LATIN …SOMETHING
Il en est des noms d’iris comme du reste : il y a des modes. Prenez par exemple les noms qui commencent par ‘LATIN’. La mode a été lancée par le célèbre LATIN LOVER enregistré par George Shoop en 1969. Auparavant, depuis 1950, une seule variété avait reçu un nom commençant par ’LATIN’, il s’agit d’un iris resté assez obscur : LATIN QUARTER (Janet Nelson 60), un brun avec un spot bleu sous les barbes oranges. LATIN LOVER a lancé une mode et pendant vingt ans donner un nom où se trouve le mot ‘LATIN’ a été très tendance. On a décliné le mot ‘LATIN’ avec plus ou moins de bonheur, mais pas dans n’importe quel sens.
La mode LATIN LOVER est celle des iris aux pétales dérivant du rose ou de l’orchidée, sur des sépales dans les tons de grenat ou de pourpre avec, petite coquetterie supplémentaire, un ourlet autour des sépales rappelant la couleur des pétales. Entre 69 et 88 il y en a eu huit !
LATIN LILT (Framke 69) présente certaines similitudes d’aspect avec son fameux contemporain, il a des pétales chamois et des sépales fuchsia. Désormais à l’exception de LATIN ARTS (Wight 83), une autre variété sans importance majeure, qui est de deux tons de lavande (proche de la couleur de sa « mère » BEAUX ARTS) mais qui est néanmoins issu de LATIN LOVER (d’où son nom, relevant du jeu de mots), tous les iris ‘LATIN quelque chose’ seront proches par les couleurs de leur illustre prédécesseur.
LATIN TEMPO (Blyth 73) inaugure la série. Il est rose sur magenta avec barbes mandarine et a donné naissance à tout plein de semis valeureux. Il n’a pas les mêmes origines que LATIN LOVER, lequel est issu d’un semis de WHOLE CLOTH (Cook 57) x WINE AND ROSES (Hall 63) ; l’un étant une célébrité à la base de très nombreux iris amoenas et bicolores, le second, bien connu également mais aux origines incertaines, affichant les deux couleurs qui ont fait le succès de son enfant. LATIN TEMPO provient d’un autre croisement où interviennent CLAUDIA RENE (Gaulter 63) et PIPES OF PAN (O. Brown 63). Le coloris lui-même n’est pas une nouveauté, des iris de ce modèle existent depuis longtemps, par exemple DIRECTEUR PINELLE (Vilmorin 32) ou DÉPUTÉ NOMBLOT (Cayeux 29). Mais – toujours la mode -, le succès de LATIN LOVER intéresse bien des obtenteurs.
George Shoop lui-même file la métaphore : en 1978 il enregistre LATIN LADY. , Cette dame descend de LATIN LOVER dont elle reprend la disposition des couleurs. Ses pétales sont blancs touchés de lavande, ses sépales sont pourpres liserés du blanc rosé des pétales. La barbe, mandarine vif, est la signature de G. Shoop.
Un certain LATIN AMIGO (Busch 81) fait ensuite son apparition. Toujours le même modèle, mais en plus foncé : pétales rose pourpré, sépales rouge vin et barbes bronze. Le liseré n’est pas au rendez-vous. Le succès non plus. LATIN LOVER se trouve dans le pedigree, de même que WINE AND ROSES, pour faire bonne mesure.
Mieux connu, me semble-t-il, est LATIN HIDEAWAY (H. Nichols 84). Les pétales sont chamois rosé, les sépales magenta foncé, avec un très mince liseré chamoisé et des barbes oranges. L’aspect est très voisin, les origines voisines de celles de LATIN TEMPO, car cet iris américain à des ascendances australiennes où l’on retrouve PIPES OF PAN.
En Australie, justement, Barry Blyth poursuit ses recherches dans les bicolores. Par un chemin très différent, il obtient un cultivar qui s’approche vigoureusement du fameux LATIN LOVER, et il le baptise LATIN LARK (88). Par rapport à son modèle, les différences se situent dans la clarté des couleurs et la forme, plus moderne, évidemment, de la fleur. Parmi ces ancêtres il y a BARCELONA (O. Brown 67) qui était déjà beige et pourpre, et qui figure également dans le patrimoine de LATIN HIDEAWAY dont on a parlé ci-dessus.
En 84 l’usine Schreiner avait produit LATIN ROCK, qui se situe dans la même gamme de coloris et doit son nom à cette circonstance. LATIN ROCK est rose doré, peut-être pêche, pour les pétales, prune pour les sépales avec un imperceptible cerne clair. Ses origines sont incertaines car toute son ascendance paternelle est déclarée inconnue. Apparemment rien du côté maternel ne le prédestinait à ressembler à LATIN LOVER…
Le dernier de la série semble être LATIN MELODY (Nichols 88) qui réunit une nouvelle fois les ingrédients des précédents : pétales ivoire pourpré, sépales pourpres liserés de rose orchidée, barbes oranges. Il n’y a pas de quoi s’en étonner : il descend directement de LATIN LOVER !
Depuis celui-là, plus de ‘LATIN Something’. La mode est sans doute passée ou le sujet un peu trop éculé. Le séducteur italien ne séduit plus. Il doit être devenu trop vieux. C’est la destinée, un peu amère, de tous les séducteurs !
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