L’HYBRIDEUR ET LE MUSICIEN
Amateur de musique classique et « branché » hybridation, je ne puis m’empêcher de faire le parallèle entre le musicien, interprète, et l’hybrideur, tant amateur que professionnel.
L’interprète doit à la musique qu’il joue une fidélité et une qualité d’interprétation maximales. Pour parvenir à ces deux exigences, il lui faut posséder parfaitement son instrument, grâce à une formation et une pratique approfondies. Il lui faut aussi cette rigueur et cette honnêteté qui lui permettront d’être le serviteur scrupuleux et reconnaissant du compositeur. Il lui faut enfin cette sensibilité et cette empathie qui feront de lui autre chose qu’une mécanique musicale, et lui feront communiquer l’enthousiasme qui l’habite et qui emportera celui de ses auditeurs.
En comparaison, celui qui entend créer de nouveaux iris (autrement, bien sûr qu’à titre d’amusement sans conséquence) doit-il être différent ? Sûrement pas ! Pour réussir dans l’hybridation il faut connaître aussi profondément que possible la génétique des iris, la biologie végétale, les mystères de l’hérédité… C’est quelque chose qui ne s’improvise pas et exige des heures de lecture, d ‘étude des auteurs qui ont écrit sur ces sujets. Il est non moins indispensable de faire preuve de rigueur lorsque viendra le moment de choisir les variétés qui pourront être conservées, enregistrées et, sans doute, commercialisées. Les iris imparfaits, même s’ils sont intéressants sur certains aspect, devront être rejetés, ou simplement mis de côté en vue de croisements ultérieurs destinés à améliorer, aux générations suivantes, les caractères qui pêchent. L’honnêteté se manifestera par le souci d’être précis et rigoureux dans la déclaration des origines des cultivars : ne pas « dorer la pilule » et tenter de faire croire à des origines prestigieuses quand on n’est pas certain du croisement d’où provient la variété. Cela fait partie du respect qui est dû à ceux qui ont réalisé les croisements précédents, ainsi qu’à ceux qui pourront utiliser, par la suite, la variété en question. Pour réussir, l’hybrideur devra également posséder ce génie qui lui fera choisir les bons parents pour le résultat qu’il vise, et ce bon goût qui lui feront retenir les plus beaux iris, ceux qui plairont aux amateurs à cause de leur beauté intrinsèque, de leur charme, de leur élégance ou de leur harmonie.
Ce qui fait le succès d’un musicien, ce n’est pas uniquement sa virtuosité, sa musicalité, c’est aussi sa capacité à capter et conserver l’attention et l’admiration de son public et à s’attirer sa reconnaissance en lui permettant de profiter pleinement de ce que le compositeur, un autre génie, a voulu donner. L’hybrideur d’iris (ou de toute autre plante d’ailleurs), dans son domaine, n’est nullement différent.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire