UN MARIAGE HEUREUX
On les a mariés, et ils ont eu beaucoup d’enfants, tous beaux. Si j’en crois la lettre de présentation de son catalogue 2003, Lawrence Ransom a connu ce conte de fée. « Avec le croisement VIOLET LULU X COUTURE STAR » il a obtenu « une quantité embarrassante de plantes dont les fleurs sont aussi intéressantes les unes que les autres ! » L’une des qualités principales c’est « une jolie forme de fleur aux sépales larges et plus ou moins horizontaux », « ce qui est préférable pour les iris nains qui sont vus habituellement du dessus ».
Lawrence Ransom a tout à fait raison quand il dit que les iris nains se regardent de haut en bas. C’est même ce qui me fait leur préférer, en général, les grands iris ; qu’on admire presque horizontalement, et dont on apprécie mieux le détail des fleurs, et le parfum. Les iris nains ont d’autres avantages : la précocité, grâce à laquelle ils apportent au jardin leurs vives couleurs à un moment où celles-ci manquent passablement, et la grande variété, justement, des coloris et combinaisons de coloris. Prenez les partenaires du couple VIOLET LULU et COUTURE STAR. VIOLET LULU est un SDB de Bee Warburton enregistré en 1985, décrit comme « pétales d’un pur bleu violet, blancs à la base ; sépales violets, blancs aux épaules et sous les barbes, blanches. » COUTURE STAR (Ransom 96) – qui aurait du s’appeler HAUTE COUTURE si J. Gatty n’avait pas choisi, la même année, ce nom pour l’un de ses fameux iris roses – est un plicata où se mêlent le blanc, bien sûr, le bleu lavande et l’acajou. A la génération précédente on trouve DESIGN (Warburton 81) un luminata violet, HONEY MIST (Warburton 82), un autre plicata, lavande et ocre, PIGEON (Hager 87), un joli bleu glycine soutenu, et TRESCOLS (Kurzmann 89) une étrangeté, sélectionnée par Jean Peyrard parmi les semis du professeur autrichien Franz Kurzmann, qui va du gris au vert olive veiné de brun.
La généalogie de VIOLET LULU est assez simple et se recoupe au niveau des grands-parents (JENNIE GRACE –Warburton 77- ) et remonte au plicata des frères Sass MINNIE COLQUITT qui fut une célébrité dans les années 40. Celle de PIGEON, en revanche, est d’une plus grande complexité et fait appel, d’un côté à JUST DANDY (Hager 82), lilas vif, plus foncé sous les barbes, qui comporte deux particularités génétiques : d’une part il résulte d’un croisement « inbreeding » puisque ses deux parents sont une seule et même variété, d’autre part il descend d’un mini-iris, KNICK KNACK (Greenlee 59), lui même issu de la toute petite espèce (12cm) I. cretica, découverte en 1929 en Crête ; par ailleurs parmi ses ancêtres il y a un grand iris, AZURE SKIES, et un hybride de pumila à 36 chromosomes, APRIL MORN. De l’autre côté, PIGEON provient de ce qui s’est fait de mieux, en matière de SDB, dans les années 60, avec HELLO (Gatty 67), blanc avec un spot bleu, qui descend de CHIVALRY et d’un pumila originaire de Roumanie, SULINA (1), et SUNNY HEART (Alta Brown 63), blanc taché de jaune avec barbes bleues, descendant direct de SNOW FLURRY.
Avec un tel panel de variétés intéressantes, il n’est pas tellement surprenant que le croisement réalisé par Lawrence Ransom ait donné d’aussi brillants résultats. Cependant, comme toujours en la matière, une part de chance s’ajoute à la pertinence des choix de géniteurs. Le croisement VIOLET LULU X COUTURE STAR va nous permettre, dès le printemps prochain de faire la connaissance de quatre de ses rejetons, ANGE BLEU (Ransom 2003), JOUJOU (Ransom 2003), MERCI (Ransom 2003) et ZINZIN (Ransom 2003), tous dans les tons de bleu, avec des différences dans la disposition des couleurs, et l’omniprésence du blanc qui valorise le reste. Il paraît qu’autant d’autres variétés sont en attente pour les années à venir. Tant mieux ! Et bravo !
(1) Le même SULINA, associé au célèbre TB de Paul Cook MELODRAMA, se trouve également dans la partie inférieure du tableau généalogique de PIGEON.
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