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28.2.09
ECHOS DU MONDE DES IRIS
Bientôt un nouveau concours ?
Juge au dernier Concours de Florence, Jeanne Clay Plank, ex-présidente de l’AIS et personnalité très écoutée du monde des iris, a proposé au staff de l’AIS la création aux Etats-Unis d’un nouveau concours, semblable dans ses règles aux compétitions européennes (Florence, Jouy en Josas, Munich…). Ce type de compétition n’existe pas là-bas où les juges apprécient les iris sous leur nom et non à l’aveugle.
L’Etat-major de l’AIS réfléchit…
Bientôt un nouveau concours ?
Juge au dernier Concours de Florence, Jeanne Clay Plank, ex-présidente de l’AIS et personnalité très écoutée du monde des iris, a proposé au staff de l’AIS la création aux Etats-Unis d’un nouveau concours, semblable dans ses règles aux compétitions européennes (Florence, Jouy en Josas, Munich…). Ce type de compétition n’existe pas là-bas où les juges apprécient les iris sous leur nom et non à l’aveugle.
L’Etat-major de l’AIS réfléchit…
‘EDITH WOLFORD’ ET FILS
L’entreprise ‘Edith Wolford’ n’est pas à proprement parler commerciale ou industrielle, mais elle en a certains traits. En effet cette variété de grand iris, extrêmement répandue dans le monde entier, a donc été un grand succès commercial en même temps qu’un grand succès en hybridation.
‘Edith Wolford’ (Hager 86 – DM 93) a bien mérité son triomphe à la Médaille de Dykes car c’est un des plus beaux variegatas qu’on puisse trouver. Il se présente avec des pétales jaune citron infus de mauve au cœur, au-dessus de sépales indigo soutenu bordés plus clair et marqués de brun aux épaules, et enrichis d’une barbe moutarde. La forme est classique, mais sans reproche, et la robustesse au-dessus de tout éloge. Son pedigree est tout simple : (Merry Madrigal x Freedom Road). Sa “mère”, ‘Merry Madrigal’ (Babson 82) est crème/mauve, variegata donc, mais dans des tons pâles ; son « père » ‘Freedom Road’ (Plough 77), s’habille de jaune primevère et de bleu ; il descend du fameux ‘Shipshape’ (Babson 69 – DM 74), (lui-même provenant de ‘Pacific Panorama’ (N. Sexton 60 – DM 65) de la grande famille ‘Cahokia’), et de ‘Guitar Country’ (Plough 71), variegata sombre.
Voilà donc une fleur parfaitement classique, mais qui a certainement fourni au monde des iris, plus d’une centaine de variétés enregistrées à la première génération. Rien que dans la base de données qui me sert à alimenter ces chroniques, riche aujourd’hui de 9723 variétés, j’ai compté 78 descendants directs de ‘Edith Wolford’. Une des particularités de ces descendants est qu’ils proviennent à 87% d’un croisement où ‘Edith Wolford’ est le parent femelle. Une autre est qu’il s’agit essentiellement de variegatas (63%), avec, cependant quelques exceptions remarquables comme les iris du type « Emma Cook » obtenus par Frederik Kerr, ou le splendide ‘Slovak Prince’ d’Anton Mego, amoena. Parmi ces descendants, l’un s’est fait remarquer de la belle façon, puisqu’il s’agit de ‘Stairway to Heaven’ (Lauer 93 – DM 2000). Mais on peut aussi citer ‘Mani Pulite’ (98) qui est l’une des obtentions qui ont marqué les débuts de l’hybrideur italien Augusto Bianco.
Un autre trait remarquable d’‘Edith Wolford’ est qu’il a inspiré un grand nombre d’hybrideurs, dans tous les pays. J’en ai compté 30 dans ma base de données. Des Américains, bien sûr, et presque tous les plus grands comme Schreiner, Kerr, Lauer, Ernst, Black ou T. Johnson, mais des Australiens, Blyth, des Allemands, Beer, Landgraf, des Slovaques, Mego, Muska, et l’Ukrainien Trotsky. Sans oublier les Français qui sont au nombre de trois : R. Cayeux avec deux croisements, (Edith Wolford x Honky Tonk Blues) pour ‘Haut les Voiles’ (99) et (Edith Wolford x Bold Accent) pour le sombre ‘Tumultueux’ (95) ; J.J. François avec (Edith Wolford X Ringo) pour ‘Anne-Marie Chesnais’ (98), et G. Madoré pour ‘Damgan’ (2007), qui ressemble outrageusement à sa « mère » à l’exception du liseré des sépales, et qui a utilisé le croisement (Edith Wolford X Lullaby of Spring), tout comme l’Americain Kerr, ce qui est tout à fait exceptionnel, ‘Locronan’ (2007) issu de (Sweet Music X (Edith Wolford x Sierra Grande)), et ‘Melen ha Glas’ (2001) par (Edith Wolford x Sierra Grande) tout simplement.
A la génération suivante, l’influence de ‘Edith Wolford’ est toujours sensible. ‘Age of Innocence’ (Kerr 94) a donné ‘Grand Circle’ (2003) chez George Sutton ; ‘Dear Jean’ (Kerr 96) est l’un des plus prolifiques, avec entre autres ‘Gérard Brière’ (R. Cayeux 2007), ‘Jurassic Park’ (Lauer 95), ‘Lena Baker’ (Kerr 98) et surtout ‘Stairway to Heaven’ (12 descendants enregistrés à ce jour) sont aussi de bons géniteurs. Plus anecdotiques sont les rejetons de ‘Mani Pulite’ et de ‘Lydia Safran-Swiastyn’ (Jameson 99), mais dans ce dernier cas il s’agit d’une obtention de K. Keppel : ‘Bollywood’ (2007). Il y aura, évidemment, une suite à ces descendances, ce qui fait qu’on peut effectivement parler, comme dans le titre ci-dessus, de ‘Edith Wolford’ et Fils, comme d’une firme ayant pignon sur rue.
L’entreprise ‘Edith Wolford’ n’est pas à proprement parler commerciale ou industrielle, mais elle en a certains traits. En effet cette variété de grand iris, extrêmement répandue dans le monde entier, a donc été un grand succès commercial en même temps qu’un grand succès en hybridation.
