30.12.09











LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1973

DM : ‘New Moon’ (Neva Sexton, 1968) (Moon River X New Frontier), l’un des iris les plus recherchés en hybridation.

President’s Cup : ‘Country Manor’ (Elizabeth Kegerise, 1973) (CupRace X (Swan Ballet x Rippling Waters).

Franklin-Cook Cup : ‘Shipshape’ (Babson, 1969) (Pacific Panorama X Epic), que nous reverrons la semaine prochaine dans une distinction encore plus honorable.

FO : ‘Rosso Fiorentino’ (G. Specht, Italie, 1973), une variété qui n’a plus dépassé les frontières de son pays d’origine et n'a jamais été officiellement enregistrée.

BDM : ‘Muriel Neville’ (Fothergill, 1963) ((Quechee x Great Day) X ((Sequatchie x Blood Carnelian) x (Mexican Magic x Benton Mochal)) x Ebony Echo), une variété typiquement britannique.






L’article suivant sort du cadre habituel des chroniques d’Irisenligne. Il y a quelques semaines que je l’ai rédigé dans le but initial de le publier dans « Iris & Bulbeuses », le bulletin annuel de la SFIB. Mais des étudiants ayant posé la question « Comment ça marche ?» sur le forum du site de la SFIB, et ayant exprimé le besoin de disposer rapidement de l’information, j’ai modifié mes priorités.

COMMENT ÇA MARCHE
La reproduction des iris

Au printemps dernier, lorsque je tenais la permanence de la SFIB au jardin d’iris de TECOMAH, plusieurs visiteurs m’ont posé la question suivante : « Mais comment ça marche, l’hybridation des iris ? » Les explications que j’ai données sont restées simplistes, c’est pourquoi, aujourd’hui, je vais essayer d’être plus précis, sans tomber dans le discours scientifique cependant. Je vais m’appuyer sur un article de Don Spoon, publié dans le n° 329 du bulletin de l’AIS.

Chaque fleur d’iris porte à la fois les éléments des deux sexes. La partie femelle est le pistil, composé du stigmate, du style et de l’ovaire. La partie mâle, c’est l’étamine avec son filament qui porte l’anthère et les quatre sacs polliniques. Lorsqu’ils seront bien secs, ces sacs s’ouvriront et libèreront les grains de pollen prêts à partir vers une autre fleur, soit sur le dos d’un bombyle, soit au bout des brucelles d’un hybrideur. Le stigmate fabrique une sécrétion poisseuse dans laquelle se collent les grains de pollen, lesquels y trouvent aussi les ingrédients chimiques qui permettent leur germination et le développement de leur tube pollinique qui va pénétrer dans le tissu du style pour progresser vers l’ovaire. L’ovaire contient les ovules, dans une atmosphère humide propice à la fécondation. Ces ovules sont alignés en rangs et alimentés par un cordon, un peu comme les fœtus d’un mammifère.

Quand on dépose du pollen sur la lèvre collante du stigmate, commence une véritable course entre les grains pour étendre leur tube jusqu’à l’ovule. Le voyage est long et plein d’embûches. Les noyaux de sperme (ils sont au nombre de deux) glissent à l’intérieur du tube et descendent vers l’ovule où ils vont pénétrer par un minuscule orifice et accomplir leur œuvre de vie. Un grain de pollen féconde un ovule et un seul. Il met environ huit heures pour se développer et parvenir au contact de l’ovule. Les grains de pollen peuvent n’être déposés que sur une seule des trois lèvres stigmatiques ; ils féconderont néanmoins l’ensemble des ovules, dans les trois compartiments de l’ovaire. Néanmoins il est plus prudent de déposer du pollen sur les trois stigmates.

Dès qu’ils sont fécondés les ovules (il peut y en avoir jusqu’à une centaine dans une capsule) commencent à se développer : ils grossissent et la capsule qui les contient prend du ventre. Elle mettra environ deux mois pour atteindre la maturité. Quand les graines seront mûres, la capsule va jaunir, se dessécher et s’ouvrir par le haut. Dans la nature l’éclatement de la capsule aboutira à laisser tomber au sol les graines qui s’en échappent. Certaines, un jour, germeront et donneront naissance à une nouvelle plante. Mais les hybrideurs que nous sommes guettent l’ouverture des capsules et s’empressent de recueillir les graines avant qu’elles ne tombent.

