26.11.17

UN PEU DE RETARD...

Un peu de retard, cette semaine. Mes excuses à ceux qui sont venus sur ce blog, pour rien...

LES IRIS DE GLENN CORLEW

Beaucoup moins connu que Joseph Gatty ou Vernon Wood, Glenn Corlew est, comme les deux autres, un spécialiste des iris roses. L'essentiel de sa production a en effet été consacré à cette couleur tendre et si fortement appréciée. Mais en plus de cette spécialité, il a acquis une certaine célébrité avec ses photographies, et, bien entendu, ses photos d'iris. La base de données IRIS ENCYCLOPEDIA de l'AIS rassemble un certain nombre de ces images et nous allons en publier le plus grand nombre en hommage à cet homme de goût. Ce sont des diapositives qui ont un peu vieilli, elles ont pris une teinte un peu rosée, mais puisqu'il s'agit majoritairement d'iris roses, cela n'est pas désagréable. 

On remarquera que ces variétés, dont la date de naissance s'étend sur plus de 20 ans, en plus d'un fort air de famille, conservent d'un bout à l'autre une remarquable continuité d'allure. Le temps n'a pas eu de prise sur le travail de Glenn Corlew. 

XII – Douzième et dernière semaine 

Corlew n'a pas photographié que ses propres iris. Voici quatre images de variétés créées par George Crossmann, un hybrideur de Virginie, dont plusieurs des obtentions sont bien connues en France.

'Loudoun Beauty' (1974) 'Lovely Light' X 'Orange Chariot' 


'Loudoun Lassie' (1971) 'Lady Of Loudoun' X 'Pretty Carol' 


' Loudoun Princess' (1974) ('One Desire' x 'Flaming Heart') X 'Irish Lullaby' 


'Loudoun Royal' (1979) 'Dream Time' X 'Royal Touch'

MYSTÈRE DU TEMPS

Ce titre « Mystère du Temps » est d'abord celui d'une pièce du compositeur tchèque du XXe siècle Miloslav Kabelač. Il m'a fait penser au phénomène qui, d'année en année, a amené la transformation des fleurs d'iris. Et cette réflexion est consécutive à la préparation d'une conférence que l'on m'a demandé de faire sur l'histoire des iris à l'occasion de la journée du patrimoine.

Par quel processus une fleur attrayante mais banale est-elle devenue, en près de deux cents ans, une création subtile et même sophistiquée ?

Quand Guillaume-Marie De Bure a commencé à sélectionner des iris hors du commun dans son jardin de Malétable, il n'a pas cherché à modifier la forme de la fleur elle-même. Il s'est contenté de trier parmi ses semis celui, puis ceux, qui lui semblaient d'un modèle ou d'une couleur pas encore rencontrés. C'est bien le cas de sa première variété, I. buriensis, que l'on devrait plutôt, d'ailleurs écrire 'Iris Buriensis' puisqu'il ne s'agit pas du tout d'une espèce botanique, mais d'un cultivar comme aujourd'hui il y en a plus de dix mille. Cet iris était un plicata, sur fond blanc, avec de délicates broderies indigo : un modèle et un coloris devenu tout à fait ordinaire de nos jours mais sans nul doute original en 1830.

La démarche de M. de Bure a été poursuivie par ceux qui ont suivi sa trace et se sont lancés dans le commerce des iris, MM. Jacques puis Lémon. Regardez 'Mme Chéreau' (Lémon, 1844). Y a-t-il une différence dans la forme qui soit apparue en quinze ans ? On peut encore aller plus loin, presque cinquante ans plus tard, et constater que le petit 'Maori King' (Reuthe, 1890), obtenu en Angleterre, n'est guère différent de l'espèce botanique I. variegata dont il dérive directement. Améliorer la forme de la fleur n'entrait-il pas dans les projets de nos ancêtres ? Ou leurs travaux ne débouchaient-ils sur aucun changement ? Peut-être y avait-il un peu des deux : s'éloigner des iris botaniques pouvait sembler sacrilège et être à ce titre prudemment rejeté, ou bien le peu de croisements interspécifiques de la fin du XIXe siècle n'apportait-t-il aucune modification.

Pour rester dans le domaine des plicatas, on constate qu'en 1906, 'Ma Mie', l'archi célèbre variété des débuts de Ferdinand Cayeux, n'avait pas évolué pour ce qui est de la forme.

L'amorce d'un changement apparaît avec l'utilisation des iris tétraploïdes du Moyen-Orient, à partir des années 1920, mais cela n'est pas encore une avancée vraiment significative : voir 'Edith Cavell' (Denis, 1921). Ce n'est encore que la taille de la fleur qui évolue : elle augmente de volume et cela fait l'admiration des commentateurs de l'époque.

