26.1.07







LA GRANDE VARIÉTÉ DES VARIEGATAS

Curieusement, « The World of Irises », la Bible des iridophiles, ne parle pour ainsi dire pas des iris que nous appelons « variegatas », qui sont, faut-il le préciser, des fleurs aux pétales dans les tons de jaune et aux sépales soit brun-rouge, soit violets, voire bleus.

Pourtant il s’agit d’un modèle qui est maintenant fort répandu et qui attire beaucoup les amateurs. Son origine reste cependant obscure, même si l’on est certains que l’espèce I. variegata est prépondérante. I. variegata est une plante plutôt grande (environ 75 cm) avec des fleurs au contraire plutôt petites, pétales jaunâtres, sépales semblables mais veinés de brun-rouge. Une bonne représentation de cet iris se trouve reproduite dans le cultivar HONORABILE (Lémon 1840), à moins qu’on ne lui préfère le fameux SANS SOUCI (van Houte 1854) qui lui ressemble bigrement, mais dont les veines sont plus violacées. Ces deux iris sont plus proches de ce qu’on appelle aujourd’hui les variegatas-plicatas chers à Jim Gibson et Keith Keppel.

Pour arriver au modèle actuel, avec ses pétales parfaitement jaunes et ses sépales entièrement rouges ou violets, il a fallu travailler dur et ajouter beaucoup d’ingrédients divers à l’espèce de base. Ces travaux se sont orientés dans trois voies. Soit ajouter au modèle initial les gènes d’iris jaunes, brun-rouge ou pourpre foncé. Soit croiser un variegata et un autre bicolore. Soit enfin marier entre eux deux variegatas.

Une toute première approche du modèle se situe chez EXTRAVAGANZA (Douglas 1940), qui a des pétales blanc crémeux et des sépales rouge bourgogne. Croisé avec FRANK ADAMS (Lapham 1937) qui est un brun-rouge apprécié à son époque, il a donné naissance à ce qui reste un des meilleurs variegatas : ACCENT (Buss 52), un iris de haute taille avec des pétales d’un jaune très pur et des sépales d’un brun uniforme ornés de barbes dorées.

Auparavant, une variété comme RAMESES (Sass 1929 – DM 32) présentait cette addition du jaune et du magenta, mais elle n’a pas eu de véritable descendance dans ces coloris. Quinze ans plus tard, ROCKET (Whiting 45) est une autre approche du modèle, mais lui non plus n’a pas été foisonnant en descendant ; on peut cependant parler du Français GAI LURON (Cayeux 58) qui en provient en droite ligne.

C’est à Opal Brown que l’on doit une grande partie du développement des iris variegatas. Elle a en effet sélectionné, au début des années 60, une variété que l’on peut qualifier de variété de base dans ce coloris. Il s’agit de GYPSY LULLABY (O. Brown 60), un iris foncé, caramel / grenat, qui est à l’origine de PIPES OF PAN (O. Brown 63), qui est crème / pourpre, puis de GALA MADRID (Peterson 68), qui est cuivre / pourpre. PIPES OF PAN est lui-même l’un des parents de BARCELONA (O. Brown 67), qui est beige / bordeaux. Ajoutons à ce panel TAMBOURINE (Babson 69), un iris or et grenat, dont on ne sait pas grand chose des origines. Avec les descendants de ces cinq iris-là, on maîtrise une grande partie du pedigree des variegatas modernes.

