LA MÉDAILLE DE DYKES BRITANNIQUE
Une distinction…qui se distingue
Nos voisins britanniques gardent en toutes choses un comportement qui les distingue. En matière d’iris il en est comme ailleurs. Pendant sa brève existence, la Médaille de Dykes Française a distingué onze variétés d’iris, toutes des « grands barbus ». C’est à pau près la même chose pour la Médaille de Dykes Américaine. Celle-ci a toujours récompensé un grand iris barbu sauf en deux cas, en 80 ans ! La Médaille Anglaise est plus éclectique. D’abord, elle est plus rare, seulement attribuée 51 fois en 80 ans, ensuite elle n’hésite pas à admettre la grande valeur d’une plante quelle que soit sa catégorie.
En 1927, année de son institution, elle a été attribuée à une variété baptisée ‘Margot Holmes’ qui est un hybride interspécifique entre un I.douglasiana et un I. chrysographes. Le premier est un iris de Californie, le second un iris de Sibérie. A l’époque on ne parlait pas encore de « cal-sib », mais c’en est un ! Ces hybrides, stériles, ont fait l’objet de recherches dans les dernières années, mais en 1927, Amos Perry, un grand nom de l’hybridation, obtenteur de ‘Margot Holmes’, était vraiment un précurseur. Lui attribuer la première Médaille de Dykes était un choix courageux et tout à fait non conformiste.
Des trois médailles suivantes, 1929,30 et 31, deux ont été accordées à des grands iris obtenus par Katherine Dykes, la veuve de l’immense W. R. Dykes. Il s’agit de ‘Joyance’ et de ‘Gudrun’. Le premier est dans des tons de jaune clair, le second est un iris blanc. Jusqu’en 1935, les britanniques ont couronné des iris jaunes. A l’époque, obtenir des iris jaunes était encore une gageure ; on s’était extasié sur la variété ‘W.R. Dykes’ (Dykes 26) qui n’est pourtant pas franchement jaune ; le premier vrai jaune, en Europe, fut ‘Pluie d’Or’ (Cayeux 31). Le choix de ‘Joyance’ (K. Dykes 21), ‘G.P. Baker’ (Perry 30), ‘Golden Hind’ (Chadburn 31) et ‘Sahara’ (Pilkington 34) démontre une volonté d’imposer un coloris nouveau.
La distribution des prix s’est interrompue pendant les années de guerre : entre ‘Mabel Chadburn’ (Chadburn 39), encore un jaune couronné en 1941, et ‘Maisie Lowe’ (J.L. Gibson 30), en 1948, il n’y a eu aucune médaille. L’esprit était ailleurs. De ‘Maisie Lowe’ en 1948, à ‘Arabi Pasha’ en 1953, La B.I.S. a connu sa période bleue. ‘Blue Ensign’ (Meyer 37 – BDM 49) est un bleu royal, ‘Seathwaite’ (H.Randall 51 – BDM 52) est un bleu pâle, comme sa « mère » ‘Helen McGregor’, ‘Arabi Pasha’ (Anley 51 – BDM 53) est un bleu bleuet.
De 1955 à 1970, la BDM continuera d’aller à des grands iris. Mais avec un vaste choix de coloris, souvent très originaux, comme celui de ‘Tarn Hows’ (H.Randall 51 – BDM 58), qui est bois de rose, ‘Ancient Egypt’ (Fothergill 62 – BDM 66), qui est abricot, ou ‘Blue Eyed Brunette’ (C. Hall 62 – BDM 67) (photo) qui est couleur tabac.
Le règne des grands iris est interrompu en 1971 avec la victoire de ‘Cambridge’ (Brummitt 64), un joli iris de Sibérie bleu pur. Il repart pour les trois médailles suivantes qui vont être attribuée à ‘Shepherd’s Delight’ (Fothergill 69 – BDM 72), un rose devenu ultra célèbre et encore présent dans les catalogues français au cours des années 80, puis ‘Muriel Neville’ (Fothergill 63 – BDM 73), un grenat foncé, et ‘Tyrian Robe’ (C. Hall 69 – BDM 75), un violet pourpré.
Nouvelle originalité en 1976, puisque c’est un Iris de Californie, ‘No Name’ (Brummitt 68) : une petite variété dans les tons de jaune, issue, comme ‘Margot Holmes’, d’I. douglasiana. Après ‘Annabel Jane’ (Dodsworth 74 –BDM 77), en bleu lavande, première Médaille de Dykes attribuée à un produit de Brian Dodsworth, lequel va régner sur les iris anglais pendant vingt ans, c’est un iris intermédiaire qui triomphe en 78, ‘Cotsgold’ (J.D. Taylor 74), un iris jaune, une nouvelle fois. Puis viendra l’iris de Sibérie blanc ‘Anniversary’ (Brummitt 65 – BDM 79).