La suite, c’est une autre histoire…






CECI EST LE DERNIÈRE LIVRAISON D'IRISENLIGNE POUR L'ANNÉE 2009. BONNE ANNÉE 2010 À TOUS LES LECTEURS DE CE BLOG CONSACRÉ EXCLUSIVEMENT AUX IRIS.

23.12.09

ECHOS DU MONDE DES IRIS

De ‘Slovak Prince’ à ‘Decadence’

J’expliquais la semaine dernière que la Médaille de Dykes ne pouvait être attribuée qu’à une variété obtenue et mise sur le marché aux Etats-Unis. Cet « Echo », relayé par Loïc Tasquier vers les Etats-Unis, a été largement commenté outre Atlantique, parfois même avec un brin d’agacement. Il faut préciser que pour être éligible, une variété non américaine d’origine doit avoir été introduite d’abord aux USA. Cela écarte les variétés qui ont été mises en vente ailleurs ou peut-être même la même année qu’aux USA avant de trouver un distributeur dans ce pays. Les Américains justifient cet ostracisme par le fait que cette médaille, offerte par la British Iris Society, est destinée dès sa création à une variété américaine, tout comme la Médaille de Dykes britannique était à l’origine faite pour une variété britannique.

La Médaille de Dykes américaine a pris au fil du temps le caractère de récompense suprême au plan mondial. Et l’on s’attend maintenant à ce qu’elle soit accessible aux variétés du monde entier. Cela dit, le fait qu’il faille seulement que la variété à récompenser ait été commercialisée pour la première fois au Etats-Unis, est sans doute un handicap, mais pas insurmontable depuis qu’un iris non-américain peut trouver un distributeur là-bas. Mais ce n’était pas le cas jusqu’à ces derniers mois. Aujourd’hui la commercialisation d’iris européens par des entreprises comme celles de Bruce Filardi ou de Terry Aitken, devrait faciliter les choses, et une variété comme ‘Slovak Prince’, jamais commercialisée en Europe, devrait conserver toutes ses chances. En revanche, pour ‘Decadence’, candidat potentiel lui-aussi, le fait qu’il ait été commercialisé la même année aux Etats-Unis (au printemps) et en Australie (en automne) pourrait compliquer la situation. Quoi qu’il en soit, une situation analogue s’est déjà présentée dans les années 50 quand il fut question d’attribuer la DM au fameux iris néo-zélandais ‘Pinnacle’. A ce moment la BIS avait refusé l’attribution au motif que ‘Pinnacle’ n’était pas une variété américaine. Depuis la BIS a accepté en 1999 que la BDM soit attribuée à une variété d’iris de Sibérie allemande, ‘Berlin Ruffles’, et son avis pourrait être différent à présent. Mais ne nous faisons pas d’illusion, il est bien normal que les obtenteurs américains défendent leur pré carré avec toute la vigueur dont ils sont capables, puisque cette médaille a été faite pour eux !

Peut-être un jour verrons-nous une Médaille de Dykes Européenne, voire Mondiale. Même si ce n’est pas pour demain !










LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1972

DM : ‘Babbling Brook’ (Keppel 69) (Galilee X Symphony), un des plus fameux iris de tous les temps.
President’s Cup : ‘Elizabeth Stuart’ (Bennett Jones 70) (((((Old Parchment x Golden Majesty) x (Spindrift x Floradora)) x Pink Fulfillment) x One Desire) X Cloud Crest).
Franklin-Cook Cup : ‘Hi-Top’ (Knocke 72) ((Glamorous x Denver Mint) X Taste of Honey).
FO : non attribué. La seconde place est revenue à ‘Charmed Circle’ (Keppel 69) ((Happy Meeting x Rococo) X (Full Circle x Rococo))
BDM : ‘Sheperd’s Delight’ (Fothergill 69) (((True Rose x (June Meredith x Viscount)) X sib), qui est, avec ‘Elizabeth Poldark’ l’une des variétés anglaises commercialisées fréquemment en France.






GÉNÉRATION ‘DECADENCE’

II. l’arbre descendant

Barry Blyth, convaincu des aptitudes de son ‘Decadence’, dont on a fait connaissance la semaine dernière, l’a immédiatement mis à contribution dans ses croisements. Il n’a pas été déçu de cette initiative puisque jusqu’à l’année 2008 (il y a peut-être des suites en 2009), ce n’est pas moins de trente nouveaux iris qui ont été enregistrés. Et certaines fratries se révèlent importantes. Trois rejetons pour (Candy Clouds X Decadence) ; trois également pour (Final Episode X Decadence) ; sept pour (Decadence X (Fogbound x Starring)) !