‘Edith Wolford’ (Hager 86 – DM 93) a bien mérité son triomphe à la Médaille de Dykes car c’est un des plus beaux variegatas qu’on puisse trouver. Il se présente avec des pétales jaune citron infus de mauve au cœur, au-dessus de sépales indigo soutenu bordés plus clair et marqués de brun aux épaules, et enrichis d’une barbe moutarde. La forme est classique, mais sans reproche, et la robustesse au-dessus de tout éloge. Son pedigree est tout simple : (Merry Madrigal x Freedom Road). Sa “mère”, ‘Merry Madrigal’ (Babson 82) est crème/mauve, variegata donc, mais dans des tons pâles ; son « père » ‘Freedom Road’ (Plough 77), s’habille de jaune primevère et de bleu ; il descend du fameux ‘Shipshape’ (Babson 69 – DM 74), (lui-même provenant de ‘Pacific Panorama’ (N. Sexton 60 – DM 65) de la grande famille ‘Cahokia’), et de ‘Guitar Country’ (Plough 71), variegata sombre.
Voilà donc une fleur parfaitement classique, mais qui a certainement fourni au monde des iris, plus d’une centaine de variétés enregistrées à la première génération. Rien que dans la base de données qui me sert à alimenter ces chroniques, riche aujourd’hui de 9723 variétés, j’ai compté 78 descendants directs de ‘Edith Wolford’. Une des particularités de ces descendants est qu’ils proviennent à 87% d’un croisement où ‘Edith Wolford’ est le parent femelle. Une autre est qu’il s’agit essentiellement de variegatas (63%), avec, cependant quelques exceptions remarquables comme les iris du type « Emma Cook » obtenus par Frederik Kerr, ou le splendide ‘Slovak Prince’ d’Anton Mego, amoena. Parmi ces descendants, l’un s’est fait remarquer de la belle façon, puisqu’il s’agit de ‘Stairway to Heaven’ (Lauer 93 – DM 2000). Mais on peut aussi citer ‘Mani Pulite’ (98) qui est l’une des obtentions qui ont marqué les débuts de l’hybrideur italien Augusto Bianco.
Un autre trait remarquable d’‘Edith Wolford’ est qu’il a inspiré un grand nombre d’hybrideurs, dans tous les pays. J’en ai compté 30 dans ma base de données. Des Américains, bien sûr, et presque tous les plus grands comme Schreiner, Kerr, Lauer, Ernst, Black ou T. Johnson, mais des Australiens, Blyth, des Allemands, Beer, Landgraf, des Slovaques, Mego, Muska, et l’Ukrainien Trotsky. Sans oublier les Français qui sont au nombre de trois : R. Cayeux avec deux croisements, (Edith Wolford x Honky Tonk Blues) pour ‘Haut les Voiles’ (99) et (Edith Wolford x Bold Accent) pour le sombre ‘Tumultueux’ (95) ; J.J. François avec (Edith Wolford X Ringo) pour ‘Anne-Marie Chesnais’ (98), et G. Madoré pour ‘Damgan’ (2007), qui ressemble outrageusement à sa « mère » à l’exception du liseré des sépales, et qui a utilisé le croisement (Edith Wolford X Lullaby of Spring), tout comme l’Americain Kerr, ce qui est tout à fait exceptionnel, ‘Locronan’ (2007) issu de (Sweet Music X (Edith Wolford x Sierra Grande)), et ‘Melen ha Glas’ (2001) par (Edith Wolford x Sierra Grande) tout simplement.
A la génération suivante, l’influence de ‘Edith Wolford’ est toujours sensible. ‘Age of Innocence’ (Kerr 94) a donné ‘Grand Circle’ (2003) chez George Sutton ; ‘Dear Jean’ (Kerr 96) est l’un des plus prolifiques, avec entre autres ‘Gérard Brière’ (R. Cayeux 2007), ‘Jurassic Park’ (Lauer 95), ‘Lena Baker’ (Kerr 98) et surtout ‘Stairway to Heaven’ (12 descendants enregistrés à ce jour) sont aussi de bons géniteurs. Plus anecdotiques sont les rejetons de ‘Mani Pulite’ et de ‘Lydia Safran-Swiastyn’ (Jameson 99), mais dans ce dernier cas il s’agit d’une obtention de K. Keppel : ‘Bollywood’ (2007). Il y aura, évidemment, une suite à ces descendances, ce qui fait qu’on peut effectivement parler, comme dans le titre ci-dessus, de ‘Edith Wolford’ et Fils, comme d’une firme ayant pignon sur rue.
20.2.09
MI-GRANDS, MI-NAINS
Le triomphe de ‘Starwoman’ à la dernière Dykes Medal a mis le projecteur sur les iris intermédiaires puisque c’était la première fois qu’un iris de cette catégorie emportait la médaille. Longtemps les iris intermédiaires ont été plutôt mal appréciés des amateurs. Alors que les nains (SDB) ont toujours eu du succès, les intermédiaires ont connu des moments difficiles. La raison en était dans leur stérilité. Mais les choses ont évolué et, un peu comme ce fut le cas pour les grands iris, un jour, les intermédiaires sont devenus fertiles et, du coup, ont attiré l’attention. Ce moment magique n’est pas ancien : à peine une vingtaine d’années.
Dans un article sous-titré « Un mythe anéanti », publié en 1998 dans la revue «The Medianite» dédiée, comme l'indique son nom, aux iris moyens, l’obtentrice américaine Marky Smith, celle qui aura la chance de proposer le désormais fameux ‘Starwoman’, a fait une synthèse de ses travaux sur les iris intermédiaires. Elle a effectué de nombreux croisements entre des intermédiaires utilisés comme parent femelle et, soit des nains standards, soit des grands iris. Au début de 98 elle a choisi trente-trois IB (intermédiaires) qu'elle a d'abord fécondé avec du pollen prélevé sur des SDB (iris nains), alors en fin de floraison, puis, un peu plus tard, avec du pollen de TB (grands iris). Cette expérience a été tentée avec des variétés dont elle pouvait espérer obtenir des semis intéressants et dont la fertilité pollinique était reconnue. Une démarche identique a été suivie par l’amateur franco-néerlandais Loïc Tasquier, qui en a rendu compte dans le n° 158 de Iris & Bulbeuses (2008) et par l’obtenteur russe Sergeï Loktev.
Certains des iris fécondés n'ont rien donné, mais les plus nombreux ont produit, au moins dans l'un ou l'autre des croisements, quelques voire de nombreuses graines. En dépit d'un taux assez faible de germination des graines provenant des ces croisements, cette expérience a été un véritable succès. A tel point qu’aujourd’hui, on peut dire que les IB sont des iris fertiles à peu près comme les autres. Et cette caractéristique se généralisera vraisemblablement avec l’utilisation en hybridation des dernières variétés, reconnues comme fertiles.
Cela dit, il serait peut-être temps de dire ce que l’on entend exactement par « iris intermédiaires ».
