30.6.19
UN COUP DE CHAUD !
Les ordis n'aiment pas l’excès de chaleur. Par précaution j'ai attendu que la température soit redevenue raisonnable ...
SAGA PLICATA
Chacun s'accorde à dire que le modèle plicata est celui qui a le plus grand avenir dans la recherche de renouvellement des iris de collection. C'est aussi celui qui est apparu le premier il y a maintenant deux siècles, quand a débuté l'hybridation des iris. Une rétrospective de l'évolution du modèle de ses origines à nos jours va nous faire parcourir l'intégralité du monde des iris plicatas.
II – Au tournant du 20e siècle
On reste proche du modèle initial.
'Edina' (Lémon, 1840)
'Fairy' (Kennicott, 1905)
'Ma Mie' (F. Cayeux, 1906)
'Parisiana' (Vilmorin, 1911)
II – Au tournant du 20e siècle
On reste proche du modèle initial.
'Edina' (Lémon, 1840)
'Fairy' (Kennicott, 1905)
'Ma Mie' (F. Cayeux, 1906)
'Parisiana' (Vilmorin, 1911)
JOYCE ET DUANE
Tout le monde se souvient de Ginger (Rogers) et Fred (Astaire), les danseurs-vedettes des années d'après-guerre, ceux qui sont davantage branchés danse classique parleront de Zizi (Jeanmaire) et de Roland (Petit) et plus encore de Margot (Fonteyn) et de Rudolf (Noureev) ; mais les amateurs d'iris connaissent-ils encore Joyce et Duane Meeks ? Ils me semblent bien oubliés aujourd'hui, pourtant ils ont tenu pendant la période qu'on peut qualifier de classique (1960/1980) un rôle de premier plan dans notre microcosme. Pendant un quart de siècle Joyce et Duane Meek ont enregistré, toutes catégories confondues, 215 variétés, dont 180 grands TB parmi les plus jolis et les plus renommés. Ils les ont commercialisé eux-même sous l’appellation « D&J », depuis leur pépinière de Silverton, en Oregon. Par bonheur, bien qu'ils aient travaillé la main dans la main, leurs enregistrements ont été faits sous leurs propres prénoms de sorte qu’on peut savoir lequel est à l’origine de quoi.
L'un et l'autre n’ont commencé leur vie d’hybrideurs que relativement tard, dans les années 70, mais dès lors il se consacrèrent entièrement à cette passion. C'est Duane qui s'est montré le plus actif. Avec 130 grands iris, il devance largement son épouse Joyce qui n'en a enregistré qu'une quarantaine.
Il est curieux de constater qu'il y a une certaine similitude dans le travail de l'un et de l'autre. C'est ainsi qu'on peut y distinguer parmi les grands iris trois thèmes principaux : les iris « rouges » (du brun rouge au pourpre) avec une extension vers le violet tirant sur le pourpre, les iris mauves et les iris plicatas « roses » ou tout au moins magenta ; avec, en plus, au gré des croisements, quelques variétés différentes.
Pour sa part, Duane Meek,qui est mort en décembre 2008, nous a offert le grenat foncé très original ‘Cherry Smoke’ (1978) et ses descendants 'Harlem Hussy' (1982), 'Boogie Man' (1986), 'Honky Tonk Hussy' (1991)... les mauves 'Chapel Bells' (1982) et 'Fallen Angel' (1995), et les plicatas 'Date Bait' (1985), 'Wild Card' (1983) ou 'Lingering Love' (1986). Et à côté de ça des exceptions remarquables comme 'Desert Echo’ (1980), jaune au cœur poudré de brun, ainsi que, la même année ‘Carved Crystal’ (80), d’une grande pureté dans le ton de bleu glacier. Puis ‘Imaginarium’ (1993), en rose corail, et ‘Tempting Fate’ (1993) dont on admire le bleu tendre des pétales et le bleu marine des sépales. Il faut citer aussi,parmi ses dernières réalisations 'Party's Over' (2005) précurseur des iris bleu/jaune ou variegata inversé. Ce vétéran de la dernière guerre savait trouver les croisements efficaces, dans un grand choix de domaines, ce qui ne lui a pas permis malgré tout d’obtenir de récompenses marquantes. Car il s’est illustré non seulement chez les grands iris, mais aussi chez les SDB et les Iris de Californie sans jamais dépasser le niveau des AM. L’enthousiasme n’ouvre donc pas systématiquement la route du triomphe, mais qu’importe, quand on est passionné : la découverte d’un nouveau semis est peut-être plus gratifiante que la réception d’une médaille !
Joyce, décédée en octobre 2010, a commencé dans le métier en 1972 avec ‘Montego Bay’, rouge amarante marqué de bleu, très original, mais elle est toujours restée en retrait par rapport à son mari. Dont elle disait en 1991 : « Je suis très fière de son instinct et de ses réalisations, et je me réjouis plus de ses victoires qui cela avait été les miennes. Je me contente parfaitement de jouer les seconds violons, et je suis heureuse que mon hobby soit devenu notre hobby. » Les plus connus de ses iris, en Europe du moins, doivent être ‘P.T. Barnum’ (1979), ‘Candace’ (1981), ‘Janie Meek’ (1987) ou ‘Striking’ (1991).
Ils n’ont jamais atteint la vrai célébrité, au point qu'ils n'ont été honorés, l'un comme l'autre, que d'une courte chronique mortuaire dans le bulletin de l'AIS. et n’ont pas remporté de récompense majeure. Mais leur contribution à l’amélioration des iris est incontestable. Ce sont de ces « seconds rôles » indispensables au succès des grands chefs d’œuvre.
Illustrations :
'Harlem Hussy'
'Date Bait'
'Party's Over'
'Candace'
L'un et l'autre n’ont commencé leur vie d’hybrideurs que relativement tard, dans les années 70, mais dès lors il se consacrèrent entièrement à cette passion. C'est Duane qui s'est montré le plus actif. Avec 130 grands iris, il devance largement son épouse Joyce qui n'en a enregistré qu'une quarantaine.
Il est curieux de constater qu'il y a une certaine similitude dans le travail de l'un et de l'autre. C'est ainsi qu'on peut y distinguer parmi les grands iris trois thèmes principaux : les iris « rouges » (du brun rouge au pourpre) avec une extension vers le violet tirant sur le pourpre, les iris mauves et les iris plicatas « roses » ou tout au moins magenta ; avec, en plus, au gré des croisements, quelques variétés différentes.
Pour sa part, Duane Meek,qui est mort en décembre 2008, nous a offert le grenat foncé très original ‘Cherry Smoke’ (1978) et ses descendants 'Harlem Hussy' (1982), 'Boogie Man' (1986), 'Honky Tonk Hussy' (1991)... les mauves 'Chapel Bells' (1982) et 'Fallen Angel' (1995), et les plicatas 'Date Bait' (1985), 'Wild Card' (1983) ou 'Lingering Love' (1986). Et à côté de ça des exceptions remarquables comme 'Desert Echo’ (1980), jaune au cœur poudré de brun, ainsi que, la même année ‘Carved Crystal’ (80), d’une grande pureté dans le ton de bleu glacier. Puis ‘Imaginarium’ (1993), en rose corail, et ‘Tempting Fate’ (1993) dont on admire le bleu tendre des pétales et le bleu marine des sépales. Il faut citer aussi,parmi ses dernières réalisations 'Party's Over' (2005) précurseur des iris bleu/jaune ou variegata inversé. Ce vétéran de la dernière guerre savait trouver les croisements efficaces, dans un grand choix de domaines, ce qui ne lui a pas permis malgré tout d’obtenir de récompenses marquantes. Car il s’est illustré non seulement chez les grands iris, mais aussi chez les SDB et les Iris de Californie sans jamais dépasser le niveau des AM. L’enthousiasme n’ouvre donc pas systématiquement la route du triomphe, mais qu’importe, quand on est passionné : la découverte d’un nouveau semis est peut-être plus gratifiante que la réception d’une médaille !
