LÀ OÙ TOUT VA PAR TROIS
Quand on regarde le diagramme floral de l’iris on est frappé non seulement par la parfaite symétrie de la fleur, mais aussi par le règne absolu du chiffre 3. A l’extérieur, trois sépales qui enserrent l’ensemble de la fleur, protégeant les parties sexuelles jusqu’au moment où il est nécessaire de les présenter aux insectes fécondateurs. A l’intérieur, ensuite, trois pétales disposés en sens inverse, c’est à dire que l’ensemble sépales plus pétales constitue un ta bernacle bien clos, au cœur duquel apparaissent trois anthères portant le pollen, puis tout à fait au centre, les trois compartiments de l’ovule. On devrait ajouter les trois stigmates pétaloïdes qui couronnent les trois styles qui constituent les pistils, et les trois barbes qui, chez les iris qui en sont dotés, balisent le chemin que les insectes doivent emprunter.
A l’intérieur des capsules les graines sont empilées en trois colonnes, chacune abritées dans trois loges étanches qui vont se fendre sur les nervures quand les graines seront mûres de façon à les libérer.
Mais il n’y a pas que cela qui marche par trois chez l’iris.
Il faut environ trois ans pour qu’une plante nouvelle issue d’une graine parvienne à la floraison. Cette floraison elle-même durera en moyenne trois semaines, le temps que s’ouvrent les différents boutons. Enfin chaque fleur aura une vie de trois jours : s’ouvrant le plus souvent au petit matin, elle sera disponible pour la visite des insectes dès le lever du soleil. Peu à peu les sacs polliniques des étamines vont mûrir et sécher, puis se fendre et libérer le pollen qui va être transporté sur le dos des abeilles (pour les fleurs les plus petites) ou des gros bombyles (pour celles des grands iris barbus), jusqu’à une autre fleur, où il sera automatiquement déposé sur la lèvre du stigmate lorsque l’insecte porteur passera pour plonger chercher le nectar dans le tréfonds de la fleur. A la fin des trois journée d’exposition, les sépales vont se redresser, enserrer de nouveau le reste des parties florales, puis le tout va progressivement se dessécher tandis que les ovules fécondés grossiront et commenceront leur maturation. Trois mois vont s’écouler entre la fécondation et l’ouverture des capsules. Trois mois au cours desquels la plante va se refaire des réserves et amorcer sont développement futur : de chaque côté du rhizome des bourgeons vont apparaître, grandir, pour donner au printemps suivant deux nouvelles plantes qui, ajoutées à celle qui se sera développé à la pointe du rhizome d’origine, constitueront une nouvelle trilogie. Et ce n’est pas tout ! Les plantes en bonne santé et prêtes à jouer leur rôle vont développer trois bouquets de feuilles dont seul le bouquet central portera la tige florale. Tige qui, elle-même, portera en général trois branches chargées de boutons floraux. Et bien souvent chacun de ces boutons sera porteur de trois fleurs qui apparaîtront l’une après l’autre…
Toujours par trois.
L’amateur d’iris aura-t-il droit à une triple jouissance ? Sûrement ! C’est d’ailleurs pour cela qu’il aime tant ses iris !
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