30.8.19

LA DISTRIBUTION DES PRIX (2)

Après les résultats pour les principales récompenses concernant les iris à barbes, voici celles attibuées aux autres catégories :

Arils et Aribreds (> 50% aril) CLARENCE G. WHITE MEDAL

'Dubai' (T. Johnson, 2013) 

Arils (< 50% aril) WILLIAM MOHR MEDAL 

'Desert Snow' (P. Black, 2013) 

Pacific Coast Irises SYDNEY B. MITCHELL MEDAL 

'Da Vinci Code' (Joseph Ghio, 2010) 

Iris de Louisiane MARY SWORDS DEBAILLON MEDAL (ex aequo)


 'Dark Dude' (Ron Betzer, 2010) 


 'Lemon Zest' (Kevin Vaughn,2009) 


 'Michigan Belle' (Jill Copeland, 2007) 

Iris de Siberie MORGAN-WOOD MEDAL 

'Paprikash' (Marty Schafer & Jan Sacks, 2012) 

Spuria ERIC NIES MEDAL

'Red War Clouds' (Lee Walker, 2010) 

Iris du Japon PAYNE MEDAL (ex aequo)

 'Cascade Rain' (Chad Harris, 2007)


 'Indigo Angel' (Bob Bauer/John Coble, 2012) 

WALTHER CUP (Variété ayant obtenu le plus grand nombre de HM)

 - 'Perry Dyer' -AB iris -(Paul Black, 2017)

SAGA PLICATA

Chacun s'accorde à dire que le modèle plicata est celui qui a le plus grand avenir dans la recherche de renouvellement des iris de collection. C'est aussi celui qui est apparu le premier il y a maintenant deux siècles, quand a débuté l'hybridation des iris. Une rétrospective de l'évolution du modèle de ses origines à nos jours va nous faire parcourir l'intégralité du monde des iris plicatas. 

IX– Made in ailleurs 
Des plicatas, les obtenteurs du monde entier en ont mis sur le marché des quantités ! Quelques-uns montreront des talents venus d'ailleurs que les Etats-Unis.

'ZIP It Up' (Grosvenor, 1999) 


'Urluberlu' (R. Cayeux, 2012) 

'Pretty Edgy' (Blyth, 2002) 


'Queen of my Heart' (Piatek, 2014) 


'Marassi' (Bianco, 2017)

HONNEURS À L'AMÉRICAINE

En 2007 j'ai publié ici quelques informations concernant le système des honneurs tel qu'il existe aux Etats-Unis. Depuis les choses ont un peu évolué, c'est pourquoi je vais rafraîchir mon ancienne publication.

La course aux honneurs commence pour de bon avec les HONORABLE MENTIONS (HM).

Au bout de deux ans après leur « introduction », c’est à dire leur apparition dans un catalogue ou chez un producteur américain, les iris à barbes sont, quelle que soit leur catégorie, éligibles pour un HM, et ceci pendant les trois années suivantes. On peut même dépasser cette date limite, pourvu que 10% des juges aient émis un vote favorable. Dans ce cas l’HM est attribué aux 10% des variétés qui ont reçu le plus grand nombre de votes favorables. Pour les iris sans barbes, le délai initial pour être éligible est porté à trois ans. Les HM sont assez nombreuses : 135 toutes catégories confondues en 2018. Il n’est pas nécessaire que les iris soient originaires des USA pour entrer en compétition ; il suffit d’être présent sur le marché américain, en quantité suffisante pour être vu par le plus grand nombre possible de juges. Pratiquement, les variétés issues des principales maisons de production disposent d’un avantage considérable : la notoriété de leur obtenteur, ajoutée à une distribution importante fait que sur 80 HM distribuées à des TB, seulement 24 obtenteurs ont vu au moins une de leurs obtentions récompensée.

 Les choses deviennent vraiment sérieuses au niveau des AWARDS OF MERIT (AM).