Pour définir le mot « intermédiaire », le dictionnaire Robert écrit : « Qui, étant entre deux termes, se trouve placé dans une situation moyenne, forme une transition ou assure une communication ». Point de communication, ni, à proprement parler, de transition, en ce qui concerne nos iris. Mais effectivement une situation moyenne qui résulte de leur origine : un croisement entre iris nains et grands iris. Cependant, comme ce type de croisement n’est pas homogène, la classification des iris préfère s’en tenir à une notion de taille : les iris intermédiaires sont ceux dont la hampe florale mesure entre 40 et 69 cm et qui sont en fleur entre les SDB et les TB. En rester là ne serait pas satisfaisant : il faut entrer dans la « fabrication » de ces iris pour bien comprendre l’origine de leur taille et les particularités qui les caractérisent.
Un peu d’histoire. Certains iris diploïdes des débuts de l’hybridation n’atteignaient pas 70 cm, c’était donc des intermédiaires si l’on s’en tient à la hauteur de la tige. C’est le cas, par exemple, de ‘Loute’ (Vilmorin 1910) ou de ‘Fra Angelico’ (Vilmorin 1920). Mais au plan génétique ce sont des grands iris. De véritables intermédiaires sont apparus au début du XXeme siècle par l’entremise de certains hybrideurs, et tout particulièrement de l’anglais William John Carpane qui en introduisit près de deux cent variétés, dont très peu sont parvenues jusqu’à nous pour la raison essentielle qu’étant des hybrides stériles, elles ne devaient leur survie qu’à une multiplication végétative souvent difficile à obtenir. Carpane n’a jamais précisé quelles étaient les origines de ses intermédiaires. C’est Marc Simonet qui a expliqué que ces iris provenaient de l’alliance entre de grands iris tétraploïdes et des iris nains diploïdes, d’où l’imparité chromosomique et la stérilité.
Les Européens se sont très peu intéressés aux iris intermédiaires, qu’ils ont négligé jusque dans les années 80 ; ils ont laissé aux Américains le monopole de leur développement. Ces derniers ont créé pour eux une récompense spécifique, la Hans and Jacob Sass Medal qui a incité certains obtenteurs à poursuivre l’amélioration de la catégorie.
Si, au début, les iris intermédiaires vrais étaient issus de croisements TB X SDB ou vice-versa, dans la proportion 50/50, au fil du temps on a essayé des croisements plus complexes qui ont abouti à des produits classés IB en raison de leur taille mais résultant de croisements 75% TB X 25% SDB comme ‘Vamp’ (Gatty 71) ou ’Oklahoma Bandit’ (Nichols 79), 75% BB X 25% SDB, voire 50% TB X 50% IB comme ‘Voilà’ (Gatty 72) ou ‘In a Flash’ (P. Black 2000). Ce sont ces variétés mixtes qui ont réussi à donner naissance à des IB fertiles. A cette constatation il faut ajouter que certains croisements classiques se montrent également fertiles. C’est le cas de ‘Starwoman’ (M. Smith 97), qui est issu d’un SDB, ‘Chubby Cheeks’ (P. Black 84) et d’un grand iris, en l’occurrence un semis non dénommé réunissant ‘Snowbrook’ (Keppel 86) et un de ses frères de semis. L’origine des IB devient de plus en plus complexe ! Désormais les IB ont acquis tous les traits des grands iris, comme les éperons - voir ‘Devilish Nature’ (Boswell 98) - ou les couleurs brisées, et ils peuvent posséder ceux des iris nains, notamment le typique signal sombre sous les barbes.
Devant cet état de fait, l’amateur, qui n’est pas nécessairement un adepte de la génétique, se contentera de se réjouir de ce qu’il peut désormais trouver des iris remarquables qui font que la saison se poursuit sans interruption depuis la floraison des tout petits MDB jusqu’à celle de grands TB. Les iris intermédiaires, désormais fertiles, ont comblé le vide qui apparaissait après la floraison des SDB. Ils offrent en plus la possibilité de croisements surprenants et tous plus intéressants les uns que les autres.
Le triomphe de ‘Starwoman’ à la dernière Dykes Medal a mis le projecteur sur les iris intermédiaires puisque c’était la première fois qu’un iris de cette catégorie emportait la médaille. Longtemps les iris intermédiaires ont été plutôt mal appréciés des amateurs. Alors que les nains (SDB) ont toujours eu du succès, les intermédiaires ont connu des moments difficiles. La raison en était dans leur stérilité. Mais les choses ont évolué et, un peu comme ce fut le cas pour les grands iris, un jour, les intermédiaires sont devenus fertiles et, du coup, ont attiré l’attention. Ce moment magique n’est pas ancien : à peine une vingtaine d’années.
Dans un article sous-titré « Un mythe anéanti », publié en 1998 dans la revue «The Medianite» dédiée, comme l'indique son nom, aux iris moyens, l’obtentrice américaine Marky Smith, celle qui aura la chance de proposer le désormais fameux ‘Starwoman’, a fait une synthèse de ses travaux sur les iris intermédiaires. Elle a effectué de nombreux croisements entre des intermédiaires utilisés comme parent femelle et, soit des nains standards, soit des grands iris. Au début de 98 elle a choisi trente-trois IB (intermédiaires) qu'elle a d'abord fécondé avec du pollen prélevé sur des SDB (iris nains), alors en fin de floraison, puis, un peu plus tard, avec du pollen de TB (grands iris). Cette expérience a été tentée avec des variétés dont elle pouvait espérer obtenir des semis intéressants et dont la fertilité pollinique était reconnue. Une démarche identique a été suivie par l’amateur franco-néerlandais Loïc Tasquier, qui en a rendu compte dans le n° 158 de Iris & Bulbeuses (2008) et par l’obtenteur russe Sergeï Loktev.
Certains des iris fécondés n'ont rien donné, mais les plus nombreux ont produit, au moins dans l'un ou l'autre des croisements, quelques voire de nombreuses graines. En dépit d'un taux assez faible de germination des graines provenant des ces croisements, cette expérience a été un véritable succès. A tel point qu’aujourd’hui, on peut dire que les IB sont des iris fertiles à peu près comme les autres. Et cette caractéristique se généralisera vraisemblablement avec l’utilisation en hybridation des dernières variétés, reconnues comme fertiles.
Cela dit, il serait peut-être temps de dire ce que l’on entend exactement par « iris intermédiaires ».
Pour définir le mot « intermédiaire », le dictionnaire Robert écrit : « Qui, étant entre deux termes, se trouve placé dans une situation moyenne, forme une transition ou assure une communication ». Point de communication, ni, à proprement parler, de transition, en ce qui concerne nos iris. Mais effectivement une situation moyenne qui résulte de leur origine : un croisement entre iris nains et grands iris. Cependant, comme ce type de croisement n’est pas homogène, la classification des iris préfère s’en tenir à une notion de taille : les iris intermédiaires sont ceux dont la hampe florale mesure entre 40 et 69 cm et qui sont en fleur entre les SDB et les TB. En rester là ne serait pas satisfaisant : il faut entrer dans la « fabrication » de ces iris pour bien comprendre l’origine de leur taille et les particularités qui les caractérisent.