Ces sept-là peuvent être classés en deux branches : les amoenas blanc/violet et les bicolores abricot/pourpre. Ce tri est un peu réducteur, mais il résume assez bien la situation. Dans la première branche, le plus emblématique s’appelle ‘Astrobubbles’ (2005). Ses pétales sont ivoire, avec les côtes infusées de mauve, ses sépales sont d’un violet pourpré chaud, griffé de blanc sous les barbes qui sont moutarde ; le bord grisé est large et amplement ondulé. ‘Dinner Talk’ (2005) et ‘Viking Dancer’ (2006) se déclinent en blanc glacier/violet, le premier étant plus contrasté que le second. Les représentants de la seconde branche, la plus proche en vérité de ‘Decadence’, au nombre de trois, se nomment ‘Full of Magic’ (2005) – ivoire rosé/magenta veiné de blanc, grosse barbe minium ; ‘Jamaica Me Crazy’ (2006) – ivoire/amarante ; ‘Truly Wicked’ (2006) – ivoire/magenta strié de blanc, barbes orange. Il y a un franc-tireur : pétales blanc grisé, sépales mauve devenant presque blanc sous les barbes et parcourus de veines violet sombre, bords grisés, barbes orange brûlé. C’est ‘Juicy Rumours’ (2005).

Parmi les autres descendants, ceux qui semblent les plus originaux sont ceux qui résultent du croisement (Final Episode X Decadence) qui présentent tous un signal pourpré. ‘Carnival Capers’ (2006) allie des pétales jaune paille clair et des sépales lilacés. La large bordure grisée ondule finement ; les barbes sont brun moutarde. ‘Gothic Lord’ (2006) est à rapprocher de ‘Viking Dancer’ mais le signal y est très vivement coloré, avec des épaules terre cuite et du violet presque noir sous les barbes. ‘Let’s Romp’ a des pétales jaune parchemin et des sépales allant du grenat cuivré, aux épaules, au gris des bords en passant par le pourpre et le mauve parme ; les barbes brun bronzé se marient fort bien avec les couleurs qui les environnent.

Le couple (Glamour Pants X Decadence), qui n’a que deux enfants enregistrés, se singularise par ses teintes particulièrement vives. ‘Glamazon’ porte fièrement les traits typiques de la famille : pétales jaune orangé infus de rose neyron, sépales rose neyron violacé sous les barbes et devenant brun noisette dans le liseré ; minium pour les barbes, bien visibles. ‘Copper Clouds’ (2007) est plus atypique car unicolore dans les tons de rose brique clair et tournant au mauve vers le cœur de la fleur où brille une barbe minium et qui est entièrement ourlée de brun miel. Très frisé et largement ondulé.

Un seul descendant de ‘Decadence’ n’est pas australien. C’est ‘Roaring Twenties’ (Keppel 2009) (Poem of Ecstasy X Decadence), qui tient le milieu entre ‘Astrobubbles’ et ‘Jamaica Me Crazy’, ce qui n’en fait pas une variété spécialement originale.

La description des autres descendants serait un peu fastidieuse, d’autant plus qu’ils sont moins caractéristiques et que certains pourraient même être considérés comme sans grand intérêt. Mais tous ou presque conservent ce trait qui est la signature de ‘Decadence’, à savoir la bordure des sépales blanc gris ou tout au moins d’un ton clair, qui, à cause des larges ondulations, fait tout de suite penser aux jupons des danseuses de french cancan.

Avec ‘Decadence’ on se trouve en face non seulement d’une variété emblématique, mais surtout devant une vaste famille, une sorte de communauté, pourrait-on dire, dont on entendra longtemps parler dans le petit monde des iris.

22.12.09

3 = 6

Mauvaise idée que d'aller passer trois jours à Londres par temps de neige !
Plus de trains pour revenir, et trois jours en font six. Mais la gloire d'arriver à Paris dans le premier Eurostar parvenu à franchir le tunnel après une si longue (et pénible) absence !!

Du coup, pas de messages la semaine dernière. Ceux de cette semaine seront postés demain.

Bon Noël à tous les lecteurs d'Irisenligne, et merci devotre fidèlité.

