21.2.03

ORINOCO FLOW

Nos voisins britanniques, dans l’attribution de leur Médaille de Dykes, se montrent beaucoup plus éclectiques que leurs cousins américains. Ils n’hésitent pas à la décerner, à l’occasion, à des iris qui ne sont pas les fameux TB qui trustent pratiquement toutes les Médailles de Dykes américaines. Ainsi en fut-il pour l’iris de Sibérie CAMBRIDGE qui fut couronné en 1971, pour l’iris de Californie NO NAME, vainqueur en 1976, pour l’intermédiaire COTSGOLD en 1978 et, en 1994, pour ORINOCO FLOW (Cy Bartlett 89) qui est un iris de bordure. Oui, dira-t-on, mais entre un iris de bordure et un grand iris, il n’y a qu’une question de taille ! Rappelons qu’un iris de bordure (BB) est structurellement un grand iris qui n’atteint pas la taille réglementaire de 70 cm. Pour le cas présent, ORINOCO FLOW est sensé ne mesurer que 65 cm, mais l’on sait que ces mensurations sont variables en fonction des conditions de culture et de climat. Cet ORINOCO FLOW a donc tendance à faire un peu de nanisme, mais il se situe à la limite, tout comme beaucoup de jolis BB, comme BATIK ou CERDAGNE.

Quoi qu’il en soit, au plan des qualités intrinsèques, ORINOCO FLOW n’est en dessous des limites. C’est même un iris de toute beauté, seulement handicapé par sa taille. Pour le reste, il est à la hauteur ! Il est décrit en ces termes : « Pétales à fond blanc vivement pointillé aux bords de bleu pourpré profond ; styles bleu pourpré profond ; sépales comportant des motifs plicata denses aux épaules et en lisière ; barbes bleu marine. » Un plicata léger, donc, c’est à dire chez qui les pigments anthocyaniques sont assez fortement inhibés. Ce qui le distingue, c’est son cœur sombre, styles et barbes contribuent à lui donner son caractère. Ses parents se nomment BLUE STACCATO, pour la « mère », et RAZIZA pour le « père », tous les deux sont des plicatas bleus. On connaît bien BLUE STACCATO (Gibson 77) qui a figuré dans tous les catalogues français des années 80, mais très peu RAZIZA (Plough 75), son contemporain, qui n’a pas franchi souvent l’Atlantique. Les parents de cet iris sont eux-mêmes parfaitement inconnus chez nous. D’un côté SENTRY (Noyd 70) est un plicata orchidée, qui descend de STEPPING OUT et d’un autre géniteur de choix, TEA APRON (Sass 60), plicata léger bleu ; de l’autre PUNJAB (Plough 71) est un plicata jacinthe, dans la généalogie duquel on retrouve TEA APRON. L’arbre généalogique de BLUE STACCATO comporte toute une série de produits strictement Gibson, INDIGO RIM (74), BOLD OVERTURE (73), NIGHT LINES (66), tous plicatas bleus ou violets. Le père de BOLD OVERTURE est, encore, STEPPING OUT, le père de NIGHT LINES est ROCOCO (Schreiner 59), un autre célèbre plicata. Rien que du plicata, donc, jusqu’à un certain OPENING NIGHT (Gibson 69), un bitone violet remontant à deux ancêtres connus, d’un côté LA NEGRA FLOR (Crosby 58) qui a obtenu le Florin d’or en 59, de l’autre DARK FURY (Gaulter) , uniformément violet, qui descend de BLACK FOREST, considéré comme le fondateur de la lignée des iris noirs.

De TEA APRON et BOLD OVERTURE, en trois ou quatre générations, on s’est progressivement approché de cette sorte de perfection que représente ORINOCO FLOW. Cet iris est un achèvement ; il aurait du atteindre la taille des grands iris, car aucun de ses antécédents n’est de petite taille, mais quelque gène d’iris nain a ressurgi, assurément celui d’I. aphylla qui se trouve dans tant de nos iris actuels. Ne nous plaignons pas en l’occurrence de l’existence de cette catégorie d’iris de bordure, sans elle en effet, à cause de sa taille, ORINOCO FLOW ne serait pas venu sur le marché et nous n’aurions pas pu profiter de son élégance et de son charme.

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