C'est un thème récurrent sur le forum de la SFIB : quel est le meilleur iris au monde ? La dernière fois qu'il a été abordé c'est à propos de la notion d' « Iris Historique ». Dans l'esprit de beaucoup de gens, dire d'une chose qu'elle est historique c'est dire qu'elle a marqué l'histoire en son domaine. On ne pense pas, tout simplement, que cela peut désigner quelque chose qui se situe dans l'histoire, sans pour autant lui assigner une place prépondérante. C'est de cette façon que pensent les Américains quand ils parlent de « historic irises » à propos de variétés qui sont suffisamment anciennes pour ne plus être franchement contemporaines et, en l'occurrence, qui ont été enregistrées il y a trente ans et plus. A nos yeux de Français, trente ans, c'est un peu court pour être considéré comme historique, cette notion nous semblant s'adresser à des choses qu'on pourrait retrouver dans nos livres d'histoire ou tout au moins qui ont une centaine d'années. Pour un citoyen du nouveau monde il ne faut pas avoir attendu aussi longtemps pour être entré dans l'histoire ! A défaut d'avoir atteint un âge avancé, il nous semble à nous, Français, que l'on devient historique si l'on constitue une pierre angulaire dans un domaine particulier. D'où pas mal de quiproquos avec nos interlocuteurs américains.
Mais pour pouvoir être considéré comme historique selon nos critères à nous, encore faut-il se montrer au-dessus du lot, et dans un domaine aussi subjectif que l'excellence d'une fleur, il n'est pas facile de se mettre d'accord sur les éléments constitutifs de cette excellence et sur leur évolution avec le temps. Car ce qui peut, à un moment donné, être considéré comme ce qu'il y a de mieux peut très bien être rejeté quelques temps plus tard, de même qu'une caractéristique qui apparaît à un moment peut très bien être longtemps repoussée avant d'être reconnue par le plus grand nombre. Deux exemples : dans les années 1920 des sépales retombants n'étaient pas un vice rédhibitoire comme c'est devenu le cas trente ans plus tard ; et la présence d'appendices pétaloïdes à l'extrémité des barbes qualifiée de monstruosité pendant de nombreuses années est devenue un trait remarquable au point d'apparaître sur un vainqueur de la Médaille de Dykes. Les choses évoluent et les goûts changent ; les règles et les lois régissant les iris ne peuvent que refléter cette évidence.
Que pourrait être aujourd'hui la définition d'un iris « historique » ?
Pour être qualifié d'historique, à la française, un iris doit avoir apporté à l 'évolution de la plante un élément nouveau, remarquable et décisif. Pour être admis unanimement cet élément doit avoir fait la preuve de sa nouveauté et de son intérêt horticole. Il ne peut être reconnu qu'après une expérience suffisamment longue. Un exemple de cet argument pourrait être celui de 'Snow Flurry' (Rees, 1939). Voilà un iris qui a surpris tout le monde au moment de son apparition mais qui n'a pas fait une carrière brillante dans la course aux honneurs. Les raisons de ce relatif échec sont multiples mais, en fin de compte, la communauté des iridophiles, avec le temps, a admis qu'il s'agissait d'une variété essentielle de l'évolution des iris. C'est bien ce qu'on pourrait labelliser comme un iris historique. Il y a bien d'autres variétés qui sont dans le même cas. Qu'il s'agisse de variétés passées plus ou moins inaperçues au moment de leur apparition, ou de cultivars couverts d'honneurs. Mais il n'existe aucun organisme en capacité d'attribuer ce label. La qualification d'iris historique reste donc purement subjective, ce qui ne me paraît pas plus mal. Car s'il existe des cas clairement identifiés d'excellence, il existe aussi des cas moins nets.
Prenons celui des iris qui ont apporté un élément nouveau et important mais qui, par ailleurs, n'étaient pas d'un niveau élevé de perfection (beauté et vigueur de la plante, aspect de la fleurs...). Comme c'est le cas pour 'Chantilly' (Hall, 1943) dont le mérite reconnu est d'avoir présenté des fleurs aux pièces florales frisées, ce qui n'existait pas auparavant, mais qui, en dehors de ça est une plante plutôt banale. C'est aussi le cas de 'Happy Days' (Mitchell, 1934), considéré comme le premier vrai iris jaune, mais dont la couleur est loin d'être pure, et la plante très ordinaire. On peut considérer ces deux-là comme des iris historiques, mais on peut aussi dire que leur particularité, pour être importante, n'est pas suffisante pour leur conférer le label.
