Rendons à présent un hommage à Joë Ghio. Avec Keith Keppel et Barry Blyth il constitue un trio de grands maîtres de l'hybridation qui partagent des goûts communs et échangent leurs expériences. Après plus de cinquante ans de travail, il a acquis un savoir-faire exceptionnel qui, allié à une habileté étonnante et un goût irréprochable, fait de chacun de ses iris une véritable œuvre d'art parfois capricieuse et souvent délicate, mais qui comble de bonheur ses admirateurs. En douze épisodes nous ferons le tour de ses plus beaux ouvrages, pour le plaisir des yeux, et pour le rêve qu'ils font naître en nous.
Quatrième épisode : vers l'orange.
Nous voici arrivés dans une couleur qui plaît beaucoup à Joë Ghio. En voilà quatre, du plus clair au plus foncé :
'Amplified' – (1999) ((Quito x Mogul sib, x Bogota sib)) x Forbidden Fruit) X Cordoba sib
'Cordoba' (1997) - Dawning X Royal Honey
'Exhilaration' (1983) - (((Ponderosa x Debby Rairdon) x (Show Time x San Leandro)) x ((New Moon x ((Gracie Pfost x Ponderosa) x Ponderosa)) x Valentina)) X (Wings of Dreams x Entourage)
'Quito' (1992) - (Esmeralda sib x Stratagem sib) X Bogota
27.11.15
À LA RECHERCHE DE L'IMPOSSIBLE
L'iris n'est décidément pas une plante facile. Quand on veut en forcer la nature, il se regimbe et exprime sa détermination à conserver ce que l'évolution lui a conféré. Ce n'est pas qu'il s'oppose à des modifications mineures, comme celle de l'ampleur de sa fleur ou celle des couleurs de celle-ci, mais dès que l'on s'intéresse à sa structure génétique, il entre en résistance. Prenez l'exemple de l'iris rouge. C'est un défi que bien des hybrideurs ont tenté de relever, mais à quoi ont-ils abouti jusqu'à présent ? Tournez-vous vers la remontance et le rêve d'un iris « semper florens », et que voyez-vous aujourd'hui ? Et l'iris « flore pleno » ? Avance-t-on dans cette direction ? Ce sont les trois questions qui vont être abordées dans cette chronique.
À la recherche de la fleur double.
Il y a les roses pompon, les œillets pompon, les dahlias pompon et des tas d’autres fleurs doubles auxquelles le surnom de pompon n’est pas habituellement donné. Mais il n’y a pas encore d’iris pompon.
Des iris dotés d’excroissances à l’extrémité des barbes, que l'on appelle en français « iris à éperons », ont été, dès leur apparition, considérés comme la base de futurs iris « flore pleno », autrement dit « à fleurs doubles ». Mais ils sont restés jusqu’à nos jours des iris différents, avec des sépales souvent surchargés de pointes ou de pétaloïdes plus ou moins esthétiques. Pas de véritables fleurs doubles. Au fil des années ces agréments supplémentaires ont gagné en importance et en fiabilité. Dans les premiers temps ils étaient assez médiocres de taille et n’apparaissaient que sur les fleurs de tête, ensuite ils s’amenuisaient au fur et à mesure que la floraison atteignait les corolles inférieures, pour disparaître carrément. Souvent leur présence n’était qu’aléatoire, une année avec, une année sans… Peu à peu cela s’est arrangé. La consistance des appendices s’est accrue ; de gros semi-pétales sont apparus, quelquefois fort disgracieux, quelquefois franchement extravagants, mais jamais encore on ne les a considéré comme de véritables pétaloïdes, et jamais l’aspect global de la fleur n’a donné l’apparence d’un pompon, tout rond et tout sympathique. Depuis peu de véritables pompons ont fait leur apparition chez certains obtenteurs américains comme Leonard Jedlicka ou Tom Burseen, mais on ne peut toujours pas parler de fleurs doubles. Peut-être est-ce parce que les fleurs doubles proviennent d'une transformation des étamines en organes pétaloïdes, et que sur les iris on ne touche pas à ces étamines, mais seulement à la pointe des barbes qui sont génétiquement d'une autre nature. Et quand bien même on tenterait de muter en pétales les étamines de l'iris, on aurait du mal à atteindre l'apparence de fleur double puisqu'il n'y en a que trois sur une fleur d'iris !
A l'heure actuelle on reste donc en panne en ce domaine. Attendons ce que l'avenir nous réserve...
À la recherche de la floraison permanente.
Il y a quelques semaines la question des iris remontants a été abordée ici.La conclusion en était plutôt frustrante : la recherche des remontants n'avance plus. Pourtant, comme beaucoup, j'aurais bien aimé trouver dans mon jardin des fleurs d'iris en toute saison. Oui, mais j'ai été déçu par ces variétés que l'on qualifie de remontantes. De nos jours les spécialistes de cette question font, comme moi, la constatation selon laquelle, malgré une recherche qui atteint bientôt un siècle, les iris remontants restent capricieux, gourmand en eau et d'une fidélité aléatoire.
Certes, depuis que les frères Sass ont fait la promotion de ces iris « polyanthésiques », il y a eu du progrès. Certaines variétés récentes remontent un ou même plusieurs fois entre la fin de la période normale de floraison et les premières gelées (dans mon jardin, c'est le cas de 'Lichen' (Byers, 1988), mais on reste éloigné d'une floraison permanente comme celle de certains rosiers ou bégonias.
C'est qu'il ne peut y avoir remontée que si la variété d'iris en cause a la faculté de se passer de période de dormance à la suite d'une floraison normale. Autrement dit elle recommence un cycle végétatif dès que le précédent est terminé. Il existe maintenant des quantités de variétés qui disposent de cette faculté, ou, tout au moins d'un semblant de capacité à remonter. Elles refleurissent le plus souvent une seconde fois, rarement plus. Cela ne fait pas une floraison permanente. Et par dessus le marché cette aptitude à la remontance est assujettie à des conditions de culture un peu particulière : beaucoup d'eau, beaucoup de soleil, pas mal d'engrais... En dehors de ces soins particuliers il est rare qu'un iris fasse une ou plusieurs nouvelle floraison. Les inconditionnels de cette aptitude ont mis beaucoup d'espoir dans leurs recherches, mais ils se rendent compte aujourd'hui, avec une certaine lassitude qu'ils n'obtiennent pas ce dont ils rêvent.
À la recherche de l'iris rouge.
L'iris rouge ? C'est comme la tulipe noire, on fantasme à l'idée de l'obtenir – et d'en tirer un profit non négligeable – mais jusqu'à présent toutes les tentatives ont échoué. Il y a eu la tentative de traitement de certaines graines aux rayons gamma, qui a fait un véritable flop. Il y a eu l'essai de transfert des pigments des barbes (quand elles sont rouges) dans l'ensemble de la fleur, mais ce fut un échec. Il y a eu la manipulation consistant à saturer par croisements répétitifs les pigments que l'on trouve chez certains iris dont la couleur se situe entre l'orange vif et le brun rosé, mais le rouge véritable n'a jamais été atteint. Il y a eu enfin la grande manœuvre génétique imaginée par Richard Ernst, qui a mobilisé les horticulteurs et les généticiens de l'Université de l'Oregon (et sans doute aussi beaucoup d'argent), mais dont on n'a plus jamais entendu parler, après des annonces alléchantes.
Je ne sais pas s'il y a encore des recherches tournées vers l'iris rouge. Y en aura-t-il dans l'avenir ? Sans doute car le sujet est particulièrement porteur d'espoirs.
J'ai bien peur que sur ces sujets comme sur d'autres, l'iris ne réussisse à triompher de toutes les manipulations qu'on lui fait subir, et que la nature sera plus forte que les hommes. C'est ce que l'on constate en de nombreuses circonstances. Prenez l'exemple du chien. Voilà un animal que l'homme a transformé comme nul autre. Mais voit-on des chiens qui se tiennent exclusivement sur leurs pattes de derrière ? Y en a-t-il qui soient totalement herbivores ? La nature se laisse manipuler jusqu'à un certain point, mais au-delà de ce point elle sait parfaitement résister. Elle a pour elle une arme imparable : le temps.