Il faut à vrai dire attendre la fin des années 1930 et l'apparition de 'Snow Flurry' (Rees, 1939) pour constater quelque chose de nouveau dans la forme des fleurs. Ce sont les premières ondulations. Quand on regarde 'Snow Flurry' aujourd'hui, on se dit que ces ondulations sont bien modestes. Il n'empêche qu'elles ont fait s'extasier tout le monde. De nombreux hybrideurs ont compris que c'était là un progrès et ils ont largement utilisé cette variété dans leurs programmes. De nos jours existe-t-il encore quelque cultivar qui ne possède pas dans son ADN la trace de 'Snow Flurry' ? Les ondulations, sur les sépales principalement, ont non seulement changé l'aspect des fleurs, elles ont aussi donné de la rigidité à l'ensemble et permis que les sépales se maintiennent proches de l'horizontale ce qui en améliore l'apparence. Les oreilles de cocker n'étaient pas le côté le plus élégant des fleurs d'iris de l'avant 'Snow Flurry'.

Peu de temps après les tépales ondulés, ce sont les plumetis en forme de dentelle qui sont venus orner les fleurs d'iris. On prend généralement pour point de départ de cette modification la variété 'Chantilly' (Hall, 1943), mais le phénomène est apparu sur d'autres variétés au même moment. Les bords dentelés n'ont pas modifié en profondeur l'apparence des fleurs d'iris, mais ils leurs ont donné un charme supplémentaire, tout comme un bouillonné de dentelle accroît l'élégance d'une robe de mariée. Il n'en faut pas trop, cependant. Il arrive que certaines fleurs d'aujourd'hui, additionnant les effets d'ondulations prononcées et de dentelures très denses font perdre à la fleur sa gracieuse simplicité et la facilité de son éclosion.

D'autres changements sont intervenus, dans les années 1960/1970. D'abord les sépales se sont élargis dès leur aisselle. Ils sont parvenus à se chevaucher dans le cœur de la fleur. De ce fait ils s'entre-aident pour rester bien horizontaux. Les pétales qui botaniquement s'inclinent en dôme au-dessus des parties génitales des fleurs pour les protéger, se sont redressés et ouverts : la fleur prend plus ou moins l'apparence d'une tasse posée sur sa soucoupe... Ces modifications ne sont pas faites pour faciliter la fécondation des fleurs : les pétales bouillonnés dissimulent souvent les barbes et encombrent le chemin qu'emprunteraient les bourdons pour accéder au nectar ; les pétales ouverts ne jouent plus leur rôle pour éviter que la pluie ne lessive les étamines et disperse le pollen, mais qu'importe puisque ce ne sont plus les insectes qui effectuent les croisements et que les hommes savent écarter les bouillonnés excessifs et protéger leur travail d'un léger voile de gaze. Par ailleurs les obtenteurs se sont rendu compte que les pétales et les sépales épais et charnus fanaient moins vite et prolongeaient donc la durée de vie des fleurs. Ils ont donc privilégié cette configuration et l'apparence des fleurs, comme leur longévité en ont été changées. On pourrait aussi parler du développement de pétaloïdes exubérants à la pointe des barbes ou l'apparition de sortes de pompons en lieu et place de celles-ci : ce sont bien des modifications de la forme des fleurs. Et l'on pourrait ajouter, en ce qui concerne plutôt la tige florale que la fleur proprement dite, la recherche d'un développement en candélabre (ou en grappe de muguet, c'est comme on veut)... Autant de transformations qui ont été dans le sens d'une sophistication des fleurs d'iris. Quand on met côte à côte 'Thaïs' (F. Cayeux, 1926) et 'Ocean Liner' (Keppel, 2016, on est frappé par le chemin parcouru en quatre-vingt-dix ans !

C'est le temps qui a fait son œuvre, provoquant une évolution erratique, avec des périodes de changements rapides et d'autres de stagnation indécise. C'est le temps qui a modifié le goût et le ressenti des amateurs comme des obtenteurs et poussé ceux-ci à retenir des formes nouvelles. C'est là le mystère du temps tel qu'il s'adapte à notre monde des iris...

Iconographie : 



'Mme Chéreau' 


'Maori King' 


'Ma Mie' 


'Edith Cavell' 


'Thaïs' et 'Ocean Liner'

17.11.17

LES IRIS DE GLENN CORLEW

Beaucoup moins connu que Joseph Gatty ou Vernon Wood, Glenn Corlew est, comme les deux autres, un spécialiste des iris roses. L'essentiel de sa production a en effet été consacré à cette couleur tendre et si fortement appréciée. Mais en plus de cette spécialité, il a acquis une certaine célébrité avec ses photographies, et, bien entendu, ses photos d'iris. La base de données IRIS ENCYCLOPEDIA de l'AIS rassemble un certain nombre de ces images et nous allons en publier le plus grand nombre en hommage à cet homme de goût. Ce sont des diapositives qui ont un peu vieilli, elles ont pris une teinte un peu rosée, mais puisqu'il s'agit majoritairement d'iris roses, cela n'est pas désagréable. 

On remarquera que ces variétés, dont la date de naissance s'étend sur plus de 20 ans, en plus d'un fort air de famille, conservent d'un bout à l'autre une remarquable continuité d'allure. Le temps n'a pas eu de prise sur le travail de Glenn Corlew. 