Joyce, décédée en octobre 2010, a commencé dans le métier en 1972 avec ‘Montego Bay’, rouge amarante marqué de bleu, très original, mais elle est toujours restée en retrait par rapport à son mari. Dont elle disait en 1991 : « Je suis très fière de son instinct et de ses réalisations, et je me réjouis plus de ses victoires qui cela avait été les miennes. Je me contente parfaitement de jouer les seconds violons, et je suis heureuse que mon hobby soit devenu notre hobby. » Les plus connus de ses iris, en Europe du moins, doivent être ‘P.T. Barnum’ (1979), ‘Candace’ (1981), ‘Janie Meek’ (1987) ou ‘Striking’ (1991).
Ils n’ont jamais atteint la vrai célébrité, au point qu'ils n'ont été honorés, l'un comme l'autre, que d'une courte chronique mortuaire dans le bulletin de l'AIS. et n’ont pas remporté de récompense majeure. Mais leur contribution à l’amélioration des iris est incontestable. Ce sont de ces « seconds rôles » indispensables au succès des grands chefs d’œuvre.
Illustrations :
'Harlem Hussy'
'Date Bait'
'Party's Over'
'Candace'
22.6.19
SAGA PLICATA
Chacun s'accorde à dire que le modèle plicata est celui qui a le plus grand avenir dans la recherche de renouvellement des iris de collection. C'est aussi celui qui est apparu le premier il y a maintenant deux siècles, quand a débuté l'hybridation des iris. Une rétrospective de l'évolution du modèle de ses origines à nos jours va nous faire parcourir l'intégralité du monde des iris plicatas.
I – Il y a bientôt deux cents ans
Le premier iris hybride sélectionné à partir d'un croisement naturel était un plicata. Il a disparu, ou du moins il a cessé d'être exactement identifié, mais des iridologues avertis pensent le redécouvrir parmi les variétés modernes dont la description correspond à celle donnée par Henri Antoine Jacques, en 1834. Pendant près d'un siècle de nombreuses autres sélections ont concerné des iris plicatas. En voici quelques-unes :
'True Delight' (Sturtevant, 1924) variété très semblable à 'Iris Buriensis'
'Mme Chéreau' (Lémon, 1844)
'Bridesmaid' (Salter ca 1859)
'Mme Louesse' (Verdier, 1860)
I – Il y a bientôt deux cents ans
Le premier iris hybride sélectionné à partir d'un croisement naturel était un plicata. Il a disparu, ou du moins il a cessé d'être exactement identifié, mais des iridologues avertis pensent le redécouvrir parmi les variétés modernes dont la description correspond à celle donnée par Henri Antoine Jacques, en 1834. Pendant près d'un siècle de nombreuses autres sélections ont concerné des iris plicatas. En voici quelques-unes :
'True Delight' (Sturtevant, 1924) variété très semblable à 'Iris Buriensis'
'Mme Chéreau' (Lémon, 1844)
'Bridesmaid' (Salter ca 1859)
'Mme Louesse' (Verdier, 1860)
LE GRAND DÉRANGEMENT
Ce titre fait référence à l'exode des Acadiens, chassés de Nouvelle Ecosse par la prise de contrôle du pays par les Britanniques au milieu du 18e siècle et partis vers les terres encore françaises de Louisiane. Mais il ne concerne pas un événement aussi dramatique puisqu'il se contente de relater les tribulations de ma collection personnelle d'iris jusqu'à son transfert à l'ancien presbytère de Champigny sur Veude où elle vit désormais une nouvelle vie.
Commencée en 1982, ma collection d'iris a déménagé cinq fois en trente-trois ans ! Cela peut sembler beaucoup mais en fait c'est bien peu. Car on dit qu'il faut déplacer les iris tous les trois ou quatre ans. Dans ces conditions c'est au moins huit fois qu'elle aurait du changer d'emplacement. Heureusement les iris sont des plantes de bonne composition et chez moi elles se sont accommodées assez heureusement de ces séjours prolongés, tout comme de l'ingratitude du sol.
Amorcée à Limoges, la collection a été transportée en Touraine en 1985. Ce déplacement n'était pas du tout prévu, donc au printemps 1984 il n'y a eu aucun repérage garantissant que les plantes ne perdraient pas leur identité. Par bonheur je disposais d'un plan rigoureux de la plantation et, les touffes n'étant ni très importantes ni très nombreuses, le transfert a pu se dérouler sans trop de peine …et surtout sans perte ni de variétés ni d'identifications. Mais l'emplacement de cette nouvelle iriseraie n'était pas idéal : pas assez d'ensoleillement et plans trop serrés. Défaut de jeunesse...
Les circonstances ont voulu qu'à l'automne de 1989 il faille de nouveau déménager. Le voyage n'était pas bien long – à peine dix kilomètres – mais cette fois encore rien n'avait été prévu et les touffes avaient beaucoup grossi et s'étaient fréquemment rejointes. Au printemps 1990 les dégâts sont apparus. Plusieurs variétés n'avaient pas repris et il y avait pas mal de mauvais étiquetages. Cependant j'ai pu remédier à cette situation avec assez de facilité grâce à mes plans écrits et ma connaissance des variétés. Il n'y a donc eu que demi-mal. C'est à ce moment qu'en pratiquant des échanges avec d'autres collectionneurs le nombre des variétés plantées s'est mis à croître rapidement. L'emplacement réservé s'est révélé très vite trop exigu et il a fallu songer à un nouveau déplacement. Mais cette fois tout avait été organisé méticuleusement au préalable !
Ainsi le nouveau terrain avait-il été labouré, enrichi en engrais de fond, et les bordures créées suffisamment larges pour pouvoir voir venir des expansions généreuses de chaque touffe. Mais retirer et replanter plus de 200 variétés n'a pas été une petite affaire ! Le résultat a été parfait et la nouvelle plantation a pris ses aises dans son nouveau terrain, même si la nature argilo-calcaire du sol n'était pas ce qu'il y a de plus favorable. Les iris tolèrent cependant des conditions ingrates et, sans se développer rapidement, les touffes ont néanmoins donné pendant de nombreuses années des fleurs abondantes. On était en 1995.
Cinq ans plus tard j'ai commencé à constater que les touffes vieillissaient, les pousses récentes venaient à chevaucher les plus anciennes et celles disposées vers l'extérieur débordaient nettement sur les allées rendant celles-ci plus étroites et compliquant le travail de tonte au cours de l'été. Par dessus le marché le nombre des variétés ne cessait de s'agrandir, obligeant à s'approcher des arbres et, par conséquent plaçant les nouvelles plantes dans des conditions peu favorables à leur reprise et leur accroissement naturel. Je constatais qu'après une pousse raisonnable tant que les feuilles des cerisiers ne s'étaient pas étalées au-dessus d'eux, les iris mal placés donnaient des signes de malaise : les feuilles perdaient de leur rigidité,prenaient une teinte plus pâle et s'écroulaient au sol tandis que les tiges florales restaient malingres et souvent dépourvues de fleurs.