La plupart des descendants de GALA MADRID sont des variegatas. Pour n’en citer que quelques-uns, connus parce que commercialisés en France, parlons de CAIRO LYRICS (Peterson 73) qui est le portrait craché de son ancêtre GYPSY LULLABY, ORITAM (Hoffmeister 77), CORBIERES (Ségui 82) et GLAD RAGS (Hager 85). BARCELONA a, aussi, une belle progéniture : CAPRICORN DANCER (B. Blyth 78), P.T. BARNUM (J. Meek 79), et surtout GYPSY CARAVAN (Moldovan 78) qui dispose d’une descendance exceptionnelle dans les tons du modèle, avec, entre autres, ALL THAT JAZZ (Denney 81), FIESTA TIME (Schreiner 86), ADOBE ROSE (Ernst 88), INTERNATIONAL INTRIGUE (P. Black 89), VIGILANTE (Schreiner 91) et ANDALOU (R. Cayeux 95). Quant à TAMBOURINE, il est plutôt à l’origine de cette variante du modèle qu’est le rapport jaune/bleu. Il a notamment pour descendants le tendre SWEDISH MODERN (Babson 76), et son cousin MERRY MADRIGAL (Babson 82), ainsi que SHAMAN (DuBose 80). MERRY MADRIGAL est à la base d’une longue lignée de grandes variétés jaune/bleu, et, tout particulièrement, de EDITH WOLFORD (Hager 86 – DM 93).

Cet EDITH WOLFORD a pour « père » FREEDOM ROAD (Plough 77) qui est lui-même un variegata jaune /bleu, et dont le pedigree mérite d’être décrypté car il provient d’une autre approche du modèle. En effet il est le fils de GUITAR COUNTRY (Plough 71), jaune moutarde / prune, et le petit-fils de MILESTONE (Plough 65), jaune beurre / pourpre, qui est l’aboutissement d’un croisement entre un iris jaune, RAINBOW GOLD, et un amoena, WHOLE CLOTH. Mais EDITH WOLFORD est surtout important par la richesse de sa descendance qui comporte à ce jour plus de 80 variétés enregistrées, essentiellement dans le modèle variegata. Dans cette belle famille on trouve des variétés aussi intéressantes que JURASSIC PARK (Lauer 95), DISCO ECLIPSE (Johnson T. 2000), les trois frères NOTHING TO LOSE (Ernst 92), PICTURE THIS (Ernst 93), THRILLSEEKER (Ernst 93) et les Français TUMULTUEUX (Cayeux R. 95) et HAUT LES VOILES (CAYEUX R. 99), ou le superbe LYDIA SAFAN-SWIASTYN (Jameson 99) –voir photo-. A côté, certaines variétés plus anecdotiques méritent d’être citées, comme ANNE MARIE CHESNAIS (François 98), MELEN HA GLAS (Madoré 2001) et les Slovaques SUZUKI CHIC (Muska 96) et GIL Y GIL (Muska 99) –voir photos-.

D’autres variegatas, d’une grande diversité d’aspect, ont eu une importante descendance. Il en est ainsi de BETTY SIMON (Hamblen 76), SHOWBIZ (Gatty 79), SMART ALECK (Gatty 87), SUPREME SULTAN (Schreiner 88), SYNCOPATION (Gatty 84), VILLAIN (Keppel 81), WORLD NEWS (Sexton N. 78) ou SHAMAN dont il a été question plus haut et que la famille Anfosso a utilisé pour sa série de variegatas qui ont pour noms ATYS (88), MARCHE TURQUE (91) et SAMARCANDE (92). On pourrait à l’infini poursuivre cette énumération car les iris variegatas sont très nombreux et très variés. C’est un modèle extrêmement courant, qui a encore de beaux jours devant lui et de grands progrès à accomplir. Voyez, par exemple, l’évolution qui donne naissance à des variegatas inversés, comme CREE LADY (Hedgecock 2003), WIDDERSHINS (Roberts M. 99) ou, encore plus évident, WONDERFUL TO SEE (Kerr 2000).
ECHOS DU MONDE DES IRIS

Adieu Irisland ?

Le blog IRISLAND semble n’avoir vécu que le temps de sa création. Je suis allé plusieurs fois vérifier s’il y avait du nouveau chez ce confrère. Rien. Aujourd’hui, j’y retourne, mais la page n’a pas évolué, désespérément arrêtée au 12/11/2006… Adieu Irisland ?

