30.3.12

QUI N’A PAS SON ROSE ET BLEU ?


IV. Schreiner and co

Quand on est numéro un dans le monde, peut-on ne pas faire comme les autres et rester à côté d’un modèle qui séduit tout le monde ? Evidemment non. Avec beaucoup de réussite, la grande maison de Salem a proposé ‘Sweet Musette’ (1986), ‘Celebration Song’ (1993), ‘Last Chance’ (1999) ou ‘Bye Bye Love (2005).

ECHOS DU MONDE DES IRIS



Bases de données.

Il existe plusieurs bases de données concernant les iris :
La base Irisregister qui, pour 15 $ l’an, est accessible par tous et donne tous les renseignements sur les variétés enregistrées. Cette base est la copie conforme des Check-Lists de l’AIS. C’est un outil indispensable pour qui veut faire une recherche sur les pedigrees des iris depuis les années 1930. Mais cette base, complète, n’est pas illustrée.
La base Iris Encyclopedia, d’accès libre, ne comprend que les variétés dont les caractéristiques ont été saisies par les contributeurs, à l’inverse elle s’enrichit de photos des variétés saisies, ce qui est un plus indéniable. Cette base serait encore plus intéressante si toutes les variétés saisies étaient en photo, malheureusement il y en a beaucoup (beaucoup trop) qui ne le sont pas. Cette base est donc à la fois incomplète et insuffisamment illustrée. Et s’i n’y a pas d’images, elle fait doublon avec la précédente.

L’idéal serait une base unique où l’on trouverait à la fois les renseignements des Check-Lists et la photo de chaque variété. J’espère qu’on y arrivera bientôt !

UNE ÉTUDE EN BLANC


Pour les iris, le blanc n’est pas une couleur, mais plutôt, si l’on peut dire, une non-couleur. On atteint le blanc quand tous les pigments sont inhibés.
A l’origine c’était presque une anomalie : une forme récessive de Iris pallida voire même de Iris variegata, donc diploïde. Les véritables blancs, plus grands et plus solides, ne sont apparus qu’après l’introduction en Europe des iris tétraploïdes venus du Moyen-Orient. Nos pauvres petits diploïdes ont vite abandonné le terrain !

C’est l’Anglais Sir Michaël Foster qui introduisit les premiers grands iris blancs. Il y a une controverse à ce sujet : Foster lui-même a écrit que ses premiers iris tétraploïdes blancs étaient issus de I. kashmiriana, ce qui est aussi l’avis de l’Américain Robert Sturtevant, mais d’autres, dont W.R. Dykes en personne, affirment que Foster s’est trompé et que l’espèce originelle est en fait I. cypriana. A vrai dire, cela importe peu pour le simple amateur d’iris. Nées de I. kashmiriana ou de I. cypriana, deux variétés ont laissé leur nom dans l’histoire des iris blancs : ‘Miss Wilmott’ (1910) et ‘Kashmir White’ (1912). Le premier est à l’origine de ‘Gudrun’ (Dykes, 1934) qui a obtenu la Médaille de Dykes anglaise en 1931. Cependant c’est essentiellement le second qui s’est acquis la qualification de père fondateur des iris blancs.

Pour « The World of Irises » K. Keppel a établi une « flow chart » (arbre généalogique simplifié) qui note les variétés les plus marquantes issues de ‘Kashmir White’. Pour faire encore plus simple, j’ai résumé ci-dessous le cas des variétés dont on parle encore aujourd’hui et j’ai poursuivi sur la flow chart la liste avec les variétés apparues après la travail de K. Keppel (1978). Au total l’étude s’étale sur quinze générations, et 90 ans !