En 2003 j'ai du me résoudre à envisager un nouveau « dérangement ». A défaut de disposer d'espace pour un transfert classique, j'ai choisi d'inverser les bordures fleuries et les allées engazonnées. Plus facile à concevoir qu'à réaliser ! Ce nouveau transfert ne s'est pas déroulé dans de bonnes conditions, ni de préparation préalable du terrain, ni de transplantation. En empiétant un peu (et en dépit des protestations de mon épouse) sur la partie du jardin en principe inaccessible aux iris tel que cela avait été tacitement conclu entre nous, la collection a pu être remise en terre. Pour pallier le manque de préparation du terrain j'avais cru bon de demander à un ami propriétaire d'ânes de me fournir quelques m³ du fumier de ses bêtes. Les iris ont apprécié cet enrichissement de leur pauvre substrat et dès le printemps 2004 ont abondamment fleuri. Mais les adventices ont également profité de l'apport en azote. De sorte que les désherbages sont devenus une véritable corvées et que, je l'avoue, certaines bordures ont été assez mal traitées. Vaille que vaille la situation s'est prolongée ainsi pendant plusieurs années...
Jusqu'à ce qu'il soit absolument nécessaire de mettre à l'ordre du jour un nouveau déplacement. Mais pour aller où ? Ajoutons que, devenant octogénaire, l'entretien de la collection me devenait de plus en plus pénible. Je me désolais de cette situation quand, par hasard, j'ai entendu dire que la petite bourgade de Champigny sur Veude, à 20 km de chez moi, songeait à créer une animation autour de l'iris pour valoriser son exceptionnel patrimoine architectural et attirer les touristes. L'affaire fut rondement menée. A l'été 2015 un nouveau « dérangement » a été mis en route. Mais une fois de plus, rien n'était organisé au préalable puisqu'en juin je ne savais pas encore quoi faire de mes iris.
Cette fois il fallait transporter en camionnette près de 350 variétés. Cela s'est fait avec beaucoup d'improvisation et l'identification des variétés s'est révélée souvent hasardeuse, de même que la replantation qui a suivi. Néanmoins mes chers iris n'ont pas été perdus. Ils ont même trouvé la terre riche et humifère du jardin de curé particulièrement à leur convenance. Il faut dire que le jardin où ils ont été implantés jouit des meilleures conditions : sol profond, humide mais sans eau stagnante, ensoleillement maximum, espace suffisant et même généreux... Un paradis pour des iris.
Au printemps 2018, pour la fête inaugurale de la nouvelle iriseraie, les iris étaient au mieux de leur forme. La seule chose qui pêche encore concerne l'identification de quelques variétés incorrectement labellisées à la suite du déménagement précipité de la collection. Elle devrait se faire cette année, et si elle n'est pas possible avec assez de sécurité, les variétés en question devraient être mises au rancart.
La floraison 2019 a été superbe. Les touffes les plus anciennes étaient énormes et abondamment fleuries, les acquisitions récentes, essentiellement en provenance de dons de la part de pépiniéristes français, étaient toutes en bonne santé. Champigny est devenu véritablement ce que souhaitait le maire actuel : la cité des iris.
Le récit de ces tribulations, en dehors de leur côté anecdotique, n'aurait guère d'intérêt si l'on ne devait pas en tirer quelques leçons :
le choix du nouvel emplacement, qui doit être suffisamment étendu, dépourvu de grands arbres trop ombrageants, bien ressuyé...
la nécessité d'une préparation méticuleuse du terrain choisi la transplantation ;
l'anticipation du déplacement, non pas seulement dans le choix du nouveau terrain mais aussi dans l'organisation du transfert (étiquetage des variétés, dressage du plan de plantation...)
Posséder une collection d'iris, dès qu'elle devient un peu importante, est une entreprise qui demande effort et persévérance, mais quelle récompense quand toutes ces fleurs explosent dans votre jardin !
Illustrations :
- Quatre vues de la collection au cours des ans.
Commencée en 1982, ma collection d'iris a déménagé cinq fois en trente-trois ans ! Cela peut sembler beaucoup mais en fait c'est bien peu. Car on dit qu'il faut déplacer les iris tous les trois ou quatre ans. Dans ces conditions c'est au moins huit fois qu'elle aurait du changer d'emplacement. Heureusement les iris sont des plantes de bonne composition et chez moi elles se sont accommodées assez heureusement de ces séjours prolongés, tout comme de l'ingratitude du sol.
Amorcée à Limoges, la collection a été transportée en Touraine en 1985. Ce déplacement n'était pas du tout prévu, donc au printemps 1984 il n'y a eu aucun repérage garantissant que les plantes ne perdraient pas leur identité. Par bonheur je disposais d'un plan rigoureux de la plantation et, les touffes n'étant ni très importantes ni très nombreuses, le transfert a pu se dérouler sans trop de peine …et surtout sans perte ni de variétés ni d'identifications. Mais l'emplacement de cette nouvelle iriseraie n'était pas idéal : pas assez d'ensoleillement et plans trop serrés. Défaut de jeunesse...
Les circonstances ont voulu qu'à l'automne de 1989 il faille de nouveau déménager. Le voyage n'était pas bien long – à peine dix kilomètres – mais cette fois encore rien n'avait été prévu et les touffes avaient beaucoup grossi et s'étaient fréquemment rejointes. Au printemps 1990 les dégâts sont apparus. Plusieurs variétés n'avaient pas repris et il y avait pas mal de mauvais étiquetages. Cependant j'ai pu remédier à cette situation avec assez de facilité grâce à mes plans écrits et ma connaissance des variétés. Il n'y a donc eu que demi-mal. C'est à ce moment qu'en pratiquant des échanges avec d'autres collectionneurs le nombre des variétés plantées s'est mis à croître rapidement. L'emplacement réservé s'est révélé très vite trop exigu et il a fallu songer à un nouveau déplacement. Mais cette fois tout avait été organisé méticuleusement au préalable !
Ainsi le nouveau terrain avait-il été labouré, enrichi en engrais de fond, et les bordures créées suffisamment larges pour pouvoir voir venir des expansions généreuses de chaque touffe. Mais retirer et replanter plus de 200 variétés n'a pas été une petite affaire ! Le résultat a été parfait et la nouvelle plantation a pris ses aises dans son nouveau terrain, même si la nature argilo-calcaire du sol n'était pas ce qu'il y a de plus favorable. Les iris tolèrent cependant des conditions ingrates et, sans se développer rapidement, les touffes ont néanmoins donné pendant de nombreuses années des fleurs abondantes. On était en 1995.
Cinq ans plus tard j'ai commencé à constater que les touffes vieillissaient, les pousses récentes venaient à chevaucher les plus anciennes et celles disposées vers l'extérieur débordaient nettement sur les allées rendant celles-ci plus étroites et compliquant le travail de tonte au cours de l'été. Par dessus le marché le nombre des variétés ne cessait de s'agrandir, obligeant à s'approcher des arbres et, par conséquent plaçant les nouvelles plantes dans des conditions peu favorables à leur reprise et leur accroissement naturel. Je constatais qu'après une pousse raisonnable tant que les feuilles des cerisiers ne s'étaient pas étalées au-dessus d'eux, les iris mal placés donnaient des signes de malaise : les feuilles perdaient de leur rigidité,prenaient une teinte plus pâle et s'écroulaient au sol tandis que les tiges florales restaient malingres et souvent dépourvues de fleurs.
