26.8.11
‘SEASHELL’ ET LES ORCHIDÉES
Une des belles histoires du monde des iris est celle qui, de ‘Seashell’ (Loomis, 1940 – mais en réalité obtenu au milieu des années 1920), a conduit jusqu’aux rose saumon à barbes mandarine. Elle est très bien racontée dans « The World of Irises » par Keith Keppel et Melba Hamblen.
« De petite taille, rose pâle avec des barbes mandarine, ce fut le premier iris rose clair qui, même en bouton, ne présente aucune trace de bleu. » Il est issu d’un plicata descendant d’I. ricardi, croisé avec un semis variegata, lui-même provenant très certainement d’I. ricardi. Au demeurant, si le Dr Loomis travaillait effectivement à la recherche du véritable iris rose, il ne s’attendait pas à ce qu’il a obtenu avec ce croisement. Il dit lui-même : « Un ancien hybrideur anglais a dit une fois que les plicatas pouvaient donner des unicolores. J’ai donc croisé ce plicata avec un variegata, juste pour voir ce qui allait se passer ». En fait ‘Seashell’ est devenu la base de son travail. Quand il l’a croisé avec un semis brun-rouge issu de ‘Lent A. Williamson’, le fameux ‘Morocco Rose’ (Loomis, 1937) en a résulté. Croisés entre eux, ‘Seashell’ et ‘Morocco Rose’ ont donné naissance à ‘Spindrift’ (Loomis 1929), le rose orchidée le plus vif de son époque. Avec quelques autres de la même origines, on dispose là de ce qui a constitué le point de départ des iris à barbes mandarine. A noter qu’a leur apparition ces variétés d’un coloris si révolutionnaire n’ont suscité que le doute sur la sincérité de leur obtenteur. Une journaliste d’alors a même écrit : « …Des experts en horticulture ont dit que cette couleur n’était pas possible dans la nature, et que le Dr Loomis avait mis quelque teinture dans le sol. »
Un autre obtenteur à s’être acharné à la recherche de l’iris rose a été David Hall. Il s’est mis à la tâche en 1926 et a persisté dans sa quête jusqu’à l’apparition, en 1942, de trois pionniers : ‘Overture’, ‘Dream Girl’ et ‘Fantasy’. Convoqués pour constater la naissance de ces merveilles et donner un nom à leur nouvelle lignée, deux artistes ont choisi « flamingo pink », et ce nom est resté. Pendant les 17 ans de sa patiente recherche, Hall a été amené à ajouter ‘Morocco Rose’ à son panel de parents constitué essentiellement de ‘Dauntless’, ‘Rameses’, ‘W.R. Dykes’ ‘Dolly Madison’ et ‘Prairie Sunset’, et il n’est pas douteux que cet apport a contribué à l’apparition des « flamants roses ».
Une fois la mécanique enclenchée, elle ne s’est plus arrêtée et David Hall a enregistré chaque année des iris rose, saumon ou orchidée, jusqu’à sa mort en 1965, à 93 ans ! Chacune de ces variétés a obtenu un succès. Aussi bien au plan commercial (cela a fait la fortune de la pépinière Cooley qui a diffusé tous les iris de Hall) qu’au plan horticultural puisque la plupart des ces iris a obtenu à tout le moins un HM. Un descendant de ‘Fantasy’, ‘Cherie’ (1948), est allé jusqu’à le Médaille de Dykes en 1951.
Orville Fay, autre obtenteur de génie, a aussi utilisé les variétés de Hall pour lancer sa propre lignée de roses. A partir de ‘Overture’, il a obtenu ‘Pink Cameo’ (1946) qui est aussitôt devenu incontournable, et qui lui a donné ‘Mary Randall’ (1948) lequel fut une autre pierre angulaire dans la recherche des roses et aussi des oranges, des jaunes et des mauves, tous avec des barbes mandarine ou minium.
Mais si l’on veut être complet avec les descendants plus ou moins directs de ‘Seashell’ puis des lignées de Hall et de Fay, il faut parler des roses de Tell Muhlestein, Nate Rudolph, George Shoop, Ray Schreiner, Glen Corlew et même Joë Gatty…
Aujourd’hui ceux que l’on appelle les iris roses se sont un peu éloignés des teintes d’origine, plutôt rose orchidée que rose saumoné, mais les barbes mandarine sont toujours d’actualité et leur présence au cœur des fleurs du XXIeme siècle, toujours aussi fréquente, rappelle qu’il y a maintenant presque 80 ans, un certain ‘Seashell’ les a offertes au monde avec élégance et fierté.
Source : « The World of Irises » AIS – 1978.
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