Un portrait de John C. Wister
Pour une fois ce n’est pas d’un hybrideur d’iris dont il sera question ici, mais d’un homme exceptionnel qui a consacré aux iris une partie d’une exceptionnelle existence.
John Caspar Wister (1887/1982) est d’une famille aisée de Philadelphie, où il a passé son enfance dans le quartier chic de Germantown où se trouve encore aujourd’hui une rue portant le nom de Wister. Sa famille comporte plusieurs personnes connues aux Etats-Unis comme l’écrivain Owen Wister, père du roman western, ou Sarah Logan Wister Starr, engagée toute sa vie dans les œuvres humanitaires.
Très tôt dans son existence, il s’est intéressé à l’horticulture. On dit qu’il accompagnait les jardiniers de la propriété familiale afin d’apprendre le plus de choses possibles au sujet des plantes qui s’y trouvaient. Plus tard il a poursuivi des études à l’Université de Harvard et s’est spécialisé dans l’architecture du paysage. Il commençait une carrière dans cette branche quand il a été rattrapé par la Première Guerre Mondiale, pour laquelle il s’est engagé en 1917, alors qu’il avait tout juste vingt ans.
Son séjour en Europe s’est poursuivi après la guerre, et il en a profité pour visiter de nombreux jardins, faire la connaissance des plus éminents horticulteurs et acquérir des plantes qu’il a envoyées à des amis restés au pays. De retour aux Etats-Unis, et pour un bail de 70 ans, il a repris son métier d’architecte paysagiste et son entreprise s’est développée non seulement aux USA, mais aussi en Grande-Bretagne.
Son intérêt pour les plantes était considérable. Il englobait les iris, bien sûr, mais aussi les lilas, les pivoines, les rhododendrons, les narcisses est tout un tas d’autres espèces plus ou moins rares ou délicates à cultiver. Il consacrait une bonne part de son temps à faire partager ses connaissances, notamment au Swarthmore College de Philadelphie, où il a travaillé plus de cinquante ans. Un grand jardin public y a été créé, qu’il a en partie lui-même dessiné, et qui abrite 5000 espèces d’arbres et d’arbustes. De même il a dirigé le Tyler Arboretum, à Lima, Pennsylvanie, tout près de Philadelphie, jusqu’en 1968. Il fut, par ailleurs l’auteur de plusieurs ouvrages d’horticulture qui font encore référence.
Il faisait partie d’une foule de sociétés d’horticulture, dont, évidemment la Pennsylvania Horticultural Society mais aussi l’American Rose Society et, tout particulièrement l’American Iris Society dont il fut le fondateur et qu’il a présidée pendant quatorze ans. A ce titre il a fait partie en tant que Vice-Président de la Commission des Iris réunie à Paris en 1922.
Ses éminentes aptitudes et son infatigable énergie lui ont valu une foule de distinctions, médailles et autres signes de reconnaissance, non seulement aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, notamment de la part de la Royal Horticultural Society, à Londres.
Il est décédé en 1982, dans sa maison du Swarthmore College de Philadelphie. Peut-être est-ce à son extraordinaire activité qu’il a du de vivre jusqu’à l’âge de 95 ans. Il restera en tout cas une des figures les plus emblématiques du monde de l’horticulture en général et du monde des iris en particulier.