En 2003 j'ai du me résoudre à envisager un nouveau « dérangement ». A défaut de disposer d'espace pour un transfert classique, j'ai choisi d'inverser les bordures fleuries et les allées engazonnées. Plus facile à concevoir qu'à réaliser ! Ce nouveau transfert ne s'est pas déroulé dans de bonnes conditions, ni de préparation préalable du terrain, ni de transplantation. En empiétant un peu (et en dépit des protestations de mon épouse) sur la partie du jardin en principe inaccessible aux iris tel que cela avait été tacitement conclu entre nous, la collection a pu être remise en terre. Pour pallier le manque de préparation du terrain j'avais cru bon de demander à un ami propriétaire d'ânes de me fournir quelques m³ du fumier de ses bêtes. Les iris ont apprécié cet enrichissement de leur pauvre substrat et dès le printemps 2004 ont abondamment fleuri. Mais les adventices ont également profité de l'apport en azote. De sorte que les désherbages sont devenus une véritable corvées et que, je l'avoue, certaines bordures ont été assez mal traitées. Vaille que vaille la situation s'est prolongée ainsi pendant plusieurs années...
Jusqu'à ce qu'il soit absolument nécessaire de mettre à l'ordre du jour un nouveau déplacement. Mais pour aller où ? Ajoutons que, devenant octogénaire, l'entretien de la collection me devenait de plus en plus pénible. Je me désolais de cette situation quand, par hasard, j'ai entendu dire que la petite bourgade de Champigny sur Veude, à 20 km de chez moi, songeait à créer une animation autour de l'iris pour valoriser son exceptionnel patrimoine architectural et attirer les touristes. L'affaire fut rondement menée. A l'été 2015 un nouveau « dérangement » a été mis en route. Mais une fois de plus, rien n'était organisé au préalable puisqu'en juin je ne savais pas encore quoi faire de mes iris.
Cette fois il fallait transporter en camionnette près de 350 variétés. Cela s'est fait avec beaucoup d'improvisation et l'identification des variétés s'est révélée souvent hasardeuse, de même que la replantation qui a suivi. Néanmoins mes chers iris n'ont pas été perdus. Ils ont même trouvé la terre riche et humifère du jardin de curé particulièrement à leur convenance. Il faut dire que le jardin où ils ont été implantés jouit des meilleures conditions : sol profond, humide mais sans eau stagnante, ensoleillement maximum, espace suffisant et même généreux... Un paradis pour des iris.
Au printemps 2018, pour la fête inaugurale de la nouvelle iriseraie, les iris étaient au mieux de leur forme. La seule chose qui pêche encore concerne l'identification de quelques variétés incorrectement labellisées à la suite du déménagement précipité de la collection. Elle devrait se faire cette année, et si elle n'est pas possible avec assez de sécurité, les variétés en question devraient être mises au rancart.
La floraison 2019 a été superbe. Les touffes les plus anciennes étaient énormes et abondamment fleuries, les acquisitions récentes, essentiellement en provenance de dons de la part de pépiniéristes français, étaient toutes en bonne santé. Champigny est devenu véritablement ce que souhaitait le maire actuel : la cité des iris.
Le récit de ces tribulations, en dehors de leur côté anecdotique, n'aurait guère d'intérêt si l'on ne devait pas en tirer quelques leçons :
le choix du nouvel emplacement, qui doit être suffisamment étendu, dépourvu de grands arbres trop ombrageants, bien ressuyé...
la nécessité d'une préparation méticuleuse du terrain choisi la transplantation ;
l'anticipation du déplacement, non pas seulement dans le choix du nouveau terrain mais aussi dans l'organisation du transfert (étiquetage des variétés, dressage du plan de plantation...)
Posséder une collection d'iris, dès qu'elle devient un peu importante, est une entreprise qui demande effort et persévérance, mais quelle récompense quand toutes ces fleurs explosent dans votre jardin !
Illustrations :
- Quatre vues de la collection au cours des ans.
14.6.19
LES PETITS MAÎTRES
La musique n'a pas connu que Mozart et Wagner. Beaucoup d'excellents compositeurs nous procurent de profondes émotions. C'est la même chose dans le monde des iris. De très nombreuses variétés de premier plan ont été obtenues par des hybrideurs qui sont restés discrets ou méconnus. Pendant quelques semaines nous rendrons visite à ces petits maîtres qui auraient mérité un peu plus de reconnaissance.
XIV - Vernon Wood
On pourrait l'appeler le maître des roses car l'essentiel de sa production d'iris à barbes, au demeurant assez réduite (28 variétés), a été dans cette couleur. Cependant sa spécialité était plutôt les iris de Californie pour lesquels il fut maintes fois primé.
'April in Paris' (1991)
'Pink Quartz' (1996)
'Arctic Fox' (1997)
'LaRue Boswell' (1997)
Ainsi s'achève ce feuilleton. La semaine prochaine nous passerons à un autre sujet.
XIV - Vernon Wood
On pourrait l'appeler le maître des roses car l'essentiel de sa production d'iris à barbes, au demeurant assez réduite (28 variétés), a été dans cette couleur. Cependant sa spécialité était plutôt les iris de Californie pour lesquels il fut maintes fois primé.
'April in Paris' (1991)
'Pink Quartz' (1996)
'Arctic Fox' (1997)
'LaRue Boswell' (1997)
Ainsi s'achève ce feuilleton. La semaine prochaine nous passerons à un autre sujet.
LA FLEUR DU MOIS
'Ruée vers l'Or'
(Jean Ségui, 1992/98)
'Broadway' X "Catalan": ('Limerick' x 'Orange Chiffon')
Au bord de la vaste plantation de Roland Dejoux, dans les collines des contreforts pyrénéens, 'Ruée vers l'Or' attire nécessairement l’œil. La plante est vigoureuse, la touffe bien fournie et les fleurs nombreuses et éclatantes. On peut traduire la description officielle telle qu'elle figure dans les documents de l'AIS par : « Jaune indien, sépales rayés de brun ; barbes d'un jaune indien plus prononcé. » Je ne sais pas ce qu'on appelle le jaune indien, mais je constate qu'il s'agit d'un jaune vif, plus sombre que le jaune d'or traditionnel. C'est à peu près la couleur des pétales de 'Catalan' (NR, Ségui, 1982) qui est le parent masculin de notre héros du jour. C'est d'ailleurs aussi à peu près la couleur de sa « mère » 'Broadway' (Keppel, 1979), brillant variegata-plicata de la première époque de Keith Keppel. 'Catalan' a apporté au couple qu'il a formé avec 'Broadway' de quoi obtenir des variegata-plicatas riches en couleur, et c'est ce qui s'est produit car 'Limerick (Keppel, 1972) à fournit les côté plicata tandis que l'apport de 'Orange Chiffon' (E. Smith, 1968) a contribué à enrichir le produit. 'Limerick', manquant un peu de contraste, a par ailleurs apporté son excellent branchement, ce qui a bien contribué à faire de 'Ruée vers l'Or' une variété spectaculaire.= telle que j'ai pu la voir le mois dernier. 'Broadway' pour sa part mérite bien la description qu'en donne Keppel dans son catalogue de 1981 : « De loin le variegata-plicata le plus spectaculaire que l'on ait jamais vu. Des pétales d'or riche et sombre, des sépales centrés d'ivoire qui sont largement cernés de brun-rouge. De grandes fleurs à l'échelle du bon branchement, et toujours une variété devant laquelle on s'arrête. On peut prédire une longue existence à cette production. »
Pas étonnant qu'avec une si belle origine, 'Ruée vers l'Or' soit une aussi belle plante.