Un peu d’histoire. Certains iris diploïdes des débuts de l’hybridation n’atteignaient pas 70 cm, c’était donc des intermédiaires si l’on s’en tient à la hauteur de la tige. C’est le cas, par exemple, de ‘Loute’ (Vilmorin 1910) ou de ‘Fra Angelico’ (Vilmorin 1920). Mais au plan génétique ce sont des grands iris. De véritables intermédiaires sont apparus au début du XXeme siècle par l’entremise de certains hybrideurs, et tout particulièrement de l’anglais William John Carpane qui en introduisit près de deux cent variétés, dont très peu sont parvenues jusqu’à nous pour la raison essentielle qu’étant des hybrides stériles, elles ne devaient leur survie qu’à une multiplication végétative souvent difficile à obtenir. Carpane n’a jamais précisé quelles étaient les origines de ses intermédiaires. C’est Marc Simonet qui a expliqué que ces iris provenaient de l’alliance entre de grands iris tétraploïdes et des iris nains diploïdes, d’où l’imparité chromosomique et la stérilité.
Les Européens se sont très peu intéressés aux iris intermédiaires, qu’ils ont négligé jusque dans les années 80 ; ils ont laissé aux Américains le monopole de leur développement. Ces derniers ont créé pour eux une récompense spécifique, la Hans and Jacob Sass Medal qui a incité certains obtenteurs à poursuivre l’amélioration de la catégorie.
Si, au début, les iris intermédiaires vrais étaient issus de croisements TB X SDB ou vice-versa, dans la proportion 50/50, au fil du temps on a essayé des croisements plus complexes qui ont abouti à des produits classés IB en raison de leur taille mais résultant de croisements 75% TB X 25% SDB comme ‘Vamp’ (Gatty 71) ou ’Oklahoma Bandit’ (Nichols 79), 75% BB X 25% SDB, voire 50% TB X 50% IB comme ‘Voilà’ (Gatty 72) ou ‘In a Flash’ (P. Black 2000). Ce sont ces variétés mixtes qui ont réussi à donner naissance à des IB fertiles. A cette constatation il faut ajouter que certains croisements classiques se montrent également fertiles. C’est le cas de ‘Starwoman’ (M. Smith 97), qui est issu d’un SDB, ‘Chubby Cheeks’ (P. Black 84) et d’un grand iris, en l’occurrence un semis non dénommé réunissant ‘Snowbrook’ (Keppel 86) et un de ses frères de semis. L’origine des IB devient de plus en plus complexe ! Désormais les IB ont acquis tous les traits des grands iris, comme les éperons - voir ‘Devilish Nature’ (Boswell 98) - ou les couleurs brisées, et ils peuvent posséder ceux des iris nains, notamment le typique signal sombre sous les barbes.
Devant cet état de fait, l’amateur, qui n’est pas nécessairement un adepte de la génétique, se contentera de se réjouir de ce qu’il peut désormais trouver des iris remarquables qui font que la saison se poursuit sans interruption depuis la floraison des tout petits MDB jusqu’à celle de grands TB. Les iris intermédiaires, désormais fertiles, ont comblé le vide qui apparaissait après la floraison des SDB. Ils offrent en plus la possibilité de croisements surprenants et tous plus intéressants les uns que les autres.
ECHOS DU MONDE DES IRIS
Nouveaux obtenteurs français
Puisque les français n’hésitent plus à enregistrer leurs obtentions, il est du devoir d’un blog comme « Irisenligne » de faire connaître leurs travaux.
Voici trois variétés françaises enregistrées en 2008 par des amateurs inspirés et chanceux.
‘Chaux Neuve’ (Antoine Bettinelli)
‘Mûre Mure’ (Sébastien Cancade)
‘Sardane’ (René Dauphin – par Roland Dejoux)
Nouveaux obtenteurs français
Puisque les français n’hésitent plus à enregistrer leurs obtentions, il est du devoir d’un blog comme « Irisenligne » de faire connaître leurs travaux.
Voici trois variétés françaises enregistrées en 2008 par des amateurs inspirés et chanceux.
‘Chaux Neuve’ (Antoine Bettinelli)
‘Mûre Mure’ (Sébastien Cancade)
‘Sardane’ (René Dauphin – par Roland Dejoux)
ECHOS DU MONDE DES IRIS
Symposium
Le scrutin le plus caractéristique de l’American Iris Society est certainement le « Symposium ». C’est le choix par les amateurs des variétés qu’ils préfèrent. Ce choix varie très peu d’une année sur l’autre, même si on enregistre de temps en temps des engouements exceptionnels. Cette année ce choix d’emballement vise en particulier le superbe ‘Paul Black’, dont il a été question ici il y a trois semaines, puis deux iris de Keppel : ‘Florentine Silk’ et ‘Drama Queen’.
DUSKY CHALLENGER (Schreiner 86)
QUEEN’S CIRCLE (Kerr 2000)
JESSE’S SONG (Williamson 83)
THORNBIRD (Byers 89)
STAIRWAY TO HEAVEN (Lauer 93)
SILVERADO (Schreiner 87)
CONJURATION (Byers 89)
SEA POWER (Keppel 99)
MESMERIZER (Byers 91)
CELEBRATION SONG (Schreiner 93)
GOLDEN PANTHER (Tasco 2000)
BEVERLY SILLS (Hager 79)
PAUL BLACK (Johnson T. 03)
YAQUINA BLUE (Schreiner 92)
SPLASHACATA (Tasco 98)
FLORENTINE SILK (Keppel 2004)
CLARENCE (Zurbrigg 91)
DECADENCE (Blyth 2004)
STEPPING OUT (Schreiner 64)
BEFORE THE STORM (Innerst 89)
DRAMA QUEEN (Keppel 2003)
Symposium
Le scrutin le plus caractéristique de l’American Iris Society est certainement le « Symposium ». C’est le choix par les amateurs des variétés qu’ils préfèrent. Ce choix varie très peu d’une année sur l’autre, même si on enregistre de temps en temps des engouements exceptionnels. Cette année ce choix d’emballement vise en particulier le superbe ‘Paul Black’, dont il a été question ici il y a trois semaines, puis deux iris de Keppel : ‘Florentine Silk’ et ‘Drama Queen’.