Première génération
· ‘Argentina’ (W. Mohr, 1923) (Caterina X I. mesopotamica). C’est la base de tous les blancs qui descendent de ‘Kasmir White’.
Deuxième génération
· ‘Wambliska’ (J. Sass, 1930), superbe iris blanc, mais plus important dans l’histoire des iris jaunes que dans celle des blancs.
· ‘Purissima’ (Mohr-Mitchell, 1927). Le premier blanc sans traces jaunes aux épaules ; présent maintenant dans presque tous les blancs.
Troisième génération
· ‘Snow Flurry’ (Rees, 1939) (Purissima X Thaïs). Les qualités des diploïdes associées à celles des tétraploïdes ont donné cet incontournable succès, qui est l’autre voie de passage pour les blancs, avec l’adjonction des ondulations.
Quatrième génération
· ‘Spanish Peaks’ (Loomis, 1946). Un cocktail où l’on a mélangé le blanc de ‘Purissima’ et celui de ‘Gudrun’, ainsi que le bleu de ‘Dominion’ ; le résultat est un blanc absolu, y compris la barbe.
· ‘Celestial Snow’ (Reckamp, 1957). La première génération des enfants de ‘Snow Flurry’.
Cinquième génération
· ‘Swan Ballet’ (Muhlestein, 1953). ‘Spanish Peaks’, ‘Santa Barbara’, ‘Great Lakes’ : que des parents extraordinaires pour cette Dykes Medal de 1959.
· ‘Cliffs of Dover’ (Fay, 1952) (New Snow X Cahokia). Blanc + bleu = blanc. Un blanc à barbes jaunes, archi-classique.
Sixième génération
· ‘Henry Shaw’ (Benson, 1959). Aussi traditionnel que son ascendant ‘Cliffs of Dover’, mais rustique et florifère, des qualités qui n’étaient pas évidentes auparavant.
· ‘Winter Olympics’ (O. Brown, 1963). A fait le détour par ‘Rehobeth’, un fameux bleu, pour provenir de ‘Snow Flurry’, remporter la DM de 1967 et faire le tour du monde.
· ‘Angel Choir’ (Schliefert, 1970). Moins connu par lui-même que par ses enfants comme ‘Bous Lite’ (Sutton G., 1997) ou ‘Heavenly Rapture’ (Schreiner, 1989) indiqués ci-dessous.
· ‘Angel Unawares’ (Terrell, 1970). A la quatrième génération après ‘Snow Flurry’, de même que son cousin ‘Flight of Angels’ (Terrell, 1968).
· ‘Wedding Bouquet’ (Buttrick, 1951). Vient rapidement (3eme génération) de ‘Snow Flurry’ dans une lignée peu productive.
Septième génération
· ‘Angel’s Dream’ (Smith E., 1960). Une carrière discrète pour ce blanc pur qui se situe à la septième génération après ‘Kashmir White’.
· ‘Arctic Fury’ (Benson, 1964). Fils de ‘Heny Shaw’, d’une génération qui ne possède pas de variété vraiment marquante, mais en précède une autre, plus intéressante.
· ‘Jill Rosalind’ (Dodsworth, 1976) a obtenu la BDM en 1981.
· ‘Bonus Lite’ (Sutton G., 1997). Descend aussi de ‘Skating Party’.
· ‘Heavenly Rapture’ (Schreiner, 1989). D’un blanc un peu bleuté.
· ‘Geometrics’ (DuBose, 1975). N’a pas fait beaucoup parler de lui, mais ses enfants, oui !
Huitième génération
· ‘Madeira Belle’ (Quadros, 1970). Fils de ‘Angel’s Dream’. On aborde les temps modernes avec cette variété mondialement appréciée.
· ‘Cup Race’ (Buttrick, 1963). De ‘Purissima’, par la moins spectaculaire de ses lignées. Mais une variété partout très appréciée.
· ‘Bonus Mama’ (Hager, 1990) ((Ice Sculpture x Geometrics) X I Do). Association de trois lignées de blancs, dont une donnant des iris remontants.
· ‘Leda’s Lover’ (Hager, 1980) (sib bleu de Geometrics X Ice Sculpture). Un « must » parmi les blancs, universellement connu et apprécié.
Neuvième génération
· ‘Emmanuel’ (Boushay, 1978) ((Henry Shaw x Winter Olympics) X Madeira Belle) ; triplement blanc !
· ‘Missy Yorktowne’ (Innerst, 1984) (Lemon Mist X Madeira Belle) n’a eu qu’un instant de gloire : le jour où il a obtenu le Florin d’Or à Florence en 1987.
· ‘Lunar Whitewash’ (Innerst, 2003) ((Bonus Mama x Twice Delightful) X semis). Par qui les blancs de ‘Kashmir White’ sont devenus d’excellents remontants.
· ‘Enchanteur Merlin’ (Laporte, 2004) (Sky Hooks X Leda's Lover). Parce qu’il fallait bien qu’un petit français s’invite à la fête !
Dixième génération
· ‘Skier’s Delight’ (Schreiner, 1982) un des meilleurs blancs modernes.
· ‘Wedding Vow’ (Ghio, 1972). Ce descendant de ‘Miriam Steel’ et, bien plus tôt, de ‘Purissima’ a parcouru 10 générations en 45 ans seulement.
Onzième génération
· ‘Pray for Peace’ (Plough, 1982) (Carrara Marble X Wedding Vow). Dans une génération où l’on ne trouve pas grand chose de remarquable, cette variété unit deux blancs de deux générations éloignées : ‘Carrara Marble’ est de la 6eme et ‘Wedding Vow’ de la 10eme.
Douzième génération
· ‘Social Whirl’ (Ghio, 1974). D’une autre génération « creuse ». Un excellent parent.
Treizième génération
· ‘Bubbly Mood’ (Ghio, 1984) (Social Whirl X Ruffled Ballet). Un blanc superbe, pas assez répandu.
· ‘Fine China’ (Gatty, 1986) (Social Whirl X Dream Affair). Physiquement très voisin du précédent, son cousin, mais doté d’une descendance plus intéressante.
Quatorzième génération
· ‘Christmas’ (Gatty, 1991). Une splendeur en blanc pur.
Quinzième génération
· ‘Arctic Express’ (Gatty, 1995) (Christmas X Ocean Pacific). Digne fils du précédent : tout aussi ondulé et immaculé.

Ces 90 ans ont vu s’accomplir un travail énorme au cours duquel les iris blancs ont acquis toutes les qualités que l’on recherche : rusticité, floribondité, ondulations, frisures, remontance… Mais cette étude des iris blancs pourrait être faite également pour toutes les autres couleurs, cependant celle-ci suffit à faire apprécier tout le chemin parcouru.