Dommage en revanche qu'elle n'ait pas eu de descendance avérée. Peut-être est-ce aussi parce que Jean Ségui lui-même n'a pas jugé possible de lui apporter une quelconque amélioration. Il est vrai que dans le modèle variegata-plicata les variétés exemplaires ne manquent pas ! A commencer par les enfants et petits enfants de 'Broadway' qui sont apparus un peu partout dans le monde et surtout aux USA. C'est le cas de chez Keppel lui-même – 'Sneezy' (1995), chez son ami Blyth – 'Roman Palace' (1985), chez Jim Gibson – 'Thunder Echo' (1985), chez Monty Byers – 'Istanbul' (1989), chez Walter Moores – 'Off Broadway' (1991), ou chez Bryce Williamson – 'Latin Music' (2004), et même chez Richard Cayeux – 'Louis d'Or' (1995) avec ses fines veines brunes sous les barbes. 'Limerick' n'a pas eu le même succès et on ne peut guère mettre à son livret de famille que 'Patina' (Keppel, 1976) et 'Santana' (1976) son frère de semis. Quant à 'Orange Chiffon' son plus grand titre de gloire est sans doute 'Halloween Halo' (Weiler, 1990) tout blanc et cerné de jaune.
Jean Ségui n'est pas ce qu'on peut appeler un hybrideur professionnel, mais on peut lui décerner le titre d'amateur éclairé. Il n'a pas enregistré de nombreuses variétés, mais celles qui l'ont été sont de valeureuses plantes de jardin, comme 'La Belle Aude' (1998), le rose qui fut longtemps son best-seller, 'Doctor Gold' (1998) remarqué à Florence, ou le généreux 'Trapel' (1998) qui pousse sans compter. A une époque où les amateurs français n'osaient pas faire enregistrer leurs productions, le docteur Ségui a franchi le pas et démontré qu'il n'y avait pas à se montrer timoré. En ce sens il a certainement eu un rôle moteur et il n'est pas étranger à la multiplication des enregistrements que l'on connaît aujourd'hui.
Quand on voit 'Ruée vers l'Or' on se dit qu'il a bien eu raison d'avoir confiance en lui !
Illustrations :
'Ruée vers l'Or'
'Broadway'
'Limerick'
'Orange Chiffon'
LES FILLES DE 'REGIMEN'
'Regimen' (Joseph Ghio, R. 1999). Seedling# 94-15L3. TB, 31" (79 cm), Late bloom. Standards red chocolate; falls smooth red chocolate, muted blue blaze; beards burnt tangerine. Seedling# 92-21: ((('Stratagem' x 'Bygone Era') x ('Caracas' x ( 'Fortunata' x ((seedling# 78-221J: (('Flareup' x seedling# 73-122Z) x ('Ballet In Orange' x seedling# 73-122Z)) x ('Preface' sibling x ('Old Flame' x 'Pink Angel'))) x (seedling# 76-181J: (('Ponderosa' x 'Honey Rae') x (((('Commentary' x 'Claudia Rene') x 'Claudia Rene') x 'Ponderosa') x ('Ponderosa' x 'New Moon'))) x 'Homecoming Queen') x 'Orangerie'))))) x (((('Lady Friend' x ( 'Flareup' x ('Capitation' x 'Coffee House'))) x 'Battle Hymn' sibling) x ((('Praline' x 'Lady Friend') x (seedling# 76-181J x 'Entourage' x 'Homecoming Queen'))) x ((('Crème De Crème' x 'Financier') x (('Ballet In Orange' x 'Coffee House') x 'Cinnamon' sibling)) x 'Café Society'))) x 'Quito')) X seedling# 92-71F2: ('Enhancement' x (('Romantic Mood' sibling x ('Designer Gown' x (seedling# 78-221U x (('Artiste' x 'Tupelo Honey') x (('Malaysia' x 'Carolina Honey') x seedling# 73-122Z: ('Hi Top' x (('Ponderosa' x 'Travel On') x 'Peace Offering' sibling))))))) x 'Winning Smile')).
L'énumération ci-dessus constitue le pedigree de 'Regimen', un iris « rouge » particulièrement réussi,et qui a été apprécié par bien des obtenteurs parmi les meilleurs. Parler des « filles de 'Regimen' » fait allusion à un célèbre opéra de Gaetano Donizetti, en même temps qu'il évoque la descendance de cet iris magnifique, qui fait honneur au travail d'artiste de son hybrideur Joë Ghio.
A mon avis Ghio est très certainement l'un des hybrideurs les plus doués de sa génération mais je constate qu'il est de plus en plus ostracisé par les juges américains, au point de ne lui avoir attribué la Médaille de Dykes qu'une seule fois en 40 ans de carrière. Pourquoi ? Tous les amateurs d'iris s'accordent pour louer la beauté de ses obtentions, leur savante complexité génétique et leur succès chez les professionnels. Le reproche qui leur est fait, de façon récurrente, en Europe (mais sans doute aussi aux USA) est leur fragilité qui se manifeste par un développement capricieux et une sensibilité aux maladies. Est-ce suffisant pour leur refuser la consécration suprême ? Sans doute. Ce qui serait d'une certaine façon à l'honneur des juges puisque cela démontrerait que leur souci n'est pas la beauté formelle des fleurs mais avant tout la qualité des plantes elles-même.
Quoi qu'il en soit, le travail de Joë Ghio n'en est pas moins admirable, et quand il s'attaque à un modèle ou à un coloris, il vise la perfection et joue avec une maîtrise confondante de tous les moyens à sa disposition. Un de ceux-ci est l'usage répétitif de « clusters », ces éléments réutilisés maintes fois et additionnés les uns aux autres. Dans le pedigree de 'Regimen', il y en a à foison. Par exemple : ('Commentary' x 'Claudia Rene'), ou ('Ponderosa' x 'New Moon') ou encore ('Ponderosa' x 'Travel On'). C'est un trait caractéristique du travail de Ghio. Chacun de ces « clusters » apporte un élément important dans l'avancement de la recherche. Mis bout-à-bout, ils conduisent, croisement après croisement, au résultat recherché. A un moment que Ghio est seul à apprécier, celui-ci considère que l'ouvrage est achevé et il enregistre son travail. 'Regimen' est dans ce cas. Les autres hybrideurs n'ont plus qu'à poursuivre, s'ils le désire, le travail ainsi avancé, en tâchant d'y ajouter un perfectionnement, une nuance, un zeste de fantaisie, une touche personnelle...
En ce sens les continuateurs de 'Regimen' sont une dizaine. A commencer par Ghio lui-même qui a continué son travail avec trois variétés. Deux frères de semis : 'Mount Vesuvius' (2003), qualifié de « pourpre rosé à reflets métalliques » et 'Current Events' (2003) dont son obtenteur donne la définition suivante : « Portant nos efforts en vue de produire une version moderne du vieux classique 'Edenite', proche de la perfection, voici un self d'un noir cassis brillant avec un aspect de cuir velouté... ». Ces deux iris ont pour pedigree (Regimen X Ennoble). Le troisième et le très apprécié 'House Afire' (2002), de (Regimen X Ritual), qui est un des plus éclatants rouges que l'on connaisse.
