27.8.22

EN DESCENDANT DANS MON JARDIN

L'offre Schreiner 2022 

 En feuilletant le catalogue de la Maison Schreiner on est certain de trouver ce qui se fait de mieux en matière d'iris, de plus classique aussi. Car cette illustre entreprise, qui fut longtemps la référence absolue, a depuis longtemps renoncé à créer des variétés sortant de l'ordinaire, privilégiant plutôt des produits classiques, capables de satisfaire une clientèle traditionnelle. Cela na veut pas dire qu'il ne se passe rien dans le catalogue Schreiner, mais plutôt que les variétés présentées sont des plantes impeccables, ayant toutes les qualités horticoles possibles, de tout repos, pour un public qui craint l'innovation et redoute la fantaisie. Cette politique certainement fructueuse en terme de ventes, a éloigné l'entreprise de l'appréciation des juges dans la course aux honneurs, et même dans les compétitions ponctuelles. Pendant de longues années il n'y a plus eu d'iris Schreiner à triompher. Mais depuis quatre ou cinq ans, on voit de nouveau le nom de Shreiner dans les palmarès. Schreiner, c'est essentiellement des grands iris de jardin (TB), et dans cette catégorie on trouve, en 2015, 'Blueberry Parfait' (2009) à la 5eme place du tableau d'honneur de la Wister Medal ; en 2016 , dans la même compétition, 'Black is Black' (2010) est à la 4eme place, puis à la 3eme en 2017. En 2019 c'est au tour de 'Rio Rojo' (2009) d'apparaître dans ce classement avant que 'Coal Seams' (2013) ne pointe son nez en 2020/21 et en 2022. A Florence, où les Schreiner réussissent plutôt bien, on trouve : 
 en 2017 'Spirit Rider' (2013), Florin d'or, puis 'Care to Dance' (2013) et 'I Pink I Can' (2013) aux places d'honneur ; 
en 2019 'Enraptured' (2016), 3eme 
en 2021 'Cloud Dweller' (2018), 3eme, et 'Just the Ticket' (2018), 10eme... 
Cela laisse espérer que les TB Schreiner vont retrouver leur splendeur un jour prochain. 

 Pour 2022, la livraison comporte 16 TB. C'est raisonnable et dans la tradition. Schreiner ne sombre pas dans la surabondance de nouveautés. Voici la liste de ces variétés. 
 'Gotham' (Bicolore, améthyste et noir) 
'Grays Peak' (Plicata violet) 
'Gulfport' (Tricolore, bleu, blanc, minium) 
'Lake Mendota' (Self, bleu foncé, barbes blanches) 
'Muscle Shoals' (Amoena violacé) 
'Niagara Mist' (Self, bleu tendre) 
'Outer Banks' (Amoena marbré, lavande) 
'Paradise Valley' (Amoena rose) 
'Peach State' (Self, orange-pêche) 
'Russian River' (Amoena lavande) 
'Sequim' (Self, bleu lavande) 
'Seward' (Amoena pourpre) 
'Sin City' (Plicata pourpre) 
'Sunshine State' (Amoena inversé jaune) 
'Vikes' (Amoena pourpré) 
'Yes Virginia' (Self, violet foncé) 

 Dans ce choix, on remarque qu'il n'y a pas une grande variété de coloris. Le bleu (ou violet) domine outrageusement. Les seuls iris qui s'éloignent de cette uniformité sont au nombre de trois : 'Paradise Valley', 'Peach State', et 'Sunshine State', et ce sont aussi les plus intéressants, avec le sombre 'Gotham'. On est loin de ce que l'on a connu du temps de la grande richesse du catalogue des années 1990 ! 

 Quoi qu'il en soit l'offre Schreiner a de quoi satisfaire tout à fait une clientèle qui ne demande en fait rien d'autre que des plantes superbes et sans problèmes. Comme à l'accoutumé ces variétés se retrouveront en grand nombre dans les catalogues européens dans quelques années. Même si la proportion des variétés américaines y est de plus en plus faible, les variétés d'Europe, accessibles plus facilement en raison des contraintes sanitaires, tenant une place de plus en plus importante, compte tenu également de ce qu'elles n'ont plus rien à envier à leurs concurrentes américaines sur le plan de la valeur esthétique et horticole. 