Eleanor for ever.

Après bien des tergiversations, le nom d’ELEANOR OF AQUITAINE ne sera pas attribué. Le responsable des enregistrements s’est rendu aux arguments de ceux qui considéraient ce nom comme faisant double emploi avec ALIENOR D’AQUITAINE. Ce n’est pas parce que cette dame extraordinaire a été tour à tour reine de France puis d’Angleterre pour l’honorer deux fois, une en français et une en anglais !

Comment transcrire ?

Une vive discussion remue actuellement le Landerneau des iris. Il s’agit de savoir comment transcrire les noms d’iris lorsqu’ils sont exprimés dans une langue utilisant un autre alphabet que l’alphabet latin. La question fait suite à une autre qui concerne la compréhension, par l’enregistreur, de ce que signifient les noms proposés à l’enregistrement quand il ne comprend pas la langue utilisée par l’obtenteur. En effet les règles régissant l’attribution des noms prévoient, entre autres, que les noms avec des qualificatifs exagérés, ou risquant de devenir inappropriés, ne doivent pas être acceptés. Pour appliquer cette règle, il faut comprendre le sens du nom proposé. Pour qu’il comprenne, il faut que l’enregistreur, a priori Américain, dispose d’une traduction en anglais. J’ai fait cette proposition de bon sens, qui a rencontré une large approbation, y compris venant d’un ancien président de l’AIS. Elle devrait être discutée lors d’une prochaine réunion du bureau des Directeurs de l’AIS. La mondialisation a des exigences dont il faut tenir compte.
RÉCRÉATION (réponses)

Devinettes

Combien de Médailles de Dykes Françaises ont été attribuées ?
Réponse : 11

Combien de Médailles de Dykes la British Iris Society offre-t-elle chaque année actuellement ?
Réponse : 4

Combien de variétés ont obtenu à la fois la Médaille de Dykes et le Fiorino d’Oro ?
Réponse : 6

Un obtenteur asiatique a vu une de ses variétés recevoir le Fiorino d’Oro, de qui s’agit-il ?
Réponse : Adlof Volfovitch-Moler
RÉCRÉATION

Pedigree

Laquelle de ces variétés de Jean Cayeux a le pedigree (Falbala X semis de Triton) ?
· ‘Alizés’
· ‘Condottiere’
· ‘Premier Bal’

19.1.07


ECHOS DU MONDE DES IRIS

Aliénor ou Eleanor ?

Une controverse agite actuellement le petit monde des iris d’habitude plutôt consensuel.

Voilà l’affaire :
A côté d’ALIENOR D’AQUITAINE (Ransom 92), le « registrar » de l’AIS vient d’enregistrer un ELEANOR OF AQUITAINE (Baumunk 2006) –voir photo. Plusieurs amateurs, Français comme Américains, ont trouvé qu’il y avait là une certaine homonymie, contraire aux règles d’enregistrement des variétés. Amené à s’expliquer, le « registrar » a présenté des arguments purement formels, mais n’a fait aucune allusion au sens des mots et à la signification du nom donné. Pour lui, il n’y a aucune confusion possible entre ALIENOR D’AQUITAINE et ELEANOR OF AQUITAINE : c’est comme si il ne s’agissait pas d’un seul et même personnage.

La traduction des noms propres était une pratique normale il y a quelques siècles, quand les nations n’échangeaient guère entre elles. C’est ainsi que l’on parle à la fois de Londres et de London, de Munich et de München ou Monaco di Bavaria, d’Athènes et d’Atinaï. C’est ainsi que les Anglais évoquent William the Conqueror quand les Français ne connaissent que Guillaume le Conquérant. Aujourd’hui la pratique des traductions de noms est tout à fait obsolète, et le plus souvent inopportune.

Si elle était confirmée, la décision du « registrar » risquerait d’amener une certaine pagaille dans les noms d’iris , si un jour, par exemple, on constate l’existence parallèle d’un WILLIAM OF ORANGE (Dodsworth 99) qui existe déjà, et d’un GUILLAUME D’ORANGE.