23.3.12

QUI N’A PAS SON ROSE ET BLEU ?





III. Joseph Ghio


L’artiste californien n’est pas en reste. Il s’est mis à fabriquer des bicolores rose et bleu et a forcément réussi. Témoin ses ‘Boudoir’ (1997), ‘Genuflect’ (2000), Bowled Over (2004) ou ‘Photogenic’ (2005). Qui a fait mieux ?

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Au croisement

Vous recherchez un blog qui sort de l’ordinaire ? Allez faire un tour vers celui de Jérôme Boulon, le Président de la SFIB. On y parle d’iris, parfois, mais aussi de bien d’autres choses qui dénotent la personnalité attachante de leur auteur. C’est chargé d’humanité et de poésie. Comme on dit sur Facebook : j’aime.


http://aucroisement.blogspot.fr

LES BLEUS DE RANGOUX


Il y a sept ans, ma belle-fille (ou ma bru, comme vous voulez) a eu l’idée de créer en limite de son jardin, une longue bordure d’iris qu’elle souhaitait de couleur bleue. J’ai donc réfléchi à lui installer cette bordure à base des iris de ma propre collection. Le jardin en question est situé en Auvergne, dans le parc du Livradois, à l’est de la ville d’Issoire, à une altitude proche de 800 m. Il se trouve sur la crête d’une colline qui descend en pente plutôt raide vers un petit ruisseau, le Rangoux, qui s’écoule dans une vallée encaissée, bordée de bois profonds, et tapissée de prairies où pousse, au printemps, une quantité de gracieuses jonquilles.

Le jardin lui-même, juste au bord de la crête, est exposé au midi et largement ensoleillé. C’est un endroit idéal pour faire pousser des iris, d’autant que la terre y est profonde et riche.

J’ai donc retourné le terrain sur toute la longueur de la bordure, une quarantaine de mètres, et sur une largeur de moins d’un mètre. Pour parfaire le travail et m’assurer que l’eau de pluie ne stagnerait pas au pied des plantations, j’ai été, un peu plus bas sur le flan de la vallée, chercher du limon un peu sablonneux, déposé là par les eaux de ruissellement. Remonter les brouettées n’a pas été une opération de tout repos ! Mais j’ai disposé d’un magnifique mulon où mes iris ont trouvé agréablement leur place. Ils se sont tellement plus que tous ont repris et que dès le printemps suivant il y a eu une riche floraison qui a surpris tout le monde et attiré les visiteurs du voisinage.

Il fallait donc des iris bleus. Soit. Une cinquantaine de variétés différentes. Du bleu le plus pâle (et même du blanc à barbes bleues) au bleu-noir d’encre. Je les ai disposé en m’efforçant de réalisé un dégradé de teinte, commençant à un bout par des fleurs foncées, situant les très clairs au milieu, et revenant au plus foncé vers l’autre extrémité de la bordure.

Les variétés retenues sont :
‘Aldo Ratti’ (Bianco, 1998) ‘Alizés’ (Cayeux, 1991)
‘Altruist’ (Schreiner, 1987) ‘Annabel Jane’ (Dodsworth, 1974) ‘Aygade’ (Fedoroff, 1976) ‘Azzurra’ (Bianco, 1994)
‘Babbling Brook’ ‘Keppel, 1969) ‘Bar de Nuit’ (Anfosso P., 1987)
‘Black-out’ (Luihn, 1986) ‘Blenheim Royal’(Schreiner,1990)
‘Breakers’ (Schreiner, 1986) ‘Bye Bye Blues’ (Sutton G., 1996)
‘Calamité’ (Anfosso P., 1982) ‘City Lights’ (Dunn M., 1991)
‘Claude Louis Gayrard’ (Ransom, 1996) ‘Crystal Cathedral’ (Hager, 1984)
‘Darkside’ (Schreiner, 1985) ‘Delta Blues’ (Schreiner, 1994)
‘Douce France’ (Anfosso P., 1988) ‘Drevni Rim’ (Loktev, 1995)
‘Duranus’ (Anfosso L., 1987) ‘Dusky Challenger’ (Schreiner,86)
‘Falbala’ (Cayeux J., 1978) ‘Fancy Fellow’ (Babson, 1984)
‘Five Star Admiral’ (Marsh, 1974) ‘Flair’ (Gatty, 1976)
‘Honky Tonk Blues’ (Schreiner, 1988) ‘Horizon Bleu’ (Cayeux J., 1982)
‘In Reverse’ (Gatty, 1993) ‘Jaroslav Jesek’ (Seidl, 1996)
‘Jean Hoffmeister’ (Gatty, 1982) ‘Last Hurrah’ (Schreiner, 1983)
‘Memphis Blues’(Schreiner, 1987) ‘Matinata’ (Schreiner, 1968)
‘Mer du Sud’ (Cayeux R., 1997) ‘Modernaire’ (Luihn, 1974)
‘Mystique’ (Ghio, 1975) ‘Navajo Jewel’ (Weiler, 1984)
‘Ouragan’ (Cayeux R., 1996) ‘Piu Blu’ (Bianco, ca. 1990)
‘Regent’s Row’ (Denney, 1979) ‘Sapphire Hills’ (Schreiner, 1971)
‘Shipshape’ (Babson, 1969) ‘Silverado’ (Schreiner, 1987)
‘Sky Falls’ (Muska, 1995) ‘Stellar Lights’ (Aitken, 1985)
‘Swirling Seas’ (Gatty, 1984) ‘Temptone’ (Grosvenor, 1993)
‘Trapel’ (Ségui, 1982) ‘Tuxedo’ (Schreiner, 1965)
‘Vechernye Platye’ (Volfovitch, 1997) ‘Victoria Falls’ (Schreiner, 1977)
‘Witches’ Sabbath’ (Maryott, 1986) ‘Yaquina Blue’ (Schreiner, 1992)