XI – Onzième semaine 

'Watchword' (1972) 'Dark Fury' X 'Black Swan' 

'Winsome Lass' (1974) (((('Snow Flurry' x 'Pink Formal') x 'Frost And Flame') x sib) x 'Signature') X 'Kimzey' 


'Wishing Hour' (1966) 'Valimar' X 'Frilly Fringes'

DOMMAGES DE GUERRES

La passion des iris qui est née en France vers 1830 avec les fleurs sélectionnées par Guillaume-Marie de Bure, notamment à partir du plicata 'Iris buriensis', a quitté notre pays au moment de la guerre franco-prussienne de 1870. A l'époque c'est la pépinière de Nicolas Lémon, à Belleville, qui focalisait l'iridophilie chez nous. Mais, Paris occupée, la population affamée ne songeait plus guère à s'acheter des plantes d'ornement, et la famille Lémon a délaissé les iris. C'est en Grande Bretagne que l'intérêt pour les iris s'est alors développé. Peter Barr et quelques autres ont repris au point où ils l'avaient laissé le travail des Lémon. C'est à dire que les croisements étaient l’œuvre des bourdons, l'horticulteur se contentant d'effectuer les semis puis de choisir parmi ces derniers ceux qui lui semblaient présenter de l'intérêt. Ce n'est que vers 1890 que l'idée est venue, toujours en Grande-Bretagne, de réaliser des croisements manuels. A ce moment, adieu les insectes, le côté totalement artificiel de la création des iris a pris définitivement le dessus. Les promoteurs de ce changement étaient les britanniques Amos Perry et George Reuthe, ainsi que les associés allemands Goos et Koenemann. Mais au même instant chacun convenait que les iris nouveaux n'apportaient en fait plus aucune amélioration. Les iris étaient si beaux qu'il n'y avait plus rien à espérer... Un savant anglais, Michael Foster, passionné d'horticulture, qui avait essayé toutes sortes de croisements interspécifiques, en était lui-même arrivé à la conclusion que tout progrès était devenu quasi impossible sauf à découvrir de nouvelles espèces à croiser avec les anciennes.

C'est alors, comme s'ils répondaient au souhait de Foster, que des explorateurs botanistes rapportèrent du Moyen-Orient des iris, beaux, forts et bleus, que Foster et ses amis plantèrent et cultivèrent sans hésiter. Dans leur enthousiasme pour leur nouveau travail, ils oublièrent de noter les origines des plantes qu'ils utilisaient. C'est ainsi que, lorsqu'on s'aperçut de l'erreur au plan génétique, il n'était plus possible de retrouver la réalité biologique et qu'en quelque sorte, les plantes qui ont résulté de ces premières cultures furent considérées comme des espèces à part entière, auxquelles on donna sans vergogne des dénominations latines : I. cypriana, I. trojana, I. mesopotamica...

Des pépiniéristes français avaient à ce moment repris la culture des iris. Ils ont sans hésiter utilisé les plantes fabriquées par les anglais et cette opportunité leur a permis de rejoindre leurs voisins d'outre-manche dans l'évolution des iris de jardin. Ils s'appelaient Lionel Millet, Ferdinand Denis et Victor Verdier. Après la mort de ce dernier, c'est la Maison de graineterie Vilmorin-Andrieux qui a racheté le fond de commerce parce que son chef Philippe de Vilmorin avait dans l'idée de développer son activité par un volet de plantes d'agrément dans lequel les iris avaient une place évidente. Par cette action, Philippe de Vilmorin (aidé de son fidèle chef-jardinier, Séraphin Mottet) peut être considéré comme le père de l'iridophilie moderne en France. En effet la riche collection Verdier, certainement la plus belle de l'époque, avec ses iris tétraploïdes moyen-orientaux, a été la base du travail d'hybridation de la paire Vilmorin/Mottet qui a consisté à l'assemblage des qualités des grands iris de Turquie et de Syrie, malheureusement monochromes, et des teintes variées des variétés européennes. Ces événements se déroulent entre 1903 et 1917, date de la disparition de Philippe de Vilmorin.

Un événement infiniment plus dramatique allait se produire au cours de la même période : le début de la Première Guerre Mondiale. Le conflit a particulièrement touché la France et sa voisine et alliée la Grande-Bretagne. L'esprit n'était plus à la culture de plantes de jardin, et les moyens humains non plus. De sorte que parmi les dommages collatéraux de cette abomination, il y a le déclin de la culture des iris en Europe, et le transfert de la maîtrise de cette culture vers les USA.

Beaucoup moins éprouvés par les conséquences de la guerre, les Etats-Unis ont profité des malheurs des hybrideurs européens pour créer une véritable industrie de l'iris. L'engouement pour cette fleur a été très vif et très rapide dans une population dont le niveau de vie s'élevait à grande vitesse. Il a débuté sur la côte est puis, peu à peu, au fur et à mesure du développement de leur population, il a gagné les Etats du Middle-West, puis atteint, au-delà des Montagnes Rocheuses, les Etats de la côte ouest. Cette progression apparaît dans la liste des hybrideurs de l'époque. On trouve d'abord Grace Sturtevant, en Nouvelle-Angleterre, puis Bruce Williamson, dans l'Indiana, suivi des frères Sass, dans le Nebraska, de l'autre côté du Mississipi, enfin William Mohr et Sidney Mitchell, en Californie. Les iris sont désormais partout et en masse. Cela nous vaut le fait qu'aujourd'hui, et depuis les années 1920, la production et l'organisation américaines exercent une suprématie sur le monde des iris.