Il est regrettable que les instructions concernant l’attribution des noms ne soient pas plus précises, mais il est aussi décevant que ceux qui régissent cette attribution ne soient pas attentifs au sens des noms qu’ils enregistrent.

ON A TOUS QUELQUE CHOSE DE SNOW FLURRY

« On a tous quelque chose de SNOW FLURRY » pourraient chanter la plupart des grands iris actuels. Pour les lecteurs qui ne le sauraient pas encore, SNOW FLURRY (Rees 39) est le premier iris moderne, tétraploïde, blanc et ondulé. Il a été utilisé en abondance par les hybrideurs des années 40 et 50 pour tirer profit de ces intéressantes aptitudes. Mais parmi ses très nombreux descendants directs quelques-uns uns ont eu eux-même un grand nombre de rejetons, et au travers de ceux-ci on atteint presque toutes les variétés contemporaines.

Ces descendants de SNOW FLURRY qui foisonnent en enfants se nomment essentiellement :
· NEW SNOW (Fay 46) – blanc, barbes jaunes,
· VIOLET HARMONY (Lowry 48) - violet améthyste,
· ZARA (Hinckle 51) – indigo uni,
· BLUE SAPPHIRE (Schreiner 53 – DM 58) – bleu, barbes or
· REHOBETH (DeForest 53) – bleu très pâle, barbes blanches,
· CELESTIAL SNOW (Reckamp 57) – blanc pur,
· MEMPHIS LASS (Schortman 57) – plicata amarante /blanc.

A partir de cet échantillon, on peut découvrir un lien de parenté entre les variétés les plus représentatives de ces dernières années comme, par exemple, les vainqueurs des six dernières Médailles de Dykes.

Une variété qui répond entièrement à ce qui vient d’être écrit, c’est YAQUINA BLUE (Schreiner 92 – DM 2001), pour qui on doit trouver au moins trois itinéraires pour remonter à SNOW FLURRY. Un premier s’établit par SAPPHIRE HILLS, PARISIAN BLUE, MELISSA et ZARA. Mais on aurait pu choisir de passer par PLEDGE ALLEGIANCE OU HONKY TONK BLUES, NEPTUNE’S POOL, STERLING SILVER et CELESTIAL SNOW.

MESMERIZER (Byers 91 – DM 2002) aussi descend de SNOW FLURRY par plusieurs chemins. Un premier remonte par CONDOTTIERE, FALBALA, PARISIAN BLUE, MELISSA et ZARA, comme le précédent. Un autre va par SKY HOOKS, WEDDING VOW, NINA’S DELIGHT et VIOLET HARMONY.

CELEBRATION SONG (Schreiner 93) a obtenu la DM en 2003. Je lui ai trouvé au moins un parcours pour rejoindre son illustre ancêtre : LULLABY OF SPRING, SWEET MUSETTE, CHRISTMAS TIME, ARCTIC FLAME, LIPSTICK et NEW SNOW.

L’amoena inversé CROWNED HEADS (Keppel 97) a vite accompli son cursus et a été couronné dès 2004. A partir de lui on chemine vers SNOW FLURRY via IN REVERSE, SWIRLING SEAS, FULL TIDE à partir de qui on rejoint LIPSTICK et le chemin précédent.

En 2005 c’est SPLASHACATA (Tasco 97) qui a eu la médaille. La voies vers son ascendant fameux ne s’attarde pas en cours de route : JESSE’S SONG, DECOLLETAGE, MEMPHIS LASS et l’affaire est faite !

Enfin pour ce qui est de SEA POWER (Keppel 99 – DM 2006), il n’y a qu’un pas de plus à faire depuis YAQUINA BLUE puisqu’il s’agit de son parent direct.

