La durée de vie d'une fleur d'iris n'excède pas quatre jours, selon la variété et les circonstances météorologiques. Dans la nature cela suffit car il faut que la fleur soit à la fois attrayante pour les insectes pollinisateurs et vierge de toute fécondation. Mais c'est très peu et s'il n'y avait qu'une fleur par tige, l'iris serait une plante tout à fait inintéressante d'un point de vue horticole. Heureusement la nature a pourvu à tout : chaque tige porte plusieurs fleurs qui se succèdent sur une durée plus ou moins longue. Pour faciliter cette floraison, de chaque côté de la hampe, des tiges latérales se développent. Elles s'écartent de la tige principale selon un angle d'environ 45°. Sur les iris anciens ces tiges latérales, au nombre de deux en général, compte tenu de leur inclinaison, obligent les fleurs qu'elles portent à rester penchées, ce qui nuit à l'esthétique de la plante. Pour un iris botanique, cela n'a guère d'importance, du moment que cela ne contrevient pas au rôle de la fleur, à savoir contribuer à la reproduction de l'espèce. Mais pour le jardinier qui cultive ces iris pour l'ornementation, c'est insatisfaisant. Les horticulteurs ont donc sélectionné les plantes qui avaient la bonne idée de faire en sorte que les fleurs latérales conservent un plan horizontal. De génération en génération ils ont retenu les variétés qui, sur ce point, offraient le meilleur aspect et c'est ainsi que les amateurs-collectionneurs d'iris ont défini des règles qui sont répertoriées dans les manuels destinés aux juges et s'appliquent dans les compétitions d'iris.
On rencontre aujourd'hui deux présentations possibles :
- La tige principale reste rectiligne, les tiges latérales s'écartent largement et se redressent à leur extrémité pour que les boutons floraux soient à l'aise pour s'épanouir et puissent conserver leur horizontalité ;
- A chaque implantation d'une tige latérale la tige principale s'incline elle-même d'environ 40 à 45° de manière à laisser la position verticale à la tige latérale ; elle change d'inclinaison à la jonction avec la tige latérale suivante, etc.
La première situation n'est pas très esthétique : l'iris a un air dégingandé et maigrichon. La seconde est bien préférable car le balancement alterné de la tige lui confère un bel équilibre et l'étalement des fleurs est harmonieux. C'est la disposition en candélabre ou en grappe composée qui est la mieux notée dans les concours. Pourtant les débutants en hybridation se laissent souvent séduire par la première disposition qui leur paraît plus naturelle et plus séduisante au premier abord. De fait la tige toute droite fait penser à une plante plus vigoureuse et mieux portante qu'une autre ayant des tiges florales tordues... Mais lorsque les fleurs sont ouvertes, on est obligé de convenir que la deuxième solution est la meilleure. C'est un point très important et dans un concours d'iris l'ensemble des items concernant les hampes florales compte pour 30 points sur 100 : un tiers de la note, autant que la fleur proprement dite !
Mais il faut aussi que les tiges latérales, qui de nos jours sont fréquemment au nombre de trois, soient régulièrement réparties le long de la hampe. Cette répartition équilibrée est même plus importante que le nombre même de tiges. Explications :
- une tige latérale qui démarre très bas sur la hampe, voire au niveau du rhizome, portera des fleurs qui ne s'élèveront pas au milieu du feuillage et resteront soit inaperçues soit mal développées à cause de leur environnement peu favorable (ombre, humidité...) ;
- des tiges regroupées vers le sommet de la hampe, en corymbe, quelle que soit leur nombre et leur longueur, porteront des fleurs qui seront gênées par celles du niveau supérieur, elles auront du mal à s'étaler et leur épanouissement sera médiocre ; de plus, toute la floraison ainsi rassemblée au sommet de la tige aura un effet massif et inélégant, sans parler du risque de verse de la tige sous l'effet du poids excessif placé à son extrémité, notamment sous la pluie.
Autre caractère dont il faut tenir compte, la longueur des tiges latérales : trop longues elles seront fragiles et cassantes sous le poids de leurs fleurs, et elle donneront à l'iris une apparence grêle assez déplaisante ; trop courtes, les fleurs seront tassées contre la tige principale et s'épanouiront mal, l'iris paraîtra mastoc et lourd, un peu comme sur une jacinthe.
Le nombre des boutons floraux est très important, mais il faut également prendre en compte la possibilité qui leur est laissée de s'épanouir pleinement, quand la fleur voisine sera sur la fin de son cycle, pour que le nouveau bouton soit libre de se développer à son aise. Il faut aussi que tous ne veuillent pas s'ouvrir en même temps, parce qu'à quoi servirait de compter une dizaine de boutons s'ils s'ouvraient tous au même moment ? Des boutons nombreux n'ont d'intérêt que s'ils contribuent à allonger la période de floraison.
Porter une attention minutieuse à la tige d'une nouvelle variété avant de terminer la sélection est un élément particulièrement important, non seulement pour l'élégance de la plante (et son éventuel succès commercial), mais aussi pour l'intérêt qu'elle peut présenter sur un plan seulement horticole. Avis aux jeunes obtenteurs !
Iconographie :
'Quistinic' : un iris un peu trop maigre en raison de tiges latérales trop espacées ;
'Wizard of Odds' : une variété dont les tiges latérales, situées trop près de l'extrémité de la hampe principale, font que les nombreuses fleurs se gênent ;
'Montmartre' : une variété superbe mais dont les tiges latérales manquent un peu de longueur.
Une hampe d'iris particulièrement remarquable.
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