 Illustrations : 


 'Gotham' 


'Lake Mendota' 


'Paradise Valley' 


'Sunshine State'

17.8.22

LES TROPHÉES U.S. 2022

En matière de récompenses l'année 2022 aura été une année normale. En 2021 on avait eu une année « double » puisque tous les trophées avaient été distribués à deux exemplaires, pour rattraper le fait qu'il n'y avait eu aucune distribution en 2020, pour cause de Covid. Cette année les juges ont pu opérer normalement, à ceci près que les votes ont été beaucoup moins nombreux qu'à l'accoutumé. En fait les votes , si l'on fait abstraction de ceux de 2021, année « de rattrape », donc exceptionnelle, sont de moins en moine nombreux, et cela se confirme depuis 2017. Avant cette date on comptait environ 450 votes chaque année. Brusquement on est descendu à 400, puis de moins en moins, et en 2022 on est arrivé à 307 ! C'est bien peu, et le vainqueur n'a eu que 21 votes en sa faveur (à comparer aux 84 votes pour 'Florentine Silk' en 2012) ! Dans ces conditions la Médaille de Dykes me semble considérablement dépréciée, car il est difficile de dire qu'une variété est la meilleure du monde quand seulement 29 personnes ont été de cet avis, après huit ans de compétition ! 

 Dykes Medal 


 C'est 'Football Hero' (Lynda Miller, 2014) qui l'a emporté. Lynda Miller est une habituée des récompenses. Bien qu'opérant dans toutes les catégories d'iris, c'est avec les tout petits MDB qu'elle a obtenu ses succès les plus signlficatifs. 'Snuggles' (1987) a obtenu la Carpane-Welch Medal en 1998, 'Scruples' (1989) en 2002 puis 'Spingles' (1994)en 2003. Avec ses MTB, qui constituent la taille au-dessus, elle a encore fait mieux, en nombre : 'Dark Vader' (1985) a reçu la Williamson-White Medal en1993 ; puis ce fut le tour de 'Bangles' (1993) en 2001, puis celui de 'Ace' (1999) en 2005 ; 'Baubles and Beads' (1996) l'a reçue en 2006 et 'Moose Track' (2015) en 2021. 

 On pouvait s'attendre à ce que 'Football Hero' ait un destin remarquable, en effet il a été distingué dès son apparition dans les jardins avec la Président's Cup qui lui a été remise en 2015 à la Convention de Portland. Et l'an dernier il avait reçu une des trois Wister Medal. Ce très classique variegata, qui est aussi un iris remontant, descend du côté mâle du superbe 'Romantic Evening' (Ghio, 1994) et du côté femelle de la prestigieuse lignée des plicatas de Keith Keppel. 

Wister Medals 

 Pour s'en tenir aux récompenses pour le grands iris (TB), disons un mot des récipiendaires d'une Wister Medal. 


'Good Morning Sunshine' (T. Johnson, 2013) est une rutilante variété de Thomas Johnson, l'un des meilleurs et plus prolifiques obtenteurs de la période actuelle. C'est un produit de cette formidable équipe que forment Keith Keppel, Paul Black, Barry Blyth et Tom Johnson. Ces quatre-là dominent le monde des iris depuis plus de vingt ans et nous approvisionnent en variétés somptueuses ou originales. Keppel, Black et Johnson accumulent les récompenses du plus haut niveau et si Barry Black n'en est pas au même point c'est qu'il est australien et non pas américain ! 


'Tijuana Taxi' (Douglas Kanarowski, 2014) est issu d'une pépinière en pleine expansion. Il fait partie des variétés obtenues à partir des iris les meilleurs des dernières années du XXe Siècle. Ses vives couleurs en font vite une vedette de nos jardins. 


'Coal Seams' (Schreiner, 2013) marque le retour de la Maison Schreiner dans le camp des hybrideurs de premier plan. C'est une place qu'elle avait perdu depuis qu'elle avait choisi de privilégier le classicisme à l'innovation. Avec ce bel iris « noir », elle replonge dans ses imposantes archives ( 'Hello Darkness ', 'Darkside', 'Back in Black', 'Swazi Princess' …) pour se repositionner parmi les meilleurs. 