En nombre de variétés issues de 'Regimen' enregistrées, on trouve ensuite Martin Balland. On lui doit tout d'abord le violet sombre 'Antonio Farao's Piano' (2014) issu de (Red Skies X Regimen), ainsi que son frère de semis 'Black Inside' (2016) puis le superbe (à mon avis) 'Night in Calvi' (2014) chez lequel on retrouve un peu de ses deux parents (Dynamite X Regimen). Viennent ensuite deux autres frères de semis, à commencer par 'La Grande Mademoiselle' (2016) dont le nom évoque les somptueuses robes de velours de sa dédicataire, la cousine du Roi Soleil, puis 'Sylvain Ruaud' (2018) à propos duquel je me garderai de tout commentaire ((Lenten Prayer x Dynamite) X Regimen). A la génération suivante apparaissent encore deux frères de semis : le pourpre sombre 'Red Moon' (2018) et le brun-rouge 'Tappeto Rosso' (2017), tous deux issus de (Antonio Faro's Piano X Rio Rojo). Auxquels on peut ajouter un premier descendant de 'La Grande Mademoiselle', 'Juliette in Paris' (2017), éclatant pourpre-rouge (Red Skies X La Grande Mademoiselle).
Aux Etats-Unis on donne aussi dans les frères de semis. C'est le cas d'Adam Cordes avec 'Michigan Echoes' (2017) et 'Next to Me' (2017) chez lesquels on retrouve à peu près les mêmes couleurs que chez les précédents (What's my Line X Regimen). C'est aussi celui de Marky Smith, une obtentrice chevronnée qui s'intéresse aux TB depuis assez peu de temps. Le croisement (Vintner X Regimen) lui a donné 'Pinot Noir' (2005), grenat très sombre qui mérite bien son nom, et 'Vintage Port' (2005), un peu plus clair mais avec qui on passe du vin d'Alsace au porto.
Les autres utilisateurs de 'Regimen' sont Keith Keppel, avec 'Hearty Burgundy' (2011), Paul Black avec 'Mambo Italiano' (2009), Jean Claude Jacob : 'Antoine C' (2014) et 'Vincent G' (2015), auxquels on peut joindre, au second degré, le tout récent (2018) 'Sang d'Encre' (House Afire X Rio Rojo), ainsi nommé avec beaucoup d'à-propos. Deux ou trois autres obtenteurs américains s'ajoutent à la liste de même que le regretté Sergeï Loktev dont 'Serdtse Pustyni' (2016) fut le chant du cygne.
Quand un obtenteur comme Joë Ghio enregistre une nouvelle variété, on peut être sûr qu'il s'agit d'une fleur remarquable au moins sur un point, la perfection formelle. Aux yeux de beaucoup, et en particulier des juges chargés d’attribuer les récompenses qui ponctuent la vie des iris américains, cela ne paraît pas suffisant puisqu'ils ils leur refusent l'accès au plus haut niveau. Ils n'ont pas les mêmes doutes à propos des obtentions de Keith Keppel, ami intime de Joë Ghio. A huit reprises ils ont couronné ce dernier (et ce n'est peut-être pas fini !), dont les variétés jouissent, tant auprès du public que d'eux-même, d'un préjugé favorable quant aux qualités horticoles. Il en faut donc peu pour faire passer un obtenteur de la qualification de «expert» à celle de «génial » ! Ghio est catalogué et aura du mal à vaincre les préventions dont il est l'objet. Quelle que soient les beautés de ses obtentions elles subiront le handicap d'une classification parmi les plantes fragiles ou capricieuses qui est malheureusement souvent justifiée. Raison de plus pour d'autres obtenteurs de profiter du bon côté des variétés signées Ghio, auxquelles ils vont ajouter d'autres qualités les rendant plus robustes et plus fiables. C'est ce qui arrive avec les filles (ou les fils!) de 'Regimen' dont on vient de faire le tour.
Illustrations :
'Regimen'
'House Afire'
'La Grande Mademoiselle'
'Night in Calvi'
'Sang d'Encre'
L'énumération ci-dessus constitue le pedigree de 'Regimen', un iris « rouge » particulièrement réussi,et qui a été apprécié par bien des obtenteurs parmi les meilleurs. Parler des « filles de 'Regimen' » fait allusion à un célèbre opéra de Gaetano Donizetti, en même temps qu'il évoque la descendance de cet iris magnifique, qui fait honneur au travail d'artiste de son hybrideur Joë Ghio.
A mon avis Ghio est très certainement l'un des hybrideurs les plus doués de sa génération mais je constate qu'il est de plus en plus ostracisé par les juges américains, au point de ne lui avoir attribué la Médaille de Dykes qu'une seule fois en 40 ans de carrière. Pourquoi ? Tous les amateurs d'iris s'accordent pour louer la beauté de ses obtentions, leur savante complexité génétique et leur succès chez les professionnels. Le reproche qui leur est fait, de façon récurrente, en Europe (mais sans doute aussi aux USA) est leur fragilité qui se manifeste par un développement capricieux et une sensibilité aux maladies. Est-ce suffisant pour leur refuser la consécration suprême ? Sans doute. Ce qui serait d'une certaine façon à l'honneur des juges puisque cela démontrerait que leur souci n'est pas la beauté formelle des fleurs mais avant tout la qualité des plantes elles-même.
Quoi qu'il en soit, le travail de Joë Ghio n'en est pas moins admirable, et quand il s'attaque à un modèle ou à un coloris, il vise la perfection et joue avec une maîtrise confondante de tous les moyens à sa disposition. Un de ceux-ci est l'usage répétitif de « clusters », ces éléments réutilisés maintes fois et additionnés les uns aux autres. Dans le pedigree de 'Regimen', il y en a à foison. Par exemple : ('Commentary' x 'Claudia Rene'), ou ('Ponderosa' x 'New Moon') ou encore ('Ponderosa' x 'Travel On'). C'est un trait caractéristique du travail de Ghio. Chacun de ces « clusters » apporte un élément important dans l'avancement de la recherche. Mis bout-à-bout, ils conduisent, croisement après croisement, au résultat recherché. A un moment que Ghio est seul à apprécier, celui-ci considère que l'ouvrage est achevé et il enregistre son travail. 'Regimen' est dans ce cas. Les autres hybrideurs n'ont plus qu'à poursuivre, s'ils le désire, le travail ainsi avancé, en tâchant d'y ajouter un perfectionnement, une nuance, un zeste de fantaisie, une touche personnelle...
En ce sens les continuateurs de 'Regimen' sont une dizaine. A commencer par Ghio lui-même qui a continué son travail avec trois variétés. Deux frères de semis : 'Mount Vesuvius' (2003), qualifié de « pourpre rosé à reflets métalliques » et 'Current Events' (2003) dont son obtenteur donne la définition suivante : « Portant nos efforts en vue de produire une version moderne du vieux classique 'Edenite', proche de la perfection, voici un self d'un noir cassis brillant avec un aspect de cuir velouté... ». Ces deux iris ont pour pedigree (Regimen X Ennoble). Le troisième et le très apprécié 'House Afire' (2002), de (Regimen X Ritual), qui est un des plus éclatants rouges que l'on connaisse.