Bien sûr, après la guerre, les Européens ont redressé la tête, mais ils avaient perdu la main et ils ne l'on jamais regagnée. Même le règne de Ferdinand Cayeux, de 1920 à 1940, n'a pas réussi à revenir au premier rang. Pourtant ces vingt années ont été particulièrement glorieuses pour notre pays. On venait de partout admirer les iris de Ferdinand Cayeux et ceux-ci s'en allaient en Amérique, mais aussi en Nouvelle – Zélande et en Australie ! Les Etats-Unis s'étaient placés en leader au plan de la production et de l'organisation mais le génie était français. Cela n'a pas évité un nouveau déclin quand en 1939 notre pays a été de nouveau en proie à une guerre, encore plus destructrice et meurtrière que la précédente. René Cayeux, le fils de Ferdinand, n'a pas eu le loisir de s'occuper d'iris, il a davantage pensé à nourrir ses concitoyens en cultivant des plantes potagères !

Aux Etats-Unis, la période 1940/1945 ne semble pas avoir affecté la culture des iris et leur hybridation. Pendant ces années, même, des avancées majeures dans l'amélioration des iris sont survenues là-bas, alors que plus rien ne se passait en Europe. D'où un nouveau bond en avant de l'iridophilie américaine et un nouveau recul de l'activité iridistique de l'Europe. Dans les années 1950/1960, seul Jean Cayeux, le petit-fils, a repris le flambeau. Cependant ses meilleures obtentions datent des années 1970 et c'est à ce moment qu'on peut fixer une véritable reprise de sa place par la France. Même si Jean Cayeux était pratiquement le seul sur le marché.

A cause de trois guerres la France (et même l'Europe) a tenu le haut du pavé puis lourdement chuté. La puissance humaine, technique et commerciale des USA en a profité pour s'épanouir. Mais il en est du monde des iris comme du monde tout court. Après une domination outrancière, l'iridophilie américaine a cédé un peu de place à celle du reste du monde. L'Australie, avec l'appoint de sa voisine néo-zélandaise, s'est fait une jolie place, inventive et généreuse, la Russie et ses ex-satellites, partie de zéro en 1990, a rapidement rejoint la tête du peloton tandis que l'Europe de l'Ouest a repris sa marche en avant, et se distingue aujourd'hui par sa vivacité et la qualité de ses obtentions. Les guerres l'auront meurtrie et ruinée, mais elle n'ont pas détruit sa créativité.

Iconographie : 


'Madame Chéreau' (Lémon) 


'Nuée d'Orage' (Verdier) 


'Ambassadeur' (Vilmorin) 


'San Francisco' (Mitchell) 


'Jean Cayeux' (F. Cayeux) 


'Condottiere' (J. Cayeux)

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Tutoriels 

Il y a de la concurrence sur Facebook pour expliquer les iris ! Keith Keppel et Chuck Chapman se relaient pour des tutoriels intéressants. Le premier démystifie les plicatas,le second explique pourquoi les iris ne seront jamais franchement rouges. A suivre...

10.11.17

LES IRIS DE GLENN CORLEW

Beaucoup moins connu que Joseph Gatty ou Vernon Wood, Glenn Corlew est, comme les deux autres, un spécialiste des iris roses. L'essentiel de sa production a en effet été consacré à cette couleur tendre et si fortement appréciée. Mais en plus de cette spécialité, il a acquis une certaine célébrité avec ses photographies, et, bien entendu, ses photos d'iris. La base de données IRIS ENCYCLOPEDIA de l'AIS rassemble un certain nombre de ces images et nous allons en publier le plus grand nombre en hommage à cet homme de goût. Ce sont des diapositives qui ont un peu vieilli, elles ont pris une teinte un peu rosée, mais puisqu'il s'agit majoritairement d'iris roses, cela n'est pas désagréable. 

On remarquera que ces variétés, dont la date de naissance s'étend sur plus de 20 ans, en plus d'un fort air de famille, conservent d'un bout à l'autre une remarquable continuité d'allure. Le temps n'a pas eu de prise sur le travail de Glenn Corlew. 

X – Dizième semaine 

'Tralee' (1968) 'Arctic Flame' X 'Graduation Gift' 


'Virtuoso' (1969) 'County Fair' X ((('Grand Teton' x 'Moon River') x ('Top Flight' x 'Techny Chimes')) 


'Volare' (1976) 'Proclamation' X 'Cream Taffeta'

ELOGE DE LA PERSÉVÉRANCE

Une qualité que l'on rencontre fréquemment chez les hybrideurs d'iris, c'est la persévérance. C'est à n'en pas douter quelque chose qui concerne les gens passionnés, et les hybrideurs font partie de cette race. On pourrait citer maintes et maintes anecdotes démontrant cette affirmation, mais il suffit d'en mettre deux ou trois en avant. Ce sera notre propos d'aujourd'hui.

