande partie de l’espace, ils restent debout, ou presque, et dirigent leur appareil vers le cœur de la fleur. Cela donne des photos où le sujet paraît un peu écrasé, qui donnent l’impression que les éléments fondamentaux sont les parties sexuelles de la fleur. En plus de cela, le manque de relief est un peu gênant (voir photo de Duncan’s Smiling Eyes(2)).
Mais la présentation « fleur de lys » a trouvé une nouvelle jeunesse avec les iris « space-age ». En effet, si l’on veut montrer nettement les appendices pétaloïdes qui caractérisent ce modèle de fleur, il est presque obligatoire de les filmer de profil (voir photo de Announcement(3)). Dans la plupart des catalogues, on voit donc maintenant les fleurs classiques photographiées de face, et les modèles « space-age » dans l’autre sens.
Sans doute influencés par les images des catalogues, les photographes amateurs choisissent actuellement dans leur grande majorité la présentation sépale en avant (voir photo de Tomcat(4)). C’est du moins le cas pour les grands iris, pour les autres, c’est moins évident. Dès que l’on a affaire à des iris de petite taille (SDB et au-dessous), les photographes privilégient l’image par en dessus (voir photo de Deuce(5)). C’est ainsi que l’on voit ces iris dans les jardins car on ne se met pas systématiquement à quatre pattes pour les regarder. Pour les iris sans barbes, il n’y a aucune nécessité, commerciale ou esthétique, à les présenter de face plutôt que de profil. Les deux dispositions sont donc visibles. Mais pour ce qui est des iris japonicas, le choix photographique qui s’impose est l’image à plat, comme les fleurs elle-même se présentent.
Quand le but de la photo n’est pas d’insister sur les caractères de la fleur proprement dite, mais de mettre en valeur l’esthétique de la plante, les images de touffes d’iris prennent une allure beaucoup plus banale, mais qui a son intérêt pour juger de l’effet de la plante dans son cadre normal, le jardin.
Les photos d’art
Les photographes d’art, c’est à dire ceux dont le but n’est pas de donner de l’iris une image aussi exacte que possible, mais d’extraire de cette fleur autre chose qu’un portrait, ne satisfont pas de ces choix somme toute limités. Dans leur cas l’angle de prise de vue, le cadrage, le jeu des couleurs, des gros plans, des contrastes, des lumières sont plus important que la fleur elle-même, et toutes les fantaisies sont possibles. Un parfait exemple de l’utilisation de la fleur d’iris comme source d’inspiration artistique se trouve dans les clichés de Josh Westrich, photographe allemand, qui a réalisé, en 1989, un remarquable ouvrage de photos d’iris baptisé tout simplement « L’Iris » (Thames and Hudson, éditeur). Il a mis en œuvre non seulement les présentations traditionnelles telles que décrites ci-dessus, mais aussi beaucoup de gros plans sur une partie de la fleur, voire des macrophotographies très spectaculaires.
Les photographies de Jim Frazier, artiste australien, pour le livre de Graeme Grosvenor « Iris, Flower of the Rainbow », utilisent l’iris d’une toute autre façon : les fleurs sont placées devant un fond noir, un fort éclairage latéral vient en ciseler les contours et met particulièrement en valeur les différentes parties du sujet et également du feuillage qui l’ entoure (voir photo). Mais les cadrages restent traditionnels.
D’autres photographes ont délibérément décidé de provoquer des distorsions de l’image, dans le but d’obtenir un effet artistique, mais où la fleur n’est plus qu’un élément d’une composition très élaborée.
Dans un but analogue certains artistes utilisent les fleurs d’iris en masse multicolore, allant jusqu’à se servir d’un amas de fleurs fanées, pour obtenir une sorte d’œuvre abstraite où l’iris n’est plus à proprement parler une fleur mais une simple source de couleurs.
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Les iris ont évolué au cours des siècles. Les images que l’on a d’eux aussi. Peu importe en vérité l’angle sous lequel on les admire. L’essentiel, en matière de peinture ou de photo, est que le résultat soit esthétique, et pour cela, c’est seulement la sensibilité de l’artiste qui entre en jeu.
(1) Ozark Rebounder : TB Nicodemus 2002
(2) Duncan’s Smiling Eyes : TB Lauer 2003
(3) Announcement : TB Paul Black 2002
(4) Tomcat : TB Lauer 2005
(5) Deuce : MTB Lynda Miller 2004
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