DUSKY CHALLENGER (Schreiner 86)
QUEEN’S CIRCLE (Kerr 2000)
JESSE’S SONG (Williamson 83)
THORNBIRD (Byers 89)
STAIRWAY TO HEAVEN (Lauer 93)
SILVERADO (Schreiner 87)
CONJURATION (Byers 89)
SEA POWER (Keppel 99)
MESMERIZER (Byers 91)
CELEBRATION SONG (Schreiner 93)
GOLDEN PANTHER (Tasco 2000)
BEVERLY SILLS (Hager 79)
PAUL BLACK (Johnson T. 03)
YAQUINA BLUE (Schreiner 92)
SPLASHACATA (Tasco 98)
FLORENTINE SILK (Keppel 2004)
CLARENCE (Zurbrigg 91)
DECADENCE (Blyth 2004)
STEPPING OUT (Schreiner 64)
BEFORE THE STORM (Innerst 89)
DRAMA QUEEN (Keppel 2003)
13.2.09
LES PLUS BELLES PHOTOS D’IRIS
Ce jour est celui de la couleur pourpre. Dans le genre, ‘Ransom Note’ est une avancée certaine due à l’obtenteur californien Joseph Ghio. Celui-ci a en France une réputation écornée par le fait que ses iris ne réussissent pas bien sous notre climat. Cependant ses iris sont génétiquement très intéressants. La présente photo met bien en évidence la richesse de la couleur et l’élégance de la fleur.
Ce jour est celui de la couleur pourpre. Dans le genre, ‘Ransom Note’ est une avancée certaine due à l’obtenteur californien Joseph Ghio. Celui-ci a en France une réputation écornée par le fait que ses iris ne réussissent pas bien sous notre climat. Cependant ses iris sont génétiquement très intéressants. La présente photo met bien en évidence la richesse de la couleur et l’élégance de la fleur.
ECHOS DU MONDE DES IRIS
Un nouveau producteur d’iris en France
Iris et Hémérocalles en Lauragais. Une nouvelle pépinière d’iris, dans la région de Toulouse. Avec un site, en cours de mise au point : www.iris-hemerocalles-en-lauragais.fr
ECHOS DU MONDE DES IRIS II
Les enregistrements français en 2008
Trente six nouvelles variétés françaises ont été enregistrées en 2008. On est loin des 54 de 2007, mais cela dénote néanmoins une belle vitalité des obtenteurs d’iris dans notre pays. Il y a un phénomène difficile à expliquer : pendant de nombreuses années, les enregistrements français ont été rares et limités à quelques professionnels, mais dans le même temps la SFIB était florissante et riche de beaucoup d’adhérents ; aujourd’hui les adhérents manquent mais les nouveaux iris abondent !
Un nouveau producteur d’iris en France
Iris et Hémérocalles en Lauragais. Une nouvelle pépinière d’iris, dans la région de Toulouse. Avec un site, en cours de mise au point : www.iris-hemerocalles-en-lauragais.fr
ECHOS DU MONDE DES IRIS II
Les enregistrements français en 2008
Trente six nouvelles variétés françaises ont été enregistrées en 2008. On est loin des 54 de 2007, mais cela dénote néanmoins une belle vitalité des obtenteurs d’iris dans notre pays. Il y a un phénomène difficile à expliquer : pendant de nombreuses années, les enregistrements français ont été rares et limités à quelques professionnels, mais dans le même temps la SFIB était florissante et riche de beaucoup d’adhérents ; aujourd’hui les adhérents manquent mais les nouveaux iris abondent !
LA COULEUR POURPRE
Il n’est pas facile de dire ce qu’est exactement la couleur pourpre. Le dictionnaire Robert en donne la définition suivante : « Couleur rouge foncé, tirant sur le violet. » Ainsi le pourpre procède à la fois du rouge et du violet. Lequel « violet » se décrit comme : « D’une couleur qui s’obtient par le mélange du bleu et du rouge. » Avançant donc par tâtonnement, on commence à mieux situer notre pourpre : entre le bleu et le rouge, couleurs primaires, se situe le violet, couleur secondaire ; le pourpre, couleur tertiaire, trouve sa place entre le violet et le rouge. Mais comme on ne passe pas brusquement d’une couleur à une autre, de l’une à l’autre s’échelonnent une infinité de nuances qui ne se définissent que par référence à quelque chose de plus ou moins facilement identifiable. Ce sont ces références qui compliquent les choses quand il s’agit de décrire une nuance. On n’est plus dans le concret mais dans le subjectif et l’inspiration poétique n’est pas loin ! D’autant plus que, d’un pays à l’autre, on ne voit pas les choses de la même façon. Les Anglo-saxons trouvent que la lune est jaune, les Français la voient blanche ; les Allemands appellent « lilas » un violet vif et rougeâtre (le pourpre ?), le même nom désigne en France une nuance de violet pâle. Quant à notre « pourpre », il est beaucoup plus rouge que le « purple » des Anglais qui ne serait qu’une autre manière de dire « violet. » Dans la notion de « pourpre », chez nous, on englobe, en fait tout ce qui est « rouge tirant sur le violet », à commencer par l’amarante et, en plus clair, le fameux « magenta », popularisé par les cartouches d’encre pour imprimante.
En matière d’iris, le pourpre est une couleur très présente, qui va dériver d’un côté vers le grenat puis l’acajou et ce brun-rouge caractéristique que l’on désigne autrement sous les vocables de bordeaux, bourgogne ou rubis, de l’autre jusqu’au nuances baptisées aubergine, lie de vin ou prune. On peut même qualifier de « pourpres », ou pourprés, les coloris évoluant autour de teintes plus claires, comme le rose bruyère ou fuchsia. Tout est affaire de sensibilité personnelle.