Un premier exemple pourrait être celui de David Hall. La passion pour les iris remonte chez cet homme au début des années 1920 et il y a consacré, dès lors, une bonne partie de ses loisirs alors qu'il travaillait au service après-vente d'une compagnie de téléphone. Mais ce n’est qu’après sa vie professionnelle qu’il s’y est entièrement investi. Il s’est intéressé dès le début aux iris roses. Mais ses premiers semis, entrepris un peu au jugé, furent particulièrement décevants. A un moment de sa vie il avait pratiqué l’élevage des chevaux et du bétail dans une ferme du côté de Calgary, au Canada. Il se rendait compte qu’en cette matière les résultats tangibles n’apparaissaient guère avant la troisième génération. C’est pourquoi il en a déduit que les lois génétiques applicables aux animaux devaient valoir aussi pour les plantes. Il a donc repris son travail sur les iris à zéro et ses premiers résultats appréciables sont apparus en 1927. Il a poursuivi ses travaux d’amélioration de générations en générations et on peut sans se tromper lui attribuer le titre de père de l’endogamie. En 1942, après 17 ans d’acharnement, sans douter un instant du bien-fondé de ses convictions, sont apparus les premiers iris valables en rose à barbe orange. Ce furent le bien nommé 'Overture' (1944), qui est aussi le plus clair, puis il y eut 'Dream Girl' (1942), le plus vif de ton, mais le moins costaud, et 'Fantasy' (1947), plus nettement teinté de mauve. A ce nouveau coloris d’iris, Dave Hall donna le nom général de « Flamingo Pink ». De 'Fantasy' descend 'Cherie' (1948), qui fut le premier rose à obtenir la Médaille de Dykes, en 1951. Jusqu’à la fin Dave Hall introduisit de nouveaux roses avec de véritables réussites comme 'Vanity Fair' (1950), 'Happy Birthday' (1952), 'May Hall' (1952), puis 'Fashion Fling' (1965), l’un des tout derniers. Les roses de Hall ont très vite acquis une renommée mondiale, grâce, en particulier, aux photos en couleur reproduites dans le catalogue Cooley. Mais ce qui nous intéresse maintenant c'est l'inextinguible passion que David Hall a maintenu pendant quarante ans. Jamais il n'a douté au point de baisser les bras, jamais il n'a abandonné sa recherche de l'iris rose parfait. A son sujet on peut donc bien parler d'une persévérance exceptionnelle.

On pourrait ensuite évoquer la carrière de George Shoop. Voilà un homme qui, dans son minuscule jardin nous a concocté des fleurs délicieuses, qui ont d'ailleurs fait le tour du monde. La signature de George Shoop, c'est les barbes rouges. Enfin, quand on parle de barbes rouges, il faudrait plutôt dire barbes vermillon. Pendant toute sa carrière, avec un persévérance bien digne d'être relevée, il a créé des fleurs dont le cœur s'ornait de ce type de barbes qui, c'est évident, donnent du peps au variétés qui en disposent, même si ce ne sont pas les meilleures qu'on puisse trouver. Prenez le cas de 'Delphi' (1980). C'est un iris qui déçoit car son image est attrayante, mais au jardin il s'avère plutôt médiocre (si l'on ne parle que de ce qu'il montre !), cependant sa barbe fait qu'on le remarque malgré sa taille trop faible et la substance de ses fleurs trop molle. Cela ne l'a pas empêché d'être à l'origine de la plupart des variétés bleu-blanc-rouge qui sont tellement à la mode aujourd'hui. Beaucoup d'autres fleurs, plus réussies, sont sorties du jardinet de M. Shoop. Cela à commencé par 'One Desire' (1960), l'un des meilleurs roses de son époque. Ce sont ensuite des variétés intéressantes comme l'orange 'Spanish Gift' (1964), le bicolore 'Latin Lover' (1969), le bien nommé 'Peach Spot' (1973), le très populaire 'Ringo' (1979), le fameux 'Fancy Tales' (1983), et toute la série finale, avec le bicolore inversé 'Hawaiian Queen' (1986) et les tricolores 'Prince George' (1996) et 'Last Laugh' (2000), et des roses originaux comme 'Tropical Magic' (1994). Tous ont une brillante barbe vermillon : on peut dire que George Shoop avait de la suite dans les idées !

La preuve de persévérance de Barry Blyth n'apparaît pas au premier abord. On peut en effet penser qu'un obtenteur qui a enregistré près de 1500 variétés est éclectique dans ses choix et regarde dans plusieurs directions. Cela n'est pas inexact car le catalogue de cet homme exceptionnel présente toutes sortes de choses (avec une prédilection, tout de même, pour les iris polychromes). Mais en écoutant ses déclarations et en lisant ce qu'il a écrit sur lui-même, on comprend que son énorme travail était parti d'un désir apparu au tout début de sa carrière, un désir resté inassouvi jusqu'à ce jour : obtenir l'amoena rose parfait. Sa boulimie d'iris serait donc la conséquence d'une recherche tellement mythique et tellement difficile, d'une association absolument exemplaire du blanc et du rose. Une association qu'il a vue en rêve dès l'apparition de 'Sunset Snows' (Jean Stevens, 1963) et qu'il n'a pas encore obtenue au moment où il songe à ranger ses brucelles au fond d'un tiroir...