Cependant la communauté des iridophiles (ou, en anglais, l'irisdom) dispose tout de même de points de repère avérés. Il s'agit des grandes récompenses attribuées ici et là dans le monde, et en particulier de la Médaille de Dykes. Certes celle-ci est purement américaine, mais dans un univers outrageusement dominé par la production des USA, elle représente ce qu'il y a de mieux à son niveau. Pour y accéder, en effet, il faut non seulement être suffisamment répandu pour pouvoir être vu par un maximum de juges, mais aussi disposer de qualités que l'on peut constater partout au travers des Etats américains, c'est à dire sous tous les climats et dans toutes les conditions de culture, et ce pendant une dizaine d'années. Les variétés qui l'ont reçue sont, sauf très rares exceptions, de véritables variétés historiques. C'est moins vrai des iris sacrés dans les grands concours internationaux parce qu'il s'agit de compétitions limitées dans le temps (trois ans en général) et n'intéressant que quelques variétés mises en compétition par leurs obtenteurs. Néanmoins les iris récompensés sont forcément des végétaux de qualité, auxquels, bien souvent, le label d'iris historique pourrait être attribué. Reste les cas de trois catégories d'iris :
- les iris originaires des pays non-américains, manifestement sous-représentés dans les grandes compétitions et peu répandus hors de leurs pays d'origine, qui, peut-être mériteraient le label mais qui en sont exclus par leur manque de diffusion ; ce sont les inconnus dans la maison ;
- les iris d'Australie, qui s'apparentent aux précédents mais dont, heureusement, la réputation n'est plus à faire ;
- les iris qui n'ont pas eu le bonheur de bénéficier d'une médaille mais qui ont néanmoins marqué leur époque, voire le monde des iris en général. Ceux-là, malgré leur déficit de notoriété du temps de leur vie commerciale, sont, au bout de quelque temps, archi-connus et reconnus, et n'ont pas besoin d'un label pour les qualifier.
Si, en fin de compte, il n'y a pas officiellement d'iris historique, la liste de ceux-ci, à quelques variantes ou exclusions près, est bel et bien mondialement établie.
Iconographie :
'Snow Flurry'
'Mesmerizer'
'Chantilly'
'Happy Days'
7 commentaires:
"Il s'agit des grandes récompenses attribuées ici et là dans le monde, et en particulier de la Médaille de Dykes. Certes celle-ci est purement américaine ()"
C'est faux, car la médaille de Dykes (même celles données en Australie et aux Etats-Unis) est une recompense britannique, toujours sous le control de la BIS.
Mickey McNabb
Ne jouons pas avec les mots. Si la DM américaine est offerte par la BIS, elle est néanmoins purement américaine puisqu'elle ne peut être attribuée qu'à une variété "born in the USA".
Feu Cavanna aurait pu écrire : mais qu'est-ce que Mickey quête ?
Quant à ces féroces soldats, comme disait Desproges...
AF
Hello,
Sylvain is right regarding the attribution of the American Dykes medal but his statement is confusing as Mickey is right about the Dykes medal. His quest is called precision, Mr/Ms AF, whoever you are: there still is the British DM, the Autralian DM for down under irises and yhe US DM. Actually, there was a French DM until WW II.
AK
On ne va pas faire encore 14 ou 14 commentaires comme récemment... Je voulais juste, avant de passer à autre chose, rappeler le titre de ce Blog :
irisenligne, L'hebdomadaire francophone des amateurs d'iris.
AF
Ce blog a le mérite d'exister et demande du travail à son auteur. Encore faut-il que les renseignements qu'il contient soient fiables. Cette rubrique sert aux commentaires ou rectifications du lecteur. Sinon à quoi pourrait-elle servir ? Les lecteurs de langue anglaise qui font l'effort de lire ce blog devraient faire l'objet de plus d'attention.
H. lECTOR
À tous: "sans la liberté de blâmer,..." Beaumarchais
To AK: AF made a rather gross pun like those done in a schoolyard by 7 yrs old kids. The level is rising, as you can see...
À AF: votre référence à Desproges est indigne d'un adulte. Et l'intérêt de quelques anglophones pour ce blog est à saluer... et à préserver. Nous pouvons faire l'effort de les laisser s'exprimer. Beaucoup d'entre nous comprennent cette langue. Acceptons leurs commentaires.
À Sylvain: continuez votre travail. Il est difficile et les imprécisions sont très rares, mais il faut accepter que l'on les corrige. Seuls ceux qui ne font rien ne se trompent jamais!
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