Illustrations :
Un iris à pompon
Un remontant fidèle, 'Yosemite Star' (G. Sutton, 2003)
Un remontant occasionnel, 'Lightly Seasoned' (Zurbrigg, 1979)
Un « rouge » approximatif, 'Signal Red' (D. Spoon, 2006)
À la recherche de la fleur double.
Il y a les roses pompon, les œillets pompon, les dahlias pompon et des tas d’autres fleurs doubles auxquelles le surnom de pompon n’est pas habituellement donné. Mais il n’y a pas encore d’iris pompon.
Des iris dotés d’excroissances à l’extrémité des barbes, que l'on appelle en français « iris à éperons », ont été, dès leur apparition, considérés comme la base de futurs iris « flore pleno », autrement dit « à fleurs doubles ». Mais ils sont restés jusqu’à nos jours des iris différents, avec des sépales souvent surchargés de pointes ou de pétaloïdes plus ou moins esthétiques. Pas de véritables fleurs doubles. Au fil des années ces agréments supplémentaires ont gagné en importance et en fiabilité. Dans les premiers temps ils étaient assez médiocres de taille et n’apparaissaient que sur les fleurs de tête, ensuite ils s’amenuisaient au fur et à mesure que la floraison atteignait les corolles inférieures, pour disparaître carrément. Souvent leur présence n’était qu’aléatoire, une année avec, une année sans… Peu à peu cela s’est arrangé. La consistance des appendices s’est accrue ; de gros semi-pétales sont apparus, quelquefois fort disgracieux, quelquefois franchement extravagants, mais jamais encore on ne les a considéré comme de véritables pétaloïdes, et jamais l’aspect global de la fleur n’a donné l’apparence d’un pompon, tout rond et tout sympathique. Depuis peu de véritables pompons ont fait leur apparition chez certains obtenteurs américains comme Leonard Jedlicka ou Tom Burseen, mais on ne peut toujours pas parler de fleurs doubles. Peut-être est-ce parce que les fleurs doubles proviennent d'une transformation des étamines en organes pétaloïdes, et que sur les iris on ne touche pas à ces étamines, mais seulement à la pointe des barbes qui sont génétiquement d'une autre nature. Et quand bien même on tenterait de muter en pétales les étamines de l'iris, on aurait du mal à atteindre l'apparence de fleur double puisqu'il n'y en a que trois sur une fleur d'iris !
A l'heure actuelle on reste donc en panne en ce domaine. Attendons ce que l'avenir nous réserve...
À la recherche de la floraison permanente.
Il y a quelques semaines la question des iris remontants a été abordée ici.La conclusion en était plutôt frustrante : la recherche des remontants n'avance plus. Pourtant, comme beaucoup, j'aurais bien aimé trouver dans mon jardin des fleurs d'iris en toute saison. Oui, mais j'ai été déçu par ces variétés que l'on qualifie de remontantes. De nos jours les spécialistes de cette question font, comme moi, la constatation selon laquelle, malgré une recherche qui atteint bientôt un siècle, les iris remontants restent capricieux, gourmand en eau et d'une fidélité aléatoire.
Certes, depuis que les frères Sass ont fait la promotion de ces iris « polyanthésiques », il y a eu du progrès. Certaines variétés récentes remontent un ou même plusieurs fois entre la fin de la période normale de floraison et les premières gelées (dans mon jardin, c'est le cas de 'Lichen' (Byers, 1988), mais on reste éloigné d'une floraison permanente comme celle de certains rosiers ou bégonias.
C'est qu'il ne peut y avoir remontée que si la variété d'iris en cause a la faculté de se passer de période de dormance à la suite d'une floraison normale. Autrement dit elle recommence un cycle végétatif dès que le précédent est terminé. Il existe maintenant des quantités de variétés qui disposent de cette faculté, ou, tout au moins d'un semblant de capacité à remonter. Elles refleurissent le plus souvent une seconde fois, rarement plus. Cela ne fait pas une floraison permanente. Et par dessus le marché cette aptitude à la remontance est assujettie à des conditions de culture un peu particulière : beaucoup d'eau, beaucoup de soleil, pas mal d'engrais... En dehors de ces soins particuliers il est rare qu'un iris fasse une ou plusieurs nouvelle floraison. Les inconditionnels de cette aptitude ont mis beaucoup d'espoir dans leurs recherches, mais ils se rendent compte aujourd'hui, avec une certaine lassitude qu'ils n'obtiennent pas ce dont ils rêvent.
À la recherche de l'iris rouge.
L'iris rouge ? C'est comme la tulipe noire, on fantasme à l'idée de l'obtenir – et d'en tirer un profit non négligeable – mais jusqu'à présent toutes les tentatives ont échoué. Il y a eu la tentative de traitement de certaines graines aux rayons gamma, qui a fait un véritable flop. Il y a eu l'essai de transfert des pigments des barbes (quand elles sont rouges) dans l'ensemble de la fleur, mais ce fut un échec. Il y a eu la manipulation consistant à saturer par croisements répétitifs les pigments que l'on trouve chez certains iris dont la couleur se situe entre l'orange vif et le brun rosé, mais le rouge véritable n'a jamais été atteint. Il y a eu enfin la grande manœuvre génétique imaginée par Richard Ernst, qui a mobilisé les horticulteurs et les généticiens de l'Université de l'Oregon (et sans doute aussi beaucoup d'argent), mais dont on n'a plus jamais entendu parler, après des annonces alléchantes.
Je ne sais pas s'il y a encore des recherches tournées vers l'iris rouge. Y en aura-t-il dans l'avenir ? Sans doute car le sujet est particulièrement porteur d'espoirs.
J'ai bien peur que sur ces sujets comme sur d'autres, l'iris ne réussisse à triompher de toutes les manipulations qu'on lui fait subir, et que la nature sera plus forte que les hommes. C'est ce que l'on constate en de nombreuses circonstances. Prenez l'exemple du chien. Voilà un animal que l'homme a transformé comme nul autre. Mais voit-on des chiens qui se tiennent exclusivement sur leurs pattes de derrière ? Y en a-t-il qui soient totalement herbivores ? La nature se laisse manipuler jusqu'à un certain point, mais au-delà de ce point elle sait parfaitement résister. Elle a pour elle une arme imparable : le temps.
Illustrations :
Un iris à pompon
Un remontant fidèle, 'Yosemite Star' (G. Sutton, 2003)
Un remontant occasionnel, 'Lightly Seasoned' (Zurbrigg, 1979)
Un « rouge » approximatif, 'Signal Red' (D. Spoon, 2006)
20.11.15
HONNEUR À JOË GHIO
Rendons à présent un hommage à Joë Ghio. Avec Keith Keppel et Barry Blyth il constitue un trio de grands maîtres de l'hybridation qui partagent des goûts communs et échangent leurs expériences. Après plus de cinquante ans de travail, il a acquis un savoir-faire exceptionnel qui, allié à une habileté étonnante et un goût irréprochable, fait de chacun de ses iris une véritable œuvre d'art parfois capricieuse et souvent délicate, mais qui comble de bonheur ses admirateurs. En douze épisodes nous ferons le tour de ses plus beaux ouvrages, pour le plaisir des yeux, et pour le rêve qu'ils font naître en nous.
Troisième épisode : autres tons de jaune.
Ghio a enregistré plusieurs variétés d'un ton proche du vert ; il a aussi créé des variétés tirant davantage sur le brun cannelle ou tabac :
'Al Fresco' (1980)- Social Whirl X Intuition
'Pistachio' (1973)- Glenwood sib X ((Denver Mint x Oasis) x (Willow Wisp x Swami sib))
'Praline' (1982)- Preface X Norwegian Wood
'Toastmaster' (1983)- (Coffee House x Carolina Honey) X ((Carolina Honey x Malaysia) x ((Ponderosa x Travel On) x Peace Offering))
Troisième épisode : autres tons de jaune.