Pour être éligible il faut avoir obtenu une HM. Les AM commencent à être attribués deux ans après l’HM, et pendant trois ans. Ainsi un iris ayant obtenu une HM en 2018, pourra obtenir un AM à partir de 2020 et jusqu’en 2023. Mais les choses se corsent puisque seulement les 10% des iris les mieux appréciés décrocheront l’AM. Du coup, le plateau s’éclaircit beaucoup. En 2018 57AM ont été délivrés, dont 27 pour les TB (et pour seulement 9 obtenteurs différents).

On vise ensuite les Médailles Catégorielles. Chaque catégorie d’iris dispose de la sienne, il y en donc 15.

 Le système est toujours le même : les variétés sont éligibles 2 ans après l’AM, et pour une durée de 3 ans. Chaque année et dans chaque catégorie l’iris qui remporté le plus de vote reçoit la médaille.

 Pour les grands iris, la médaille s’appelle la « John C. Wister Medal ». Elle n'existe que depuis 1992. Au début elle était distribuée à un seul exemplaire, ce qui, compte tenu du nombre de TB enregistrés chaque année, en faisait une relative rareté. Mais depuis 1998 l'AIS a décidé 'en attribuer trois chaque année. C'est moins élitiste, mais plus juste. Pendant longtemps ce fut en quelque sorte l’antichambre de la Dykes Medal, car les autres catégories que les TB avaient du mal à obtenir assez de votes pour briguer la consécration suprême. C'est moins vrai aujourd'hui et ces dernières années on a vu en 2008 'Starwoman' (BB), puis en 2014 'Dividing Line' (MTB) et en 2016 'Swans in Flight' (SIB) être couronnés.

La dernière étape est donc la DYKES MEDAL (DM).

Si on fait le compte, il y avait environ 500 HM en compétition au départ. Il restait un peu plus de 150 AM, puis seulement 45 titulaires de médailles catégorielles mais, en fait, guère plus de 5 ou 6 réellement capables d’espérer la consécration. C’est dans cet étroit panel que sera désignée la « variété de l’année », après un cursus qui aura pu durer jusqu’à quinze ans ! Le plus souvent, il s’arrête au bout de dix ou onze ans, mais quand elle obtient la DM, la variété couronnée est déjà une ancienne variété, dans un monde où tout va très vite et où l’attrait de la nouveauté est primordial. Recevoir la DM n’est pas le résultat d’un coup de cœur, mais bien la consécration d’un iris qui a démontré des qualités exceptionnelles tout en ayant intéressé assez d’amateurs pour avoir été présent dans un très grand nombre de jardins pendant une longue période. On s'est demandé si une variété non américaine pouvait un jour arriver sur cette haute marche, mais la controverse n'a pas duré longtemps puisque la lecture du règlement a douché les espoirs des obtenteurs non-américains. En effet la Médaille est offerte par la British Iris Society à une variété obtenue sur le sol américain ! L'affaire est entendue...

 Cela fait que la Médaille de Dykes, si elle récompense toujours un iris de grande valeur, ne sera jamais La médaille du champion du monde. A l'heure où des variétés excellentes apparaissent un peu partout, cela fait perdre un peu de son lustre à la US DM, tout en accordant aux variétés américaines une hégémonie qu'elles ne méritent plus forcément. Mais l'on n'est pas près de voir une Worldwide Dykes Medal puisqu'aucune organisation semblable à la course américaine aux honneurs n'existe dans le reste du monde et qu'on ne voit pas comment il serait possible d'en organiser une.

Illustrations :
Les plus inattendus AM accordés en 2008 :

'Tijuana Taxi' (D. Kanarowski, 2014) 


'Cow Patty' (T. Burseen, 2013) 


'Global Crossing' (R. Van Liere, 2011)

22.8.19

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Concours de Munich 2019 

Double succès pour la maison Schreiner :

1) 'Enraptured' (2016) 3eme place cette année à Florence

2) 'Cybergrape' (2016) déjà primé à Moscou en 2018

3) semis M. Herm non encore dénommé

LA DISTRIBUTION DES PRIX

Cette année, ce n'est pas Keith Keppel qui a obtenu la DM ! Mais il s'en est fallu de peu ! Voici les résultats pour les principales récompenses concernant les iris à barbes : 