Aujourd’hui cet assortiment peut sembler un peu vieilli, mais au moment de la création de la bordure, les variétés retenues étaient encore, pour la plupart, récentes. Et d’ailleurs, maintenant, l’effet magique de tous ces bleus différents est encore bluffant et attire toujours des visiteurs qui montent jusque là-haut pour admirer. Cette célébrité régionale vaut bien qu’on lui consacre une chronique !

16.3.12

QUI N’A PAS SON ROSE ET BLEU ?





II. Keith Keppel

Celui que tout le monde des iris considère comme le « Pape » de son domaine n’a pas manqué de rechercher lui aussi des variétés bleu et rose. Il y est venu tard, mais comme d’habitude il est tout de suite au sommet. En 2005 ‘Florentine Silk’ a impressionné. Deux ans plus tard ‘Blowing Kisses’, Gitano’ et ‘Venita Faye’ sont venus confirmer sa grande maîtrise.

ECHOS DU MONDE DES IRIS

!, ou pas !

Ce titre insolite concerne la présence de signes de ponctuation dans les noms de variétés.
La semaine dernière j’ai publié la photo d’un iris obtenu par Loïc Tasquier, et j’ai indiqué sur la photo le nom de cet iris sous la forme « Beat Beat Drums » . Fallait-il que je l’écrive « Beat ! Beat ! Drums ! » comme le souhaite Loïc Tasquier ? La règle, à ce sujet, n’est pas sans ambiguïté. Elle dit que sont interdits : « Les noms, incluant des symboles, des nombres, des signes de ponctuation non essentiels, ou des abréviations. » Qu’entend- on par « signes de ponctuation non-essentiels » ? A mon avis, ce sont des signes qui peuvent être absents, sans que cela nuise au sens du nom ou à sa compréhension. En l’occurrence, l’absence de ! ne nuit pas à la compréhension du nom, mais celui-ci fait allusion à un poème de Walt Whitman, poète américain du 19eme siècle, qui est écrit avec les points d’exclamation. La présence de ceux-ci fait donc intimement partie du texte cité et peut donc être considérée comme « essentielle ». Je considère donc que Loïc Tasquier a eu parfaitement raison de me faire remarquer que j’avais omis ces fameux points d’exclamation. Et je le remercie de m’avoir conduit à réfléchir sur une disposition du Code de Nomenclature Variétale à propos de laquelle on n’a pas souvent à se poser de questions.

OU L’ON FAIT LA CONNAISSANCE DE LA NOMBREUSE FAMILLE DE ‘APRIL MELODY’





Celui qui voudrait connaître les origines de ‘April Melody’ (J. Gibson, 1967) sera forcément déçu, et même Keith Keppel, qui est le détenteur des carnets de Jim Gibson, ne peut que très partiellement nous renseigner bien qu’il ait été l’un des plus ardents utilisateurs de cette variété dans son travail d’hybrideur. Je lui ai posé la question et il m’a rapidement et très aimablement dit tout ce qu’il savait. Je résume :

Côté masculin, la seule variété qui soit identifiée est ‘New Adventure’ (Muhlestein, 1953) dont Keppel écrit que c’est « un plicata sur fond blanc marqué de rose violacé avec une très proéminente barbe mandarine. Les fleurs sont un peu petites par rapport à la taille et n’ont pas une forme parfaite, mais il pousse bien et est richement coloré. Il provient d’un petit plicata à barbes mandarine issu de ‘Pink Formal’, d’une part, et d’un semis de ‘Sea Shell’ d’autre part. »

Côté féminin c’est aussi un descendant de plicatas sur fond blanc à barbes mandarine, où l’on retrouve ‘New Adventure’ associé à des semis où interviennent ‘Taholah’, ‘Ballerina’ et ‘Happy Birthday’ (1). Le côté plicata est assuré par ‘Taholah’ et le côté rose à barbes mandarine par les variétés de David Hall.

Les amateurs de plicatas seront ravis de faire la connaissance de ‘April Melody’ qui est une des variétés les plus jolies qu’on puisse trouver dans les fraîches couleurs de rose bleuté. Les pétales sont d’un délicieux rose tendre, les sépales blancs sont cernés d’un plumetis de mauve améthyste, et les barbes mandarine réveillent l’ensemble. La fleur dans son ensemble est joliment formée, ondulée et frisée. Le destin dans la filière des honneurs d’une telle plante aurait du être de tout premier ordre, mais il s’est, curieusement, arrêté au premier niveau, celui des Honorables Mentions : Il arrive que les juges commettent des erreurs d’appréciation.
En tout cas Keith Keppel, lui, ne s’est pas trompé, et l’usage qu’il a fait de ‘April Melody’ démontre quelle estime il a eu pour cet iris.