 Walther Cup 


 La Fred & Barbara Walther Cup est revenue à un TB de Paul Black, 'Bright and Shinning Star' (2020). C'est un mâtiné de plicata et de «  'Emma Cook' » qui a toutes les qualités d'un iris moderne, sans connaître les excès que l'on rencontre souvent, comme les pétales bouillonnés à l’extrême. Sans être trop enthousiaste on peut prédire que cette fleur fera encore parler d'elle dans les compétitions à venir. 

 Il faudrait aussi parler de toutes les autres distinctions qui concernent les autres catégories d'iris que les TB. Cela pourra être le sujet d'une prochaine chronique.

13.8.22

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Les lauréats US pour 2022 

Publication ce samedi soir des résultats complets. Voici un extrait : 

Dykes Medal = 'Football Hero' (Lynda Miller, 2014) 

Wister Medals = 'Good Morning Sunshine' (T. Johnson, 2013), 'Tijuana Taxi' (Kanarowski, 2014), 'Coal Seams' (Schreiner, 2013) 

Cook-Douglas Medal (SDB) = 'Coconino' (Marky Smith, 2012) 

De plus amples commentaires la semaine prochaine.

12.8.22

NOUVEAUX ARRIVANTS

Tous ceux qui s'intéressent aux iris ont remarqué que depuis quelques années les résultats des concours qui se déroulent en Europe font la part belle aux variétés obtenues par des hybrideurs autochtones. C'est un phénomène nouveau et qui marque une évolution fondamentale du monde des iris. En effet on était habitués à ce que toutes les compétitions soient remportées par des variétés américaines ou australiennes. C'était vrai depuis la fin de la deuxième guerre mondiale et la reprise des échanges. D'abord il n'y avait en Europe que le concours de Florence, lequel a vite atteint un réputation d'excellence. C'était chaque année l'occasion pour les hybrideurs du monde entier de se mesurer. Au début les variétés américaines y ont régné sans partage, les obtenteurs européens se remettant péniblement du conflit mondial et se formant sur le tas à l'hybridation. Il ne s'agissait d'ailleurs que d'amateurs d'iris occidentaux, britanniques, français et italiens, peu nombreux et conscients du retard accumulé par leurs croisements depuis la fin des années 1930. Cela se révèle dans la liste des vainqueurs du Florin d'Or. Le concours a débuté en 1957, la première variété européenne à avoir été couronnée est 'Rosso Fiorentino' (Specht, jamais enregistré) en 1973 ! Et les suivants ont été 'Libon' (W. Smid, jamais enregistré) en 1985  puis 'Ikar' (A. Volfovitch-Moler, 1995) en 1995, dont il est cependant excessif de parler d'iris européen puisqu'il est originaire d'Ouzbékistan ! A partir de ce moment les succès de variétés européennes vont devenir fréquents : neuf en vingt ans (avec une nette suprématie italienne puisqu'on compte six variétés italiennes sur ces neuf vainqueurs). 

 En Allemagne, dans un concours moins relevé et jugé par un jury populaire au lieu d'un jury de professionnel, c'est le succès des variétés américaines qui est évident, mais qui s'explique par la beauté formelle des variétés présentées, qui rencontre toujours du succès devant un jury qui se montre un peu moins sensible aux qualités horticoles. En France sur huit compétitions en près d'un demi siècle, il y n'y a eu que deux victoires américaines, ce qui tend à confirmer la supposition ci-dessus ! Toujours est-il que, d'une façon générale, les variétés européennes réussissent désormais à tenir la dragée haute aux iris venus d'Amérique ou d'Australie. En Italie les variétés autochtones, qui sont toujours nombreuses à concourir dans leur propre pays, l'ont emporté sept fois en vingt ans (1999/2018) (1), en France, les variétés européennes ont été primées sept fois sur neuf, malgré une forte représentation extérieure(2). Dans les autres pays, cette analyse n'est pas possible puisqu'un concours réservé aux variétés du cru a lieu en même temps que le concours international. 