MDB (Miniature Dwarf Bearded) Carpane-Welch Medal : 'Beetlejuice' (P. Black, 2013)

SDB (Standard Dwarf Bearded) Cook-Douglas Medal : Raspberry Ice (K. Keppel, 2011)

MTB (Miniature Tall Bearded) Williamson-White Medal : 'Gesundheit' (C. Bunnell, 2012)

 IB (Intermediate Bearded) Hans and Jacob Sass Medal : 'Leave the Lihgt On' (R. Probst, 2013)

 BB (Border Bearded) Knowlton Medal : 'My Cher of Happiness' (P. Black,2013)



 TB (Tall Bearded) John C. Wister Medal :
 'Autumn Explosion' (R. Tasco, 2013)
'Daring Deception' (T. Johnson, 2012)
'Insaniac' (T. Johnson, 2012)

 Toutes catégories Dykes Medal :
 'Bottle Rocket' (M. Sutton, 2009)

 la médaille s'est jouée à une voix près ! 'Bottle Rocket' a obtenu 29 votes, ses suivants 'Reckless Abandon' (K. Keppel, 2009) et 'Sharp Dressed Man' (T. Johnson, 2010) en ont reçu 28 !!

 La semaine prochaine nous donnerons un coup d'oeil aux iris sans barbes.

AMOENA FAÇON NÉO-ZÉLANDAISE

On a coutume de dire que le modèle amoena jaune serait une création de Jean Stevens, l'hybrideuse néo-zélandaise bien connue. On parle en particulier avec le respect dû aux choses uniques de 'Pinnacle' (1945), variété largement utilisée en hybridation, un peu partout dans le monde. En réalité 'Pinnacle' ne fut pas le premier des amoenas jaunes, mais le premier obtenu en Nouvelle-Zélande où il a eu plusieurs cousins de semis, lesquels n'ont pas rencontré le même succès auprès des hybrideurs.

'Pinnacle' est le fruit d'un croisement 'Magnolia' X (('Gudrun') x ('Lady Morvyth' x 'Rangatira')) dans lequel l'élément déterminant est le « cluster » 'Lady Morvyth' x 'Rangatira' car on le rencontre dans au moins trois autres amoenas jaunes de Jean Stevens. A commencer par 'Sunlit Peak' (1953) où on le trouve même deux fois, une dans chaque branche de ses origines. L'autre est une rareté pour l'époque, un amoena jaune inversé ! Il s'agit de 'Lemon Light' (1953) où le couple 'Lady Morvyth' x 'Rangatira' apparaît à trois reprises. Il est dommage que les informations concernant 'Lady Morvyth' tout comme 'Rangatira' ne permettent pas d'avoir une idée précise de leur coloris et de leur modèle.

Un autre amoena jaune s'est glissé dans la catalogue de Jean Stevens : 'Mystic Melody'. Celui-là ne provient pas du couple dont on vient de parler mais d'un autre croisement fétiche de l'obtentrice : 'Fair Elaine' x 'Lagos' (1). 'Lagos' (Geoffrey Pilkington, R. 1937) est un TB amoena jaune descendant de 'Député Nomblot' et d'un semis blanc qui n'est pas précisément identifié. 'Fair Elaine' (Sydney B. Mitchell, 1937) est, lui, un amoena jaune de la première génération issu de (Happy Days x California Gold), des jaunes faisant partie des tout premiers iris de cette couleur assez purifiés pour être qualifiés de « jaunes ».