Ghio a enregistré plusieurs variétés d'un ton proche du vert ; il a aussi créé des variétés tirant davantage sur le brun cannelle ou tabac :
'Al Fresco' (1980)- Social Whirl X Intuition
'Pistachio' (1973)- Glenwood sib X ((Denver Mint x Oasis) x (Willow Wisp x Swami sib))
'Praline' (1982)- Preface X Norwegian Wood
'Toastmaster' (1983)- (Coffee House x Carolina Honey) X ((Carolina Honey x Malaysia) x ((Ponderosa x Travel On) x Peace Offering))
« BC » COMME « BROKEN COLOR »
Le mot « broken color » ne sonne pas bien à nos oreilles de français, et en plus il chatouille notre sensibilité et acte notre assujettissement à la langue anglaise. Dans plusieurs autres circonstances analogues, c'est un mot en latin « de sacristie » qui a été choisi pour désigner une disposition particulière des fleurs d'iris. Nous avons les anciens comme « plicata » ou « variegata » ; nous avons les plus récents comme « luminata » ou « distallata » (dont je sais qu'il ne plaît pas à tout le monde). Pourquoi, alors n'avoir pas fabriqué un néo-latinisme adapté à la spécificité des fleurs aux couleurs entremêlés, comme « maculosa » ou, mieux encore, « misculata », pour respecter la forme le plus souvent usitée dans ce genre de création ? On parlera de la domination américaine ou de l'anglomanie... Il semble cependant que celle-ci soit inévitable puisque la nouvelle désignation retenue pour les iris dont nous allons parler soit « Novelty ».
Quelle que soit notre réticence lexicale, il faut bien adopter ce qu'on nous impose et parler de « broken color » pour désigner ces fleurs sur lesquelles deux voire trois couleurs s'amalgament de façon aléatoire. Un peu comme lorsqu'on verse un colorant dans un pot de peinture et que l'on commence le mélange.
Pendant longtemps, les iris qui présentaient la physionomie de ce qu'on appelle maintenant les « broken color » ont été rejetés comme des monstruosités. Ce n'est qu'aux confins des années 1970 qu'on a commencé à s'intéresser à eux sérieusement. Le premier de l'espèce réellement intéressant qui ait été enregistré se nomme ‘Doodle Strudel’ (Ensminger 1977), un iris bleu ciel, taché de bleu marine, descendant perturbé de ‘Stepping Out’. L’année suivante, il a recommencé avec ‘Inty Greyshun’ (1978), qui est mauve améthyste et barbouillé de blanc. ‘Batik’, le plus célèbre, au point d’en être devenu la variété-repère, est apparu en 1981. Par la suite vinrent ‘Painted Plic’ (1983), ‘Maria Tormena’ (1987), ‘Isn’t it Something’ (1993) puis ‘Brindled Beauty’ (1994) et ‘Autumn Years’ (1995). Depuis on a fait bien plus étrange, voire extravagant, mais il n’empêche que la paternité du modèle doit être attribuée à Ensminger et pas à un autre.
Vient ensuite le règne de Brad Kasperek. Ce dernier n’est pas parti du néant. Il a tout simplement utilisé les variétés d’Ensminger, notamment ‘Maria Tormena’ et ‘Painted Plic’, pour commencer sa nouvelle lignée. Dès le début, ses iris ont été remarqués, non seulement pour leurs noms qui surfent sur des jeux de mots que l'on n'est pas obligé d'apprécier, mais surtout pour leurs qualités et l’originalité de leurs coloris. Ces iris ne peuvent pas passer inaperçus. Ils ont incité quelques autres obtenteurs à se lancer dans l'aventure. C'est le cas de :
- Joyce Meek, avec‘Wild Card’ (1983), qui est presque un « broken color » en ce sens qu’il n’y a pas deux fleurs marquées de la même façon, mais qui reste néanmoins plus proche de la catégorie plicata, un peu comme était ‘Hey Looky’ (W. Brown 1970) ;
- Bill Maryott qui a proposé ‘Out of Control’(1995), violet pourpré balafré de blanc ;
- Keith Keppel lui-même, avec ‘Broken Dreams’ (1998), rose aspergé de blanc aux sépales.
Maintenant les « broken color » font complètement partie du paysage des iris. On peut même faire le tri entre les BC façon Kasperek, un peu canaille, et ceux façon Keppel, beaucoup plus raffinés.
Quand on sait que ces iris proviennent de plicatas chez qui les couleurs ne sont plus régulièrement réparties, tous les hybrideurs peuvent espérer obtenir un jour un « broken color ». Néanmoins le défi n'est pas mince car, dans les semis de « broken color » il y a beaucoup de déchet : plantes malingres, rabougries, fragiles… C’est d’ailleurs pourquoi il y a beaucoup d’iris de petite taille (BB) dans la catégorie. Cela peut être une façon de commercialiser malgré tout des plantes qui n’atteignent pas la hauteur réglementaire pour les grands iris. Cela démontre également qu'il faut être particulièrement rigoureux quand on sélectionne un « broken color » car la tentation peut être forte de mettre sur le marché quelque chose sinon d’imparfait, tout au moins simplement d’esthétique discutable.
Comme pour les iris à éperons, certains hybrideurs font état de scrupules quant à l'intérêt de banaliser ces anomalies génétiques. Je ne sais pas si leurs craintes sont justifiées, mais je serais tenté de considérer ces iris seulement comme des curiosités dont il n'est pas souhaitable d'accroître indéfiniment le nombre. Mais je fais confiance d'une part à la pondération des grands maîtres des iris, d'autre part au bon goût des amateurs. Et si ceux-ci se détournaient de ces fantaisies, l'engouement pour elles retomberait très vite. N'est-ce pas déjà un peu le cas ? Il me semble qu'on en voit apparaître de moins en moins...
Illustrations :
'Maria Tormena'
'Wild Card'
'Out of Control'
'Toucan Tango'
Quelle que soit notre réticence lexicale, il faut bien adopter ce qu'on nous impose et parler de « broken color » pour désigner ces fleurs sur lesquelles deux voire trois couleurs s'amalgament de façon aléatoire. Un peu comme lorsqu'on verse un colorant dans un pot de peinture et que l'on commence le mélange.
Pendant longtemps, les iris qui présentaient la physionomie de ce qu'on appelle maintenant les « broken color » ont été rejetés comme des monstruosités. Ce n'est qu'aux confins des années 1970 qu'on a commencé à s'intéresser à eux sérieusement. Le premier de l'espèce réellement intéressant qui ait été enregistré se nomme ‘Doodle Strudel’ (Ensminger 1977), un iris bleu ciel, taché de bleu marine, descendant perturbé de ‘Stepping Out’. L’année suivante, il a recommencé avec ‘Inty Greyshun’ (1978), qui est mauve améthyste et barbouillé de blanc. ‘Batik’, le plus célèbre, au point d’en être devenu la variété-repère, est apparu en 1981. Par la suite vinrent ‘Painted Plic’ (1983), ‘Maria Tormena’ (1987), ‘Isn’t it Something’ (1993) puis ‘Brindled Beauty’ (1994) et ‘Autumn Years’ (1995). Depuis on a fait bien plus étrange, voire extravagant, mais il n’empêche que la paternité du modèle doit être attribuée à Ensminger et pas à un autre.
Vient ensuite le règne de Brad Kasperek. Ce dernier n’est pas parti du néant. Il a tout simplement utilisé les variétés d’Ensminger, notamment ‘Maria Tormena’ et ‘Painted Plic’, pour commencer sa nouvelle lignée. Dès le début, ses iris ont été remarqués, non seulement pour leurs noms qui surfent sur des jeux de mots que l'on n'est pas obligé d'apprécier, mais surtout pour leurs qualités et l’originalité de leurs coloris. Ces iris ne peuvent pas passer inaperçus. Ils ont incité quelques autres obtenteurs à se lancer dans l'aventure. C'est le cas de :
- Joyce Meek, avec‘Wild Card’ (1983), qui est presque un « broken color » en ce sens qu’il n’y a pas deux fleurs marquées de la même façon, mais qui reste néanmoins plus proche de la catégorie plicata, un peu comme était ‘Hey Looky’ (W. Brown 1970) ;
- Bill Maryott qui a proposé ‘Out of Control’(1995), violet pourpré balafré de blanc ;
- Keith Keppel lui-même, avec ‘Broken Dreams’ (1998), rose aspergé de blanc aux sépales.