11.12.09







LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1971

DM : ‘Debby Rairdon’ (Kuntz 65) –parents inconnus- ; le premier iris obtenu par un amateur qui soit parvenu sur la plus haute marche du podium !
President’s Cup : ‘Raspberry Ripples’ (Niswonger 69) ((Pink Fulfillment x Orchid Jewel) X Rippling Waters) ;
Franklin-Cook Cup : ‘Newly Rich’ (Varner 69) (Illini Gold X Rainbow Gold), un “jaune de jaune” ;
FO : ‘Foggy Dew’ (Keppel 69) (Siva Siva X Diplomacy) ;
BDM : ‘Cambridge’ (Brummitt 64) (Iris de Sibérie) – (White Swirl X Gatineau).
ECHOS DU MONDE DES IRIS

Ostracisme américain

C’est Michèle Bersillon qui a attiré mon attention sur une délibération de l’Etat-Major de l’AIS qui réaffirme que la Médaille de Dykes ne peut être attribuée qu’à une variété obtenu et mise sur le marché aux Etats-Unis (1). Jusqu’à présent cette clause n’avait pas eu besoin d’être mise en avant puisque aucune variété non américaine d’origine n’avait été placée au rang de prétendant à la DM. Mais les choses ont changé cette année avec l’arrivée en compétition de ‘Slovak Prince’ (Mego 2002), variété slovaque.

Ainsi, par une clause protectionniste et ostraciste, ‘Slovak Prince’ n’a pas le droit de concourir pour la DM…

A l’heure de la mondialisation galopante, les raisons de cette éviction sont bien difficiles à soutenir, d’autant plus que la DM gagnerait encore en notoriété à s’ouvrir sur le monde et, de ce fait à devenir LA récompense absolue.

(1) une autre source affirme le contraire, mais il faut la vérifier.






GÉNÉRATION ‘DECADENCE’

I. l’arbre ascendant

Barry Blyth, l’obtenteur de ‘Decadence’ (2004), aime les grandes familles. Il n’hésite pas à enregistrer plusieurs « siblings » issus d’un même semis, créant ainsi un réseau souvent dense de relations familiales entre ses obtentions. On a déjà eu l’occasion d’aborder ici le cas des « frères koala » à propos du croisement (Dance Man X Rembrandt Magic). C’est d’une autre grande fratrie qu’il va être question aujourd’hui.

‘Decadence’ est souvent considéré comme le point de départ d’un nouveau modèle d’iris, avec une fleur charnue, large, abondamment ondulée et frisée, bitone ou bicolore, caractérisée par une barbe rouge et un épais liseré d’un ton dégradé par rapport à la couleur des sépales. Mais en même temps qu’un point de départ, c’est aussi un aboutissement, un perfectionnement dans un modèle qu’on trouve chez Blyth depuis plusieurs générations de cultivars qui figurent parmi les ancêtres de ‘Decadence’ et ceux de ses cousins. Car ‘Decadence’ n’est pas seulement le fruit d’un croisement heureux et prolifique, mais le membre d’une famille étendue et ramifiée.

Son pedigree s’écrit (Temple of Time X Louisa’s Song). Les liens familiaux qui le concernent proviennent de ce ‘Louisa’s Song’ (99) qui est lui-même issu de (Cloud Berry X About Town), ce dernier cultivar étant à l’origine d’un autre iris très remarqué, ‘Indulgence’ (2002) qui présente lui-même, avec quelques variantes, le modèle ‘Decadence’. On pourrait peut-être trouver parmi les variétés récentes de Barry Blyth, d’autres liens familiaux nous ramenant à ‘Decadence’ car les interférences sont multiples dans son travail.

Le modèle décrit ci-dessus provient visiblement de ‘About Town’ (96), et sur le parent mâle de ce dernier, ‘Electrique’ (96), il y a déjà le dégradé du bord des sépales, tandis que dans son parent féminin, ‘Bubble Up’ (Ghio 88), se rencontre le bouillonné de la fleur, si caractéristique. ‘Indulgence’ et ‘Decadence’ présentent incontestablement un air de famille, le premier étant même, à mon avis, plus joli parce que de tons plus vivement contrastés. L’un et l’autre ont des pétales jaunes, plus acides chez ‘Indulgence’, des sépales pourprés, presque couleur aubergine chez le premier, avec des veines claires qui s’effacent en approchant du bord dans une teinte pâle, chamoisée. Mais ‘Decadence’ ajoute à ce cocktail des barbes minium que son cousin n’a pas. Blyth n’a pas hésité à croiser ses deux vedettes. Cela nous vaut un ‘Rogue Trader’ (2007) flamboyant, où l’on retrouve aux pétales le jaune citron de ‘Indulgence’, ainsi que ses barbes moutarde, et au sépales le pourpre de ‘Decadence’, mais envahi par le jaune des pétales qui gagne les bords où il s’atténue en tirant vers le gris chamoisé.