Enfin un une autre variété apparaît dans les antécédents des variétés amoenas jaunes ci-dessus décrites. C'est 'Gudrun' (K. Dykes, 1931) un iris anglais, blanc, marqué de jaune aux épaules, très apprécié dans son pays où il a obtenu une médaille de Dykes dès 1931. 'Gudrun', associée au « cluster » ('Lady Morvyth' x 'Rangatira') constitue finalement l'élément principal des origines des amoenas jaunes néo-zélandais. Cependant d'autres amoenas jaunes, antérieurs à 'Pinnacle', attestaient déjà du modèle dans les années 1930/1940. Ne serais-ce que les deux dont on a déjà parlé : 'Lagos' et 'Fair Elaine'. 'Lagos' a été obtenu et enregistré par l'obtenteur anglais Geoffrey Pilkington (1885/1972) en 1937. Ce personnage, obtenteur amateur d'iris mais surtout industriel demeurant à Liverpool, fut longtemps président de la BIS. 'Fair Elaine' vient de chez Sydney Mitchell (1878/1951), le grand obtenteur californien. Il est apparu lui aussi en 1937. Ces informations démontrent que le modèle amoena jaune n'est pas originaire de Nouvelle -Zélande mais qu'il avait des antécédents tant aux Etats-Unis qu'en Europe. Le mérite de Jean Stevens est d'avoir repéré les aptitudes de 'Lagos' et de 'Fair Elaine' et de les avoir exploités pour obtenir une plante nettement plus évoluée que ses prédécesseurs.

(1) à moins que l'élément ('Gudrun' x seedling) ne cache en fait le croisement (('Gudrun') x ('Lady Morvyth' x 'Rangatira')). Cela fait partie des énigmes de l'iridophilie...

Description des variétés évoquées :

'Pinnacle' (Jean Stevens, R. 1945) TB height 35" Midseason bloom. ('Magnolia') X (('Gudrun') x ('Lady Morvyth' x 'Rangatira')),

'Mystic Melody' (Mrs. W. R. Stevens, R. 1949) TB. Midseason bloom. Color Class-Y6D. ('Fair Elaine' x 'Lagos') X ('Gudrun' x seedling)

'Summit' (Mrs. W. R. Stevens, 1948). TB. Early/midseason bloom. Color Class Y6D. ('Happy Days' x 'California Gold') X ('Lagos' x (('Gudrun' x ('Lady Morvyth' 'Rangatira'))).

'Sunlit Peak' (Jean Stevens, R. 1953) ('Wabash' x (('Lagos' x ('Lady Morvyth' x 'Rangatira'))) X ('Fair Elaine' x (('Snowking' x 'Gudrun') x ('Lady Morvyth' x 'Rangatira'))).

'Fair Elaine' (Sydney B. Mitchell, R. 1937) 'Happy Days' x 'California Gold'

'Lagos' (Geoffrey Pilkington, R. 1937) 'Député Nomblot' x white seedling

'Lemon Light' (Jean Stevens, R. 1953). ('Wabash' x ('Gudrun' x ('Lady Morvyth' x 'Rangatira'))) x ('Inspiration' x ('Lagos' x ('Gudrun' x ('Lady Morvyth' x 'Rangatira')))) X ('Fair Elaine' x ('Lagos' x ('Gudrun' x ('Lady Morvyth' x 'Rangatira))))

'Rangatira' (, 1936) (Jean Stevens, R. 1936) 'Aurelle' x'Mrs. Valerie West .

'Lady Morvyth' (Olive Murrell, R. 1932) 'Romola' x unknown.

Illustrations : 


'Pinnacle' 


'Mystic Melody' 

'Summit' 


'Lagos' 


'Fair Elaine' 

'Gudrun'

16.8.19

ECHOS DU MONDE DES IRIS

DERNIÈRE HEURE 

En américain on parle de "breaking news". Ici ce sera seulement l'information de la semaine, à savoir, l'annonce des médailles de l'année. J'y reviendrai longuement la semaine prochaine. Sachez seulement (si vous ne le savez pas déjà) que l'inestimable Dykes Medal a été attribuée à 'Bottle Rocket' (Michael Sutton, 2009), que voici :

SAGA PLICATA

Chacun s'accorde à dire que le modèle plicata est celui qui a le plus grand avenir dans la recherche de renouvellement des iris de collection. C'est aussi celui qui est apparu le premier il y a maintenant deux siècles, quand a débuté l'hybridation des iris. Une rétrospective de l'évolution du modèle de ses origines à nos jours va nous faire parcourir l'intégralité du monde des iris plicatas. 