En nombre de variétés issues de 'Regimen' enregistrées, on trouve ensuite Martin Balland. On lui doit tout d'abord le violet sombre 'Antonio Farao's Piano' (2014) issu de (Red Skies X Regimen), ainsi que son frère de semis 'Black Inside' (2016) puis le superbe (à mon avis) 'Night in Calvi' (2014) chez lequel on retrouve un peu de ses deux parents (Dynamite X Regimen). Viennent ensuite deux autres frères de semis, à commencer par 'La Grande Mademoiselle' (2016) dont le nom évoque les somptueuses robes de velours de sa dédicataire, la cousine du Roi Soleil, puis 'Sylvain Ruaud' (2018) à propos duquel je me garderai de tout commentaire ((Lenten Prayer x Dynamite) X Regimen). A la génération suivante apparaissent encore deux frères de semis : le pourpre sombre 'Red Moon' (2018) et le brun-rouge 'Tappeto Rosso' (2017), tous deux issus de (Antonio Faro's Piano X Rio Rojo). Auxquels on peut ajouter un premier descendant de 'La Grande Mademoiselle', 'Juliette in Paris' (2017), éclatant pourpre-rouge (Red Skies X La Grande Mademoiselle).
Aux Etats-Unis on donne aussi dans les frères de semis. C'est le cas d'Adam Cordes avec 'Michigan Echoes' (2017) et 'Next to Me' (2017) chez lesquels on retrouve à peu près les mêmes couleurs que chez les précédents (What's my Line X Regimen). C'est aussi celui de Marky Smith, une obtentrice chevronnée qui s'intéresse aux TB depuis assez peu de temps. Le croisement (Vintner X Regimen) lui a donné 'Pinot Noir' (2005), grenat très sombre qui mérite bien son nom, et 'Vintage Port' (2005), un peu plus clair mais avec qui on passe du vin d'Alsace au porto.
Les autres utilisateurs de 'Regimen' sont Keith Keppel, avec 'Hearty Burgundy' (2011), Paul Black avec 'Mambo Italiano' (2009), Jean Claude Jacob : 'Antoine C' (2014) et 'Vincent G' (2015), auxquels on peut joindre, au second degré, le tout récent (2018) 'Sang d'Encre' (House Afire X Rio Rojo), ainsi nommé avec beaucoup d'à-propos. Deux ou trois autres obtenteurs américains s'ajoutent à la liste de même que le regretté Sergeï Loktev dont 'Serdtse Pustyni' (2016) fut le chant du cygne.
Quand un obtenteur comme Joë Ghio enregistre une nouvelle variété, on peut être sûr qu'il s'agit d'une fleur remarquable au moins sur un point, la perfection formelle. Aux yeux de beaucoup, et en particulier des juges chargés d’attribuer les récompenses qui ponctuent la vie des iris américains, cela ne paraît pas suffisant puisqu'ils ils leur refusent l'accès au plus haut niveau. Ils n'ont pas les mêmes doutes à propos des obtentions de Keith Keppel, ami intime de Joë Ghio. A huit reprises ils ont couronné ce dernier (et ce n'est peut-être pas fini !), dont les variétés jouissent, tant auprès du public que d'eux-même, d'un préjugé favorable quant aux qualités horticoles. Il en faut donc peu pour faire passer un obtenteur de la qualification de «expert» à celle de «génial » ! Ghio est catalogué et aura du mal à vaincre les préventions dont il est l'objet. Quelle que soient les beautés de ses obtentions elles subiront le handicap d'une classification parmi les plantes fragiles ou capricieuses qui est malheureusement souvent justifiée. Raison de plus pour d'autres obtenteurs de profiter du bon côté des variétés signées Ghio, auxquelles ils vont ajouter d'autres qualités les rendant plus robustes et plus fiables. C'est ce qui arrive avec les filles (ou les fils!) de 'Regimen' dont on vient de faire le tour.
Illustrations :
'Regimen'
'House Afire'
'La Grande Mademoiselle'
'Night in Calvi'
'Sang d'Encre'
7.6.19
LES PETITS MAÎTRES
La musique n'a pas connu que Mozart et Wagner. Beaucoup d'excellents compositeurs nous procurent de profondes émotions. C'est la même chose dans le monde des iris. De très nombreuses variétés de premier plan ont été obtenues par des hybrideurs qui sont restés discrets ou méconnus. Pendant quelques semaines nous rendrons visite à ces petits maîtres qui auraient mérité un peu plus de reconnaissance.
XIII - John Weiler
Il avait la réputation d'être une véritable encyclopédie en matière de botanique et d'horticulture. Il mit ses connaissances à profit pour devenir un grand spécialiste des iris jaunes et un fana des iris remontants. Ses obtentions ne sont pas nombreuses mais elles s'étendent vers toutes le catégories d'iris à barbes, et nombreuses sont celles qui l'ont fait connaître au-delà des frontières américaines.
'Navajo Jewel' (1983)
'Satin Satan' (1984)
'Blackbeard' (1988)
'Throb' (1990)
XIII - John Weiler
Il avait la réputation d'être une véritable encyclopédie en matière de botanique et d'horticulture. Il mit ses connaissances à profit pour devenir un grand spécialiste des iris jaunes et un fana des iris remontants. Ses obtentions ne sont pas nombreuses mais elles s'étendent vers toutes le catégories d'iris à barbes, et nombreuses sont celles qui l'ont fait connaître au-delà des frontières américaines.
'Navajo Jewel' (1983)
'Satin Satan' (1984)
'Blackbeard' (1988)
'Throb' (1990)
TRAVAIL AUX « NOIRS »
En 2007, ici même, j'ai parlé des iris noirs « à la française ». Je faisais remarquer que le noir n'est pas une couleur qui inspire beaucoup les obtenteurs français. Mais peut-être les choses ont-elles changé en un peu plus de dix ans ? Ces dix années ont été marquées par un développement considérable des obtentions françaises. De nouveaux hybrideurs doués ont fait leur apparition et leur travail s'est peut-être porté vers les couleurs sombres et en particulier celle qu'on appelle le « noir » chez les iris. L’iris noir, c’est un peu comme pour la tulipe de la même couleur, on s’en approche de plus en plus, en France comme ailleurs, mais l’obtiendra-t-on jamais ? Voyons voir !
Depuis le dernier article bien des choses se sont passées et on peut dire que nos hybrideurs ont bien travaillé.
C'est Bernard Laporte (et les graines qu'il a généreusement offertes à Virginie Fur) qui a ouvert le bal. Avec 'Sire de Bréal' (Fur-Laporte, 2004) on est sur la bonne voie, mais cet enfant du croisement (Night Ruler X Blackout) qui réunit deux iris sombres des années 1985/90 est tout de même davantage un violet foncé qu'un noir. Gérard Madoré a suivi dans la direction indiquée, en faisant appel, cette fois, à ce qu'il y a de plus noir à l'époque. 'Armorique' (2005) et 'Guilvinec' (2007) ont de belles grosses fleurs bien sombres ; 'Armorique' est sans doute le plus réussi des deux, avec des barbes entièrement noires. En 2009 Bernard Laporte a eu la main heureuse et son 'Dakar' agrémenté de barbes à éperons est d'un beau noir qui n'était pas attendu du croisement (Designer Gown X Ostrogoth).
Richard Cayeux, qui jusque-là n'avait pas manifesté d'appétence pour les fleurs noires, s'est lancé avec un descendant de 'Dusky Challenger', décrit exactement comme « pétales pourpre-violet foncé ; sépales proches du noir ; barbes violet-noir ». Son Nom ? 'Eclipse de Mai' : un premier essai transformé. Il a continué dans une voie aussi bien engagée avec 'Nuit Satinée' (2012), un enfant de (Badlands X Black Suited) remarquable à tous points de vue. Vient ensuite 'Premier Cru' (2013) qui, comme son nom le laisse supposer, est un noir vineux souligné par une barbe rouge sombre très inhabituelle. Le croisement inverse de celui qui a donné 'Premier Cru' est responsable de 'Votre Majesté' (2017) dont les pétales d'un violet rougeâtre, s'associent à des sépales franchement noirs : une belle fleur.