Il ne faut pas passer sous silence les frères de semis de ce ‘Decadence’. Ils sont quatre à avoir, jusqu’à présent, été enregistrés : ‘Easy Living’ (2002), ‘Hello It’s Me (2002), ‘Looking Beautiful’ (2002) et le petit dernier ‘Love Actually’ (2004). ‘Easy Living’ est un amoena dont les sépales, indigo clair, sont veinés du blanc grisé qui s’étale sur les bords, selon le dessin que l’on trouve dans toute la nichée. ‘Hello It’s Me’ est, en matière de coloris, le plus proche de ‘Decadence’. Des pétales abricot, des sépales prune, des barbes d’un orange bronzé. ‘Looking Beautiful’ est une version « soft » du précédent, surtout pour le ton des sépales, d’un rose isabelle, très finement liseré de gris, avec barbes minium. Enfin ‘Love Actually’ remplace l’abricot des pétales pour la couleur des sépales, ce qui en fait plutôt une fleur unicolore, avec une flamme bleu vif sous les barbes d’un orange vif et brillant.

A l’heure actuelle seuls ‘Hello It’s Me’ et ‘Love Actually’ sont à la tête d’une certaine descendance, entièrement due au travail de Barry Blyth, dans la pure tradition de ses associations familiales.

‘Indulgence’ n’a pas encore la descendance que Blyth a donnée à ‘Decadence’, mais il est trop tôt pour dire s’il ne sera pas aussi fécond que son cousin. En tout cas ‘Pure Romance’ (2006), qui provient d’un frère de semis de ‘Decadence’, ‘Love Actually’, a tous les traits de la famille.

Voilà pour les liens de parenté qui affectent ‘Decadence’. Nous allons passer maintenant à ses frères, puis nous poursuivrons par ses descendants, mais j’ai peur de fatiguer mes lecteurs, aussi je leur propose, pour une fois, de faire une pause et de reprendre notre propos la semaine prochaine.

4.12.09







LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1970

DM : ‘Skywatch’ (Benson 64) (((Spanish Peaks x Cloudless Sky) x Henry Shaw) X Van Cliburn) : une belle récompense pour un obtenteur valeureux, mais un succès commercial mitigé.
FO : ‘Launching Pad’ (Knopf 67) (Valimar X Denver Mint)
BDM : ‘Constance West’ (Howe 67) (((Jane Phillips x Whole Cloth) x Ebony Echo) X Gracie Pfost).
ECHOS DU MONDE DES IRIS

La méthode Dotto (suite)


La méthode d’accélération des germinations imaginée par Tiziano Dotto intéresse plusieurs hybrideurs qui lisent ce blog. Voici des précisions qui se révèlent bien utiles :
· Le vin est utilisé pur ;
Les graines sont mises à tremper pour une nuit ;
Il n’est pas besoin de les rincer.

Ça vaut la peine d’essayer !










IRIS DE NOUVELLE ZÉLANDE

La Nouvelle Zélande est un pays dont on parle surtout en matière de rugby (les All Blacks). On la connaît aussi pour ses moutons. En matière de botanique ou d’horticulture, ce sont ses kiwis (actinidias) qui sont célèbres, mais pas encore ses iris. Pourtant, en cette matière, ce n’est pas une terre inconnue. Souvenons-nous de Jean Stevens et de son ‘Pinnacle’ de 1945, qui a fait le tour du monde et se trouve encore dans de nombreux jardins. Cette variété est une référence en matière d’amoena jaune. Mais son obtentrice a aussi obtenu quelques amoenas roses qui valent la peine, comme ‘Youthful Charm’ (61) ou son descendant ‘Sunset Snows’ (65) qui ont l’un et l’autre acquis une certaine célébrité. Le dernier a été assez largement utilisé en hybridation, tant aux USA qu’en Australie, et même en France puisque ‘Sur Deux Notes’ (J. Ségui 81) est son descendant direct.