L’indépendance des juges britanniques se manifestera encore en 1982, puisqu’ils choisiront cette fois le petit SDB ‘Bibury’ (J.D. Taylor 75), blanc à barbe bleue. Mais on repart ensuite pour une lignée de TB, tous signés Dodsworth sauf ‘Early Light’ (Scopes 83 – BDM 89), qui tiendra la tête jusqu’en 1997. Ce sont dix variétés du grand obtenteur Dodsworth qui seront retenues le joli iris crème ‘Buckden Pike’ (85 – BDM 87) et le blanc à barbes rouges ‘Whooper Swan’ (95 – BDM 97).
Au règne Dodsworth succèdera le règne Bartlett, qui dure encore. ‘Orinoco Flow’ (Bartlett 89 – BDM 94), plicata violet à barbes sombres, marquera l’apparition dans le palmarès britannique d’un iris de bordure. Viendront ensuite, en 2000, un nouvel iris de Sibérie, ‘Perfect Vision’ (Bartlett 96 – BDM 2000), en deux tons de bleu, puis le TB ‘Alexia’ (Bartlett 2003 – BDM 2006), bleu lui aussi, mais nettement marqués des traits de son « père » ‘Honky Tonk Blues’, c’est à dire avec des marbrures claires sur les sépales.
La dernière fantaisie dans l’attribution de la DM britannique remonte à 1999, qui a vu l’arrivée en tête de ‘Berlin Ruffles’ (Tamberg 93), lequel présente l’excentricité d’être une variété allemande en même temps qu’un iris de Sibérie tétraploïde d’une hauteur inhabituelle !
Ce que nous réservent les juges d’outre-manche pour les années à venir, nul ne peut le savoir, mais ils vont être certainement obligé d’innover car les iris anglais de qualité semblent devenir rares. La Médaille n’a-t-elle pas pu être attribuée entre 2001 et 2006, après une décade 90 où elle n’a pu l’être que cinq fois ?
Une distinction…qui se distingue
Nos voisins britanniques gardent en toutes choses un comportement qui les distingue. En matière d’iris il en est comme ailleurs. Pendant sa brève existence, la Médaille de Dykes Française a distingué onze variétés d’iris, toutes des « grands barbus ». C’est à pau près la même chose pour la Médaille de Dykes Américaine. Celle-ci a toujours récompensé un grand iris barbu sauf en deux cas, en 80 ans ! La Médaille Anglaise est plus éclectique. D’abord, elle est plus rare, seulement attribuée 51 fois en 80 ans, ensuite elle n’hésite pas à admettre la grande valeur d’une plante quelle que soit sa catégorie.
En 1927, année de son institution, elle a été attribuée à une variété baptisée ‘Margot Holmes’ qui est un hybride interspécifique entre un I.douglasiana et un I. chrysographes. Le premier est un iris de Californie, le second un iris de Sibérie. A l’époque on ne parlait pas encore de « cal-sib », mais c’en est un ! Ces hybrides, stériles, ont fait l’objet de recherches dans les dernières années, mais en 1927, Amos Perry, un grand nom de l’hybridation, obtenteur de ‘Margot Holmes’, était vraiment un précurseur. Lui attribuer la première Médaille de Dykes était un choix courageux et tout à fait non conformiste.
Des trois médailles suivantes, 1929,30 et 31, deux ont été accordées à des grands iris obtenus par Katherine Dykes, la veuve de l’immense W. R. Dykes. Il s’agit de ‘Joyance’ et de ‘Gudrun’. Le premier est dans des tons de jaune clair, le second est un iris blanc. Jusqu’en 1935, les britanniques ont couronné des iris jaunes. A l’époque, obtenir des iris jaunes était encore une gageure ; on s’était extasié sur la variété ‘W.R. Dykes’ (Dykes 26) qui n’est pourtant pas franchement jaune ; le premier vrai jaune, en Europe, fut ‘Pluie d’Or’ (Cayeux 31). Le choix de ‘Joyance’ (K. Dykes 21), ‘G.P. Baker’ (Perry 30), ‘Golden Hind’ (Chadburn 31) et ‘Sahara’ (Pilkington 34) démontre une volonté d’imposer un coloris nouveau.