Bernard Laporte a remis ça en 2013 avec un iris baptisé 'Résistance' (Honky Tonk Blues X Saturn), somme toute assez voisin du précédent qui à le même parent mâle, mais en plus clair. En 2017 il nous a offert deux magnifiques iris noirs :
'Black Sublime', le bien nommé, très noir avec barbes bleu nuit ;
'Nuit Noire', issu du même croisement (Sambuca X Hello Darkness) et tout aussi noir avec des barbes encore plus sombres.
Deux iris bien dans la ligne de ce qui se fait aujourd'hui, qui ont toute leur place dans nos jardins.
'Macassar' (J.C. Jacob, 2016), pourtant issu du croisement de deux des plus beaux noirs (Black is Black X Black Suited), doté d'une forme majestueuse façon Schreiner, me semble un peu clair pour être considéré comme noir, mais il faudrait le voir de près pour émettre un jugement définitif à ce sujet. 'Jais Moqueur' (A. Chapelle, 2016) se présente sous une forme fortement ondulée, ce qui n'est pas banal pour un noir, qu'il tient de son « père » 'Sea Power'. Des barbes franchement noires ajoutent à son originalité.
J'ai gardé « pour la bonne bouche » deux plantes qui m'ont paru répondre parfaitement à la notion d'iris noir. Ce sont deux nouveauté proposées cette année par une nouvelle venue dans le monde des hybrideurs français : Christine Cosi. Elle vient d'enregistrer (en 2018) 'Chouchou d'Albin' et 'Et Patati et Patata', deux frères de semis du croisement (Ghost Train X Midnight Oil). Christine Cosi est une excellent photographe. Il y a donc tout lieu de penser que ses deux iris sont aussi réussis dans la réalité qu'ils semblent l'être en image. L'un et l'autre se présentent en noir soutenu mais avec des griffures blanches très fines autour des barbes sans doute résurgence des gènes plicatas issus de 'Snowbrook', ancêtre de 'Midnight Oil'. Sur 'Chouchou d'Albin' ces barbes sont couleur moutarde ; sur 'Et Patati et Patata' elles sont bleu marine pointé de gris. Cela semble bien être des avancées dans le domaine des iris noirs.
En quelques années les obtenteurs français qui étaient un peu à la traîne dans le domaine qui nous intéresse aujourd'hui ont rattrapé leur retard et, seulement avec les variétés citées ci-dessus, on pourrait constituer une magnifique bordure noire qui aurait certainement du succès auprès des visiteurs du jardin !
Illustrations :
'Armorique'
'Nuit Satinée'
'Nuit Noire'
'Et Patati et Patata'
Depuis le dernier article bien des choses se sont passées et on peut dire que nos hybrideurs ont bien travaillé.
C'est Bernard Laporte (et les graines qu'il a généreusement offertes à Virginie Fur) qui a ouvert le bal. Avec 'Sire de Bréal' (Fur-Laporte, 2004) on est sur la bonne voie, mais cet enfant du croisement (Night Ruler X Blackout) qui réunit deux iris sombres des années 1985/90 est tout de même davantage un violet foncé qu'un noir. Gérard Madoré a suivi dans la direction indiquée, en faisant appel, cette fois, à ce qu'il y a de plus noir à l'époque. 'Armorique' (2005) et 'Guilvinec' (2007) ont de belles grosses fleurs bien sombres ; 'Armorique' est sans doute le plus réussi des deux, avec des barbes entièrement noires. En 2009 Bernard Laporte a eu la main heureuse et son 'Dakar' agrémenté de barbes à éperons est d'un beau noir qui n'était pas attendu du croisement (Designer Gown X Ostrogoth).
Richard Cayeux, qui jusque-là n'avait pas manifesté d'appétence pour les fleurs noires, s'est lancé avec un descendant de 'Dusky Challenger', décrit exactement comme « pétales pourpre-violet foncé ; sépales proches du noir ; barbes violet-noir ». Son Nom ? 'Eclipse de Mai' : un premier essai transformé. Il a continué dans une voie aussi bien engagée avec 'Nuit Satinée' (2012), un enfant de (Badlands X Black Suited) remarquable à tous points de vue. Vient ensuite 'Premier Cru' (2013) qui, comme son nom le laisse supposer, est un noir vineux souligné par une barbe rouge sombre très inhabituelle. Le croisement inverse de celui qui a donné 'Premier Cru' est responsable de 'Votre Majesté' (2017) dont les pétales d'un violet rougeâtre, s'associent à des sépales franchement noirs : une belle fleur.
Bernard Laporte a remis ça en 2013 avec un iris baptisé 'Résistance' (Honky Tonk Blues X Saturn), somme toute assez voisin du précédent qui à le même parent mâle, mais en plus clair. En 2017 il nous a offert deux magnifiques iris noirs :
'Black Sublime', le bien nommé, très noir avec barbes bleu nuit ;
'Nuit Noire', issu du même croisement (Sambuca X Hello Darkness) et tout aussi noir avec des barbes encore plus sombres.
Deux iris bien dans la ligne de ce qui se fait aujourd'hui, qui ont toute leur place dans nos jardins.
'Macassar' (J.C. Jacob, 2016), pourtant issu du croisement de deux des plus beaux noirs (Black is Black X Black Suited), doté d'une forme majestueuse façon Schreiner, me semble un peu clair pour être considéré comme noir, mais il faudrait le voir de près pour émettre un jugement définitif à ce sujet. 'Jais Moqueur' (A. Chapelle, 2016) se présente sous une forme fortement ondulée, ce qui n'est pas banal pour un noir, qu'il tient de son « père » 'Sea Power'. Des barbes franchement noires ajoutent à son originalité.
J'ai gardé « pour la bonne bouche » deux plantes qui m'ont paru répondre parfaitement à la notion d'iris noir. Ce sont deux nouveauté proposées cette année par une nouvelle venue dans le monde des hybrideurs français : Christine Cosi. Elle vient d'enregistrer (en 2018) 'Chouchou d'Albin' et 'Et Patati et Patata', deux frères de semis du croisement (Ghost Train X Midnight Oil). Christine Cosi est une excellent photographe. Il y a donc tout lieu de penser que ses deux iris sont aussi réussis dans la réalité qu'ils semblent l'être en image. L'un et l'autre se présentent en noir soutenu mais avec des griffures blanches très fines autour des barbes sans doute résurgence des gènes plicatas issus de 'Snowbrook', ancêtre de 'Midnight Oil'. Sur 'Chouchou d'Albin' ces barbes sont couleur moutarde ; sur 'Et Patati et Patata' elles sont bleu marine pointé de gris. Cela semble bien être des avancées dans le domaine des iris noirs.
En quelques années les obtenteurs français qui étaient un peu à la traîne dans le domaine qui nous intéresse aujourd'hui ont rattrapé leur retard et, seulement avec les variétés citées ci-dessus, on pourrait constituer une magnifique bordure noire qui aurait certainement du succès auprès des visiteurs du jardin !
Illustrations :
'Armorique'
'Nuit Satinée'
'Nuit Noire'
'Et Patati et Patata'
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