Emily Jean Stevens a été une obtentrice féconde et les variétés qu’elle a enregistrées couvrent la période des années 40, 50 et 60. Sa renommée s’est étendue bien loin de son île natale et, dans un moment où les transports n’étaient pas simples, elle réussi le tour de force de placer ses iris partout dans le monde. En Nouvelle Zélande elle conserve une aura bien réelle que des gens comme Terry Johnson se chargent de soutenir.

Après le décès de Jean Stevens la Nouvelle Zélande est un peu tombée dans l’oubli, dans le domaine des iris. Il a fallu attendre une trentaine d’années pour revoir son nom dans les listings de l’AIS.

Celui qui l’a réveillée, c’est Ron Busch. Celui-ci est maintenant un monsieur d’un certain âge (il a commencé ses hybridations il y a une cinquantaine d’années) qui envisage aujourd’hui une demi retraite. On lui doit une grande quantité d’iris de tous modèles, mais, comme il le dit lui-même, son travail a été longtemps un peu « tout fou », sans objectif réellement réfléchi. Il y a eu beaucoup de produits inutiles avant qu’il ne se décide à choisir une direction à suivre. En fait il en a déterminé trois : les plicatas et amoenas roses et les noirs à barbes oranges. Il raconte lui-même sont chemin le long de ces trois voies dans une petite confession parue dans le bulletin de NZIS (société néo-zélandaise des iris). Celle des amoenas roses n’est pas allée loin car il a estimé que son travail en la matière n’aboutissait à rien d’intéressant. Il a été plus heureux avec les plicatas roses, même si il a obtenu des tas de choses, mais pas le plicata rose dont il rêvait. Quant à son travail sur les noirs à barbes orange il a, dit-il, lui aussi donné des iris intéressants, notamment dans les tons de pourpre, mais pas le noir qu’il espérait obtenir… La vie de l’hybrideur n’est pas toujours un long fleuve tranquille.

Quoi qu’il en soit il a enregistré un grand nombre de variétés diverses de grands iris, pour la plupart baptisés d’un nom commençant par « Irwell », qui est celui de l’endroit où il habite. Pour ma part, j’aime bien ses amoenas-plicatas récents comme ‘Irwell Fancy Dragon’ (2009), ‘Irwell Jazz Time’ (2009) ou ‘Irwell Tropical Magic’ (2009).

A la suite de ce franc-tireur de Ron Busch, c’est un couple d’hybrideurs plus jeunes qui a pris la succession. Ce sont les Nicoll, Alison et David. Leur pépinière, Richmond Irises, est située à Nelson, au fond de la baie de Tasman, tout à fait au nord de l’Ile du Sud et à 100 Km à vol d’oiseau à l’ouest de Wellington, la capitale de la Nouvelle Zélande. Leur première variété enregistrée, ‘It’s a Try’ (Alison Nicoll 99) fut peut-être un essai, mais, au pays du rugby, c’est un essai transformé, car il augurait bien de ce qui allait venir après. C’est un produit de (In Town X Honky Tonk Blues), un bitone bleu ciel sur bleu pourpré, qui, dans sa simplicité, me plait beaucoup. D’ailleurs les iris d’Alison se distinguent par leur côté simple et naturel, ceux de David étant plus sophistiqués. Pour comparer, voyez, de la première, le joli rose deux tons ‘Hi Babe’ (2005), et du second ‘Manuka Honey’ (2004), qui rappelle un peu l’ancien ‘Bayberry Candle’ (C. DeForest 69).

Les Nicoll ont déjà à leur actif un nombre important de nouveaux iris, dans un choix de coloris qui pose la question des pistes de recherche qu’ils ont décidé de suivre. Du bicolore d’ ‘Acrylic’ (D. Nicoll 2005) au vieux rose de ‘Tectonic’ (D. Nicoll 2009), du blanc bleuté de ‘Berlin Beauty’ (A. Nicoll 2007) au bleu de ‘Tasman Bay’ (A. Nicoll 2002), ont trouve de tout chez les Nicoll.

Ils nous donneront encore beaucoup d’iris car ils n’ont épuisé ni leurs ressources ni leur enthousiasme. Avec eux et avec quelques amateurs qui leur tiennent compagnie, la Nouvelle Zélande continuera de tenir sa place dans le monde des iris. Mais, freiné par les obstacles mis aux importations par les services phytosanitaires européens, leur travail n’a pas encore franchi les mers pour venir jusqu’à nous, ce que les collectionneurs doivent regretter.