Cet ‘April Melody’ a maintes fois été utilisé par Gibson lui même pour tout un pan de son travail sur les plicatas. En ont résulté des plicatas « roses » excellents, comme ‘Casino Queen’ (1971) et son frère de semis ‘Mod Mode’ (1971). Le glaciata ‘Summer Silk’, en jaune clair, est un autre frère de semis des deux précédents, de même que le gracieux ‘Porta Villa’ (1975). A part cela, ‘April Melody’ a surtout fait partie du panel de base de Keppel. Il a pour compagnons dans l’aventure ‘Irma Melrose’ (DeForest, 1955), ‘Rococo’ (Schreiner, 1959), ‘Tea Apron’ (Sass, 1960) et ‘Osage Buff’ (Gibson, 1973). Dans tous les cas les pedigrees sont d’une évidente complexité.

Au début, il y a eu ‘Mistress’ (1978), tout piqueté de vieux rose ; ‘Goddess’ (1981), au pedigree très voisin, mais au résultat radicalement différent puisqu’on est devant un glaciata, sans trace, donc, de pigments anthocyaniques ; ‘Generosity’ (1979), lui aussi, en crème, et privé des traits habituels des plicatas ; ‘Pink Froth’ (1985), plus traditionnel, en plicata mauve rosé ; ‘Broadway’ (1979), surtout, connu partout pour ses riches dessins variegata-plicata.

La série suivante est celle de ‘Theatre’ (1981), en robe mauve, universellement connu ; et de ‘Gigolo’ (1982), non moins célèbre, mais en amarante sur fond rose. En 1988 ‘Daredevil’ témoigne d’une nouvelle évolution et fait réapparaître les barbes mandarine.

Encore quelques année et nous constatons une évolution vers plus de sophistication, avec ‘Foreign Accent’ (1991), intensification des couleurs de ‘Gigolo’, et toute la série des luminatas où nous trouvons ‘Flights of Fancy’ (1993), ‘Mind Reader’ (1994), ‘Spirit World’ et ‘Fancy Woman’ (1995). Enfin ‘Moonlit Water’ (2005) complète le tableau. De toute cette génération, c’est ‘Fancy Woman’ qui a eu le plus beau parcours, en ratant de peu la Dykes Medal en 2003.

Et jusqu’à présent nous nous limitons aux descendants directs de ‘April Melody’. Si nous ajoutons les générations suivantes, nous verrons que ‘Goddess’, ‘Broadway’, ‘Theatre’, ‘Gigolo’ et les luminatas ont eu une foule de descendants. Dès maintenant, nous pouvons dire que ‘April Melody’ fait véritablement partie des pierres angulaires de l’hybridation des plicatas au même titre que les anciens comme ‘Sacramento’.


(1) ‘Taholah’ = (J. Gibson, 1956)
‘Ballerina’ = (D. Hall ; 1950)
‘Happy Birthday’ = (D. Hall, 1952)

9.3.12

QUI N’A PAS SON ROSE ET BLEU ?

Nouveau feuilleton :

A plusieurs reprises j’ai regretté ici les conséquences de l’effet de mode qui veut que chaque hybrideur obtienne ce qu’un confrère a déjà obtenu et qui a eu du succès. Il existe cependant des modes qui durent, de sorte que les variétés qui les représentent finissent par faire partie des classiques. C’est le cas pour les iris à pétales bleus et à sépales roses. Pendant quelques semaines nous allons faire leur connaissance.

I. Melba Hamblen




Si l’on devait trouver une origine à ces variétés, on pourrait la situer chez Melba Hamblen, dans l’Utah. ‘Touché’ (1969) peut être considéré comme le point de départ. D’autres beautés sont venues par la suite compléter ou améliorer le produit. Comme ‘Karen’ (1983), ‘Adventuress’ 1985) ou ‘Pink Sapphire’ (1992).

ECHOS DU MONDE DES IRIS



Enregistrements 2011
Les renseignements fournis la semaine dernière à ce sujet étaient incomplets. Voici la suite !
Des Pays-Bas sont venus trois iris franco-néerlandais, obtenus par Loïc Tasquier : 2 IB et 1 SDB qui est ici photographié.
1 IB, 1 SDB et 1 MDB, obtenus par M. Bersillon complètent le tableau.
Au total, donc, 49 variétés représentant 6 catégories. Bel éclectisme !


A la conquête de l’Amérique
Pour un hybrideur européen, il est très difficile de se faire connaître aux Etats-Unis. La famille Anfosso, en son temps avait réussi à se faire connaître et apprécier, mais elle n’y avait pas de distributeur attitré. C’est également le cas pour Cayeux S.A.. Cela change pour Michèle Bersillon qui s’est attaché les services de deux pépinières sérieuses : Stout Gardens at Dancing Tree, et Rockytop Gardens, qui ont introduit quatre de ses obtentions.
Cette entrée dans le monde fermée des variétés pouvant concourir aux compétitions honorifiques est une première. Espérons que cela ne passera pas inaperçu des juges.