Maintenant les « broken color » font complètement partie du paysage des iris. On peut même faire le tri entre les BC façon Kasperek, un peu canaille, et ceux façon Keppel, beaucoup plus raffinés.
Quand on sait que ces iris proviennent de plicatas chez qui les couleurs ne sont plus régulièrement réparties, tous les hybrideurs peuvent espérer obtenir un jour un « broken color ». Néanmoins le défi n'est pas mince car, dans les semis de « broken color » il y a beaucoup de déchet : plantes malingres, rabougries, fragiles… C’est d’ailleurs pourquoi il y a beaucoup d’iris de petite taille (BB) dans la catégorie. Cela peut être une façon de commercialiser malgré tout des plantes qui n’atteignent pas la hauteur réglementaire pour les grands iris. Cela démontre également qu'il faut être particulièrement rigoureux quand on sélectionne un « broken color » car la tentation peut être forte de mettre sur le marché quelque chose sinon d’imparfait, tout au moins simplement d’esthétique discutable.
Comme pour les iris à éperons, certains hybrideurs font état de scrupules quant à l'intérêt de banaliser ces anomalies génétiques. Je ne sais pas si leurs craintes sont justifiées, mais je serais tenté de considérer ces iris seulement comme des curiosités dont il n'est pas souhaitable d'accroître indéfiniment le nombre. Mais je fais confiance d'une part à la pondération des grands maîtres des iris, d'autre part au bon goût des amateurs. Et si ceux-ci se détournaient de ces fantaisies, l'engouement pour elles retomberait très vite. N'est-ce pas déjà un peu le cas ? Il me semble qu'on en voit apparaître de moins en moins...
Illustrations :
'Maria Tormena'
'Wild Card'
'Out of Control'
'Toucan Tango'
ECHOS DU MONDE DES IRIS
Une nouvelle récompense.
Cette année l'AIS a attribué une nouvelle récompense décernée à l'occasion de sa Convention annuelle qui se déroule dans un État différent chaque année. Il s'agit de la Zurbrigg-Mahan Cup qui honore le meilleur semis présenté dans les jardins visités au cours de la Convention. Fréquemment des obtenteurs envoient à la Convention des variétés non encore dénommées et enregistrées. Pour recueillir l'avis des juges et du public qui se rendent dans les jardins. Si l'accueil est favorable ces plantes recevront alors un nom et seront enregistrées. L'AIS a voulu que le meilleur de ces semis soit distingué par l'attribution à son obtenteur d'une coupe particulière.
Pour cette première fois cette coupe est allée à Adam Cordes pour un semis qui a aussitôt reçu le nom de 'Royston Rubies'.
Cette année l'AIS a attribué une nouvelle récompense décernée à l'occasion de sa Convention annuelle qui se déroule dans un État différent chaque année. Il s'agit de la Zurbrigg-Mahan Cup qui honore le meilleur semis présenté dans les jardins visités au cours de la Convention. Fréquemment des obtenteurs envoient à la Convention des variétés non encore dénommées et enregistrées. Pour recueillir l'avis des juges et du public qui se rendent dans les jardins. Si l'accueil est favorable ces plantes recevront alors un nom et seront enregistrées. L'AIS a voulu que le meilleur de ces semis soit distingué par l'attribution à son obtenteur d'une coupe particulière.
Pour cette première fois cette coupe est allée à Adam Cordes pour un semis qui a aussitôt reçu le nom de 'Royston Rubies'.
16.11.15
RETARD...
Les événements de la fin de la semaine dernière m'ont visiblement perturbé. Au point que j'en ai oublier de publier ce qui était prévu pour ce blog !
Résistons, et reprenons le cours des choses.
Résistons, et reprenons le cours des choses.
HONNEUR À JOË GHIO
Continuons notre hommage à Joë Ghio. Avec Keith Keppel et Barry Blyth il constitue un trio de grands maîtres de l'hybridation qui partagent des goûts communs et échangent leurs expériences. Après plus de cinquante ans de travail, il a acquis un savoir-faire exceptionnel qui, allié à une habileté étonnante et un goût irréprochable, fait de chacun de ses iris une véritable œuvre d'art parfois capricieuse et souvent délicate, mais qui comble de bonheur ses admirateurs. En huit épisodes nous ferons le tour de ses plus beaux ouvrages, pour le plaisir des yeux, et pour le rêve qu'ils font naître en nous.
Deuxième épisode : de paille ou d'or.
Pas plus que le blanc, le jaune ne fait partie des couleurs favorites de Joë Ghio. Néanmoins il nous a donné dans ces tons des variétés excellentes dont voici quelques exemplaires :
'Dawning' (1994) - ((Esmeralda sib x Montevideo) x Peach Bisque) X (Mogul sib x Black Hills Gold) ;
'Gold Country' (1986) - ((Veneer sib x (Capitation x Coffee House)) x Lady Friend sib) X Speculator ;
'Peace Offering' (1971) - Reta Fry X New Moon ;
'Yours Truly' (2012) - Smart Money X (Magic Happens sib, x New Day Dawning).
Deuxième épisode : de paille ou d'or.
Pas plus que le blanc, le jaune ne fait partie des couleurs favorites de Joë Ghio. Néanmoins il nous a donné dans ces tons des variétés excellentes dont voici quelques exemplaires :
'Dawning' (1994) - ((Esmeralda sib x Montevideo) x Peach Bisque) X (Mogul sib x Black Hills Gold) ;
'Gold Country' (1986) - ((Veneer sib x (Capitation x Coffee House)) x Lady Friend sib) X Speculator ;
'Peace Offering' (1971) - Reta Fry X New Moon ;
'Yours Truly' (2012) - Smart Money X (Magic Happens sib, x New Day Dawning).
COYOTTE ATTEND Deuxième partie
Les Hopis : Ce tout petit peuple de l'Arizona, voisin des Navajos, est connu pour ses mœurs matriarcales peu courantes ;
'Hopi Trails' (Hedgecock, 2003)) (semis bicolor rouge X (Hilow x Lady Friend)), un mix de jaune d'or, de rouge et d'orange, très coloré.
Les Iroquois : un des plus importants groupes de nations amérindiennes ; ils vivent dans le sud du Canada, mais ont occupé un vaste territoire allant jusqu'à New-York ; 'Iroquois Scout' (Hedgecock, 2004) (Dracula's Shadow X A-32-4: (83-25: (Space Dragon x Tuxedo) x Sophistication)), variegata bien traditionnel ;
Les Kiowas : une nation amérindienne habitant dans le sud-ouest de l'Oklahoma. 'Kiowa Rose' (Hedgecock, 1992), pedigree erroné dans les documents AIS, gris rosé fumé.
Les Mescaleros : ils font partie de la nation apache et sont installés dans le Nouveau-Mexique ; 'Mescalero Chief' (Hedgecock, 1993), sombre mélange de violet et d'acajou, reflets noirs. Utilisé à tour de bras par certains hybrideurs russes !
Les Mohawks : l'une des six grandes nations iroquoises du nord- est des Etats-Unis ; 'Mohawk Brave' (Hedgecock, 1990) (Roundup X Smoke Rings), portrait craché de sa mère 'Roundup' ; 'Mohawk Trail' (Markham, 1965) (Inca Chief X War Paint), brun doré.
Les Mohicans : vivaient dans l'actuel Etat de New-York ; 'Mohican Tears' (Hedgecock, 2006) (Painted Plic X Lady Fire), un « broken color » brun clair maculé de blanc et de violet.
Les Natchez : habitant les alentours du Mississipi, au nord de la Louisiane, ils furent massacrés et dispersés par les Français en 1730 ; 'Natchez Trace' (Wills, 1964) (Orenda X ((Orelio x Heart's Desire) x (red sdlg. x Carnton))), brun rouge, plus clair au bord des sépales.