3.12.09

REPRISE

Mon ordinateur principal est toujours HS, mais les moyens de secours ayant été mis en place, l'activité de Irisenligne peut reprendre. Prochains messages demain !

LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1969

DM : Pas attribuée.
FO : ‘Irish Charmer’ (Pickard 65) (Picora Pink X Esther Fay) Un iris aux pétales rose dragée et aux sépales blancs liserés du rose des pétales, qui n’a pas laissé beaucoup de traces : pas trouvé de photo ! En deuxième position est arrivé ‘Diplomacy’ (Keppel 65) (Rococo X Whole Cloth) pour lequel non plus je n’ai pas de photo.
BDM : ‘Golden Forest’ (Hutchison 58) ((Dora Morris x Benton Susan) X Dancing Sunlight).






LA FLEUR DU MOIS

‘Old Black Magic’


Décembre : on est loin des beaux jours d’été. Cependant ce n’est pas le gris du temps qui fait penser à un iris noir, mais la qualité de la photo d’Antoine Bettinelli publiée récemment sur le net m’a rappelé combien cette fleur était intéressante.

La Check-List des années 90 la décrit ainsi : « Schreiner – 96 - TB, 91 cm, HM. Unicolore noir de charbon, légèrement ondulé ; barbes jaunes ; parfum doux mais prononcé. Midnight Dancer X Back in Black. » Cette description n’est peut-être pas tout à fait exacte car la couleur de la barbe n’est pas « jaune », mais « moutarde ». Pour le reste, c’est à peine si la couleur « noir de charbon » attribuée à l’ensemble de la fleur est exagérée. Disons qu’il s’agit d’un bleu marine très foncé.

Cette variété fait partie de beaux iris noirs produits par la maison Schreiner du temps de sa plus grande splendeur. Les catalogues de ces années exceptionnellement riches présentaient à chaque fois au moins un iris noir remarquable. Qu’il s’agisse de ‘Hello Darkness’ (92), ‘Paint it Black’ (94), ‘Around Midnight’ (95), ‘Thunder Spirit’ (96), ou ‘Midnight Dancer’ (91) qui est la “mère” de la vedette du jour.

‘Old Black Magic’ peut être qualifié de noir de noir. En effet ses deux parents sont des iris noirs ou considérés comme tels. Pour être renseigné sur les antécédents de ‘Back in Black’, son père, il faudrait disposer des carnets de notes de Bob Schreiner car la description qui en est faite se résume à dire qu’il est de ‘Superstition’ X semis, ce qui nous laisse sur notre faim. En revanche la famille de ‘Midnight Dancer’ est précisément donnée. Elle n’est pas simple. On y trouve ce qui s’est fait de mieux dans les tons bleu marine ou quasiment noir au cours des années 50/70 : ‘Allegiance’ (Cook 57), Black Swan’ (Fay 60)(trois fois), ‘Navy Strut’ (Schreiner 74)(trois fois aussi), ‘Matinata’ (Schreiner 68), et ‘Tuxedo’ (Schreiner 65).

Malgré ses qualités, ‘Old Black Magic’ n’a pas été suivi d’une longue liste de descendants. Je n’ai trouvé que ‘Harvest Maiden’ (Schreiner 2007), qui n’est pas noir mais brun, et deux frères de semis de Vernon et Dana Brown, ‘O So Very’ et ‘Scentillating Scentinel’ (2005). Mais il doit bien y en avoir quelques autres.

Depuis la disparition de Bob Schreiner, l’illustre maison de Salem a perdu de son éclat. Elle continue de produire des iris de grande qualité, mais elle ne se renouvelle plus guère et ses dernières obtentions sont, pour la plupart, des répétitions à peine modifiées des variétés exceptionnelles des années 70/90. Comme ‘Old Black Magic’.






LES IRRADIÉS

C’est Jean Peyrard qui m’a écrit, à propos de la recherche de l’iris rouge : « P.Anfosso avait essayé il y a une vingtaine d'année de faire irradier des graines, je pense que ce serait les fleurs avant la fécondation qu'il faudrait irradier. » On peut imaginer en effet qu’une irradiation pourrait provoquer cette mutation génétique dont un autre lecteur de Irisenligne, Jean Luc Rémy, prévoit qu’elle se produira un jour.

