BELLE DE NUIT
Savez-vous combien de fois on retrouve WHOLE CLOTH (Cook 57) dans l’arbre généalogique de BELLE DE NUIT (R.Cayeux 99) ? Au moins huit fois ! C’est dire si cette variété, qui fait partie des variétés de base de l’iridophilie moderne, a été abondamment utilisée pour obtenir des iris amoenas et bicolores. Mais si l’on compare les images de WHOLE CLOTH et de BELLE DE NUIT, on constate le chemin parcouru en quarante ans d’hybridation. WHOLE CLOTH a des pétales blanc laiteux et des sépales mauves, la barbe est blanche pointée orange ; l’ensemble est un peu terne et la fleur, parfaitement proportionnée, ne présente que de très discrètes ondulations, bien dans le style des années 50/60. BELLE DE NUIT propose des pétales bleu de lin, clairs, et des sépales violet pensée, cernés du bleu des pétales, avec des barbes vermillon. Couleurs contrastées, fleurs spectaculaires, touffes plantureuses. On comprend pourquoi cette variété a emporté les suffrages des juges (techniciens et simples amateurs) du concours Iriades 2003, qui lui ont attribué la médaille d’or.
Pour aller de WHOLE CLOTH à BELLE DE NUIT il a fallu cinq à six générations d’iris et un tour complet du monde. Les origines de sa généalogie se situent évidemment aux Etats-Unis, à la fin des années 50. C’est là-bas que sont nés tous ses premiers ancêtres. Mais son côté maternel s’est développé en Australie, tandis que ses antécédents paternels sont français sur plusieurs générations. Les parents de BELLE DE NUIT sont, côté femelle, IN TOWN (Blyth 85) un bitone violet à barbes minium, et côté mâle, REBECCA PERRET (J. Cayeux 93), le plus clair des célèbres iris tricolores de la maison Cayeux. Les antécédents d’IN TOWN sont tous des obtentions de Barry Blyth. A la première génération il y a TOMORROW’S CHILD (81) x MAGIC MAN (79) , deux variétés somme toute très voisines en coloris. Toutes deux sont des bitones indigo avec un cerne plus clair sur les sépales et des barbes vermillon, les couleurs de BELLE DE NUIT, mais en plus sombre. Dans les racines de TOMORROW’S CHILD, s’il y a des amoenas bleus (CHILD OF FORTUNE –79 ; OUTER LIMITS – 72), on trouve aussi des amoenas orchidée (LISA ANN – 77 ) et pêche (SNOW PEACH – Shoop 71) et, plusieurs fois, des bicolores orchidée (LATIN TEMPO – 73) ; (FANFARE ORCHID – B. Jones 65), par lesquels on remonte jusqu’au fameux WHOLE CLOTH qui apparaît à cinq reprises, en compagnie d’autres incontournables comme CLAUDIA RENE (Gaulter 63), LILAC CHAMPAGNE (Hamblen 65), PALOMINO (Hall 51) ou ARCTIC FLAME (Fay 60).
L’autre moitié du tableau se situe longuement dans la sphère des productions de Jean Cayeux, avec CONDOTTIERE (78), son descendant ALIZÉS (91), et son parent FALBALA (78). Mais ni l’Amérique, ni l’Australie ne sont bien loin. Il y a le tricolore DELPHI (Shoop 79) aux origines obscures, mais où se place néanmoins l’inévitable WHOLE CLOTH, le rose PINK TAFFETA (Rudolph 65) derrière lequel il y a …ARCTIC FLAME et FLEETA (Fay 56), le bleu TRITON (Julander 62) qui remonte à WHOLE CLOTH, et une touche d’Australiens : LUNAR RAINBOW (76), variegata pêche / campanule, issu du croisement de LATIN TEMPO (voir plus haut) et de CEBANYON (Blyth 74) qui descend de LILAC CHAMPAGNE et, par conséquent de WHOLE CLOTH !
Avec BELLE DE NUIT, la boucle est bouclée. Sont touchés les trois pôles de l’iridophilie que sont les USA, d’où viennent tous les iris de base, l’Australie, avec le travail considérable de Barry Blyth, notamment sur les bicolores, et la France où brillent les noms de Jean Cayeux et de son fils Richard. BELLE DE NUIT est un évident produit d’une mondialisation qui n’est plus une idée de technocrates, même parmi les iris.
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