Les Navajos : constituent un peuple de la zone indienne du sud-ouest. Les Navajos vivent dans des réserves du nord-est de l'Arizona et des régions contiguës du Nouveau-Mexique et de l'Utah. Ils sont étroitement apparentés aux Apaches ; 'Navajo Blanket' (Schreiner, 1978) (((semis x Whole Cloth) x (After Dark x semis)) X (semis x Margarita)), bicolore beige et violet bien connu ; 'Navajo Jewel' (Weiler, 1983) (((Pacific Panorama x Seaside) x Full Tide) X ((Pacific Panorama x Seaside) x sib)), célèbre bleu turquoise à barbe jaune.
Les Pawnees : forment une nation du centre des USA, qui fut jadis une alliée des Français (contre les Espagnols) dans cette partie du pays ; 'Pawnee Pink' (Hedgecock, 2002) ((Peachtree x Entourage) X (Choir Girl x Custom Made)), rose pâle, un peu beige.
Les Pueblos : ce sont des indiens sédentaires vivant dans des pueblos, qui sont des maisons juxtaposées en pierre ; ils ne forment pas un peuple unique ; il s’agit de tribus distinctes parlant chacune leur langue. On les regroupe cependant sous le nom de Pueblos, car ils partagent la même culture. 'Pueblo Dreams' (Hedgecock, 2013), en deux tons de rose, un peu vineux aux sépales.
Les Séminoles : sont les Indiens de Floride ; Seminole Secret' (Hedgecock, 1995) (Beyond X Desert Mist), plicata ocre rose.
Les Shoshones : peuple du nord-ouest des USA ; 'Shoshone Moon' (Hedgecock, 1989) (Fashion Rings X Buttered Popcorn), jaune, plus clair sous les barbes.
Les Sioux : importante nation du nord des Etats-Unis, composée de plusieurs sous-groupe principalement installés dans les Etats de Minnesota, et des deux Dakotas ; 'Sioux Uprising' (Hedgecock, 1997), (Curtain Call X Moon Mistress), brun-rouge de deux tons, avec barbes orange brûlé et éperons acajou.
Ce qui précède ne concerne que les nations indiennes proprement dites. On pourrait trouver bien d'autres références, par exemple celles qui concernent à un aspect particulier des la vie ou des habitants du Far-West. Ainsi : 'Kachina Doll' (Plough, 1961) (Sib to Flaring Ivory X E. Nelson: (Pink Cameo x Pink Formal) x Mary Randall), rare association de pétales violets et de sépales abricot ; 'Kah-Nee-Ta' (Ernst, 1989) (Irene Nelson X Honest Pleasure), variegata inversé, rare disposition des couleurs ; 'War Paint' (D. Palmer, 1953), (Goldbeater X ( Gypsy x Gypsy), brun mêlé de roux.
Et, pour en revenir à notre titre, une allusion aux animaux emblématiques de la région : 'Coyote Ugly' (K. Kasperek, 2007) (Fireside Glow X Hotdogs and Mustard), « broken color », mélange aléatoire de pourpre et de rose clair.
L'Amérique (et, dans le cas présent, particulièrement Jim Hedgecock) se tourne vers ses origines.
Illustrations :
'Hopi Trails'
'Navajo Blanket'
'Navajo Jewel'
'Kah-Nee-Ta'
Les Iroquois : un des plus importants groupes de nations amérindiennes ; ils vivent dans le sud du Canada, mais ont occupé un vaste territoire allant jusqu'à New-York ; 'Iroquois Scout' (Hedgecock, 2004) (Dracula's Shadow X A-32-4: (83-25: (Space Dragon x Tuxedo) x Sophistication)), variegata bien traditionnel ;
Les Kiowas : une nation amérindienne habitant dans le sud-ouest de l'Oklahoma. 'Kiowa Rose' (Hedgecock, 1992), pedigree erroné dans les documents AIS, gris rosé fumé.
Les Mescaleros : ils font partie de la nation apache et sont installés dans le Nouveau-Mexique ; 'Mescalero Chief' (Hedgecock, 1993), sombre mélange de violet et d'acajou, reflets noirs. Utilisé à tour de bras par certains hybrideurs russes !
Les Mohawks : l'une des six grandes nations iroquoises du nord- est des Etats-Unis ; 'Mohawk Brave' (Hedgecock, 1990) (Roundup X Smoke Rings), portrait craché de sa mère 'Roundup' ; 'Mohawk Trail' (Markham, 1965) (Inca Chief X War Paint), brun doré.
Les Mohicans : vivaient dans l'actuel Etat de New-York ; 'Mohican Tears' (Hedgecock, 2006) (Painted Plic X Lady Fire), un « broken color » brun clair maculé de blanc et de violet.
Les Natchez : habitant les alentours du Mississipi, au nord de la Louisiane, ils furent massacrés et dispersés par les Français en 1730 ; 'Natchez Trace' (Wills, 1964) (Orenda X ((Orelio x Heart's Desire) x (red sdlg. x Carnton))), brun rouge, plus clair au bord des sépales.
Les Navajos : constituent un peuple de la zone indienne du sud-ouest. Les Navajos vivent dans des réserves du nord-est de l'Arizona et des régions contiguës du Nouveau-Mexique et de l'Utah. Ils sont étroitement apparentés aux Apaches ; 'Navajo Blanket' (Schreiner, 1978) (((semis x Whole Cloth) x (After Dark x semis)) X (semis x Margarita)), bicolore beige et violet bien connu ; 'Navajo Jewel' (Weiler, 1983) (((Pacific Panorama x Seaside) x Full Tide) X ((Pacific Panorama x Seaside) x sib)), célèbre bleu turquoise à barbe jaune.
Les Pawnees : forment une nation du centre des USA, qui fut jadis une alliée des Français (contre les Espagnols) dans cette partie du pays ; 'Pawnee Pink' (Hedgecock, 2002) ((Peachtree x Entourage) X (Choir Girl x Custom Made)), rose pâle, un peu beige.
Les Pueblos : ce sont des indiens sédentaires vivant dans des pueblos, qui sont des maisons juxtaposées en pierre ; ils ne forment pas un peuple unique ; il s’agit de tribus distinctes parlant chacune leur langue. On les regroupe cependant sous le nom de Pueblos, car ils partagent la même culture. 'Pueblo Dreams' (Hedgecock, 2013), en deux tons de rose, un peu vineux aux sépales.
Les Séminoles : sont les Indiens de Floride ; Seminole Secret' (Hedgecock, 1995) (Beyond X Desert Mist), plicata ocre rose.
Les Shoshones : peuple du nord-ouest des USA ; 'Shoshone Moon' (Hedgecock, 1989) (Fashion Rings X Buttered Popcorn), jaune, plus clair sous les barbes.
Les Sioux : importante nation du nord des Etats-Unis, composée de plusieurs sous-groupe principalement installés dans les Etats de Minnesota, et des deux Dakotas ; 'Sioux Uprising' (Hedgecock, 1997), (Curtain Call X Moon Mistress), brun-rouge de deux tons, avec barbes orange brûlé et éperons acajou.
Ce qui précède ne concerne que les nations indiennes proprement dites. On pourrait trouver bien d'autres références, par exemple celles qui concernent à un aspect particulier des la vie ou des habitants du Far-West. Ainsi : 'Kachina Doll' (Plough, 1961) (Sib to Flaring Ivory X E. Nelson: (Pink Cameo x Pink Formal) x Mary Randall), rare association de pétales violets et de sépales abricot ; 'Kah-Nee-Ta' (Ernst, 1989) (Irene Nelson X Honest Pleasure), variegata inversé, rare disposition des couleurs ; 'War Paint' (D. Palmer, 1953), (Goldbeater X ( Gypsy x Gypsy), brun mêlé de roux.
Et, pour en revenir à notre titre, une allusion aux animaux emblématiques de la région : 'Coyote Ugly' (K. Kasperek, 2007) (Fireside Glow X Hotdogs and Mustard), « broken color », mélange aléatoire de pourpre et de rose clair.