Mais qui sont ces iris issus de graines irradiées, d’où viennent-ils et qu’ont-ils engendré comme descendance ?


Le premier s’appelle ‘Matamore’ (P. Anfosso 90) ; c’est un rouge acajou tout à fait classique issu du croisement (Spartan X Post Time). ‘Spartan’ (Schreiner 73) se présente comme un bel iris bourgogne, y compris les barbes, avec tous les traits des fleurs de son époque. Son aîné, ‘Post Time’ (Schreiner 71) est plus bronze que grenat. L’un et l’autre sont des variétés qui ont été très appréciées, aussi bien au plan commercial que génétique et qui font partie des grands succès de chez Schreiner. Ce sont des variétés comme cela qui ont apporté aux Schreiner la fortune et la renommée. Avec des parents comme ces deux-là, ‘Matamore’ avait bien des chances d’être une belle fleur. Le résultat a été à la hauteur des espérances, du moins dans le domaine de la génétique, car pour ce qui des effets de l’irradiation, il faut bien dire qu’ils n’ont pas été évidents. ‘Matamore’ n’est pas un ris rouge.

Le second se nomme ‘Laser’ (P. Anfosso 90) ; Il est dans les tons de rouge ocré. Son pedigree est un peu plus compliqué que le précédent mais fait appel à des fleurs aux qualités éprouvées : ((Carmen X x Marmalade) X Mulled Wine). Ses deux grands parents femelles font partie de la grande famille des iris orange. ‘Carmen X’ (P. Anfosso 85) est un des plus jolis cultivars produit par son obtenteur. La couleur orange se trouve, sur les sépales, moirée d’ocre, avec un liseré plus clair, le tout bien mis en valeur par la barbe minium. Au plan de ses origines, c’est un enrichissement de l’orange par endogamie : (Flaming Light X Hayride). L’un et l’autre sont déjà des iris orange, le premier ‘Flaming Light’ (Opal Brown 73) est franchement orange, l’autre, ‘Hayride (Bennett Jones 70) peut être qualifié de bitone ou de bicolore, orange / jaune. L’astuce, pour ‘Carmen X’ a été d’apporter un approfondissement de la couleur par l’apport du rouge de ‘Mulled Wine’ (Keppel 82), qui reste encore aujourd’hui l’un des iris les plus proches du rouge tant recherché. Quand on regarde ‘Carmen X’ on se demande quel a été l’effet de l’irradiation. Car il semble bien que sans ce traitement le résultat aurait été identique.

Les rayonnements auxquels les graines de ‘Laser’ et de ‘Matamore’ ont été exposées ont-ils eu des répercussions sur les descendants de ces deux variétés ?

Pour ce qui est de ‘Laser’, je ne lui connaît qu’un descendant direct – mais il y en a peut-être d’autres que je n’ai pas répertoriés – ‘Messire Stanislas’ (Peyrard 2000), dont les couleurs rappellent plus sont autre parent, ‘Cabaret Royale’, que sa « mère » ‘Laser’. Quant à ‘Matamore’ sa descendance semble inexistante. Il est vrai qu’en dehors du traitement dont il a été l’objet « ante natum » il ne présente pas d’intérêt particulier.

L’expérience tentée par Pierre Anfosso a donc échoué. Sans doute a-t-elle été tentée sur ces deux croisements parce que leurs origines laissaient à penser qu’ils contenaient les prémices d’une couleur rouge, mais le pigment qui manque aux iris pour qu’ils se montrent en vrai rouge, la pélargonidine, aurait pu, ce me semble, être recherché à partir de fleurs de n’importe quelle couleur. L’idée, d’irradier les fleurs avant fécondation, suggérée par Jean Peyrard aurait-elle eu plus de chance d’aboutir au résultat tant espéré ? Peut-être qu’un physicien pourrait le dire… Pour ma part je redoute terriblement ces manipulations. Je n’ai pas envie de voir nos chers iris pollués, voire mutés par ces jeux d’apprentis sorciers. Laissons faire la nature. Cherchons à perfectionner ce que l’on a, travaillons astucieusement à s’approcher du rouge par les voies naturelles, et admettons que l’iris de jardin ne soit pas génétiquement prévu pour être rouge. N’est-ce pas une de ses originalités ?