'Sunset Snows' est déjà un amoena rose. Ses couleurs sont encore un peu trop tendres pour satisfaire un personnage aussi exigeant que Barry Blyth, mais le blanc et le rose sont là. Il suffit d'accroître le contraste en renforçant la couleur rose des sépales. Plus facile à dire qu'à faire, semble-t-il ! Barry Blyth a relevé le défi et jusqu'à la fin il a multiplié les tentatives, réalisé des tas de croisements, cru arriver au but, et constaté qu'il n'y était pas encore... Parmi tous ses essais on trouve plusieurs variétés aux pétales blancs surmontant des sépales orangés ou rosés : ‘Love Chant’ (Blyth, 1979), ‘Beachgirl’ (Blyth, 1983) ou ‘Amber Snow’ (Blyth 1987). Trente ans plus tard il n'en est plus loin comme on peut voir avec le superbe 'Bashful Love' (2014). Mais réussira-t-il ? Il faut le lui souhaiter car la constance qu'il y a mise, l'immensité des variétés qui sont apparues au fil des ans, méritent amplement une suprême récompense.

Bien d'autres hybrideurs, sous tous les cieux, on fait preuve d'une volonté implacable pour parvenir à leurs fins. Leur quête de l'absolu est un bonheur pour les amateurs car elle a été à l'origine d'une foule de variétés, apparues au fil du temps et des combinaisons essayées, qui font la richesse et la diversité de nos jardins d'iris.

Iconographie : 

'Fantasy' 


'Vanity Fair' 


'Peach Spot' 


'Last Laugh' 


'Beachgirl' 


'Bashful Love'

ECHOS DU MONDE DES IRIS

De Prague

La MEIS (Middle European Iris Society) en français « Société des Iris d'Europe Centrale » a organisé pendant une vingtaine d'années, avec plus ou moins de bonheur, une compétition internationale d'iris sur le modèle des compétitions russes et allemandes. Depuis 2016, elle a choisi un modèle original, en collaboration avec le célèbre jardin botanique de Pruhonice, près de Prague.

Les iris sont envoyés au jardin botanique qui les plante et les soigne. Quand ils commencent à fleurir, un panel de juges est appelé pour en faire l'appréciation. Ils repassent cinq ou six fois dans la plantation pendant la période de floraison et attribuent des points à chaque variété en compétition. Pour être classée une variété doit obtenir au moins cent points. Il y a deux niveaux de récompense :

- les Champions, qui ont obtenus 120 pts. ou plus ;
- les Elites, qui ont obtenus au moins 100 pts.

Il existe autant de classements qu'il y a de catégories d'iris représentées, ce qui est intéressant car, dans les autres compétitions, les iris autres que les grands iris de jardin ne sont guère à l'honneur, voire pas du tout primés. Il y a un gagnant par catégorie et par origine : internationale et interne à la MEIS, lequel se voit attribuée la « Carpathian Medal ».

Pour 2016 ont été récompensés :
- SDB = 'Gongolo' (Montanari, 2011)
- IB = 'Bottle of Bliss' (Blyth, 2012)
- TB ='Style Traveller' (Blyth, 2012)
- SPU = 'Tajemtsvi' (Blazek, 2013)
- JI = 'Silesian Flash' (Seidl, 2011).

Pour 2017 :
- SDB = 'Plamka' (Piatek, 2013)
- IB = semis BM 05.19 (Seidl)
- TB = 'Sea For Miles' (Blyth, 2013)
- JI = 'Fialka' (Seidl, 2013)

La Carpathian Medal a été attribuée à :
- 2016 = 'Karibik' (Mego, TB, 2011)
- 2017 = 'Zielona Gora' (Koncewicz, TB, 2012).

Iconographie : 


'Tajemstvi' 


'Sea for Miles' 


'Karibik' 


'Zielona Gora'

3.11.17

LES IRIS DE GLENN CORLEW

Beaucoup moins connu que Joseph Gatty ou Vernon Wood, Glenn Corlew est, comme les deux autres, un spécialiste des iris roses. L'essentiel de sa production a en effet été consacré à cette couleur tendre et si fortement appréciée. Mais en plus de cette spécialité, il a acquis une certaine célébrité avec ses photographies, et, bien entendu, ses photos d'iris. La base de données IRIS ENCYCLOPEDIA de l'AIS rassemble un certain nombre de ces images et nous allons en publier le plus grand nombre en hommage à cet homme de goût. Ce sont des diapositives qui ont un peu vieilli, elles ont pris une teinte un peu rosée, mais puisqu'il s'agit majoritairement d'iris roses, cela n'est pas désagréable. 

On remarquera que ces variétés, dont la date de naissance s'étend sur plus de 20 ans, en plus d'un fort air de famille, conservent d'un bout à l'autre une remarquable continuité d'allure. Le temps n'a pas eu de prise sur le travail de Glenn Corlew. 