Cette analyse est le prétexte à faire un tour parmi les iris pourpres qui ont marqué le siècle passé, celui du développement spectaculaire de notre fleur préférée. Car le pourpre n’est pas propre aux iris dits « modernes », ces iris tétraploïdes apparus au début du XXeme siècle. Le pourpre était même une couleur très fréquente chez les « anciens », diploïdes. C’est le cas de ‘Archevêque’ (Vilmorin 1911). Côté tétraploïde, il y a dans les années situées entre les deux guerres mondiales, de bien jolies choses, comme ‘Numa Roumestan’ (Cayeux F. 1928), ‘Député Nomblot’ (Cayeux F. 1929), ‘Professeur S.M. Mitchell’ (Cayeux F. 1930), ‘Hermione’ (Cayeux F. 1933) ou ‘Olympio’ (Cayeux F. 36 - FDM 38). Plus tard, aux Etats-Unis, Gordon Plough, avec ‘Edenite’ (1958) a franchi une étape dans sa quête du noir par le « rouge » qui devait aboutir au fameux ‘Study in Black’ (68) dont on peut dire qu’il est une saturation du coloris pourpre. Dans les années 70, deux variétés me paraissent se distinguer dans le pourpre : ‘Dos Pesos’ (Coleman 72) et ‘Gondolier’ (Jeannette Nelson 71), sans oublier un petit français bien sympathique, ‘Lucinou’ (Brun 78) et un petit russe qui ne l’est pas moins, ‘Fioletovy Nizkorozly’ (Driagina 78). Au cours des années 80, la grande période de la famille Schreiner, on ne peut qu’admirer les pourpres superbes qu’elle nous a proposés, comme ‘Loyalist’ (86) ou ‘Thriller’ (88). Citons aussi ‘Winesap’ (89), un iris de Monty Byers, remontant. La décennie suivante verra toujours la suprématie des Schreiners. Avec ‘Wild Thing’ (95), ‘Swingtown’ (96) et ‘Lenten Prayer’ (98), ils nous ont gâtés. En Australie Graeme Grosvenor s’est aussi essayé dans cette couleur et son ‘Temptone’ (93) a été remarqué au point d’obtenir la Médaille de Dykes de l’hémisphère sud en 96.
Le début du XXIeme siècle marque l’extension du monde des iris à l’ensemble de la planète, et, parallèlement, le palissement de l’étoile Schreiner, aux USA. Même si ‘Raspberry Wine’ (2001), cousin éloigné de ‘Thriller’, démontre que cette illustre maison n’a pas dit son dernier mot. Son voisin, Paul Black, a sélectionné un très bel iris pourpre, ‘Cranberry Sauce’ qui a été enregistré en 2002. Dans le même temps le jeune Anton Mego, en Slovaquie, a proposé ‘Titvan’ (2000), témoin de son véritable talent. Mais j’ai remarqué qu’en France, Gérard Madoré s’intéressait particulièrement au pourpre et qu’il avait dans sa collection de beaux iris comme ‘Goulven’ (2007), ‘Menehan’ (2005), ‘Port-Louis’ (2005) et ‘Lannion’ (2007), tous descendants de ‘Wild Thing’.
Le pourpre est à la mode. A preuve les jolies variétés présentes au concours FRANCIRIS ® 2007 : ‘Troméal’ (Jacob 2006), richement coloré mais de forme à améliorer, ‘Baldaquin’ (Dalvard 2003) et, surtout ‘Venetian Red’ (Mostosi NR). Dans les trois cas il s’agit de variétés d’amateurs, mais leurs qualités démontrent que de ce côté les progrès sont flagrants.
Il n’est pas facile de dire ce qu’est exactement la couleur pourpre. Le dictionnaire Robert en donne la définition suivante : « Couleur rouge foncé, tirant sur le violet. » Ainsi le pourpre procède à la fois du rouge et du violet. Lequel « violet » se décrit comme : « D’une couleur qui s’obtient par le mélange du bleu et du rouge. » Avançant donc par tâtonnement, on commence à mieux situer notre pourpre : entre le bleu et le rouge, couleurs primaires, se situe le violet, couleur secondaire ; le pourpre, couleur tertiaire, trouve sa place entre le violet et le rouge. Mais comme on ne passe pas brusquement d’une couleur à une autre, de l’une à l’autre s’échelonnent une infinité de nuances qui ne se définissent que par référence à quelque chose de plus ou moins facilement identifiable. Ce sont ces références qui compliquent les choses quand il s’agit de décrire une nuance. On n’est plus dans le concret mais dans le subjectif et l’inspiration poétique n’est pas loin ! D’autant plus que, d’un pays à l’autre, on ne voit pas les choses de la même façon. Les Anglo-saxons trouvent que la lune est jaune, les Français la voient blanche ; les Allemands appellent « lilas » un violet vif et rougeâtre (le pourpre ?), le même nom désigne en France une nuance de violet pâle. Quant à notre « pourpre », il est beaucoup plus rouge que le « purple » des Anglais qui ne serait qu’une autre manière de dire « violet. » Dans la notion de « pourpre », chez nous, on englobe, en fait tout ce qui est « rouge tirant sur le violet », à commencer par l’amarante et, en plus clair, le fameux « magenta », popularisé par les cartouches d’encre pour imprimante.
En matière d’iris, le pourpre est une couleur très présente, qui va dériver d’un côté vers le grenat puis l’acajou et ce brun-rouge caractéristique que l’on désigne autrement sous les vocables de bordeaux, bourgogne ou rubis, de l’autre jusqu’au nuances baptisées aubergine, lie de vin ou prune. On peut même qualifier de « pourpres », ou pourprés, les coloris évoluant autour de teintes plus claires, comme le rose bruyère ou fuchsia. Tout est affaire de sensibilité personnelle.
Cette analyse est le prétexte à faire un tour parmi les iris pourpres qui ont marqué le siècle passé, celui du développement spectaculaire de notre fleur préférée. Car le pourpre n’est pas propre aux iris dits « modernes », ces iris tétraploïdes apparus au début du XXeme siècle. Le pourpre était même une couleur très fréquente chez les « anciens », diploïdes. C’est le cas de ‘Archevêque’ (Vilmorin 1911). Côté tétraploïde, il y a dans les années situées entre les deux guerres mondiales, de bien jolies choses, comme ‘Numa Roumestan’ (Cayeux F. 1928), ‘Député Nomblot’ (Cayeux F. 1929), ‘Professeur S.M. Mitchell’ (Cayeux F. 1930), ‘Hermione’ (Cayeux F. 1933) ou ‘Olympio’ (Cayeux F. 36 - FDM 38). Plus tard, aux Etats-Unis, Gordon Plough, avec ‘Edenite’ (1958) a franchi une étape dans sa quête du noir par le « rouge » qui devait aboutir au fameux ‘Study in Black’ (68) dont on peut dire qu’il est une saturation du coloris pourpre. Dans les années 70, deux variétés me paraissent se distinguer dans le pourpre : ‘Dos Pesos’ (Coleman 72) et ‘Gondolier’ (Jeannette Nelson 71), sans oublier un petit français bien sympathique, ‘Lucinou’ (Brun 78) et un petit russe qui ne l’est pas moins, ‘Fioletovy Nizkorozly’ (Driagina 78). Au cours des années 80, la grande période de la famille Schreiner, on ne peut qu’admirer les pourpres superbes qu’elle nous a proposés, comme ‘Loyalist’ (86) ou ‘Thriller’ (88). Citons aussi ‘Winesap’ (89), un iris de Monty Byers, remontant. La décennie suivante verra toujours la suprématie des Schreiners. Avec ‘Wild Thing’ (95), ‘Swingtown’ (96) et ‘Lenten Prayer’ (98), ils nous ont gâtés. En Australie Graeme Grosvenor s’est aussi essayé dans cette couleur et son ‘Temptone’ (93) a été remarqué au point d’obtenir la Médaille de Dykes de l’hémisphère sud en 96.