Multiplier les exemples comme ceux-ci ne présente pas de difficulté. Une bonne base de donnée et quelques minutes pour chaque variété et le tour est joué. Mais ce jeu de piste est plutôt amusant : les convergences, tout comme les différences, sont variées et instructives pour qui s’intéresse à la généalogie des iris, et notamment pour tous ceux qui veulent faire de l’hybridation un peu autrement qu’au gré de leur fantaisie.
RÉCRÉATION (réponses)

ÇA SWINGUE (II)

Le nom qui n’est pas attribué est :
SWING WITH ME
RÉCRÉATION

Devinettes

Combien de Médailles de Dykes Françaises ont été attribuées ?
Combien de Médailles de Dykes la British Iris Society offre-t-elle chaque année actuellement ?
Combien de variétés ont obtenu à la fois la Médaille de Dykes et le Fiorino d’Oro ?
Un obtenteur asiatique a vu une de ses variétés recevoir le Fiorino d’Oro, de qui s’agit-il ?

13.1.07




ECHOS DU MONDE DES IRIS

D’autres récompenses (Contemporary Views)

L’hybrideur américain Perry Dyer distribue chaque année ses propres récompenses aux iris qu’il a vus et appréciés. Ses choix sont toujours judicieux et portent la marque d’un fin connaisseur. Voici les principales distinctions qu’il a accordées cette année :

CONTEMPORARY AWARD – pour la meilleure nouveauté (variété introduite dans les trois dernières années) : ALL NIGHT LONG (Duncan 2005).
L’ELEGANTE AWARD – pour le nouvel iris portant les plus jolies fleurs : HYPNOTIC MELODY (Innerst 2003).
9-1-1 AWARD – pour le nouvel iris qui constitue la principale avancée en matière d’hybridation ou d’originalité dans le domaine de la couleur : BLUEBEARD’S GHOST (P. Black 2006).
SUN BELT AWARD – pour la nouvelle variété aux qualités confirmées après au moins quatre années de culture : HEARTSTRING STRUMMER (Ben Johnson 2001).
DARK HORSE AWARD – pour la variété introduite dans les dix dernières années, mais injustement délaissée par les juges de l’AIS : PURE AS GOLD (Maryott 1993).
PICK OF THE LITTER AWARD – pour le nouvel iris le plus prometteur de l’année : KING OF LIGHT (Baumunk 2007).

Perry Dyer attire aussi l’attention sur un hybrideur qui lui paraît particulièrement doué. Cette année il couronne Anton Mego, l’obtenteur slovaque que les lecteurs de ce blogue connaissent bien. Il signale en particulier les semis suivants :
AM 96/0121-13
AM 99/0387-1 –voir photo -
AM 99/0393-2

Ses autres choix font une belle place aux obtentions récentes de Richard Cayeux :
PRINCESSE CAROLINE DE MONACO (Cayeux 1998)
ELEGANT (Cayeux 2005)
FABULEUX (Cayeux 2003)
POESIE (Cayeux 2003)
TOILE DE JOUY (Cayeux 2005)

Enfin, dans la catégorie des iris de bordure (BB), il signale la réussite de MORNING TWILIGHT (Keppel 2005), dont je joins une photo pour que mes lecteurs apprécient.

FEMME-ÉTOILE

Un iris intermédiaire réussira-t-il à remporter la Médaille de Dykes ? S’il en est un qui est bien placé pour accomplir cette performance, c’est bien STARWOMAN (Marky Smith 97) – voir photo - .

Certains diront : « Mais qu’a-t-il de particulier ? C’est un plicata archi-classique ! » Sans doute, mais ce coloris, vif et assez chargé, n’est pas si courant chez les iris intermédiaires. En plus il est fortement ondulé, voire bouillonné pour ce qui est des pétales, un peu comme le sont certains grands iris actuels, et cela aussi c’est rare dans la catégorie IB. Enfin STARWOMAN sent bon, est considéré comme robuste et poussant bien, et si on ajoute qu’il s’agit d’une variété fertile, on a fait le tour des qualités peu ordinaires de cette variété.