TRANSSIBÉRIENS





Les iris de Sibérie se prêtent remarquablement aux croisements interspécifiques, et beaucoup de leurs hybrides sont des plantes de jardin intéressantes, même si, le plus souvent, elles sont stériles. Cet inconvénient est rédhibitoire aux yeux de ceux dont le plaisir consiste à effectuer de nouveaux croisements ou à obtenir de nouvelles couleurs, mais il n’en est pas uns quand il s’agit simplement d’ajouter une nouvelle plante dans un jardin. Le polonais Lech Komarnicki, qui vit dans le nord-ouest de la Pologne, dans une région marécageuse et particulièrement froide l’hiver, a trouvé dans les croisements à base d’iris de Sibérie (I. sibirica) un domaine de recherche amusant et beaucoup plus gratifiant que celui des iris de jardin, qui sont fréquemment détruits par le froid, chez lui. Dans un opuscule sur les iris sans barbes qu’il a publié il y a quelques temps, il a fait le point sur son travail d’hybrideur. Il a apporté récemment quelques modifications à son ouvrage pour tenir compte de ses dernières expériences. Voici quelques-unes de ses remarques.

Les croisements entre sibiricae et versicolor constituent ce que l’on appelle les Sibcolor.

Voici ce qu’en écrit Lech Komarnicki : « C’est un groupe d’hybrides qui intéresse de plus en plus les obtenteurs.
Des hybrides de ce type sont apparus spontanément en Allemagne au cours des années 80, et peuvent forcément apparaître dans n’importe quel jardin où poussent côte à côte des iris de Sibérie tétraploïdes et des I.versicolor. Le premier cultivar de ce type, dénommé ‘Neidenstein’, a été enregistré en 1985 par A. Winklemann. En 1992 le même obtenteur a enregistré trois autres cultivars obtenus par pollinisation naturelle du précédent et le premier cultivar du type sibcolor ¾-1/4 issu d’un iris de Sibérie tétraploïde pollinisé par ‘Neidenstein’. En l’année 2000 quelques semis du type sibcolor, toujours obtenus par pollinisation naturelle, ont fleuri dans le jardin de Mary Betts, aux Etats-Unis. Deux d’entre eux ont été enregistrés… Mrs. Betts les a ensuite croisés avec I. versicolor obtenant un sibcolor ¼-3/4. Il semble que l’un des semis soit fertile.

Dans les années 90 les sibcolors ont retenu l’attention de Tomas Tamberg(1) qui pensait que ce type de croisement avait de grandes possibilités. Il a enregistré deux cultivars : ‘Berlin Network’ (2000) et ‘Tango Music’ (2006). Mais deux sibcolors croisés entre eux ont donné des semis qui n’ont pas satisfait leur hybrideur. »

Les sibcolors ont des feuilles qui sont jaune clair au printemps, et ne prennent une teinte verte qu’après la période de floraison. Komarnicki a obtenu lui-même des cultivars d’une très belle couleur rouge-vin, dans plusieurs teintes. La plupart du temps ils sont stériles, mais il arrive qu’ils soient fertiles, cependant leurs semis ne présentent, paraît-il, pas d’intérêt.

Un autre groupe d’hybrides très attrayants est le fruit du croisement (sibiricae X I. setosa). On les appelle Sibtosa.

Lech Komarnicki écrit ceci : « C’est Amos Perry(2) qui, le premier, a effectué le croisement de ces deux espèces, dans les années 20 du XXeme siècle, puis vint ensuite, dans les années 30, le travail de Marc Simonet. En 1979 le cultivar ‘Stilles Wasser’, qui est né par hasard d’une pollinisation naturelle, a été enregistré par E. Berlin. Dans les années 80, Tomas Tamberg a commencé sérieusement le travail sur ces hybrides, et, réalisant leur grand intérêt pour le jardin, a enregistré quelques cultivars. D’autres hybrideurs l’ont suivi et on a commencé à trouver ces sortes de cultivars dans les Check-Lists. Tamberg a réussi aussi à convertir des sibtosas à la tétraploïdie. Au contraire des diploïdes, qui sont naturellement stériles, les tétraploïdes sont fertiles. Cette fertilité permet d’envisager d’obtenir de nouvelles générations et de constituer des lignées d’hybridation. L’existence d’iris de Sibérie tétraploïdes et de tétra-clones d’ I. setosa permet l’obtention de tétra-sibtosas par simples croisements, sans utiliser le traitement par la colchicine, ce qui ouvre de nouvelles possibilités. (…)

Un sibtosa, qu’il soit diploïde ou tétraploïde, est intermédiaire entre les deux espèces d’origine, et combine d’habitude leurs meilleurs traits. Des tiges aussi hautes que celles des iris de Sibérie, plus hautes même, branchues, avec de nombreux boutons. De grosses fleurs avec des pétales plus petits. Un choix de coloris déjà large, mais qu devrait encore s’élargir dans l’avenir. Les plantes, vigoureuses, nécessitent pas mal d’eau, et peuvent pousser aussi bien en massif, en bassin artificiel, et même dans une eau peu profonde. »

On est donc, dans ce cas, en présence d’une véritable plante d’avenir.