Le début du XXIeme siècle marque l’extension du monde des iris à l’ensemble de la planète, et, parallèlement, le palissement de l’étoile Schreiner, aux USA. Même si ‘Raspberry Wine’ (2001), cousin éloigné de ‘Thriller’, démontre que cette illustre maison n’a pas dit son dernier mot. Son voisin, Paul Black, a sélectionné un très bel iris pourpre, ‘Cranberry Sauce’ qui a été enregistré en 2002. Dans le même temps le jeune Anton Mego, en Slovaquie, a proposé ‘Titvan’ (2000), témoin de son véritable talent. Mais j’ai remarqué qu’en France, Gérard Madoré s’intéressait particulièrement au pourpre et qu’il avait dans sa collection de beaux iris comme ‘Goulven’ (2007), ‘Menehan’ (2005), ‘Port-Louis’ (2005) et ‘Lannion’ (2007), tous descendants de ‘Wild Thing’.
Le pourpre est à la mode. A preuve les jolies variétés présentes au concours FRANCIRIS ® 2007 : ‘Troméal’ (Jacob 2006), richement coloré mais de forme à améliorer, ‘Baldaquin’ (Dalvard 2003) et, surtout ‘Venetian Red’ (Mostosi NR). Dans les trois cas il s’agit de variétés d’amateurs, mais leurs qualités démontrent que de ce côté les progrès sont flagrants.
6.2.09
‘PAUL BLACK’
Une plante d’avenir
C’est un ami breton, grand amateur d’iris, qui m’a dit : « Tu devrais faire le portrait de ‘Paul Black’, c’est le plus bel iris que je connaisse. » J’ai donc entrepris mes habituelles recherches généalogiques. Elles n’aboutissent pas à des constatations surprenantes, mais elles démontrent que c’est avec de bons iris qu’on en fait de meilleurs.
‘Paul Black’ (Tom Johnson 2002) est décrit ainsi dans le R&I de 2002 : TB, 42’’ (107 cm), ML. Medium dark purple blue ; beards dark orange ; pronounced spicy fragrance. Tom Johnson X Star Fleet. Traduction : Grand Barbu, (107 cm), Tardif Moyen. Bleu pourpré plutôt sombre ; barbes orange sombre ; parfum épicé prononcé. Tom Johnson X Star Fleet.
Avec sa haute taille et ses larges fleurs, c’est un iris qui en impose. Au jardin il est tout de suite remarqué. D’autant plus que ses barbes flamboyantes ajoutent à son attrait. C’est une variété qui, d’emblée, a retenu l’attention des amateurs et des juges. Son parcours dans la chaîne des honneurs a, jusqu’à présent, été sans reproches : HM en 2005, avec 169 votes, premier nommé et, par conséquent vainqueur de la Walther Cup (meilleur espoir) ; la même année Florin d’or au concours de Florence ; AM en 2007, premier cité, avec 197 votes. On peut parier qu’en 2009 il se trouvera en première ligne pour la Wister Medal (meilleur TB) et en route pour la Dykes Medal ! Ce parcours élogieux dénote un iris des qualités qui dépassent le seul aspect, déjà remarquable. La plante est de bonne qualité, pousse bien et vite, ne souffre pas de maladies… Mon ami s’en porte garant, lui qui l’utilise volontiers pour ses croisements. Il n’est sûrement pas le seul et dans les années à venir nous verrons venir plein de nouvelles variétés issues de ‘Paul Black’. Pour l’instant, il n’y a que Tom Johnson lui-même qui ait enregistré certains de ses premiers descendants.
Le parent femelle de ‘Paul Black’ s’appelle ‘Tom Johnson’ (Paul Black 96). Dans l’équipe Black/Johnson, on s’échange les hommages. Celui-là n’est pas mal non plus et, sans avoir un palmarès aussi prestigieux que celui de son descendant, il a tout de même obtenu le HM dès 98 (4eme position), l’AM en 2000 (3eme position), en 2003 il est 3eme sur le podium de la Wister Medal et, en 2004 puis en 2006 il rate d’un cheveu la Dykes Medal. C’est une fleur très sombre, aubergine, avec des barbes minium.
Le « père » est ‘Star Fleet’ (Keppel 93) HM en 95, et médaille de bronze à Florence en 98. C’est tout. Question coloris, il se présente en indigo foncé, souligné par des barbes vermillon et du brun rougeâtre aux épaules.
Le pedigree de ‘Tom Johnson’ ne présente pas de difficulté d’interprétation : côté féminin, il y a ‘Witches’ Sabbath (Maryott 86), une variété importante dans la recherche des iris « noirs » à barbes colorées. Il n’est pas « noir », à proprement parlé, mais d’un violet pourpré très foncé avivé par des barbes moutarde. Côté masculin, on trouve ‘In Town’ (88), un australien de Barry Blyth, très utilisé en hybridation, issu lui-même d’une grande famille puisqu’il a cinq frères enregistrés (1). C’est un neglecta aux pétales lavande et aux sépales outremer, avec indéniablement un air de famille justifié avec le fameux ‘Cabaret Royale’ (Blyth 76) que l’on découvre derrière ‘Magic Man’ (Blyth 79), « père » de ‘In Town’. Parmi les ancêtres de ‘Witches’ Sabbath’, il y a un vaste panel de variétés remarquables, avec l’inévitable ‘Snow Flurry’, mais aussi le noir ‘Dark Boatman’, le bleu ‘Pierre Menard’ et les Médailles de Dykes ‘Chivalry’, ‘Debbie Raidon’, ‘New Moon’, ‘Pacific Panorama’ et ‘Shipshape’. Rien que du beau monde.
Tout se complique avec ‘Star Fleet’. Celui-ci fait partie des iris signés Keppel qui se trouvent au bout d’une chaîne parentale horriblement compliquée. Il serait bien fastidieux d’énumérer les différents croisements qui, entrecroisés, ont abouti à ce ‘Star Fleet’. Contentons-nous donc de repérer ceux de ses ancêtres qui méritent d’être mis en évidence.
Le premier qui se présente est ‘Intuition’ (Ghio 77), un iris bleu marine orné d’une barbe brun doré. C’est une variété qui transmet à ses descendants la possibilité de barbes brunes ou rouges. De son côté on s’aperçoit que ‘Star Fleet’ a de nombreux ancêtres communs avec ‘Tom Johnson’, et surtout ‘Witches’ Sabbath’ : ‘Pierre Menard’, ‘Chivalry’, Pacific Panorama’, ‘Shipshape’… Mais chez ‘Star Fleet’ il y a également du « rouge », notamment grâce à ‘Orangerie’ (Keppel 82) et ‘Lady Friend’ (Ghio 81). Les épaules grenat qui le caractérisent proviennent très certainement de cette partie de son pedigree.