IX – Neuvième semaine 

'Songster' (1975) 'Pink Fringe' X ('Signature' x 'Flaming Heart') 


'Stage Door' (1978) 'Orchid Wings' X 'Grand Romance' 


'Tecate' 'Taholah' X 'Memphis Lass'

LA FLEUR DU MOIS

‘ANGE BLEU’
(Lawrence Ransom, 2002)

('Violet Lulu' X 'Couture Star')

Un jour prochain paraîtra ici une revue des obtentions majeures de Lawrence Ransom dans les domaines des grands iris et des iris arilbreds. Il ne faut pourtant pas oublier qu'il fut un hybrideur de variétés naines dans lesquelles on retrouve les qualités d'audace et de sensibilité qui constituent sa signature. C'est exactement le cas de 'Ange Bleu' qui est une de ses plus belles réussites.

Le croisement (Violet Lulu X Couture Star) a apporté bien des satisfactions à Lawrence Ransom. Il en a retiré sept variétés nouvelles (1) en l'espace de deux ans, et parmi celles-ci, celle qui nous intéresse aujourd'hui.

'Violet Lulu' (Warburton, 1985) est un SDB violet au cœur blanc qui a eu son petit succès lors de sa mise sur le marché en 1990. Il est lui même issu de (Design X Honey Mist), 'Design' (Warburton, 1981) étant un plicata violet dans le pedigree duquel on découvre un frère de semis du célêbre SDB bleu 'Open Sky', et 'Honey Mist' (Warburton, 1982) un autre plicata, lavande celui-là, qui remonte également à un frère de semis de 'Open Sky'. 'Couture Star' est quant à lui un joli petit plicata bleu obtenu par Ransom lui-même et enregistré en 1996.

Voici ce que Ransom lui-même écrit à propos de ce croisement : « Il arrive parfois qu'un croisement, pouvant donner jusqu'à une soixantaine de graines de variétés différentes, ne donne pas la moindre plante méritant d'être retenue, et alors tout est arraché pour partir au compost ! Mais parfois, et ce fut le cas avec le croisement Violet Lulu X Couture Star, on obtient au contraire une quantité embarrassante de plantes dont les fleurs sont aussi intéressantes les unes que les autres ! Il est alors peu facile de faire une sélection raisonnable pour ne garder vraiment que les meilleures. Parmi les qualités issues de leurs parents,une jolie forme de fleurs aux sépales larges et plus ou moins horizontaux a été retenue, ce qui est préférable pour les iris nains qui sont vus habituellement du dessus. »

Avec un tel croisement on peut s'attendre à obtenir d'autres plicatas. Ce fut le cas pour trois des siblings retenus : 'Joufflu', 'Joujou' et 'Zinzin', mais le reste de la couvée était assez varié, avec, notamment, un intéressant luminata, 'Merci' , deux aux couleurs mêlées, très originaux, 'Libertine' et 'Tralala', et un unicolore, 'Ange Bleu'. Il y avait effectivement de quoi être enthousiasmé.

On ne sait pas ce qu'aurait pu donner 'Ange Bleu' s'il avait été utilisé dans un croisement puisqu'il n'y en a pas eu ! Ransom, et les autres hybrideurs de SDB, ont du considérer que cette variété était un aboutissement en soi et qu'il n'y avait aucune amélioration à lui apporter... Cela fait la preuve de ce que ce petit iris joliment bleu est vraiment proche de la perfection.

Iconographie : 


'Ange Bleu' 


'Violet Lulu' 


'Couture Star' 


'Open Sky' 

(1) Liste des sept variétés issues de (Violet Lulu X Couture Star) :

- 'Ange Bleu'
- 'Joufflu'
- 'Joujou'
- 'Libertine'
- 'Merci'
- 'Tralala'
- 'Zinzin'

IRIS ET HISTOIRE

C'est un thème récurrent sur le forum de la SFIB : quel est le meilleur iris au monde ? La dernière fois qu'il a été abordé c'est à propos de la notion d' « Iris Historique ». Dans l'esprit de beaucoup de gens, dire d'une chose qu'elle est historique c'est dire qu'elle a marqué l'histoire en son domaine. On ne pense pas, tout simplement, que cela peut désigner quelque chose qui se situe dans l'histoire, sans pour autant lui assigner une place prépondérante. C'est de cette façon que pensent les Américains quand ils parlent de « historic irises » à propos de variétés qui sont suffisamment anciennes pour ne plus être franchement contemporaines et, en l'occurrence, qui ont été enregistrées il y a trente ans et plus. A nos yeux de Français, trente ans, c'est un peu court pour être considéré comme historique, cette notion nous semblant s'adresser à des choses qu'on pourrait retrouver dans nos livres d'histoire ou tout au moins qui ont une centaine d'années. Pour un citoyen du nouveau monde il ne faut pas avoir attendu aussi longtemps pour être entré dans l'histoire ! A défaut d'avoir atteint un âge avancé, il nous semble à nous, Français, que l'on devient historique si l'on constitue une pierre angulaire dans un domaine particulier. D'où pas mal de quiproquos avec nos interlocuteurs américains.