 Ces compétitions qui permettent aux obtenteurs locaux de se mesurer à leurs collègues du monde entier et à mesurer les progrès qu'ils font, a mis au premier plan un certains nombres de nouveaux arrivants dont on peut penser qu'ils égaleront, voire dépasseront, leurs aînés dans les prochaines années. En France trois nouveaux hybrideurs se sont fait remarquer. Il s'agit de Stéphane Boivin, Nicolas Bourdillon et Martin Balland. Le premier a brillé pour la première fois au concours FRANCIRIS© de 2015 avec 'Aime Bay' (2015). Le second fut la vedette du concours de 2019 grâce à 'Beauté de Sologne' (2020). Quant au troisième, il a triomphé au concours de 2019 avec 'My Red Drums' (2016) et en 2022 'Sylvain Ruaud' (2018) a reçu deux récompenses secondaires. Hors de France on peut parler (entre autre) de : Pia Altenhofer en Allemagne, et Simone Luconi, en Italie. 




 La première, qui demeure à Neuendettelsau, près de Nuremberg, en Bavière, à commencé par se distinguer en attribuant à ses iris des noms qui n'évoquent aucune réalité : ils sont constitués d'un assemblage de lettres. C'est un peu à l'onomastique ce qu'est l'abstraction à la peinture ! On peut ajouter que cela pourrait constituer d'excellents mots de passe pour un usage informatique. Mais s'il n'y avait que cela on ne sortirait pas du domaine de l'anecdote ! Le talent de cette personne se révèle dans le succès des ses obtentions et aussi le fait qu'elle ne se contente pas d'opérer dans une catégorie d'iris, mais au contraire elle s'intéresse à tous les iris à barbe, du plus petit eu plus grand, et ses résultats sont brillants partout. Elle a visiblement une appétence particulière pour les tons de brun clair, très à la mode il est vrai, mais mon préféré est certainement 'Cattalomak' (2016), délicat rose violacé. Elle s'est fait remarquer au concours de Florence, entre autres avec son 'Humpogroll' (2021), riche descendant de Zlatovlaska' (Anton Mego, 2009). Attendons la suite de son travail. 



 Le second des nouveaux arrivants sélectionné est Simone Luconi, qui habite au sud-est de la Toscane, dans la ville de Cortona. Il n'a encore enregistré que sept variétés, dont six ont été remarquées au concours de Florence ! C'est dire si ce nouvel obtenteur doit être pris en considération. On entendra certainement parler de lui dans les années à venir. Pour illustré cet avis, apprécions la photo de 'Mimmamaria' (2021) ou de 'Kalsifer' (2021). 



 Ce ne sont là que deux exemples de l'arrivée de nouveaux hybrideurs dans le petit monde européen des iris. Car ils sont plutôt nombreux. Dans notre pays en particulier, mais aussi est peut-être encore plus en Italie où ils n'hésitent pas à envoyer à Florence leurs nombreuses nouveautés comme ce 'Guarda l'Oceano' de Angelo Bolchi (2022). Mais le phénomène est en expansion et se manifeste dans plusieurs autres pays d'Europe, dans certains même où l'on ne comptait jusqu'à présent aucun obtenteur. 


 (1) 1999 'Settimo Cielo' (Valeria Romoli, 1999) 
2006 'Recondita Armonia' (Mauro Bertuzzi, 2007) 
2010 'Ale Viola' (Stefano Gigli, Non Enregistré.) 
2012 'Cheyenne my Dog' (Roberto Marucchi, 2013) 
2013 'Vento di Maggio' (Augusto Bianco, 2011) 
2018 'Anima Cara' (Angelo Garanzini, 2018) 

 (2) 2000 'Samsara' (Lawrence Ransom, 1997) 
2003 'Belle de Nuit' (Richard Cayeux, 1999) 
2007 'Solovinyaia Noc' (Nina Miroshnichenko, non enregistré
2015 'Barbe Noire' (Richard Cayeux,2012) 
2017 'Chachar' (Zdenek Seidl, 2013) 
2019 'My Red Drums' (Martin Balland, 2016) 
2022 'Nad Oblaky' (Zdenek Seidl, 2019)