L'Amérique (et, dans le cas présent, particulièrement Jim Hedgecock) se tourne vers ses origines.
Illustrations :
'Hopi Trails'
'Navajo Blanket'
'Navajo Jewel'
'Kah-Nee-Ta'
6.11.15
HONNEUR À JOË GHIO
Rendons à présent un hommage à Joë Ghio. Avec Keith Keppel et Barry Blyth il constitue un trio de grands maîtres de l'hybridation qui partagent des goûts communs et échangent leurs expériences. Après plus de cinquante ans de travail, il a acquis un savoir-faire exceptionnel qui, allié à une habileté étonnante et un goût irréprochable, fait de chacun de ses iris une véritable œuvre d'art parfois capricieuse et souvent délicate, mais qui comble de bonheur ses admirateurs. En huit épisodes nous ferons le tour de ses plus beaux ouvrages, pour le plaisir des yeux, et pour le rêve qu'ils font naître en nous.
Premier épisode : Conception immaculée.
Peu nombreux mais remarquables les iris blancs de Joë Ghio constituent une référence dont de nombreux hybrideurs se sont inspirés. En voici quatre :
'Wedding Vow' (1970) - (Patricia Craig x (First Courtship x Nina's Delight sib)) X (Junior Prom sib x (Nina's Delight sib x First Courtship)) ;
'Bubbly Mood' (1983) - Social Whirl X Ruffled Ballet ;
'Forever Blowing Bubbles' (2006) - Bubbles Galore X (Arctic Express x (Double Bubble x Delta Blues)) ;
'My Beloved' (2008) - Resonance X Pretty Bubbles.
Premier épisode : Conception immaculée.
Peu nombreux mais remarquables les iris blancs de Joë Ghio constituent une référence dont de nombreux hybrideurs se sont inspirés. En voici quatre :
'Wedding Vow' (1970) - (Patricia Craig x (First Courtship x Nina's Delight sib)) X (Junior Prom sib x (Nina's Delight sib x First Courtship)) ;
'Bubbly Mood' (1983) - Social Whirl X Ruffled Ballet ;
'Forever Blowing Bubbles' (2006) - Bubbles Galore X (Arctic Express x (Double Bubble x Delta Blues)) ;
'My Beloved' (2008) - Resonance X Pretty Bubbles.
LA FLEUR DU MOIS
‘SORRISO DI ALICE’
Pétales et crêtes blanc ; Sépales bleu pourpré clair ; barbes orange, léger parfum.
(Alizes X Romantic Evening)
Les variétés italiennes sont plutôt nombreuses dans mon jardin. Augusto Bianco m'en a fourni un certain nombre, mon amie Valeria Romoli m'a envoyé certaines de ses obtentions personnelles, et quelques autres variétés sont venue compléter cette collection. 'Sorriso di Alice' (Marucchi, 2008) fait partie de ce complément.
Le talent de Roberto Marucchi ne fait plus de doute. Le triomphe de sa variété 'Cheyenne My Dog' (2013) au concours de Florence de 2012 en apporte une preuve éclatante. Mais dès 2007 il s'était distingué en plaçant à la deuxième place de ce prestigieux concours son iris 'Sorriso di Alice'.
Si j'ai demandé que l'on m'envoie cet iris, ce n'est pas uniquement pour la récompense obtenue, mais avant tout pour des raisons étroitement personnelles qui n'ont pas à être détaillées ici. Toujours est-il que 'Sorriso di Alice' est venu enrichir ma collection et lui apporter ses vives couleurs. Je l'avais vu en fleur à Florence en 2008 et j'avais apprécié cette plante robuste et cette approche réussie du bleu-blanc-rouge.
Il s'agit d'une association de couleurs que les familles Anfosso et Cayeux ont mis à la mode dès 1989, avec 'Révolution' (P. Anfosso, 1988) pour commencer, puis, en mieux, avec 'Vive la France' (R. Cayeux, 1991). Par la suite Jean et Richard Cayeux ont perfectionné leur programme et de nombreux iris bleu-blanc-rouge sont venus rejoindre le duo de tête. Le meilleur de cette série est peut-être 'Parisien' (Cayeux 1994) = Rebecca Perret X ((Palomino x Emma Cook) x Tahiti Sunrise). Il descend directement de ‘Rebecca Perret’, avec en plus la touche bicolore spéciale de ‘Emma Cook’ (Cook 1957). Il tient de sa « mère » un teint pastel qui lui donne beaucoup de charme, et de son ancêtre 'Tahiti Sunrise' (L. Ernst, 1965) tout l'éclat de ses barbes.
Les hybrideurs américains se sont emparé du thème et en ont fait une de leurs chevaux de bataille. La consécration est venue avec 'Gypsy Lord' (Keppel, 2005) qui a reçu ma Médaille de Dykes cette année, après avoir été distingué précédemment à plusieurs reprises. Au pedigree de cette fleur magnifique, figure 'Romantic Evening' (Ghio, 1994) une sombre beauté à barbe brique, qui est aussi le « père » de notre 'Sorriso di Alice'. Le côté féminin des origines de cet iris a les traits de 'Alizés' (Cayeux J., 1991) lequel comporte dans son pedigree l'élément ((Palomino x Emma Cook) x Tahiti Sunrise) cité plus haut à propos de 'Parisien'.
Comme on peut voir, toutes ces variétés ont ensemble des liens nombreux, entortillés au gré des croisements, mais dont les effets se font sentir à tous les niveaux. Pour donner au final des variétés qui ont d'indéniables traits communs : c'est ce qu'on appelle un air de famille !
Faire une analyse génétique comme celle de 'Sorriso di Alice' a l'intérêt de démontrer pourquoi la plante à laquelle on s'intéresse possède les apparences qui sont les siennes. Elle explique au passage combien les iris d'aujourd'hui, quelles que soient leurs origines géographiques, sont intimement apparentés. Parce que les échanges entre hybrideurs effacent les distances et parce que leurs réflexions au moment d'effectuer le choix des variétés qu'ils vont utiliser pour leurs croisements les amènent à faire appel aux mêmes géniteurs ou, tout au moins, à des parents qui disposent des mêmes éléments de base.
'Sorriso di Alice', charmante variété italienne dont le nom porte pour moi une forte charge émotionnelle, est un résultat de cette mondialisation qui efface les spécificités nationales et nous offre, d'où qu'ils viennent des iris que l'on aime.
Illustrations :
'Sorriso di Alice'
'Révolution'
'Vive la France'
'Gypsy Lord'
Pétales et crêtes blanc ; Sépales bleu pourpré clair ; barbes orange, léger parfum.
(Alizes X Romantic Evening)
Les variétés italiennes sont plutôt nombreuses dans mon jardin. Augusto Bianco m'en a fourni un certain nombre, mon amie Valeria Romoli m'a envoyé certaines de ses obtentions personnelles, et quelques autres variétés sont venue compléter cette collection. 'Sorriso di Alice' (Marucchi, 2008) fait partie de ce complément.
Le talent de Roberto Marucchi ne fait plus de doute. Le triomphe de sa variété 'Cheyenne My Dog' (2013) au concours de Florence de 2012 en apporte une preuve éclatante. Mais dès 2007 il s'était distingué en plaçant à la deuxième place de ce prestigieux concours son iris 'Sorriso di Alice'.
Si j'ai demandé que l'on m'envoie cet iris, ce n'est pas uniquement pour la récompense obtenue, mais avant tout pour des raisons étroitement personnelles qui n'ont pas à être détaillées ici. Toujours est-il que 'Sorriso di Alice' est venu enrichir ma collection et lui apporter ses vives couleurs. Je l'avais vu en fleur à Florence en 2008 et j'avais apprécié cette plante robuste et cette approche réussie du bleu-blanc-rouge.