La distribution des prix s’est interrompue pendant les années de guerre : entre ‘Mabel Chadburn’ (Chadburn 39), encore un jaune couronné en 1941, et ‘Maisie Lowe’ (J.L. Gibson 30), en 1948, il n’y a eu aucune médaille. L’esprit était ailleurs. De ‘Maisie Lowe’ en 1948, à ‘Arabi Pasha’ en 1953, La B.I.S. a connu sa période bleue. ‘Blue Ensign’ (Meyer 37 – BDM 49) est un bleu royal, ‘Seathwaite’ (H.Randall 51 – BDM 52) est un bleu pâle, comme sa « mère » ‘Helen McGregor’, ‘Arabi Pasha’ (Anley 51 – BDM 53) est un bleu bleuet.
De 1955 à 1970, la BDM continuera d’aller à des grands iris. Mais avec un vaste choix de coloris, souvent très originaux, comme celui de ‘Tarn Hows’ (H.Randall 51 – BDM 58), qui est bois de rose, ‘Ancient Egypt’ (Fothergill 62 – BDM 66), qui est abricot, ou ‘Blue Eyed Brunette’ (C. Hall 62 – BDM 67) (photo) qui est couleur tabac.
Le règne des grands iris est interrompu en 1971 avec la victoire de ‘Cambridge’ (Brummitt 64), un joli iris de Sibérie bleu pur. Il repart pour les trois médailles suivantes qui vont être attribuée à ‘Shepherd’s Delight’ (Fothergill 69 – BDM 72), un rose devenu ultra célèbre et encore présent dans les catalogues français au cours des années 80, puis ‘Muriel Neville’ (Fothergill 63 – BDM 73), un grenat foncé, et ‘Tyrian Robe’ (C. Hall 69 – BDM 75), un violet pourpré.
Nouvelle originalité en 1976, puisque c’est un Iris de Californie, ‘No Name’ (Brummitt 68) : une petite variété dans les tons de jaune, issue, comme ‘Margot Holmes’, d’I. douglasiana. Après ‘Annabel Jane’ (Dodsworth 74 –BDM 77), en bleu lavande, première Médaille de Dykes attribuée à un produit de Brian Dodsworth, lequel va régner sur les iris anglais pendant vingt ans, c’est un iris intermédiaire qui triomphe en 78, ‘Cotsgold’ (J.D. Taylor 74), un iris jaune, une nouvelle fois. Puis viendra l’iris de Sibérie blanc ‘Anniversary’ (Brummitt 65 – BDM 79).
L’indépendance des juges britanniques se manifestera encore en 1982, puisqu’ils choisiront cette fois le petit SDB ‘Bibury’ (J.D. Taylor 75), blanc à barbe bleue. Mais on repart ensuite pour une lignée de TB, tous signés Dodsworth sauf ‘Early Light’ (Scopes 83 – BDM 89), qui tiendra la tête jusqu’en 1997. Ce sont dix variétés du grand obtenteur Dodsworth qui seront retenues le joli iris crème ‘Buckden Pike’ (85 – BDM 87) et le blanc à barbes rouges ‘Whooper Swan’ (95 – BDM 97).
Au règne Dodsworth succèdera le règne Bartlett, qui dure encore. ‘Orinoco Flow’ (Bartlett 89 – BDM 94), plicata violet à barbes sombres, marquera l’apparition dans le palmarès britannique d’un iris de bordure. Viendront ensuite, en 2000, un nouvel iris de Sibérie, ‘Perfect Vision’ (Bartlett 96 – BDM 2000), en deux tons de bleu, puis le TB ‘Alexia’ (Bartlett 2003 – BDM 2006), bleu lui aussi, mais nettement marqués des traits de son « père » ‘Honky Tonk Blues’, c’est à dire avec des marbrures claires sur les sépales.
La dernière fantaisie dans l’attribution de la DM britannique remonte à 1999, qui a vu l’arrivée en tête de ‘Berlin Ruffles’ (Tamberg 93), lequel présente l’excentricité d’être une variété allemande en même temps qu’un iris de Sibérie tétraploïde d’une hauteur inhabituelle !
Ce que nous réservent les juges d’outre-manche pour les années à venir, nul ne peut le savoir, mais ils vont être certainement obligé d’innover car les iris anglais de qualité semblent devenir rares. La Médaille n’a-t-elle pas pu être attribuée entre 2001 et 2006, après une décade 90 où elle n’a pu l’être que cinq fois ?
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