29.7.11
DONNEZ-LUI DU POLLEN, DES FLEURS ET DES JARDINS
Le monde des iris s’est longtemps limité à l’Europe de l’Ouest et aux États-Unis. Son extension est maintenant mondiale et atteint un haut degré en Océanie, et en particulier en Australie.
Celle-ci s’est véritablement ouverte aux iris dans les années 1970. C’est donc très récent. Auparavant ils avaient atteint la Nouvelle-Zélande dès les années 1930, avec le travail exceptionnel de Jean Stevens. Mais de l’autre côté de la Mer de Tasman, ils n’ont pénétré que lorsque la famille Blyth s’y est intéressée.
La famille Blyth est arrivée en Australie, dans l’Etat de Victoria, c’est à dire tout à fait au sud, dans les années 1900. Le premier à avoir cultivé des iris fut Charles Blyth, le père de Barry, qui s’est lancé dans cette production pour étoffer le catalogue de sa pépinière, dès la fin de la guerre 39/45. Il s’est piqué au jeu et s’est mis à hybrider. C’est ainsi qu’il a enregistré un certain nombre de nouvelles variétés jusqu’en 1975. Mais c’est son fils Barry qui, au fil du temps, va devenir l’un des plus grands hybrideurs au monde.
Il a été bercé dès sa naissance par tout ce qui concerne les iris puisque son père les cultivait et les vendait dans sa pépinière. Barry a fait des études supérieures d’horticulture à Melbourne, avant de venir en France parachever sa formation. Il a commencé son métier d’hybrideur dès 1964 et a ouvert sa propre pépinière d’iris en 1975, le célèbre « Tempo Two » dont le nom est aujourd’hui connu partout dans le monde.
Il n’a pas fallu longtemps pour que les iris signés Blyth se fassent remarquer ! En fait, dès qu’ils sont apparus aux USA et en France, les professionnels et les juges ont compris qu’une nouvelle page de l’histoire des iris commençait à s’écrire. Et cette flatteuse réputation s’est développée parce que Barry Blyth avait choisi de consacrer son travail aux variétés bicolores, à commencer par les amoenas jaunes, un domaine qui avait un peu perdu de son attrait après la disparition de Paul Cook et de Jean Stevens. ‘Snowlight’ (1972) a été le point de départ de ce renouveau. Il a été suivi du fameux ‘Alpine Sunshine’ (1975) dont la beauté a fait le tour du monde et donné des idées à beaucoup d’obtenteurs. C’est ce qui est arrivé à Pierre Anfosso, en France, et nous a valu le superbe ‘Echo de France’ (1984), dont la « mère » est ‘Snowlight’.
Mais l’association du blanc et du jaune n’a pas été le seul domaine de recherche de Barry Blyth. En 1974 il a mis sur le marché une série d’iris bitones pourpre, dont les deux frères de semis ‘In Tempo’ et ‘Piper’s Flute’ qui viennent de (Barcelona x Outer Limits), et ‘Latin Tempo’ qui vient d’un autre croisement : ((Claudia Rene x Pipes of Pan) X Lightning Ridge). Ces trois-là ont constitué une des bases du grand travail de Blyth sur les bicolores. Mais les autres associations de couleurs ont vite été abordées : variegata (‘Lunar Rainbow’, 1976) ; bitone violet (‘Cabaret Royale’, 1976) ; rose/mauve (‘Sostenique’, 1975) (‘Verbena Moon’, 1978) ; amoena bleu (‘Outer Limits’, 1972) ou amoena rose (‘Lisa Ann’, 1977). Bien entendu, au fil des croisements, des variétés unicolores sont aussi apparues, mais elles demeurent minoritaires – une sorte de sous-produit – dans une production rapidement très importante (‘Flirtation Walk’, 1975).
Les coloris évoqués ci-dessus ont constitué le fond de commerce du patron de Tempo Two. Mais en cours de route il s’est aussi intéressé à beaucoup d’autres associations dont certaines lui ont procuré d’évidentes satisfactions. A commencer par les amoenas orange, avec, pour commencer, ‘Love Chant’, en 1979, suivi de ‘Beach Girl’, en 1983 puis de ‘Mind’s Eye’, en 1994, et de ‘Yes’, en 1996. A côté de cela beaucoup d’autres associations encore plus surprenantes, sont apparues. On a pu constater qu’au fil du temps, il s’enhardissait et proposait d’année en année des variétés particulièrement originales (‘Imprimis, 1992), (‘Pagan Dance’, 1989), (‘Inner Journey’, 1995). En même temps qu’il se perfectionnait dans ses coloris classiques, il ouvrait des voies nouvelles en de multiples domaines et dans les dernières années, sollicitée par une amicale compétition avec Keith Keppel, son imagination a donné naissance à des variétés souvent révolutionnaires(1), même si quelquefois, emporté par sa passion créatrice, il a manqué un peu de retenue dans ses choix, privilégiant l’originalité des associations de coloris aux qualités végétatives de ses iris : l’expression « orchidées de jardins » convient souvent à ses dernières productions. Désormais, retiré de l’activité de pépiniériste, il se consacre exclusivement à l’hybridation, avec une jubilation et une créativité qu’il partage avec son ami Keith Keppel, lequel vient chaque année lui rendre visite au moment de la floraison (c’est une chance que les saisons soient inversées !), et avec qui il discute des croisements souvent audacieux qu’ils envisagent l’un et l’autre. C’est sûrement un grand moment d’amitié et d’émulation.
Il est toujours attaché à la découverte de nouvelles associations de couleurs dans des variétés auxquelles il ajoute maintenant de nouvelles caractéristiques comme les fleurs bouillonnées qui ont actuellement tant de succès auprès des amateurs. L’un des coloris qui lui tient le plus à cœur concerne les iris aux pétales blancs et aux sépales roses. Mais l’amoena rose parfait est-il atteint ? Blyth lui-même n’est pas encore tout à fait satisfait, mais on peut parier qu’il arrivera à ses fins. Car il suffit pour son bonheur – et le nôtre – de lui donner du pollen, des fleurs, et de l’espace pour les cultiver.
(1) Par exemple : ‘Tomorrow’s Child’ (1984) ‘Rembrandt Magic’ (1992), ‘Louisa’s Song’ (1999), ‘Indulgence’ (2002), ‘Decadence’ (2004)…
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