Il s'agit d'une association de couleurs que les familles Anfosso et Cayeux ont mis à la mode dès 1989, avec 'Révolution' (P. Anfosso, 1988) pour commencer, puis, en mieux, avec 'Vive la France' (R. Cayeux, 1991). Par la suite Jean et Richard Cayeux ont perfectionné leur programme et de nombreux iris bleu-blanc-rouge sont venus rejoindre le duo de tête. Le meilleur de cette série est peut-être 'Parisien' (Cayeux 1994) = Rebecca Perret X ((Palomino x Emma Cook) x Tahiti Sunrise). Il descend directement de ‘Rebecca Perret’, avec en plus la touche bicolore spéciale de ‘Emma Cook’ (Cook 1957). Il tient de sa « mère » un teint pastel qui lui donne beaucoup de charme, et de son ancêtre 'Tahiti Sunrise' (L. Ernst, 1965) tout l'éclat de ses barbes.
Les hybrideurs américains se sont emparé du thème et en ont fait une de leurs chevaux de bataille. La consécration est venue avec 'Gypsy Lord' (Keppel, 2005) qui a reçu ma Médaille de Dykes cette année, après avoir été distingué précédemment à plusieurs reprises. Au pedigree de cette fleur magnifique, figure 'Romantic Evening' (Ghio, 1994) une sombre beauté à barbe brique, qui est aussi le « père » de notre 'Sorriso di Alice'. Le côté féminin des origines de cet iris a les traits de 'Alizés' (Cayeux J., 1991) lequel comporte dans son pedigree l'élément ((Palomino x Emma Cook) x Tahiti Sunrise) cité plus haut à propos de 'Parisien'.
Comme on peut voir, toutes ces variétés ont ensemble des liens nombreux, entortillés au gré des croisements, mais dont les effets se font sentir à tous les niveaux. Pour donner au final des variétés qui ont d'indéniables traits communs : c'est ce qu'on appelle un air de famille !
Faire une analyse génétique comme celle de 'Sorriso di Alice' a l'intérêt de démontrer pourquoi la plante à laquelle on s'intéresse possède les apparences qui sont les siennes. Elle explique au passage combien les iris d'aujourd'hui, quelles que soient leurs origines géographiques, sont intimement apparentés. Parce que les échanges entre hybrideurs effacent les distances et parce que leurs réflexions au moment d'effectuer le choix des variétés qu'ils vont utiliser pour leurs croisements les amènent à faire appel aux mêmes géniteurs ou, tout au moins, à des parents qui disposent des mêmes éléments de base.
'Sorriso di Alice', charmante variété italienne dont le nom porte pour moi une forte charge émotionnelle, est un résultat de cette mondialisation qui efface les spécificités nationales et nous offre, d'où qu'ils viennent des iris que l'on aime.
Illustrations :
'Sorriso di Alice'
'Révolution'
'Vive la France'
'Gypsy Lord'
CHRONIQUE D'UN AUTOMNE FLAMBOYANT
Soit ! On peut regretter que ce ne soit plus celle
Où logeait, cet été, la nichée du moineau,
Mais dans ce beau soleil qui n'est plus aussi haut
Notre maison de feuille, en ce jour, étincelle.
Assis sur le banc, et contemplant l'ampélopsis qui couvre la façade de son rideau doré, j'ai eu l'idée de ce petit quatrain et aussi celle d'une chronique ayant trait aux iris mordorés.
Ils ne sont pas vraiment nombreux les hybrideurs qui se sont intéressé à ce coloris. Pourtant il n'est pas banal et on ne le rencontre guère que chez les chrysanthèmes et chez les iris. C'est une raison de plus pour en parler.
Les histoires des iris bruns et celle des « rouges » se chevauchent à tous moments. C’est que la différence entre ces deux couleurs se situe dans la dose de pigments anthocyaniques qui s’ajoute aux pigments caroténoïdes pour produire du brun. Le « rouge », qui est en fait un brun-rouge, est assez courant chez les grands iris, beaucoup plus que le brun proprement dit ou ses dérivés, cuivre, bronze, ocre… Ceux qui, à la belle époque de l'iridophilie, ont choisi de travailler les tons de brun et qui y ont affecté une partie de leur activité se comptent sur les doigts d'une main. Il y a les frères Sass, Fred DeForest, Rudolph Kleinsorge et les « Schreiner brothers ».
Pourtant l’un de ses premiers à s’être illustré dans cette voie se nomme James Kirkland, et c'est lui qui, avec ‘Copper Lustre’ (1934), a enlevé la Médaille de Dykes en 1938. Comparé aux autres variétés de son époque, cet iris n’était pas une plante bien réussie, mais pour ce qui est de la couleur, en revanche, il était au top. Chez les frères Sass, Jacob et son ‘Sunset Serenade’ (1941) et Hans, et son ‘Prairie Sunset’ (1939), plus vieux rose que cuivre, font aussi partie des initiateurs des iris bruns. Au même moment, Fred DeForest s'est également lancé dans l'aventure. Avec ‘Casa Morena’ (1941) ou ‘Argus Pheasant’ (1947), le second iris brun à avoir été décoré de la Dykes Medal en 1952, il a montré tout son talent. L'intervention de la fratrie Schreiner est plus tardive, c'est pourquoi, si l'on veut respecter l'ordre chronologique, c'est ici qu'il faut parler du docteur Rudolph Kleinsorge, celui qui a fait le plus pour les iris bruns. La grande majorité des variétés qu’il enregistra, environ une centaine, sont en effet dans les tons de jaune doré, brun, tabac, miel ou bordeaux. Pour simplifier, nous dirons que son parcours avec les bruns a commencé avec deux incontournables : ‘Tobacco Road’ (1941) et ‘Mexico’ (1943). Le croisement de ces deux iris a donné naissance à de nombreux cultivars bruns intéressants dont ‘Bryce Canyon’ (1944) ou ‘Pretty Quadroon’ (1948). Cependant c'est avec 'Daybreak' (1946) qu'il a obtenu sont meilleur spécimen. D'ailleurs cette variété aurait pu recevoir la DM en 1946 puisque cette année-là 'Daybreak' (un iris brun dont les sépales se teintent de rouge prune en allant vers le bord) fit match nul avec 'Ola Kala' (J. Sass, 1942), ce qui fit que, selon le règlement de l'époque, la médaille ne fut pas attribuée. Mais ce n’est pas à 'Daybreak' que le Dr Kleinsorge a du de devenir célèbre dans le petit monde des iris, mais plutôt à 'Tobacco Road' (1941), le premier iris réellement brun, qui a marqué son époque et constitue le point de départ de toutes les recherches sur les iris de cette couleur. 'Tobacco Road', qui poussait médiocrement et était de culture délicate, est néanmoins à l’origine, entre autres, de ‘Bryce Canyon’ (1944), cuivre rouge, et de ‘Pretty Quadroon’ (1948), brun rosé, cités plus haut, ainsi que de 'Voodoo' (1948) variegata miel/pourpre. Parmi ceux-ci, c'est ‘Bryce Canyon’ qui a acquis la plus grande célébrité et fut un réel succès commercial.
Bien d’autres variétés signées Kleinsorge présentent un évident intérêt. A commencer par 'Cascade Splendor' (1944), lumineux brun orangé de deux tons, ainsi que 'Sunset Blaze' (1948), riche brun rosé à barbes or, qui obtint la President’s Cup en 1949. 'Ballet Dancer' (1949), vieil or, 'Thotmes III' (1950), brun café, 'Solid Gold' (1951) mordoré, 'Toast an' Honey' (1953), brun miel assez foncé, et quelques autres qui précèdent un grand choix enregistré en 1955, où l'on trouve 'Beechleaf', brun rosé, 'Full Reward', ocre doré, et le très original 'Surprise Party', bicolore mauve souligné de sépales ocre. Vinrent par la suite, 'Nuevo Laredo' (1956), cuivre violacé, puis, pour finir, 'Bengali' (1961), amarante cuivré. Autant de superbe représentants de la famille des iris bruns.