STARWOMAN est issu d’un iris nain standard, CHUBBY CHEEKS (P. Black 84) et d’un grand iris, en l’occurrence un semis non dénommé réunissant SNOWBROOK (Keppel 86) et un de ses frères de semis. On ne sait pas exactement quel est le coloris de ce semis. S’agit-il d’un plicata type « Emma Cook » comme SNOWBROOK ? Ou d’un plicata ordinaire ? En tout cas il ne peut s’agir que d’un plicata, et vraisemblablement dans les teintes de bleu ou de violet puisqu’on ne trouve presque que ce coloris chez les ancêtres. La vive coloration de STARWOMAN est à coup sûr un acquis paternel.

C’est plutôt du côté maternel que STARWOMAN retient l’attention des hybrideurs. Son parent femelle, CHUBBY CHEEKS (voir photo), est une sorte de plicata, dans les tons de bleu grisé, nuancé de chartreuse aux épaules. Esthétiquement, ce n’est pas un chef d’œuvre, mais c’est une variété au fort potentiel génétique, et qui a été abondamment utilisée par les obtenteurs de SDB et d’IB. L’une de ses aptitudes est d’engendrer des iris intermédiaires fertiles. Or chacun sait que les Intermédiaires, du fait de leur nombre impair de chromosomes, sont en principe stériles. Pour démontrer qu'ils n'étaient pas tous aussi stériles qu'on voulait bien le dire, l’obtentrice américaine Marky Smith a effectué de nombreux croisements entre des intermédiaires utilisés comme parent femelle et, soit des nains standards, soit des grands iris. Au début de 98 elle a choisi trente-trois IB qu'elle a d'abord fécondé avec du pollen prélevé sur des SDB, alors en fin de floraison, puis, un peu plus tard, avec du pollen de TB. Parmi les variétés choisies pour l’expérience figurait ce STARWOMAN, ainsi que quelques autres descendants de CHUBBY CHEEKS. Et il s’est avéré que STARWOMAN et ses cousins étaient fertiles, cependant ils n'ont bien réussi qu'avec les TB. L'intérêt de cette expérience se situe notamment dans la perspective d'obtenir, par cette voie, des iris de bordure (BB) qui soient plus élégants et mieux proportionnés que ceux enregistrés jusqu'ici, lesquels ne sont que des grands iris déclassés pour cause de tiges trop courtes, et, de ce fait, généralement dotés de fleurs trop grosses pour la taille des plantes. Le mélange IB/TB aboutit á des iris moyens en taille, mais avec des fleurs petites et fines. Un autre intérêt est qu'on peut envisager que des traits caractéristiques des iris nains (SDB) comme la macule brune héritée des I. pumila apparaissent sur des grands iris (TB) ou tout au moins sur les BB de nouvelle génération.

Voilà donc une variété plus originale qu’elle n’en a l’air, qui peut apporter un développement nouveau dans le domaine de l’hybridation. Rien qu’à ce titre elle mériterait bien d’être distinguée lors de l’attribution de la récompense suprême de 2007. Elle est en tout cas remarquablement placée dans la course. Mais ce ne serait pas la première fois qu’un iris exceptionnel passerait à côté de la consécration. Souvenons-nous de ce qui est arrivé à SNOW FLURRY, au début des années 40. Souhaitons néanmoins à STARWOMAN de devenir une vraie star !
RÉCRÉATION (réponses)

ÇA SWINGUE

Le nom qui n’est pas attribué est :
CHICAGO JAZZ
RÉCRÉATION

ÇA SWINGUE (II)

Les six noms qui suivent comportent une anomalie : l’un d’entre eux n’a pas (encore) été attribué à une variété d’iris. Lequel ?

