TIGER HONEY
Nous voici en présence de ce que l’on appelle un iris « broken color ». Cette catégorie est apparue relativement récemment. Elle n’a conquis sa place dans la grande famille des variétés nobles seulement dans les années 80. Auparavant elle était considérée comme une anomalie curieuse mais plutôt laide, que l’on détruisait quand on la voyait apparaître dans un semis de plicatas. Le premier à avoir commercialisé ces chimères est Allan Ensminger, un obtenteur du Nebraska qui, au début des eighties, les a proposés, sans oser les enregistrer ! Ce n’était que des curiosités sans avenir. Peu à peu cependant il a fait progresser la qualité des cultivars obtenus et considéré, eu égard à la stabilité de la mutation constatée, qu’il pouvait faire enregistrer ses semis au même titre que les variétés traditionnelles. Depuis, plusieurs autres obtenteurs se sont lancés dans l’aventure, notamment Brad Kasperek, qui leur a fait franchir le pas entre la confidentialité et le succès commercial. C’est lui qui, en 94, a proposé TIGER HONEY, une variété réussie à tous points de vue, issue d’un croisement entre MARIA TORMENA (Ensminger 87), un autre « broken color », et DESERT REALM (Schreiner 85). Du premier il tient sont caractère « broken color », de l’autre sa couleur de base.
TIGER HONEY se présente comme un iris dans les tons de brun caramel, taché de projections aléatoires or et blanc huître. En quelque sorte, un plicata chez qui les couleurs, au lieu d’être sagement et harmonieusement réparties, se mélangent n’importe comment. C’est cette absence de respect de l’harmonie qui constitue la caractéristique des iris « broken color ». Il y a autant de différence entre un « broken color » et un plicata qu’entre une symphonie de Mozart et une œuvre de Charles Ives. On ne peut cependant pas dire que quelque chose de désordonné et forcément déplaisant. « On dit qu’un beau désordre est un effet de l’art » : cet alexandrin peut exactement s’appliquer aux iris « broken color ».
Le travail d’Allan Ensminger avec les iris « broken color » a commencé dès 1968et les iris qu’il a obtenus et enregistrés peuvent être classés en trois sous-catégories, c’est du moins ainsi que les classe Brad Kasperek dans un article paru dans le n° 303 du Bulletin de l’AIS, les iris rayés, comme PURPLE STREAKER et BATIK, les iris éclaboussés, comme MARIA TORMENA et BRINDLED BEAUTY, et les iris barbouillés, comme PAINTED PLIC. Mais ces distinctions sont peut-être un peu trop simplificatrices. En tout cas ils proviennent tous d’iris plicatas et Kasperek démontre qu’il s’agit d’iris au ¾ plicatas.
Certains ont affirmé que ces plantes étaient malades et même atteintes de virose, ce qui serait à l’origine de leur aspect « anormal ». Mais d’autres, comme Kasperek et Komarnicki ont expliqué qu’il n’en était rien, mais qu’on était plutôt en face d’une mutation. Disons, pour rester simple, que ce sont des descendants de plicatas dont l’ordonnance dans la répartition des couleurs se trouve bouleversée.
Aujourd’hui les « broken color » ne font plus peur. Le grand public commence à les apprécier. La preuve en est que parmi les 100 variétés les plus populaires de cette année, quatre « broken color » sont classés : notre TIGER HONEY, à la 43eme place, BEWILDERBEAST à la 47eme, SPICED TIGER étant 98eme et NIGERIAN RASPBERRY 100eme. Enfin à la 106eme place on trouve encore GNU’S FLASH. On n’est plus loin du jour où un « broken color » le disputera pour une médaille honorifique avec un iris classique, comme le fit THORNBIRD, un autre iris « anormal », quand il emporta la Dykes Medal en 1997.
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