L'intervention des Schreiner se situe dans la droite ligne du travail de DeForest et de Kleinsorge. 'Bryce Canyon’ est à l’origine de ‘Copper Medallion’ (Schreiner, 1951) et de ‘Ginger’ (Schreiner, 1953) ; ‘Pretty Quadroon’ se trouve derrière ‘Tijuana Brass’ (Schreiner, 1967). ‘Olympic Torch’ (Schreiner, 1956), ‘Brass Accents’ (Schreiner, 1958), ‘Brasilia’ (Schreiner, 1960), ‘Bronze Bell’ (Schreiner, 1955) ou ‘Gaylights’ (Schreiner, 1965)viennent ensuite. ‘Bronze Bell’ est issu de ‘Copper Medallion’, ‘Ginger Snap’ (Schreiner, 1965) vient de ‘Brass Accents’, tout comme ‘Honey Chiffon’ (Schreiner, 1971), quant à ‘Roman Copper’ (Schreiner, 1973) et ‘Hot Line’ (Schreiner,1981) ils ont ‘Olympic Torch’ dans leur ascendance.
L'impressionnante liste ci-dessus dresse un abondant portrait des iris bruns ou mordorés. Aujourd'hui ces couleurs sont plutôt passées de mode, mais on peut être sûr qu'elles reviendront au premier plan quand on sera lassé des luminatas et distallatas qui ont envahi le marché. En cet automne flamboyant elles méritent bien un coup de chapeau.
Illustrations :
'Copper Lustre'
'Argus Pheasant'
'Tobacco Road'
'Bryce Canyon'
'Bronze Bell'
Où logeait, cet été, la nichée du moineau,
Mais dans ce beau soleil qui n'est plus aussi haut
Notre maison de feuille, en ce jour, étincelle.
Assis sur le banc, et contemplant l'ampélopsis qui couvre la façade de son rideau doré, j'ai eu l'idée de ce petit quatrain et aussi celle d'une chronique ayant trait aux iris mordorés.
Ils ne sont pas vraiment nombreux les hybrideurs qui se sont intéressé à ce coloris. Pourtant il n'est pas banal et on ne le rencontre guère que chez les chrysanthèmes et chez les iris. C'est une raison de plus pour en parler.
Les histoires des iris bruns et celle des « rouges » se chevauchent à tous moments. C’est que la différence entre ces deux couleurs se situe dans la dose de pigments anthocyaniques qui s’ajoute aux pigments caroténoïdes pour produire du brun. Le « rouge », qui est en fait un brun-rouge, est assez courant chez les grands iris, beaucoup plus que le brun proprement dit ou ses dérivés, cuivre, bronze, ocre… Ceux qui, à la belle époque de l'iridophilie, ont choisi de travailler les tons de brun et qui y ont affecté une partie de leur activité se comptent sur les doigts d'une main. Il y a les frères Sass, Fred DeForest, Rudolph Kleinsorge et les « Schreiner brothers ».
Pourtant l’un de ses premiers à s’être illustré dans cette voie se nomme James Kirkland, et c'est lui qui, avec ‘Copper Lustre’ (1934), a enlevé la Médaille de Dykes en 1938. Comparé aux autres variétés de son époque, cet iris n’était pas une plante bien réussie, mais pour ce qui est de la couleur, en revanche, il était au top. Chez les frères Sass, Jacob et son ‘Sunset Serenade’ (1941) et Hans, et son ‘Prairie Sunset’ (1939), plus vieux rose que cuivre, font aussi partie des initiateurs des iris bruns. Au même moment, Fred DeForest s'est également lancé dans l'aventure. Avec ‘Casa Morena’ (1941) ou ‘Argus Pheasant’ (1947), le second iris brun à avoir été décoré de la Dykes Medal en 1952, il a montré tout son talent. L'intervention de la fratrie Schreiner est plus tardive, c'est pourquoi, si l'on veut respecter l'ordre chronologique, c'est ici qu'il faut parler du docteur Rudolph Kleinsorge, celui qui a fait le plus pour les iris bruns. La grande majorité des variétés qu’il enregistra, environ une centaine, sont en effet dans les tons de jaune doré, brun, tabac, miel ou bordeaux. Pour simplifier, nous dirons que son parcours avec les bruns a commencé avec deux incontournables : ‘Tobacco Road’ (1941) et ‘Mexico’ (1943). Le croisement de ces deux iris a donné naissance à de nombreux cultivars bruns intéressants dont ‘Bryce Canyon’ (1944) ou ‘Pretty Quadroon’ (1948). Cependant c'est avec 'Daybreak' (1946) qu'il a obtenu sont meilleur spécimen. D'ailleurs cette variété aurait pu recevoir la DM en 1946 puisque cette année-là 'Daybreak' (un iris brun dont les sépales se teintent de rouge prune en allant vers le bord) fit match nul avec 'Ola Kala' (J. Sass, 1942), ce qui fit que, selon le règlement de l'époque, la médaille ne fut pas attribuée. Mais ce n’est pas à 'Daybreak' que le Dr Kleinsorge a du de devenir célèbre dans le petit monde des iris, mais plutôt à 'Tobacco Road' (1941), le premier iris réellement brun, qui a marqué son époque et constitue le point de départ de toutes les recherches sur les iris de cette couleur. 'Tobacco Road', qui poussait médiocrement et était de culture délicate, est néanmoins à l’origine, entre autres, de ‘Bryce Canyon’ (1944), cuivre rouge, et de ‘Pretty Quadroon’ (1948), brun rosé, cités plus haut, ainsi que de 'Voodoo' (1948) variegata miel/pourpre. Parmi ceux-ci, c'est ‘Bryce Canyon’ qui a acquis la plus grande célébrité et fut un réel succès commercial.
Bien d’autres variétés signées Kleinsorge présentent un évident intérêt. A commencer par 'Cascade Splendor' (1944), lumineux brun orangé de deux tons, ainsi que 'Sunset Blaze' (1948), riche brun rosé à barbes or, qui obtint la President’s Cup en 1949. 'Ballet Dancer' (1949), vieil or, 'Thotmes III' (1950), brun café, 'Solid Gold' (1951) mordoré, 'Toast an' Honey' (1953), brun miel assez foncé, et quelques autres qui précèdent un grand choix enregistré en 1955, où l'on trouve 'Beechleaf', brun rosé, 'Full Reward', ocre doré, et le très original 'Surprise Party', bicolore mauve souligné de sépales ocre. Vinrent par la suite, 'Nuevo Laredo' (1956), cuivre violacé, puis, pour finir, 'Bengali' (1961), amarante cuivré. Autant de superbe représentants de la famille des iris bruns.
L'intervention des Schreiner se situe dans la droite ligne du travail de DeForest et de Kleinsorge. 'Bryce Canyon’ est à l’origine de ‘Copper Medallion’ (Schreiner, 1951) et de ‘Ginger’ (Schreiner, 1953) ; ‘Pretty Quadroon’ se trouve derrière ‘Tijuana Brass’ (Schreiner, 1967). ‘Olympic Torch’ (Schreiner, 1956), ‘Brass Accents’ (Schreiner, 1958), ‘Brasilia’ (Schreiner, 1960), ‘Bronze Bell’ (Schreiner, 1955) ou ‘Gaylights’ (Schreiner, 1965)viennent ensuite. ‘Bronze Bell’ est issu de ‘Copper Medallion’, ‘Ginger Snap’ (Schreiner, 1965) vient de ‘Brass Accents’, tout comme ‘Honey Chiffon’ (Schreiner, 1971), quant à ‘Roman Copper’ (Schreiner, 1973) et ‘Hot Line’ (Schreiner,1981) ils ont ‘Olympic Torch’ dans leur ascendance.
L'impressionnante liste ci-dessus dresse un abondant portrait des iris bruns ou mordorés. Aujourd'hui ces couleurs sont plutôt passées de mode, mais on peut être sûr qu'elles reviendront au premier plan quand on sera lassé des luminatas et distallatas qui ont envahi le marché. En cet automne flamboyant elles méritent bien un coup de chapeau.
Illustrations :
'Copper Lustre'
'Argus Pheasant'
'Tobacco Road'
'Bryce Canyon'
'Bronze Bell'
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