MOOD SWING
SWING AND SWAY
SWING DANCING
SWINGING SINGER
SWINGTOWN
SWING WITH ME

5.1.07




CLARA B. REES
OU LA CÉLÉBRITÉ AVEC UNE SEULE FLEUR


Sans doute dans d’autres domaines trouve-t-on le même genre de phénomène, la vie et la célébrité de Clara B. Rees ne constituent sûrement pas une exception, mais elles méritent d’être comptées à tous ceux qui ont une intimité avec le monde des iris.

Clara B. Rees et sa sœur Ruth étaient originaires de l’Ohio. Comme beaucoup d’Américains, elles ont été attirées par la douceur de la vie en Californie et sont venues, au début des années 30, s’installer dans la vallée de Santa Clara, à San José, tout à fait au fond de la baie de San Francisco. Elles avaient l’intention de cultiver et de vendre des tulipes. Mais le climat californien n’est pas celui de la Hollande, et les tulipes, qui n’avaient pas assez de froid, l’hiver, pour entreprendre leur floraison, poussèrent mal. Cet échec conduisit les deux sœurs à s’intéresser à d’autres plantes. Pourquoi pas les iris ? Elles firent l’achat de quelques variétés et se lancèrent dans l’aventure. Leurs premières acquisitions concernèrent des variétés fameuses de l’époque, comme le Français THAÏS (Cayeux 26) et le blanc PURISSIMA (Mohr-Mitchell 27) –voir photos-.

En déposant le pollen de THAÏS dans la fleur de PURISSIMA, Clara Rees prenait de gros risques. THAÏS est in iris diploïde et PURISSIMA une variété tétraploïde. Le produit, s’il y en avait un, avait de grandes chances d’être triploïde, donc stérile et de peu d’intérêt. Première chance, le croisement réussit. Oh, petitement, seulement deux graines ! Dont une visiblement ratée… Clara hésita un moment, puis prit la décision de planter cette unique graine. Deuxième chance, elle germa ! Troisième chance, la nouvelle plante prospéra, et si bien que dès la première année, elle put être divisée. La deuxième année la nouvelle plante se mit à fleurir, et dès qu’elles virent les nouvelles fleurs, les sœurs Rees comprirent que quelque chose d’important venait de survenir. Ruth, la cadette, cueillit délicatement deux fleurs et partit, en traversant la baie, les porter à Carl Salbach, en sa pépinière des collines de Berkeley. « Où avez-vous trouvé ça ? » demanda Carl Salbach, et Ruth répondit « dans mon jardin ! ». Dès le lendemain Carl Salbach fit le voyage de San José. Quand il vit les iris en question, il acheta immédiatement tout le stock sauf un rhizome ! Clara n’avait plus rien ou presque, et il lui fallut trois ans pour reconstituer la touffe de ce qui allait s’appeler SNOW FLURRY (39), et devenir la variété d’iris la plus importante du XXeme siècle. Voilà une bourrasque de neige qui allait secouer le petit monde des iris et se trouver à l’origine de presque toutes les variétés que nous connaissons aujourd’hui.

Dès le début, SNOW FLURRY rencontra un succès phénoménal. Tous les hybrideurs voulurent l’utiliser pour leurs croisements. Mais SNOW FLURRY n’a presque jamais de pollen. Heureusement il se comporte comme une généreuse génitrice et ses gousses sont toujours abondamment pourvues.

Ceux qui ont connu Clara Rees, dans les années 60, l’ont décrite comme une charmante vieille dame mince et élégante, passant ses journées à lire la Bible ou à rassembler des articles de presse et toutes sortes de documents concernant ses affaires ou sa famille, qu’elle réunissait dans des albums. Elle était toujours active et, à l’occasion, fabriquait des vêtements au crochet, ou refaisait le cannage des chaises et des rocking chairs chers aux Américains ! Le jardin des sœurs Rees était plein de tulipes (il en restait), de narcisses et d’amaryllis qu’elles hybridaient aussi bien que les iris. Au printemps, sous les pêchers, s’étalaient les touffes de muguet…

Clara Rees a continué d’hybrider, sans excès, avec la modestie tranquille qui la caractérisait. Elle n’a, de toute sa vie enregistré que 27 variétés, dont aucune n’a atteint la célébrité de SNOW FLURRY. Sa meilleure réalisation fut YELLOW ORGANDY (52), descendant jaune de SNOW FLURRY, qu’elle déclina par la suite, avec de jolis iris jaunes comme ASTRONAUT (59), TOUCH OF ELEGANCE (61) ou LIGHT AND LOVELY (65).

