AUS ITALIEN
D’Italie
C’est en écoutant « Aus Italien », l’œuvre de jeunesse, brillante et descriptive, du compositeur allemand Richard Strauss, que m’est venue l’idée de faire le point sur l’évolution du monde des iris en Italie des années 60 à aujourd’hui.
« Aus Italien » évoque pourtant plutôt l’Italie du Sud, puisque trois des quatre tableaux concernent la région de Naples (la Campanie, la plage de Sorrente, une scène napolitaine), alors que les iris se cantonnent essentiellement plus au nord, en Piémont et en Toscane.
Peut-être s’est-on aperçu qu’il y avait des grands iris barbus en Italie quand, en 1973, ‘Rosso Fiorentino’ (Flaminia Specht NR) a remporté le Florin d’or au concours de Florence. Pourtant, les iris, l’Italie s’en est fait une spécialité bien avant que l’on ne songe à pratiquer l’hybridation artificielle. Ils apparaissent déjà dans les peintures italiennes du 15eme siècle. C’est ainsi qu’un I. pallida figure dans « Le Printemps » de Botticelli (1478). De même I. germanica est présent dans « L’Adoration des Bergers » de Ghirlandajo (1480). Enfin dans « L’Adoration » de Filippo Lippi l’un des deux iris représentés serait I. lutescens. Quant à l’iris qui figure sur les armes de la ville de Florence, c’est sans doute l’iris à parfum ou I. florentina.
Plus près de nous, une dame romaine, Gina Sgaravitti, a proposé quelques obtentions originales, et je cultive avec affection et respect celle qu’elle a baptisée ‘Beghina’, un iris franchement gris (photo) qui date des années 60. Nous étions déjà dans l’ère des grands iris tétraploïdes. Les obtenteurs français, anglais et américains tenaient alors le haut du pavé et laissaient loin derrière eux les iris des amateurs italiens ! Autant dire que ceux-ci étaient franchement inconnus ! Ils se sont enhardis lorsque a été créé le « Concorso Firenze » et dès l’année 63, ils s’y sont distingués puisque ‘Il Cigno’ (N. Stross) a obtenu le second prix. Dans le même temps, sans doute également encouragé par l’existence du concours, le commerce des iris a commencé à se développer et la pépinière Degl’ Innocenti s’est peu à peu constitué un catalogue intéressant, où à côté des variétés américaines ou anglaises de l’époque, elle a placé quelques obtentions de son crû. Mais, humilité ou négligence, aucun de ces iris n’a été officiellement enregistré, comme si ces variétés autochtones n’étaient pas en mesure de rivaliser avec leurs homologues américaines.
Cette situation s’est maintenue longtemps. Jusqu’au jour où, timidement, Augusto Bianco se décide à enregistrer ses premières variétés. C’est en 1994 ! Sa compatriote Valeria Romoli lui emboîte le pas en 96 avec deux iris : ‘Buongiorno Aprile’ (photo) et ‘Verde Luna’. Augusto Bianco ouvre à son tour sa pépinière et commence à vendre ses obtentions. Son catalogue s’étoffe d’année en année. Il contient des variétés américaines, anglaises, françaises et australiennes à côté des produits maison dont la renommée dépasse bientôt les frontières de l’Italie. La mondialisation est en route, et les iris Bianco se font remarquer un peu partout. En 1998 l’IB ‘Mezza Cartuccia’ obtient la première place au « Dr Loomis Memorial Trial ». L’année suivante, c’est ‘Settimo Cielo’ (V. Romoli 99) qui apporte à l’Italie son second Florin d’or.
Maintenant A. Bianco enregistre chaque année de nombreuses variétés et quelques autres obtenteurs, amateurs éclairés, n’hésitent plus à faire de même. Ils s’appellent Stefano Gigli, Luigi Mostosi, A. Affortunatti, Roberto Marucchi, Mauro Bertuzzi … Ce dernier est même couvert de laurier quand son ‘Recondita Armonia’ décroche le Florin d’Or en 2006.
Désormais, à l’instar de ce qui se passe en Allemagne, mais surtout en République Tchèque ou en Slovaquie, des obtenteurs européens luttent à armes égales avec les plus grands. Ils n’hésitent plus à se mesurer à eux dans les compétitions internationales, comme ce fut le cas lors de FRANCIRIS ® 2007, où une variété italienne ‘Arcobaleno (Mostosi 2003) (photo) a été déclaré « variété la plus parfumée ». On a même l’impression que l’iridophilie italienne est devenue l’une des plus dynamiques du monde. En tous cas elle en supplante plusieurs, comme celle de Grande Bretagne, manifestement en retrait depuis quelques années.
La joyeuse musique italianisante de Richard Strauss peut bien parrainer la mélodie que nous chantent les iris d’Italie.