On peut re-croiser cet hybride entre sibirica et setosa avec I. versicolor. On obtient alors un Sibtocolor. L’expérience est récente, mais prometteuse. Komarnicki précise à leur sujet : « Jusqu’à présent quatre semis ont fleuri – pour la première fois en 2006. Les plantes sont grandes et décoratives, avec des tiges de plus de 1m,30 portant de cinq à sept grosses fleurs. Les couleurs obtenues jusqu’à présent varient du rouge sombre au bleu intense. Ce sont des plantes très vigoureuses qui exigent beaucoup d’eau et poussent très bien dans une mare artificielle.

Les sibtocolors sont stériles, bien entendu. A l’heure actuelle deux cultivars ont été enregistrés. »

Les trois hybrides interspécifiques décrits ci-dessus forment l’ossature d’une recherche qui laisse apparaître des possibilités immenses. De quoi occuper les hybrideurs pendant de nombreuses années !

(1) Hybrideur allemand spécialiste des iris sans barbes.
(2) Hybrideur britannique (1871/1913).

Iconographie :


Sibcolor : ‘Wojewoda’(Komarnicki, 2004)
Sibcolor : une touffe en fleur
Sibtosa : ‘Usmiech Afrodyty’(Komarnicki, 2008)
Sibtocolor : ‘Stong Personnality’ (Komarnicki, 2005)

2.3.12

LA FLEUR DU MOIS





‘OKAVANGO’

On reproche parfois à Ladislav Muska, l’obtenteur Slovaque, de n’avoir pas été assez sélectif et d’avoir enregistré de trop nombreuses variétés. Il est vrai que certaines de ses obtentions ne méritaient pas vraiment d’être retenues. Mais il en est d’autres, qui sont vraiment des réussites. ‘Okavango’ (Muska, 1994) fait partie de celles-là. Mon opinion s’appuie tout d’abord sur la qualité de la plante. Cet iris est arrivé chez moi en 1997 et depuis ce moment il a régulièrement fleuri chaque année, se développant normalement et ne montrant jamais aucune trace d’atteinte de maladies. Il est d’une taille plutôt élevée (95 cm en moyenne) et présente en général trois branches par hampe florale. Si je devais le noter sur ce chapitre je lui donnerais un peu plus que la moyenne. Si l’on se place au plan de la fleur, l’appréciation sera nettement favorable : un coloris original, une fleur bien formée, de bonne taille, ondulée et généreusement dentelée. La photo ci-jointe lui rend justice.

‘Okavango’ est le fruit d’un croisement entre ‘Tomorrow’s Child’ (Blyth B., 1984) et ‘Lady Madonna’ (Schreiner, 1984).

Le premier est bien connu chez nous. Sans être particulièrement original son coloris, bien net et vif, est intéressant et sa floraison abondante en fait un agrément du jardin. Il tient ces qualités en grande partie à ‘Sostenique’ (Blyth B., 1975), et son autre ancêtre, ‘Latin Tempo’ (Blyth B., 1974), a contribué à son coloris. Son géniteur ‘Lady Madonna’ n’a pas eu le même succès commercial en France et il me semble qu’il n’est jamais apparu sur notre marché. Par ailleurs il n’a eu qu’une courte vie dans le catalogue de son obtenteur. C’est pourtant une variété relativement importante, souvent utilisée par Ladislav Muska, mais aussi par d’autres hybrideurs comme Schreiner, bien sûr, Kasperek, Cadd et le Slovène Izidor Golob. Ce qui est recherché, c’est l’abondance et la densité des dentelures qui la caractérisent. Ces agréments se trouvent déjà à la génération précédente chez ‘Fabulous Frills’. Sur ‘Okavango’ ils sont particulièrement présents et ils font tout le charme de cet iris.

Il n’y a que Muska lui-même qui ait utilisé ‘Okavango’ dans ses croisements. ‘Erebuni’, de 1998 et ‘Corso’, de 1997 en sont des descendants. Ce dernier, qui a la même coloration, en est une agréable amélioration.

On ne peut pas dire que ‘Okavango’ soit l’iris du siècle, mais tel qu’il est, il est agréable à voir, d’une réjouissante vigueur et fidèle au jardin. Cela suffit bien pour que je l’apprécie et que je lui consacre cette petite chronique mensuelle où se rencontrent mes iris favoris.

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Enregistrements français 2011




Quarante deux nouveaux iris ont été enregistrés en 2011 par les obtenteurs français. La part belle est faite aux grands TB puisqu’ils sont au nombre de 32 sur le total de 42. Les 10 suivants sont 3 spurias et surtout sept AB.

Les 32 TB proviennent de neuf hybrideurs parmi lesquels deux débutants, et deux professionnels. C’est très encourageant de voir combien chaque année, maintenant, des amateurs qui n’hésitent pas à enregistrer leurs semis. Pour que le tableau soit parfait, il ne manque plus qu’une sorte de compétition où toutes ces nouvelles variétés pourraient être soumises à l’appréciations de juges. Cela permettrait aux amateurs comme aux professionnels de se faire une idée du niveau et de la compétitivité des nouveautés. Les professionnels pourraient faire leur marché en vue de ré-alimenter leurs catalogues. Les obtenteurs aux-mêmes, en comparant leurs œuvres, verraient en quels domaines ils peuvent progresser.

Il faut tirer un coup de chapeau à Lawrence Ransom qui continue de sortir des sentiers battus en proposant des plantes remarquables bien que peu commerciales comme les AB.

Le pavé jaune

Je viens de recevoir la « Check-List 2009 ». C’est un très gros volume de 781 pages au format 18.5 x 26 (les précédentes étaient au format 16 x 23.5). La typographie est encore plus claire et aérée. Bref, c’est un gros dictionnaire très agréable à manier. Le prix en est de 57 €, ce qui n’est pas spécialement élevé pour un ouvrage de cette importance.

A titre de curiosité, j’ai comparé le « poids » des différentes « check-lists » en ma possession :
1949 = 262 pages ;
1959 = 265 ;
1969 = 252 ;
1979 = 370 ;
1989 = 398 ;
1979 = 549 ;
2009 = 781.

Comme l’univers, le monde des iris est en constante expansion !

DENTELLE 2012




Lowell Baumunk est un hybrideur américain qui fait peu à peu son trou dans le domaine qu’il a choisi. Il a enregistré ses premières réalisations en 1998 et depuis, sans inonder le marché, il propose chaque année quelques variétés très intéressantes, dans un peu toutes les catégories. Il s’est fait remarquer ici, en France, en 2006 quand il est entré en conflit avec Lawrence Ransom à propos du nom d’une de ses variétés, le TB qui maintenant s’appelle ‘Queen Eleanor of Aquitaine’, mais qui au début avait reçu le nom de ‘Eleanor of Aquitaine’ ce qui portait à confusion avec l’IB de L. Ransom ‘Alienor d’Aquitaine’. Une controverse s’était développée sur la question de la traduction en américain des noms donnés aux iris dans d’autres langues, et j’y avais pris part en soutenant L. Ransom et en tentant de faire adopter par le board de l’AIS une règle d’évidence : lors de l’enregistrement, une traduction en américain de tout nom donné à un iris doit être fournie par l’obtenteur, afin d’éviter tous abus et toutes confusions. Mais je n’ai pas été entendu et l’on continue à trouver dans bientôt toutes les langues de la terre des noms qui signifient la même chose. Comme si un nom n’était que l’addition d’un certain nombre de lettres, sans que cette addition ait le moindre sens !

Mais mon propos d’aujourd’hui n’a pas trait à ce problème.

A la fin de l’année 2011, Lowell Baumunk a mis sur le net les photos des iris qu’il envisage d’enregistrer dans les prochaines années. Dans cette vingtaine de clichés j’ai remarqué ceux de quelques remarquables frères de semis. Ce semis s’écrit (Lotus Land X Queen of Angels). Ce qui caractérise les trois frères photographiés, c’est l’abondance des fines crêpelures qui agrémentent les bords des pétales et des sépales. Cette avalanche de dentelle n’est pas étonnante quand on sait que l’un et l’autre des parents en sont largement pourvus. Surtout ‘Queen of Angels’ (Schreiner, 1995) au pedigree duquel apparaît un iris déjà vigoureusement dentelé, ‘Visual Arts’ (Schreiner, 1982). Cette variété est elle-même descendante de ‘Fabulous Frills’ (Schreiner, 1976) dont le nom dit assez la richesse en frisottis. D’ailleurs, si l’on continue de remonter la parenté, on arrive à ‘Grand Waltz’ (Schreiner, 1970), déjà porteur de bords dentelés, puis à ‘Crinkled Beauty’ (Schreiner, 1956) chez qui, sans atteindre la densité qu’on trouve plus tard, est déjà un iris à dentelle. Ce ‘Crinkled Beauty’ est un fils de ‘Crinkled Ribbon’ (Schreiner, 1956), un iris rose mêlé de jaune, qui est lui-même issu de ce qui s’est faisait de mieux dans les années 40/50 en matière de dentelle : ‘Pathfinder’ (Whiting, 1946) et ‘Rose Splendor’ (Kleinsorge, 1947). Le semis de Baumunk a donc de qui tenir ! D’autant plus que ‘Lotus Land’ (Keppel, 1999), sans atteindre le même degré que son partenaire, est aussi un iris dont les bords sont bien crêpelés grâce à plusieurs de ses parents, dont ‘Bubble Up’ (Ghio, 1988) et ‘Social Event’ (Keppel, 1991), tous les deux roses comme leur descendant, qui portent déjà les fameuses bordures déchiquetées.

Il n’y a guère de mystères dans le monde des iris. Quand on est en présence d’une apparence caractéristique comme celle des semis de Lowell Baumunk, il est généralement facile de découvrir à quelles racines se rattachent les traits observés. En l’occurrence, si l’on établit le pedigree développé, on découvre, quelques 70 ans auparavant, les bords dentelés qui ont fait le renom de Chantilly (Hall, 1940) et de ‘Matula’ (H. Sass, 1939). En quelque sorte la boucle est bouclée. Il ne reste plus qu’à apprécier les rejetons d’aujourd’hui de ces variétés fondamentales.