VIII – Les sorciers de Salem 

Salem, la Mecque des iris, est le lieux où sont nées les variétés de plicatas les plus jolies et les plus inventives. Avec de grands maîtres comme la famille Schreiner, Paul Black, Thomas Johnson ou Keith Keppel, l'Amérique tient ses sorciers des plicatas.


'Jumping' (Schreiner, 2000) 


'Et Cetera' (P. Black, 2013) 

'Dancing in the Dark' (T. Johnson, 2011)

'Tunnel Vision' (Keppel, 2009)

SPOTS

Ces dernières années plusieurs nouveaux modèles de fleurs sont apparus. Nous avons vu d'abord les iris amoenas inversés, aux pétales colorés surmontant de sépales clairs, puis les iris « distallatas », avec leurs griffures foncées s'éloignant en étoiles au-dessous des barbes, puis les iris plicatas multicolores mis au point par l'équipe Blyth/Keppel, ou les variegatas inversés aux pétales bleutés et aux sépales jaunes. Dernièrement on a vu des variétés aux sépales marqués d'un gros signal sombre sur fond clair ou d'une traînée vivement colorée s'écoulant sous les barbes comme l'eau s'échappant d'une bouche de fontaine. Ce sont les dernières nouveautés. Et comme pour les précédentes, l'émulation entre obtenteurs va certainement faire en sorte qu'elle se multiplieront et trouveront leur place dans de nombreux catalogues.

Le signal sombre sur les sépales, sous les barbes, est un modèle qui existe naturellement chez les iris d'Asie Centrale et leurs hybrides arils. Il leur confère un air exotique très séduisant et il y a longtemps que les obtenteurs souhaitaient le transposer sur les grands iris à barbes, mais jusqu'à présent les tentatives avaient plus ou moins échoué. Certes quelques croisements entre TB et Arils avaient fait apparaître le fameux signal sombre (voir le petit 'Octave' -Johnson, 2008) mais chez les croisements ultérieurs, rajoutant une dose de gènes TB, ce trait distinctif et tant recherché disparaissait immédiatement... Je ne suis pas sûr de l'explication de l'origine de ce phénomène, mais je pense qu'il s'agit d'une question de récessivité.

La « coulée » plus ou moins sombre telle qu'elle apparaît sur 'Inkblot' (Keppel, 2016) est aussi un trait que l'on rencontre sur les arils et arilbreds (voir 'Eastern Dusk' – Ransom, 2010) et qui disparaît comme le précédent dans la descendance de ces variétés étranges. Sans doute pour la même raison. On trouve bien quelque chose qui s'en rapproche sur des variétés récentes, comme 'Good Morning Sunshine' (Johnson, 2014) mais l'origine de cette flamme bleue et bien connue et n'a rien à voir avec un signal typiquement Aril.

En fait les deux signes distinctifs évoqués ci-dessus semblent bien avoir une même origine. Mais comment, alors qu'il semblait impossible de les reproduire sur de purs TB, sont-ils brusquement apparus ? Je ne sais pas si quelqu'un s'est intéressé à ce mystère mais pour ma part j'en vois l'origine dans le travail de Barry Blyth, en Australie. En effet les variétés qui en portent les symptômes ont toutes dans leur pedigree des variétés signées Blyth, et en particulier le fameux 'Decadence'. Mais pourquoi en est-il ainsi ? Un spécialiste de la génétique pourra peut-être un jour l'expliquer...

La première variété qui arbore ce spot miraculeux se nomme 'Horské Oko' (Mego, 2015). Voici son pedigree : (Zlatovlaska x Decadence) X (Natural Blonde x Decadence). D'un côté comme de l'autre 'Decadence' est présent. La tache violacée y est large et couvre jusqu'aux épaules ; elle s'évanouit peu à peu en allant vers les bords.

On trouve à peu près les mêmes dispositions sur 'Brainteaser' (Johnson, 2018) (Seasons in the Sun X Twilight Rhapsody) : la tache violette est un peu moins développée et la couleur de fond un peu plus bleutée, mais il y a beaucoup de ressemblance. Cette fois 'Decadence' ne se situe pas au premier degré, mais au second, dans le pedigree de 'Twilight Rhapsody' (Johnson, 2016).