L’histoire retiendra que Clara Rees atteignit la célébrité sans que son iris fétiche ne décroche jamais la récompense suprême. L’American Iris Society a tenté de réparer cette injustice en attribuant à Clara en 1967 la Hybridizers' Medal. Cette reconnaissance de ses pairs est cependant arrivée bien tard : Clara B. Rees s’est éteinte en 1970.
ECHOS DU MONDE DES IRIS

Vous aimez les photos d’iris ? Voici quatre sites où vous en trouverez tou plein, dont certaines très belles :

DAVE’S GARDEN = http://davesgarden.com/ (choisir ensuite „plant file“ puis „iris“)
BRIGHTON PARK = www.brightonparkiris.com
Laetitia MUNROE = http://www.garden-of-mu.com/
Laurie FRAZER = http://lfrazer.com/iris

DYKES MEDAL

Cela peut intéresser certains de trouver la liste des variétés ayant obtenu la Dykes Medal, depuis la création de cette distinction. Les TB (Grands Barbus) l’ont toujours emporté, à l’exception de deux fois : en 1945, avec l’AB (Arilbred) ELMOHR, et en 1981, où c’est le BB (Iris de Bordure) BROWN LASSO qui a triomphé.

Depuis 1990 la Médaille est attribuée chaque année, car le règlement a été modifié. Auparavant, il y a des « manques », qui correspondent aux années où aucune variété n’a pris le meilleur.

Voici la dernière série.

D : depuis 1990

1990 JESSE’S SONG (B. Williamson 83) plicata indigo
1991 EVERYTHING PLUS (Niswonger 84) am/plic indigo vif
1992 DUSKY CHALLENGER (Schreiner 86) unicolor outremer
1993 EDITH WOLFORD (Hager 86) variegata jaune pâle / bleu
1994 SILVERADO (Schreiner 87) unicolor blanc argenté
1995 HONKY TONK BLUES (Schreiner 88) bleu marbré blanc
1996 BEFORE THE STORM (Innerst 89) unicolor “noir”
1997 THORNBIRD (Byers 89) paille, veines et éperons violacés
1998 CONJURATION (Byers 89) am/plic indigo clair, épr. blancs
1999 HELLO DARKNESS (Schreiner 92) unicolor ‘’noir“
2000 STAIRWAY TO HEAVEN(Lauer 93) neglecta bleu
2001 YAQUINA BLUE (Schreiner 92) unicolor bleu
2002 MESMERIZER (Byers 91) blanc, à grands éperons
2003 CELEBRATION SONG (Schreiner 93) bicolor, abricot / lavande
2004 CROWNED HEADS (Keppel 97) amoena inversé, bleu lavande
2005 SPLASHACATA (Tasco 97) plicata indigo
2006 SEA POWER (Keppel 99) unicolor bleu très ondulé
RÉCRÉATION (réponses)

ENTRE CHIEN ET LOUP

Le nom qui n’est pas attribué est :
RAIN AT TWILIGHT
RÉCRÉATION

ÇA SWINGUE


Les six noms qui suivent comportent une anomalie : l’un d’entre eux n’a pas (encore) été attribué à une variété d’iris. Lequel ?

ALL THAT JAZZ
CAPITAL CITY JAZZ
CHICAGO JAZZ
JAZZ SWINGER
JAZZED UP
STRICKTLY JAZZ