‘Paul Black’, qui pousse si bien en Bretagne, n’a pas fini de faire parler de lui. Peut-être parviendra-t-il au sommet de la pyramide des honneurs en 2010. C’est en tous cas une éventualité tout à fait envisageable, et ce ne serait pas usurpé car cette suprême distinction rendrait justice à un obtenteur de premier plan et à une association d’hybrideurs, Black et Johnson, comme on n’en rencontre pas tous les jours.
(1) Il en a été question ici en 2004.
Une plante d’avenir
C’est un ami breton, grand amateur d’iris, qui m’a dit : « Tu devrais faire le portrait de ‘Paul Black’, c’est le plus bel iris que je connaisse. » J’ai donc entrepris mes habituelles recherches généalogiques. Elles n’aboutissent pas à des constatations surprenantes, mais elles démontrent que c’est avec de bons iris qu’on en fait de meilleurs.
‘Paul Black’ (Tom Johnson 2002) est décrit ainsi dans le R&I de 2002 : TB, 42’’ (107 cm), ML. Medium dark purple blue ; beards dark orange ; pronounced spicy fragrance. Tom Johnson X Star Fleet. Traduction : Grand Barbu, (107 cm), Tardif Moyen. Bleu pourpré plutôt sombre ; barbes orange sombre ; parfum épicé prononcé. Tom Johnson X Star Fleet.
Avec sa haute taille et ses larges fleurs, c’est un iris qui en impose. Au jardin il est tout de suite remarqué. D’autant plus que ses barbes flamboyantes ajoutent à son attrait. C’est une variété qui, d’emblée, a retenu l’attention des amateurs et des juges. Son parcours dans la chaîne des honneurs a, jusqu’à présent, été sans reproches : HM en 2005, avec 169 votes, premier nommé et, par conséquent vainqueur de la Walther Cup (meilleur espoir) ; la même année Florin d’or au concours de Florence ; AM en 2007, premier cité, avec 197 votes. On peut parier qu’en 2009 il se trouvera en première ligne pour la Wister Medal (meilleur TB) et en route pour la Dykes Medal ! Ce parcours élogieux dénote un iris des qualités qui dépassent le seul aspect, déjà remarquable. La plante est de bonne qualité, pousse bien et vite, ne souffre pas de maladies… Mon ami s’en porte garant, lui qui l’utilise volontiers pour ses croisements. Il n’est sûrement pas le seul et dans les années à venir nous verrons venir plein de nouvelles variétés issues de ‘Paul Black’. Pour l’instant, il n’y a que Tom Johnson lui-même qui ait enregistré certains de ses premiers descendants.
Le parent femelle de ‘Paul Black’ s’appelle ‘Tom Johnson’ (Paul Black 96). Dans l’équipe Black/Johnson, on s’échange les hommages. Celui-là n’est pas mal non plus et, sans avoir un palmarès aussi prestigieux que celui de son descendant, il a tout de même obtenu le HM dès 98 (4eme position), l’AM en 2000 (3eme position), en 2003 il est 3eme sur le podium de la Wister Medal et, en 2004 puis en 2006 il rate d’un cheveu la Dykes Medal. C’est une fleur très sombre, aubergine, avec des barbes minium.
Le « père » est ‘Star Fleet’ (Keppel 93) HM en 95, et médaille de bronze à Florence en 98. C’est tout. Question coloris, il se présente en indigo foncé, souligné par des barbes vermillon et du brun rougeâtre aux épaules.
Le pedigree de ‘Tom Johnson’ ne présente pas de difficulté d’interprétation : côté féminin, il y a ‘Witches’ Sabbath (Maryott 86), une variété importante dans la recherche des iris « noirs » à barbes colorées. Il n’est pas « noir », à proprement parlé, mais d’un violet pourpré très foncé avivé par des barbes moutarde. Côté masculin, on trouve ‘In Town’ (88), un australien de Barry Blyth, très utilisé en hybridation, issu lui-même d’une grande famille puisqu’il a cinq frères enregistrés (1). C’est un neglecta aux pétales lavande et aux sépales outremer, avec indéniablement un air de famille justifié avec le fameux ‘Cabaret Royale’ (Blyth 76) que l’on découvre derrière ‘Magic Man’ (Blyth 79), « père » de ‘In Town’. Parmi les ancêtres de ‘Witches’ Sabbath’, il y a un vaste panel de variétés remarquables, avec l’inévitable ‘Snow Flurry’, mais aussi le noir ‘Dark Boatman’, le bleu ‘Pierre Menard’ et les Médailles de Dykes ‘Chivalry’, ‘Debbie Raidon’, ‘New Moon’, ‘Pacific Panorama’ et ‘Shipshape’. Rien que du beau monde.
Tout se complique avec ‘Star Fleet’. Celui-ci fait partie des iris signés Keppel qui se trouvent au bout d’une chaîne parentale horriblement compliquée. Il serait bien fastidieux d’énumérer les différents croisements qui, entrecroisés, ont abouti à ce ‘Star Fleet’. Contentons-nous donc de repérer ceux de ses ancêtres qui méritent d’être mis en évidence.
Le premier qui se présente est ‘Intuition’ (Ghio 77), un iris bleu marine orné d’une barbe brun doré. C’est une variété qui transmet à ses descendants la possibilité de barbes brunes ou rouges. De son côté on s’aperçoit que ‘Star Fleet’ a de nombreux ancêtres communs avec ‘Tom Johnson’, et surtout ‘Witches’ Sabbath’ : ‘Pierre Menard’, ‘Chivalry’, Pacific Panorama’, ‘Shipshape’… Mais chez ‘Star Fleet’ il y a également du « rouge », notamment grâce à ‘Orangerie’ (Keppel 82) et ‘Lady Friend’ (Ghio 81). Les épaules grenat qui le caractérisent proviennent très certainement de cette partie de son pedigree.
‘Paul Black’, qui pousse si bien en Bretagne, n’a pas fini de faire parler de lui. Peut-être parviendra-t-il au sommet de la pyramide des honneurs en 2010. C’est en tous cas une éventualité tout à fait envisageable, et ce ne serait pas usurpé car cette suprême distinction rendrait justice à un obtenteur de premier plan et à une association d’hybrideurs, Black et Johnson, comme on n’en rencontre pas tous les jours.
(1) Il en a été question ici en 2004.
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