'Space Signal' (Keppel, 2017) (Destined to Dance X ((Let's Be Brazen x Crowns for Credit sibling) x Just Witchery) possède un air de famille avec les deux précédents. La couleur de fond tend vers un blanc ivoire et le signal est plus étroit, mais d'un violet très proche de celui des deux autres. Cette fois il faut chercher un peu plus loin pour retrouver la présence de 'Decadence', néanmoins elle est là : dans le pedigree de 'Just Witchery' !

Passons à une variété très intéressante : 'Inkblot' (Keppel, 2016) (Silk Road X Foreign Agent). Cette fois les pétales jaune clair surmontent des sépales à base de bleu-gris et liserés du jaune des pétales, mais marqués par une tache bleu vif partant de la pointe des barbes et s'étalant de plus en plus, comme le ferait une chute d'eau, jusqu'au liseré jaune. Quelque chose de jamais vu. L'ascendance 'Decadence' est plus lointaine, mais elle existe : 'Foreign Agent' (Keppel 2016) vient de 'Roaring Twenties' (Keppel, 2008), lequel a pour parents (Poem of Ecstasy X Decadence) !

'Truth or Dare' (Johnson, 2018) (Rogue Trader x (Rules of Love x Decadence)) X Daring Deception est la dernière apparition que je connaisse du modèle « spot ». Et c'est sans doute la plus caractéristique. Le blanc crémeux du fond est nettement taché par un signal franchement brun violacé qui s'inscrit en couronne autour du cœur de la fleur. Il n'y a pas de decrescendo : on passe directement du spot sombre au blanc du sépale. Et il suffit de lire le pedigree pour constater que 'Decadence ' est bien présent, et il se cache également derrière 'Rogue Trader' (Blyth, 2007) et 'Daring Deception' (Johnson, 2013)! C'est une présomption supplémentaire à mettre au compte de 'Decadence' dans la survenance du modèle.

Je suis tenté d'ajouter au panel ci-dessus un iris de Paul Black, 'Fall Fantasy' (2016) (Class Clown X (Cantina x Sweetly Sung)), parce que la tache violacée qui prolonge la barbe va en s'élargissant légèrement sur un fond lavande pâle. Il y a là une certaine ressemblance avec 'Inkblot', en moins contrasté. Mais cette fois, point de 'Decadence' à l'horizon. La seule allusion au travail de Blyth se trouve dans 'Sweetly Sung' (Blyth, 2003), qui descend du célèbre 'Louisa's Song' lequel n'est pas de la même origine... Alors ? Hasard ? Peut-être...

Quoi qu'il en soit on peut se réjouir de découvrir qu'enfin, après des années et des années de tentatives infructueuses, on dispose de variétés superbes dotées de ce spot sombre tellement recherché. Pour l'instant elles sont peu nombreuses, mais on peut aussi être certain que d'autres viendront bientôt enrichir le choix des collectionneurs.

Illustrations : 

'Octave' 

'Eastern Dusk' 


'Horské Oko' 

'Brainteaser' 


'Space Signal' 


'Inkblot' 

'Truth or Dare'

9.8.19

SAGA PLICATA

Chacun s'accorde à dire que le modèle plicata est celui qui a le plus grand avenir dans la recherche de renouvellement des iris de collection. C'est aussi celui qui est apparu le premier il y a maintenant deux siècles, quand a débuté l'hybridation des iris. Une rétrospective de l'évolution du modèle de ses origines à nos jours va nous faire parcourir l'intégralité du monde des iris plicatas. 

VII – Vers de nouveaux progrès 

Si au début des années 1980 les plicatas conservent les formes et les dessins classiques, vers la fin de la décennie de grands progrès se profilent.

'Desert Fox' (Ghio, 1889) 


'Queen in Calico' (Gibson J., 1980) 


'Daredevil' (Keppel, 1988) 


'Wild Jasmine' (Hamner, 1983)