6.8.22

LA FLEUR DU MOIS

'Gwennaden' (Gérard Madoré, 2001) 
'Honky Tonk Blues' X 'Scandia Delight' 

 Le descriptif officiel de cette variété est : « Blanc crémeux léger et ondulé ; bras de styles blancs ; barbes blanches, jaunes dans la gorge ». C'est donc un iris blanc ! Un iris qui a plus d’un mérite, c'est pourquoi on en parle aujourd'hui. Au jardin, ses fleurs d’un blanc de lait se détachent admirablement sur un fond sombre qui cisèle ses ondulations impeccablement tuyautées comme une coiffe bretonne. Pourtant son nom ne fait pas allusion aux coiffes bigoudènes et autres, mais plutôt à cette blancheur sur la mer qui signale au pêcheur la présence d’un banc de sardines. Une blancheur qui, en quelque sorte émane du bleu de l’océan. On ne pouvait trouver un nom plus approprié pour cette fleur blanche, issue de deux iris bleus. En effet les parents de 'Gwennaden' sont 'Honky Tonk Blues' (Schreiner 1988) du côté féminin, et 'Scandia Delight' (Schreiner 1989) du côté mâle. On ne décrit plus 'Honky Tonk Blues' dont le bleu marbré de blanc a fait le tour du monde, en revanche 'Scandia Delight', bleu pervenche clair à barbes blanches, est nettement moins connu. L’un et l’autre sont des fleurs parfaites au plan esthétique, avec cette ampleur et ses ondulations gracieuses qui caractérisent les produits de la maison Schreiner. Ceux qui ont quelques notions de génétique des iris savent qu’un iris blanc provient essentiellement de deux blancs ou d’un bleu et d’un blanc. Si cette dualité n’est pas apparente à première vue chez 'Gwennaden', elle se découvre très vite à la lecture de son pedigree. Rien de blanc, certes, du côté de 'Honky Tonk Blues', si ce n’est une lointaine origine plicata (responsable des marbrures pâles qui donnent son caractère à cet iris original) où se cachent 'Rococo' et ses antécédents 'Snow Crystal' (Wills 1949) et 'Caroline Jane' (DeForest 51). Mais chez 'Scandia Delight', le blanc n’est pas loin, et il a les meilleures origines. On peut ainsi partir du grand ancêtre que fut 'Kashmire White' (Foster 1912), passer par 'Purissima' (Mohr-Mitchell 1927) à la génération suivante, puis suivre deux branches des descendants de cet iris un peu faiblard mais puissant au plan de la génétique. D’une part il y a eu une première branche qui a donné la lignée de blancs de Nouvelle Angleterre où l'on trouve 'Cup Race' (Buttrick 1963). D’autre part il y a eu l’inévitable 'Snow Flurry' (Rees 1939) d’où découlent 'Rehobeth' (DeForest 1953) Puis 'Winter Olympics' (O. Brown 6193) puis 'Tufted Cloud' (Schreiner 1971). 'Cup Race' et 'Tufted Cloud' ont été croisés pour donner le grand-père de 'Scandia Delight', et le tour est joué. 

 Du côté des bleus, l’ascendance n’est pas mal non plus puisqu’on y découvre 'Great Lakes' (Cousins 1938), 'Eleanor’s Pride' (Watkins 1952), 'Allegiance' (Cook 1957), 'Pacific Panorama' (N. Sexton 1960), tous quatre titulaires d'une Médaille de Dykes, et plusieurs autres d’aussi bonne lignée. 

 Il est dommage que ce 'Gwennaden' n'ait pas été distribué assez largement, en France comme dans le reste du monde, pour que les hybrideurs n'aient été en mesure de l’utiliser. Ils auraient pu profiter notamment de ce que cette plante apporte au monde des iris en terme de robustesse et d’ondulation. Il est maintenant trop tard pour le faire, mais les simples jardiniers peuvent encore se la procurer, d'une part pour en garantir la survie, d'autre part pour apporter à leurs collections une fleur splendide et qui ne se démode pas. 

 Iconographie : 


'Gwennaden'


'Honky Tonk Blues' 


'Scandia Delight' 


'Snow Crystal' 


'Cup Race' 


'Tufted Cloud'

LA BONNE AVENTURE (2)

Suite des illustrations:







JEU DE LOIS

Il y a peu de temps j'ai lu sur Internet l'histoire de cette famille apparemment noire qui, après trois enfants présentant les traits caractéristiques de leurs parents, a eu un quatrième bébé qui avaient la peau blanche et les yeux bleus ! Cela m'a rappelé ce qui se passe en matière d'iris. 

 Avant de réaliser un croisement dans le but d'obtenir certaines caractéristiques de la plante ou de la fleur, un hybrideur professionnel étudie les pedigrees de toutes les variétés auxquelles il pense pour réaliser son projet. Il sélectionne alors les deux variétés qu'il pense convenir au but qu'il s'est fixé. Mais ce n'est que bien plus tard, environ trois ou quatre ans, quand fleuriront pour la première fois les semis issus du croisement réalisé, qu'il saura si la nature lui a donné raison. En effet si les lois régissant la génétique sont bien connues la complexité formidable atteinte par le génome des iris d'aujourd'hui, après plus de trente générations de croisements et re-croisements interspécifiques et inter-variétaux, ouvre un champ quasi infini à leur application. Benjamin Ross Hager, cet excellent et savant obtenteur américain, a écrit : « Les chromosomes portent une carte génétique qui contrôle le développement et les caractères » de chaque nouvel organisme issu d'une fécondation, qu'il s'agisse d'iris ou de tout autre organisme. Au moment de cette fécondation, dans les cellules reproductrices « le nombre de chromosomes est divisé en deux lots égaux » et le lot issu de la cellule femelle se combine avec le lot issu de la cellule mâle, créant chez nos iris une graine dans laquelle les nouveaux chromosomes seront une recomposition alliant les chromosomes des deux fleurs de base. Mais au moment de cette recomposition se produit un brassage des caractères portés par chaque chromosome. D'où le fait que chaque graine disposera d'un patrimoine génétique un peu différent et qu'elle donnera naissance à une nouvelle plante différente des deux plantes de bases mais aussi différente de celles provenant des autres graines issues de la même fécondation. On est devant une complexité qui n'est pas loin d'être comparable à celle qui concerne le génome humain, celle qui est à l'origine de l' «anomalie » qui est survenue avec l'apparition de ce bébé tellement différent de ses parents ! Un cas de ce genre reste exceptionnel mais il est toujours envisageable. l'hybrideur d'iris, même le plus habile, n'est jamais sûr de rien. La différence d'avec les humains, c'est qu'il pratiquera sans vergogne l'eugénisme et qu'il n'hésitera pas à envoyer au compost toutes les plantules qui ne lui conviendront pas ! C'est un jeu de probabilité dans lequel on peut mettre de son côté toutes les chances possibles mais où l'on doit faire la part du hasard et de la chance. C'est évident lorsqu'on regarde les différents semis provenant d'une même capsule. Il peut y avoir un grand nombre de fleurs voisines en modèle et en coloris, mais aussi des fleurs totalement différentes. Les bons hybrideurs maîtrisent assez bien ce phénomène, mais ils sont également souvent surpris par les fantaisies de la nature qui interviennent quoi qu'ils fassent. Pour en revenir au calembour qui constitue le titre de cette chronique, le jeu des lois de Mendel se combine avec le coup de dés qui permet d'avancer son pion sur le carton du jeu de l'oie...Cela contribue à maintenir cette dose d'adrénaline qui saisit l'hybrideur, qu'il soit professionnel ou amateur, lorsqu'il voit éclore la première fleur d'un nouveau semis. 

 Cette surprise est analogue à celle qui frappe un parent au moment il tient pour la première fois entre ses bras son petit enfant nouveau né. Les deux situations sont identiques, encore que pour les êtres humains elle soit encore plus complexe. Il y a si longtemps que les humains se mélangent que les possibilités sont encore bien plus immenses que chez les iris où cela fait seulement à peine deux cents ans que l'on pratique les croisements, et en plus en effectuant des choix sur les caractères des deux parents, alors que les humains ne pratiquent ni la sélection des rejetons ni celle des géniteurs !