L’UNION FAIT LA FORCE
Panorama du commerce des iris en France en 2007
Depuis quelques années, le commerce des iris a connu en France une expansion assez considérable. Dans les années 90 on ne comptait guère que cinq producteurs spécialisés. En quelques années ce nombre a doublé. Il n’est pas certain que le marché se soit développé à la même vitesse, et il est possible que la part de chacun des anciens se soit amenuisée, du moins pour ce qui est du marché national, car dans le même temps les exportations ont connu une nette embellie.
Les producteurs historiques
Comme on parle d’opérateurs historiques pour désigner les anciens titulaires d’un monopole, comme les télécommunications, l’électricité ou le gaz, on peut considérer que pendant de nombreuses années le marché des iris a été dominé par cinq entreprises « majors ». La plus ancienne et la plus fameuse est la maison Cayeux, qui est plus que centenaire. Elle reste la plus importante et la plus emblématique de la place de la France dans le petit monde des iris. Les entreprises familiales Bourdillon et Anfosso (connue sous le nom commercial de « Iris en Provence »), sont arrivées sur le marché en 1969 pour ce qui est de Michel Bourdillon, et en 1975 pour la famille Anfosso. Le premier a constitué une collection sage mais parfaite de variétés essentiellement américaines de premier plan. L’autre a joué la carte d’une production plus audacieuse, marquée longtemps par les propres obtentions de la famille, remarquées jusqu’aux USA. La famille de docteur Ségui, a exploité la collection personnelle de celui qui fut longtemps la cheville ouvrière de la SFIB, en l’enrichissant de variétés plus récentes, mais en conservant un fond historique unique en France. Vint ensuite, en 1991, le catalogue de Lawrence Ransom, obtenteur atypique et exigeant sur l’originalité et la qualité, qui diffuse presque exclusivement ses propres obtentions.
Les nouveaux venus
A ce quintette d’entreprises plus ou moins anciennes sont venus récemment s’ajouter un quatuor d’affaires familiales calées essentiellement sur l’iris. Tout d’abord est apparu Christian Lanthelme, qui s’est lancé dans la culture des iris dès 1988. Son activité vise particulièrement la clientèle professionnelle (paysagistes, pépinières, jardineries) mais s’adresse aussi aux amateurs, avec des variétés traditionnelles à un prix intéressant. Puis vint la pépinière Bertrand, à Gignac, dans l’Hérault. Une petite affaire qui présente des iris classiques que l’on commande par Internet. L’entreprise de la famille Portal, Senteurs du Quercy, s’est installée en 2004, avec un catalogue où voisinent des variétés récentes originales et de bons iris traditionnels. Enfin l’Iriseraie de Papon, de Daniel Labarbe est apparue encore plus récemment. Sur un site Internet fort bien fait, elle vend les iris d’une collection très moderne.
Les semi-professionnels
A ma connaissance il sont aujourd’hui trois à distribuer régionalement soit les iris de leurs propres hybridations soit ceux de leur importante collection personnelle. A commencer par Bernard Laporte, qui s’est lancé dans le commerce des iris, d’abord pour satisfaire les visiteurs de son jardin, puis pour répondre aux sollicitations des amateurs qui se manifestent de toute le pays. Gérard Madoré a suivi le même cheminement dans son fief de Bretagne. Le succès de ‘Gwennaden’ au concours FRANCIRIS® 2005 n’est pas étranger à cette décision. Quant à Rose-Linda Vasquez-Poupin, elle vend aux amateurs de Provence les produits de son jardin, sans qu’il s’agisse d’un commerce à grande échelle. Il se peut que d’autres personnes pratiquent de la même façon sans que cela soit connu au plan national.
VPC et jardineries
On trouve des iris à acheter dans tous les catalogues de VPC spécialisés dans les plantes de jardin. Ce sont les mêmes que ceux qu’on rencontre, en mini-godets, dans les jardineries. Longtemps ces iris, destinés à un public non averti, étaient des variétés remontant souvent aux années 40/50, donc considérées par les collectionneurs comme dépassées. Mais depuis peu les articles présentés sont des iris récents, sinon modernes, les mêmes que ceux proposés par les professionnels. La concurrence est donc devenue bien réelle.
Si l’on ajoute au commerce des iris les plantes échangées entre amateurs et celles proposées sur les sites d’enchères du Net, on arrive à une sorte de saturation du marché qui peut avoir des conséquences fâcheuses pour les moins solides des entreprises, et de toute manière délicates pour tout le monde.
Dans un marché aussi concurrentiel, les relations entre professionnels sont forcément difficiles. En fait elles sont quasi inexistantes, chacun se débrouillant de son côté. Pourtant tous ont en commun un certain nombre d’intérêts qui ne sont pour l’instant défendus par personne. Dans les autres pays, où la concurrence n’est pas moins vive, les professionnels se retrouvent sous la houlette de l’association nationale des amateurs d’iris, la BIS en Grande Bretagne, la SII en Italie, la MEIS en Europe de l’Est, etc. En France, rien de tel : la SFIB, qui est sensée jouer ce rôle fédérateur, est fortement délaissée par les professionnels dont certains ne sont même pas membres ! Les plus anciens adhèrent, mais se gardent bien de participer activement à la vie de l’association. Quand l’association les sollicitent pour une opération ponctuelle, ils répondent présents, mais leur implication s’arrête là. On est loin de se qui se passe, par exemple, aux USA, où de nombreux professionnels se sont aux commandes au plus haut niveau. Pourquoi n’en est-il pas de même chez nous ? Mieux, pourquoi, alors qu’ils assistaient aux assemblées générales de la SFIB dans les années 80/90, se tiennent-ils aujourd’hui tellement à l’écart ? La SFIB, pourtant, pourraient être ce terrain neutre sur lequel ils pourraient débattre des problèmes de leur profession, en compagnie des plus impliqués de leurs supporters. De même l’association, en intervenant au nom de tous, pourrait apporter des solutions à ces problèmes, comme par exemple, lorsque les services douaniers font du zèle dans l’application de la réglementation concernant les importations de rhizomes. De même encore, leur participation active à l’organisation et à la gestion du concours FRANCIRIS® apporterait le poids de leur compétence à cette compétition remarquable.
Il faut espérer que l’intensité de la concurrence cèdera sur ces points la place à une saine collaboration. Car l’union fait la force.
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