Mais pour pouvoir être considéré comme historique selon nos critères à nous, encore faut-il se montrer au-dessus du lot, et dans un domaine aussi subjectif que l'excellence d'une fleur, il n'est pas facile de se mettre d'accord sur les éléments constitutifs de cette excellence et sur leur évolution avec le temps. Car ce qui peut, à un moment donné, être considéré comme ce qu'il y a de mieux peut très bien être rejeté quelques temps plus tard, de même qu'une caractéristique qui apparaît à un moment peut très bien être longtemps repoussée avant d'être reconnue par le plus grand nombre. Deux exemples : dans les années 1920 des sépales retombants n'étaient pas un vice rédhibitoire comme c'est devenu le cas trente ans plus tard ; et la présence d'appendices pétaloïdes à l'extrémité des barbes qualifiée de monstruosité pendant de nombreuses années est devenue un trait remarquable au point d'apparaître sur un vainqueur de la Médaille de Dykes. Les choses évoluent et les goûts changent ; les règles et les lois régissant les iris ne peuvent que refléter cette évidence.

Que pourrait être aujourd'hui la définition d'un iris « historique » ?

Pour être qualifié d'historique, à la française, un iris doit avoir apporté à l 'évolution de la plante un élément nouveau, remarquable et décisif. Pour être admis unanimement cet élément doit avoir fait la preuve de sa nouveauté et de son intérêt horticole. Il ne peut être reconnu qu'après une expérience suffisamment longue. Un exemple de cet argument pourrait être celui de 'Snow Flurry' (Rees, 1939). Voilà un iris qui a surpris tout le monde au moment de son apparition mais qui n'a pas fait une carrière brillante dans la course aux honneurs. Les raisons de ce relatif échec sont multiples mais, en fin de compte, la communauté des iridophiles, avec le temps, a admis qu'il s'agissait d'une variété essentielle de l'évolution des iris. C'est bien ce qu'on pourrait labelliser comme un iris historique. Il y a bien d'autres variétés qui sont dans le même cas. Qu'il s'agisse de variétés passées plus ou moins inaperçues au moment de leur apparition, ou de cultivars couverts d'honneurs. Mais il n'existe aucun organisme en capacité d'attribuer ce label. La qualification d'iris historique reste donc purement subjective, ce qui ne me paraît pas plus mal. Car s'il existe des cas clairement identifiés d'excellence, il existe aussi des cas moins nets.

Prenons celui des iris qui ont apporté un élément nouveau et important mais qui, par ailleurs, n'étaient pas d'un niveau élevé de perfection (beauté et vigueur de la plante, aspect de la fleurs...). Comme c'est le cas pour 'Chantilly' (Hall, 1943) dont le mérite reconnu est d'avoir présenté des fleurs aux pièces florales frisées, ce qui n'existait pas auparavant, mais qui, en dehors de ça est une plante plutôt banale. C'est aussi le cas de 'Happy Days' (Mitchell, 1934), considéré comme le premier vrai iris jaune, mais dont la couleur est loin d'être pure, et la plante très ordinaire. On peut considérer ces deux-là comme des iris historiques, mais on peut aussi dire que leur particularité, pour être importante, n'est pas suffisante pour leur conférer le label.

Cependant la communauté des iridophiles (ou, en anglais, l'irisdom) dispose tout de même de points de repère avérés. Il s'agit des grandes récompenses attribuées ici et là dans le monde, et en particulier de la Médaille de Dykes. Certes celle-ci est purement américaine, mais dans un univers outrageusement dominé par la production des USA, elle représente ce qu'il y a de mieux à son niveau. Pour y accéder, en effet, il faut non seulement être suffisamment répandu pour pouvoir être vu par un maximum de juges, mais aussi disposer de qualités que l'on peut constater partout au travers des Etats américains, c'est à dire sous tous les climats et dans toutes les conditions de culture, et ce pendant une dizaine d'années. Les variétés qui l'ont reçue sont, sauf très rares exceptions, de véritables variétés historiques. C'est moins vrai des iris sacrés dans les grands concours internationaux parce qu'il s'agit de compétitions limitées dans le temps (trois ans en général) et n'intéressant que quelques variétés mises en compétition par leurs obtenteurs. Néanmoins les iris récompensés sont forcément des végétaux de qualité, auxquels, bien souvent, le label d'iris historique pourrait être attribué. Reste les cas de trois catégories d'iris :

- les iris originaires des pays non-américains, manifestement sous-représentés dans les grandes compétitions et peu répandus hors de leurs pays d'origine, qui, peut-être mériteraient le label mais qui en sont exclus par leur manque de diffusion ; ce sont les inconnus dans la maison ;
- les iris d'Australie, qui s'apparentent aux précédents mais dont, heureusement, la réputation n'est plus à faire ;
- les iris qui n'ont pas eu le bonheur de bénéficier d'une médaille mais qui ont néanmoins marqué leur époque, voire le monde des iris en général. Ceux-là, malgré leur déficit de notoriété du temps de leur vie commerciale, sont, au bout de quelque temps, archi-connus et reconnus, et n'ont pas besoin d'un label pour les qualifier.

Si, en fin de compte, il n'y a pas officiellement d'iris historique, la liste de ceux-ci, à quelques variantes ou exclusions près, est bel et bien mondialement établie.

Iconographie : 


'Snow Flurry' 


'Mesmerizer' 


'Chantilly' 


'Happy Days'