D’Italie
C’est en écoutant « Aus Italien », l’œuvre de jeunesse, brillante et descriptive, du compositeur allemand Richard Strauss, que m’est venue l’idée de faire le point sur l’évolution du monde des iris en Italie des années 60 à aujourd’hui.
« Aus Italien » évoque pourtant plutôt l’Italie du Sud, puisque trois des quatre tableaux concernent la région de Naples (la Campanie, la plage de Sorrente, une scène napolitaine), alors que les iris se cantonnent essentiellement plus au nord, en Piémont et en Toscane.
Peut-être s’est-on aperçu qu’il y avait des grands iris barbus en Italie quand, en 1973, ‘Rosso Fiorentino’ (Flaminia Specht NR) a remporté le Florin d’or au concours de Florence. Pourtant, les iris, l’Italie s’en est fait une spécialité bien avant que l’on ne songe à pratiquer l’hybridation artificielle. Ils apparaissent déjà dans les peintures italiennes du 15eme siècle. C’est ainsi qu’un I. pallida figure dans « Le Printemps » de Botticelli (1478). De même I. germanica est présent dans « L’Adoration des Bergers » de Ghirlandajo (1480). Enfin dans « L’Adoration » de Filippo Lippi l’un des deux iris représentés serait I. lutescens. Quant à l’iris qui figure sur les armes de la ville de Florence, c’est sans doute l’iris à parfum ou I. florentina.
Plus près de nous, une dame romaine, Gina Sgaravitti, a proposé quelques obtentions originales, et je cultive avec affection et respect celle qu’elle a baptisée ‘Beghina’, un iris franchement gris (photo) qui date des années 60. Nous étions déjà dans l’ère des grands iris tétraploïdes. Les obtenteurs français, anglais et américains tenaient alors le haut du pavé et laissaient loin derrière eux les iris des amateurs italiens ! Autant dire que ceux-ci étaient franchement inconnus ! Ils se sont enhardis lorsque a été créé le « Concorso Firenze » et dès l’année 63, ils s’y sont distingués puisque ‘Il Cigno’ (N. Stross) a obtenu le second prix. Dans le même temps, sans doute également encouragé par l’existence du concours, le commerce des iris a commencé à se développer et la pépinière Degl’ Innocenti s’est peu à peu constitué un catalogue intéressant, où à côté des variétés américaines ou anglaises de l’époque, elle a placé quelques obtentions de son crû. Mais, humilité ou négligence, aucun de ces iris n’a été officiellement enregistré, comme si ces variétés autochtones n’étaient pas en mesure de rivaliser avec leurs homologues américaines.
Cette situation s’est maintenue longtemps. Jusqu’au jour où, timidement, Augusto Bianco se décide à enregistrer ses premières variétés. C’est en 1994 ! Sa compatriote Valeria Romoli lui emboîte le pas en 96 avec deux iris : ‘Buongiorno Aprile’ (photo) et ‘Verde Luna’. Augusto Bianco ouvre à son tour sa pépinière et commence à vendre ses obtentions. Son catalogue s’étoffe d’année en année. Il contient des variétés américaines, anglaises, françaises et australiennes à côté des produits maison dont la renommée dépasse bientôt les frontières de l’Italie. La mondialisation est en route, et les iris Bianco se font remarquer un peu partout. En 1998 l’IB ‘Mezza Cartuccia’ obtient la première place au « Dr Loomis Memorial Trial ». L’année suivante, c’est ‘Settimo Cielo’ (V. Romoli 99) qui apporte à l’Italie son second Florin d’or.
Maintenant A. Bianco enregistre chaque année de nombreuses variétés et quelques autres obtenteurs, amateurs éclairés, n’hésitent plus à faire de même. Ils s’appellent Stefano Gigli, Luigi Mostosi, A. Affortunatti, Roberto Marucchi, Mauro Bertuzzi … Ce dernier est même couvert de laurier quand son ‘Recondita Armonia’ décroche le Florin d’Or en 2006.
Désormais, à l’instar de ce qui se passe en Allemagne, mais surtout en République Tchèque ou en Slovaquie, des obtenteurs européens luttent à armes égales avec les plus grands. Ils n’hésitent plus à se mesurer à eux dans les compétitions internationales, comme ce fut le cas lors de FRANCIRIS ® 2007, où une variété italienne ‘Arcobaleno (Mostosi 2003) (photo) a été déclaré « variété la plus parfumée ». On a même l’impression que l’iridophilie italienne est devenue l’une des plus dynamiques du monde. En tous cas elle en supplante plusieurs, comme celle de Grande Bretagne, manifestement en retrait depuis quelques années.
La joyeuse musique italianisante de Richard Strauss peut bien parrainer la mélodie que nous chantent les iris d’Italie.
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